Mon être s'écoule limité d'instant en instant, et exposé au péril possible du néant. À ce fait indéniable correspond cet autre fait tout aussi indéniable que, malgré cet écoulement, je suis, d'instant en instant je persiste dans mon être, et que je renferme dans mon être qui s'en va un être permanent.
L'amour naturel se porte sur celui-ci ou celui-là qui nous est lié par les liens du sang ou qui nous est proche par le caractère ou par une communauté d'intérêts. Les autres nous sont "étrangers", ne nous concernent pas, peuvent même nous être désagréables par leur façon d'être, si bien que nous les tenons le plus possible à l'écart. Pour les chrétiens, il n'y a pas "d'homme étranger". Cet homme qui se tient devant nous et qui a besoin de nous, c'est toujours "le prochain". Il est indifférent qu'il soit parent ou non, que nous l'apprécions ou pas, qu'il soit "moralement digne" de secours ou non. L'amour du Christ ne connaît pas de frontières, ne cesse jamais et ne se voile pas la face devant la laideur ou la souillure. Il est venu par amour pour les pêcheurs et non à cause des justes.
Les autres nous sont "étrangers", ne nous concernent pas, peuvent même nous être désagréables par leur façon d'être, si bien que nous les tenons le plus possible à l'écart. Pour les chrétiens, il n' y a pas "d'homme étranger". Cet homme qui se tient devant nous et qui a besoin de nous, c'est toujours "le prochain"… Le "prochain" est celui qui vient près de moi, sans exception.
Dieu n'exige rien de l'homme sans lui donner simultanément la force correspondante.
Sophie Binggeli : le visage d'Edith Stein .Avec les comédiens Gil Geisweiller et Clémentine Stépanoff. Une femme ? trois visages traversant l?histoire du XXe siècle - un chemin vers Dieu : le mémorial Édith Stein de Cologne par le sculpteur Bert Gerresheim Dans le cadre de la Journée de l'Ecole Cathédrale 29 mai 2013.