Celui qui suit l’évolution de l’esprit humain au fil des siècles ou des millénaires en tirera un sentiment de la manière dont l’esprit humain va au-devant de conquêtes sans cesse nouvelles dans les domaines du connaître et de l’agir. Il n’est peut-être pas nécessaire de trop insister ici sur le mot « progrès », car cela pourrait, en cette triste période qui s’est abattue sur l’humanité, éveiller chez certains des doutes fort âpres. Mais il y a un autre aspect que l’on aura clairement devant les yeux lorsqu’on considère l’évolution de l’esprit humain, à savoir que les formes et les traits sous lesquels cet esprit humain déploie son ambitieuse activité changent fondamentalement de siècle en siècle.
Et si la science de la nature veut être une explication du monde, elle remonte aussi, avec diverses hypothèses, en prenant pour base ce que la géologie, la paléontologie, les différentes branches de cette science de la nature peuvent justement donner, elle remonte à ce quelle peut se forger comme représentations au sujet de, je dirais, la naissance de l’édifice du monde. Même si, de temps à autre, quelqu’un met en doute la légitimité d’une telle manière de penser, les hommes s’y sont toujours efforcés. Et l’on connaît bien les pensées que les hommes ont produites pour explorer, si ce n’est peut-être le commencement du devenir terrestre, du moins des époques fort reculées, ces époques où par exemple l’homme n’était pas encore venu sur terre, pour, à partir de ce qui précède, à partir de ce qui est à la base, en germe, expliquer d’une manière ou d’une autre ce qui vient ensuite, ce que l’homme a dans son environnement et qui s’offre à ses sens. Toute la théorie darwinienne, ou, si l’on veut faire abstraction de celle-ci, la théorie de l’évolution repose sur une recherche du naître, du procéder de quelque chose. Partout il y a cette idée de remonter à la jeunesse et à la naissance.
Car lorsque l’homme franchit la porte de la mort, il modifie sa conscience. Ce serait une idée totalement fausse de croire que l’homme après la mort serait dépourvu, de conscience. Cette représentation étrange est même répandue dans certains milieux qui se disent « théosophiques ». C’est un non sens. Au contraire, la conscience devient beaucoup plus puissante, beaucoup plus intense, mais elle est d’une autre nature. Même déjà par rapport aux représentations ordinaires du monde physique, il faut dire que les représentations conscientes après la mort sont quelque chose d’autre.
RUDOLF STEINER Artiste et enseignant - L'art de la transmission - Céline Gaillard
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=37325 Rudolf Steiner, tout comme Kandinsky, Klee ou encore Beuys furent tout à la foi...