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EAN : 9782204145442
251 pages
Le Cerf (03/06/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Ce livre est une réponse.
Une réponse à ceux qui disent que Péguy est illisible. À ceux qui méconnaissent la singulière modernité de son oeuvre. À ceux qui opposent, dans ses écrits, poétique et polémique, alors que l'une ne va pas sans l'autre. À ceux qui dénoncent ses répétitions sans voir les tapisseries qu'il tisse et les symphonies qu'il façonne. À ceux qui persistent dans des visions simplistes de ses rapports au socialisme comme à la foi.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Agrégé de lettres modernes et normalien, homme politique, Jean-Pierre Sueur est un homme dont les convictions sont rayonnantes et cohérentes. Outre le regard technique du linguiste, l'érudition du chercheur, ce sont cette passion pour l'engagement, et une certaine hauteur de vue, qui se ressentent fortement à la lecture de cet ouvrage consacré à Charles Péguy.

Cela fait 40 ans ans que Jean-Pierre Sueur écrit sur cet auteur inclassable, né à Orléans, ville dans laquelle l'universitaire s'installa dans les années 80. Il n'a eu de cesse de le faire connaître. Homme de paradoxes, dont le style et le format des oeuvres sont atypiques, un peu comme la figure de Simone Weil que je connais bien, Péguy souffre d'être à la fois objet de fascination et de récupération, sans être vraiment lu et connu dans ses textes.

Cet ouvrage publié en 2021 aux éditions du Cerf reprend un ensemble d'articles qui permettent une compréhension intime de l'oeuvre de l'écrivain. En introduisant son lecteur à la mécanique interne de l'écriture de Charles Péguy, Jean-Pierre Sueur donne à voir la cohérence entre l'inspiration et la rédaction. La modernité brute de la pensée et de l'écriture de Péguy, l'intensité de son questionnement spirituel, apparaissent, dans un cheminement qui m'a évoqué celui, en Russie, de Dostoïevski.
Une passionnante découverte qui mêle éléments biographiques et développements plus techniques, mais néanmoins abordables, à prolonger par la lecture de Péguy lui même.

"les chefs d'oeuvre de la littérature sont entre nos mains comme un petit lapin de garenne"

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ainsi il n'y a pas d'opposition entre socialisme et christianisme. Il y a opposition entre la mystique socialiste ou chrétienne - et les comportements qui en sont la dégénérescence.
Péguy résume cela en une phrase : « Quand on voit ce que la politique cléricale a fait de la mystique chrétienne, comment s'étonner de ce que la politique radicale a fait de la mystique républicaine ». À lire cette citation, on voit combien Péguy a pu se faire d'adversaires en une seule phrase !
Mais le sens est clair : il ne s'agit donc pas d'opposer une politique à une autre. Pour Péguy, tous les ordres sont respectables : « La question n'est pas que telle politique l'emporte sur telle ou telle autre », mais que « dans chaque ordre, dans chaque système la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance».
Il y a donc une sorte de pan-politique, dominée par les valeurs, par rapport à laquelle les oppositions politiques, au sens banal du terme, sont secondes.
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Encore serait-ce méconnaître le travail de l'écriture que de considérer le sens comme le simple produit d'arrangements lexicaux, syntaxiques et rythmiques. Péguy eût récusé le dualisme du sens et du son, ou du signifié et du signifant, en raison même de la théologie de l'incarnation qui est le thème central d'Eve: dissocier la forme matérielle du discours de sa signification, ce serait en revenir aux philosophies dualistes qui s'ingéniaient à vilipender l'apparence au profit de l'ère, à séparer le corps d'avec l'esprit, et qui ont été dépassées par la réalité de l'incarnation. Péguy l'écrit explicitement dans le Durel: « Il était particulièrement nécessaire que dans une oeuvre dont la matière est précisément la liaison mystérieuse du charnel et du spirituel, le charnel et le spirituel de la pensée ne fussent pas plus déliés que le charnel et le spirituel de la foi. »
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Ce commentaire au conditionnel d'une œuvre hypothétique renvoie au point de fuite, extérieur à l'œuvre publiée qui explique non pas la composition mais le travail que constitue l'œuvre telle qu'elle s'est écrite. Les chemins en étoile et la vitre éclatée sont les métaphores de ce travail. L'œuvre est écrite en étoile. On l'a vu, tout converge en un centre - Heureux ceux qui sont morts... - tout converge autour de l'incarnation, et tout diverge à partir de ce thème central, ce qui invalide l'approche chronologique et linéaire. Les branches de l'étoile s'étoilent à leur tour : chaque climat ouvre ses points de fuite, ouvre les pages d'une autre œuvre. C'est pourquoi, en son travail d'écriture, l'œuvre ou l'ouvrage, comme on voudra, récuse la téléologie formelle. Il ne s'agit pas d'offrir sur un plateau une œuvre lisse et harmonieuse dans sa finitude. (Et c'est là que l'esthétique n'est plus classique, nonobstant les assertions du Durel). Il s'agit d'ouvrir l'œuvre à tous les vents de l'histoire depuis la chute jusqu'au salut et de sacrifier la téléologie formelle au bénéfice d'une cohérence théologique, mais comme toujours chez Péguy, depuis que Jeanne parle à Madame Gervaise, il ne s'agit pas d'un enfermement janséniste dans une indépassable destinée : il s'agit d'une théologie du risque.
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Lorsqu'il atteint l'âge de quarante ans, un âge « terrible », « implacable », « impardonnable », l'âge «où nous devenons ce que nous sommes », Péguy dira le fond de sa pensée sur le peuple : « Étant peuple naturellement, je n'exècre rien tant que de le faire à la populaire et ceux qui le font à la populaire. Ceux qui le font à la peuple. Et même à la démocratie. » Chacun connaît cette phrase : « J'ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même coeur, et de la même main, que ce peuple avait taillé ses cathédrales.» On connaît moins ce qui suit : « Tout le mal est venu de la bourgeoisie. Toute l'aberration, tout le crime. C'est la bourgeoisie capitaliste qui a infecté le peuple. Et elle l'a précisément infecté d'esprit bourgeois et capitaliste. »
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