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EAN : 9782378803100
L' Iconoclaste (12/10/2023)
4.21/5   54 notes
Résumé :
Une relecture féministe des mythes.
Déesses, héroïnes, guerrières, amantes, magiciennes, tisserandes... Injustement oubliées, les femmes de la mythologie grecque sont incandescentes. Elles ne demandent qu'à être reconnues : Aphrodite n'est pas une déesse vamp, mais la victime d'un mariage forcé.
Pénélope n'est pas l'épouse nunuche et infidèle qu'on a trop souvent présentée, mais la clé de voûte de l'Odyssée. Phèdre est scandaleuse parce qu'elle incarn... >Voir plus
Que lire après L'Odyssée des femmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un fait, j'adore les contes, les légendes et les mythes en tout genre. Une part de cette féroce affection est sans aucun doute imputable à mon amour de l'imaginaire, des histoires, de la magie et de la fiction (de la magie de la fiction ?) ainsi qu'à mes souvenirs d'enfance au cours de laquelle mes parents se transformaient volontiers en conteurs merveilleux et hauts en couleurs qui nous racontaient à ma soeur et moi toutes sortes d'histoires, certaines de leur cru, d'autres venant de nos livres, d'autres enfin faisant partie tout bêtement de la tradition orale qu'on possède tous un peu. Toutefois, je pense aussi qu'un autre élément à sa part dans ce béguin confinant à la fascination qui me pousse à collecter et collectionner tous les recueils possibles et imaginables et qu'il m'est venu plus tard, au gré de mes études de lettres sans doute et de mes lectures tout court. Ce que j'aime aussi dans la mythologie et consort, c'est tout ce qu'elle révèle du monde qui la conçoit, tout son versant symbolique qui n'a de cesse de me fasciner, de m'interroger. C'est aussi sa plasticité performative, sa capacité à dire le passé mais à s'adapter aussi au présent, aux préoccupations voire aux valeurs de ce dernier. Les contes et les légendes sont immortels justement parce que non contents de nous raconter le passé via le miroir tendu par l'imaginaire, ils peuvent aussi être le miroir de ce qu'on traverse aujourd'hui et je trouve ça passionnant.
Bien évidemment, autant par gout que par contexte culturel (on a tous entendu parler de ces mythes là à l'école ou au collège je crois), la mythologie grecque tient une place à part dans mon Panthéon personnel et je suis toujours heureuse de la retrouver, d'autant plus que même si je la crois bien connaître, elle me révèle toujours d'autres mythes, d'autres interprétations… Aussi quand j'ai aperçu « L'Odyssée des Femmes », j'ai été immédiatement attirée, quoiqu'un peu dubitative aussi. le bandeau proclamant qu'il s'agissait d'« une relecture féministe des mythes » m'a en effet un peu rafraîchie. Bien que je sois convaincue que la mythologie ne soit pas aussi « virile » qu'on pourrait le croire ne serait-ce que parce qu'elle regorge d'héroïnes toutes aussi épiques et badasses que leurs pendants masculins, je me méfie toujours un peu des anachronismes, des relectures durant lesquelles on « force » le texte pour lui faire dire ce qu'on voudrait. de plus, les librairies sont pleines aujourd'hui de romans dont le personnage principal est une héroïne mythologique et si certaines réécritures sont fines, intelligentes, bien menées en plus d'être belles et bien écrites, d'autres sont franchement médiocres, poussives et ne s'appuient à aucun moment sur le contexte du mythe d'origine.
Or et concernant « L'Odyssée des Femmes », j'ai décidé de passer outre ma méfiance, d'abord parce que j'ai confiance dans le travail d'édition mené par « L'Iconoclaste » et ensuite en vertu du principe qui énonce que « pour savoir ce que vaut un livre, il faut le lire ».
Je me suis donc lancée et force est de constater que l'ouvrage de Murielle Szac comporte des points forts et des points faibles qui aboutissent pour moi à une lecture certes agréable mais un poil mitigée.
Dans la liste des points forts, je convoquerai tout d'abord la plume de l'auteure, poétique, vivante, lumineuse. Murielle Szac est une conteuse, à n'en pas douter et la lire est un plaisir. La langue est belle, emprunte de poésie, fait la part belle aux émotions, à une certaine forme d'humour et de joie. J'invoquerai ensuite son érudition : la conteuse du jour maîtrise son sujet et on sent qu'elle lui a consacré du temps et es recherches. J'évoquerai enfin son engagement féministe et humain, tout simplement, qui transparaît dans les anecdotes autobiographiques qu'elle narre, relatives à ses passages dans diverses écoles primaires où elle intervenait dans le cadre de ses ouvrages mythologiques destinés à un jeune public ainsi que son postulat de base (on a tort de penser que la mythologie est avant tout et surtout un ensemble de récits mettant en avant les hommes alors qu'elle est aussi emplie de figures féminines remarquables à plus d'un titre qu'il convient de réhabiliter tout comme il convient donc de réexaminer la mythologie grecque à l'aune de ce postulat, d'autant plus que les femmes -et c'est paradoxal- y ont quand même été fortement invisibilisé) et ses analyses desdits récits. Cependant, ses dernières sont autant un point fort à mon sens qu'un point faible, mais j'y reviendrai. Pour parachever cette énumération des points forts de « L'Odyssée des Femmes », j'ai beaucoup apprécié le passage où Murielle Szac explique combien elle trouve dommage que certaines professeurs des écoles refusent aujourd'hui de faire étudier voire simplement de faire connaître la mythologie à cause de la violence de certaines histoires (Zeus, ce serial violeur… Quoiqu'Apollon n'est pas en reste non plus !) dans la mesure où c'est être anachronique et dans la méconnaissance du contexte de création… On peut en effet raconter des histoires qui apparaissent (qui sont) problématiques sans que cela signifie qu'on y souscrive pleinement. Bien au contraire. Enfin, j'ai apprécié la position de l'auteur quant à l'intelligence des enfants à qui on ne devrait/pourrait pas raconter d'histoires violentes. Je suis personnellement convaincue que les enfants sont d'une part bien plus intelligents qu'on ne le croit et que c'est leur faire injure que de vouloir toujours tout édulcorer et que par ailleurs, ils ne comprennent pas la violence de la même manière que nous en ce sens que lorsqu'il s'agit de fiction, ils l'accueillent différemment avec des yeux d'enfants. Un peu comme quand petits on nous racontait « Barbe -Bleue » : bien sûr que c'était terrifiant, mais c'était une peur délicieuse, celle de l'ogre, du « méchant » et cela résonnait. Adulte, bien sûr que cette histoire revêt une tout autre signification, qu'elle résonne différemment. Pour autant, enfant, nous l'avons prise comme elle nous venait, non ?
Du côté des points négatifs de l'ouvrage… Je commencerai par évoquer le léger malaise qui m'a saisie quand j'ai remarqué que l'auteure que citait le plus Murielle Szac pour argumenter et justifier ses propose était … elle-même… J'ai certes bien conscience que pour écrire ses « Feuilletons », elle n'a pu faire l'impasse sur les textes d'origine, les exégèses historiques et littéraires, les analyses mais j'aurai trouvé intellectuellement plus honnête qu'elle les cite plutôt que ses propres textes. Il en ressort un petit côté égotique qui m'a un peu chiffonnée. Autre faiblesse selon moi : les analyses des mythes qu'elle conte. Elles sont intéressantes, très souvent pertinentes et ne trahissent pas le récit originel. Pour autant, elles ne sont pas assez approfondies et paraissent somme toute un peu faciles, un peu superficielles à l'arrivée, comme si elles ouvraient un chemin mais n'y progressaient pas. C'est là qu'il aurait été intéressant de recourir à un appareil critique plus vaste, de faire des recoupements entre différentes versions d'un mythe et de les confronter à des travaux historiques, anthropologiques… Tout cela laisse un gout de trop peu en bouche et on arrive vite aux limites de l'analyse féministe proposée qui, du coup, apparaît un peu poussive concernant certaines figures… C'est dommage !
Il n'empêche que j'ai passé un excellent moment de lecture, un moment plein de poésie et de beauté, avec « L'Odyssée des Femmes » que je garderai comme un nouveau recueil de mythologie, une anthologie de mythes consacrée aux femmes et réunis sous la bannière d'un féminisme pertinent bien que trop peu étayé.
En un mot comme en cent, un bel ouvrage certes mais assez inégal sur le fond, intéressant voire très éclairant malgré tout et sur certains aspects. C'est un livre qui conviendrait sans doute très bien à un lectorat adolescent, peut-être plus qu'aux adultes auxquels il se destine…
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J'ai découvert le nom de Murielle Szac il y a environ trois ans, associé à son compagnon de vie et de poésie, avec qui elle collabore aux éditions qui portent son nom Bruno Doucey. J'apprécie en général les présentations qu'elle peut faire des recueils publiés.
J'ai donc été assez surprise de la découvrir passionnée de mythologie gréco-romaine au point d'écrire un ouvrage dessus, et de constater qu'elle n'en est pas à son coup d'essai (en littérature jeunesse). Et je suis abasourdie de lire qu'elle est la créatrice (et toujours directrice) d'une collection jeunesse que j'apprécie beaucoup et que j'ai souvent recommandée à mes élèves : « ceux qui ont dit non » ( ex : Nelson Mandela : non à l'apartheid ; Lucie Aubrac : non au nazisme ; Victor Schoelcher : non à l'esclavage  etc.). J'ai découvert son nom il y a environ trois ans, mais je suis en fait familière de son travail depuis bientôt vingt ans. Et je comprends mieux, en terminant cet ouvrage, le projet de cette autrice, dans la perspective de son parcours.

De fait, il y a une once d'autobiographie dans cet ouvrage dans la mesure où Murielle Szac évoque par endroits non seulement des rencontres de (très jeunes) lecteur-rices en école mais également les figures mythologiques qui font partie de son panthéon personnel et qui ont contribué à sa construction en tant qu'individu (en particulier Prométhée et Antigone). La majorité du temps, l'ouvrage se veut didactique et il est clairement engagé. Et en filigrane, nous apprenons quelque peu à en connaître l'autrice, ce qui me rend son discours plus sensible. J'ai été touchée à divers niveaux, aussi bien en positif qu'en négatif.

Tout d'abord, j'ai apprécié renouer avec cet univers mythologique dans lequel j'ai baigné longtemps et qui demeure parmi mes racines. J'ai retrouvé de vieilles histoires rebattues et ai aussi découvert des figures dont je connaissais les noms mais dont j'ignorais l'histoire (Atalante et Orion notamment).

Cet ouvrage m'a permis de comprendre pourquoi j'ai toujours été attirée par la mythologie gréco-romaine, alors que j'ai longtemps abhorré les contes – autre lecture enfantine traditionnelle - du fait de leur manichéisme. C'est une évidence et une déduction logique mais je crois que je ne l'avais jamais conscientisé. C'est tout simplement que « les mythes ont ceci d'infiniment précieux qu'ils ne nous disent jamais quoi penser. Ils ne sont jamais moralisateurs. […] A l'inverse des fables ou des contes, les mythes ne mettent pas en garde contre tel ou tel comportement « mauvais » ou risqué, ils ne désignent pas un coupable. » (p.69). C'était beaucoup plus concordant avec ma perception du monde.

Relire des mythes de nos jours dans une perspective féministe : autre sujet qui m'intéresse et qui me touche : la place des femmes, celle qu'on leur donne et/ou celle qu'elles prennent, que ce soit dans la société ou dans un récit, l'image qui en est faite et véhiculée à travers les âges, l'impact sur les générations de petites filles, de jeunes filles, de femmes.
Certaines lectures de Murielle Szac en lien avec notre monde m'ont paru assez aisées, relativement évidentes (ex : Hestia, la déesse du foyer, en lien avec la reconnaissance du travail que constitue la gestion d'une maisonnée, revendication de pouvoir choisir ce rôle pleinement et de s'y épanouir ; Pénélope la fidèle ; Gaia et Rhéa fers de lance et modèles des femmes victimes de maris abusifs et maltraitants sur elle et/ou leurs enfants etc.).
A d'autres moments, j'ai trouvé excessif et contre-productif certains commentaires cherchant à tout prix à valoriser le rôle, la place ou le statut des femmes en dénigrant celui des hommes. Remettre les femmes à leur juste place, oui ; le baser sur un rabaissement des hommes (qui ont leurs défauts, certes, - tout comme les femmes), cela crée pour moi une invitation au sexisme d'une façon inversée par rapport à celui auquel nous sommes malheureusement habitué, et cela me semble créer de nouvelles dissensions qui ralentiront plus que feront avancer les choses.
A d'autres encore, j'ai trouvé intéressantes les analyses faites – et sans doute est-ce là la différence qui fait naître ma préférence : il s'agissait bien d'analyses (étude des détails d'un mythe en s'appuyant sur les textes de références, Iliade, Odyssée ou autres) – par exemple la place fondamentale de Briséis, captive d'Achille, dans le déroulé de la guerre de Troie, donnant également l'occasion d'une belle réflexion sur le caractère du héros antique, rebattant la figure d'un Musclor insensible.
Cet aspect technique, théorique, m'a manqué et je l'ai régulièrement fortement regretté – j'aime les études classiques et carrées, mon cerveau étant (trop) formaté aux trois grandes parties avec trois sous-parties et trois sous sous-parties… Modèle français, quand tu nous tiens ! - je travaille à une plus grande ouverture d'esprit, mais le manque d'homogénéité dans la tonalité reste pour moi difficile à apprécier, cela s'apparente pour moi à de l'incohérence et/ou à du laxisme… Et en l'occurrence, un point qui m'a particulièrement gênée est que, la très grande majorité du temps, les sources du mythe ne sont pas mentionnées. Je trouve cela particulièrement gênant pour apprécier le commentaire que l'autrice en fait. J'ai été surprise et quelque peu choquée de constater qu'elle tire des leçons de façon assertive sur une version de mythe qu'elle a elle-même créée, dans ses ouvrages destinés à la jeunesse dans une série intitulée « Feuilleton de... » consacré à Hermès, Ulysse, Thésée, Artémis etc. Pour moi, cela brouille les pistes dans le projet de l'autrice : il apparaît qu'elle ne fait pas uniquement une relecture de la mythologie grecque mais également une réécriture. Dans les faits, on peut considérer que ce sont deux façons de commenter ces mythes : porter un nouveau regard sur eux, d'une part en en commentant les versions traditionnelles, d'autre part en commentant sa propre version écrite ces dernières années donc en lien total avec la période, le monde et les problématiques d'aujourd'hui.
Il y a donc, selon moi, deux statuts différents à donner – et c'est ce qui m'a gêné, le mélange des genres, le mélange des statuts, présentés à égalité - : d'un côté, la tradition des textes mythologiques sur laquelle nous pouvons avoir du recul ; et d'un autre côté, une nouvelle matière en connexion avec le contemporain qui propose donc un nouveau propos, un nouveau discours, de nouvelles images, - et qui a une visée argumentative (ce qui, pour moi, fait perdre une forme de neutralité et d'absence de morale que j'apprécie justement dans la mythologie). Elle ne commente pas ces mythes, elle les reconstruit et leur faire dire ce qu'elle souhaite, en lien avec l'esprit d'aujourd'hui. Vous me direz, c'est le principe de la réécriture, et j'en conviens. Pour juger vraiment de l'impression générale de ces réécritures, il serait bon que je les lise. Ce qui m'a gênée ici, c'est la manière dont elle les présente, les prenant comme des références alors qu'elles n'ont pas passé l'épreuve du temps, et qu'il me semble difficile d'être complètement objectif et critique sur son propre travail. Ces passages-là relèvent plus de l'opinion selon moi, que de l'analyse ou du commentaire.
Cela rentre malgré tout dans son sujet. J'aurais simplement aimé (peut-être ai-je raté l'information) que ces deux dimensions soient énoncées clairement dès le départ et qu'elles soient présentées à deux degrés différents.

En bref, un propos inégal dans la forme et dans le fond mais qui se lit aisément et qui apporte des éclairages intéressants sur les figures féminines de la mythologie gréco-romaine en écho à notre époque.
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Lu à voix haute par mes soins, mon amoureux et moi avons été emportés chaque soir de la semaine par les vingt chapitres que compose L'Odyssée des femmes de Murielle Szac, relecture féministe des mythes grecs.

En incarnant "toute la palette des sentiments et des émotions propres à la nature humaine" les dieux et déesses grecs nous tendent un miroir vers lequel s'engouffre avec modernité l'autrice.

Habile et dotée d'un regard féministe, Murielle Szac réinterprète certains mythes pour en révéler les figures féminines fortes. de son talent de conteuse évident, celle-ci réintègre ces figures souvent reléguées aux mauvais rôles, ou à tort, minimisées.

Ainsi, on (re)découvre des histoires sous un angle différent, celui des femmes. Puisqu'il est bien connu que les mythes sont le plus souvent écrits par les hommes, pour les hommes, Murielle Szac prend le contre-pied et compte bien contribuer à les faire entendre du point de vue féminin. En débutant par les "toutes-puissantes nourrices des dieux" en passant par "Artémis la rebelle ancêtre de l'écoféminisme", puis des "jumelles qui rejettent la domination masculine" pour terminer par la "lettre à Antigone celle qui a dit non", l'autrice brosse des portraits terriblement humains et contemporains.

Loin de la vision manichéenne que l'on s'en fait, ces mythes, à travers ce jeu de réflexion, rabattent aussi les cartes et le regard que l'on se fait de certains héros masculins ou personnages secondaires, humiliés ou en tout cas associés à des comportements féminins. L'exemple le plus parlant étant les pleurs d'Achille à l'enlèvement de Briséis, ou encore d'Elpénor, le plus craintif marin d'Ulysse, mais qui se révèlera toutefois le plus loyal.

Pas toujours d'accord avec les interprétations qui, parfois excuse, "glorifie" et justifie différentes situations tels le rôle des femmes au foyer ou la vengeance, j'ai néanmoins accepté le pluralisme féministe. Certains points m'ont tout de même causé quelques désagréments comme le fait de réécrire certains mythes selon son interprétation. Les pistes sont alors brouillées. Quelle est la relecture de la réécriture ?

Entre essai et conte, L'Odyssée des femmes est une belle découverte qui donne une furieuse envie de se plonger dans les feuilletons en 100 épisodes de l'autrice consacrés à la mythologie grecque et destinés au public jeunesse !
Lien : https://bookncook.fr/2024/04..
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« […] je n'avais pas compris que la mise en récit des dieux et des héros nous était parvenue du seul point de vue masculin. Que cette histoire d'hommes, racontée par des hommes, pour des hommes cachait bien d'autres facettes. L'époque nous invite - il était temps! - à réexaminer nos représentations et nos présupposés. Toutes ces femmes, dans tous les domaines, qui ont été niées, gommées au fil des siècles, celles que Titiou Lecoq appelle « les grandes oubliées», apparaissent enfin au grand jour. Les figures féminines des mythes ne demandaient, elles aussi, qu'à sortir de l'ombre. J'étais loin de me douter que le voyage au pays des dieux que je m'apprêtais à accomplir allait se transformer peu à peu en une véritable odyssée des femmes. Que j'allais y rencontrer déesses, héroïnes, guerrières, amantes, magiciennes, fileuses et tisserandes, toutes celles qui tressent le fil de l'Histoire avec celui de la vie et de la mort. Car elles étaient bien là, présentes, incandescentes, et n'aspiraient qu'à être écoutées et reconnues. »

L'odyssée des femmes, Murielle Szac @szacmurielle @ed_iconoclaste #sortielitteraire

A l'instar du livre de Titiou Lecoq qu'elle cite d'ailleurs en début de son ouvrage, l'autrice nous offre ici un récit rafraîchissant et inspirant à la fois, une relecture des mythes où les femmes, déesses, nymphes, humaines de l'Antiquité, sont enfin remises à leur juste place, actrices de leur vie et de leur destin!

En dépoussiérant les mythes, l'autrice nous présente les femmes sous l'angle de leur agentivité, de leur capacité à s'accomplir, peu importe les obstacles qu'elles rencontrent, que ce soit l'infidélité, la trahison, l'abandon, le viol… toutes choisissent d'agir et non de subir, d'être et non pas de s'effacer ni d'accepter… elles sont libres, elles sont fières, elles sont femmes!

Toutes ces figures féminines de la mythologie sont superbement inspirantes!

« Pourtant, dans l'épopée comme dans la tragédie, la faible femme n'existe pas. Si elles sont toutes des mères, des épouses ou des amantes, elles possèdent autant de marge de manoeuvre et de pouvoir que les déesses. Ce sont la plupart du temps des femmes d'action. Leur particularité commune, leur force intrinsèque, est qu'elles occupent une fonction de premier plan, sans jamais rabaisser le rôle des hommes. Elles ont trouvé cet équilibre qui leur permet d'exister et d'agir librement sans que cela soit au détriment des héros masculins. La haine ou l'amour dicte leurs actes, la stratégie politique et la maîtrise du pouvoir économique en temps de guerre leur permettent de parvenir à leurs fins, le courage coule dans leurs veines. »

Ces femmes sont aussi terriblement humaines et l'autrice n'hésite pas à nous présenter également celles qui sont décriées depuis toujours, Clytemnestre, Phèdre, Médée... Elle nous donne un autre prisme de lecture, le point de vue féminin pour tenter de comprendre un geste, même quand il est atrocement inhumain!

En définitive, dans cette oeuvre, Murielle
Szac nous prouve surtout que les femmes
de la mythologie sont toujours très
actuelles et peuvent nous inspirer de mille et une façons... la plus contemporaine
serait sans nul doute « Artémis la sauvage,
ancêtre de l'écoféminisme, adepte d'une
sororité sans faille, [...] la déesse la plus
actuelle du panthéon des divinités grecques. »

Un livre intéressant, riche, foisonnant, qui
nous permet de redécouvrir avec bonheur
les mythes, même les plus méconnus... un
ouvrage que j'ai particulièrement apprécié et que je recommande de partager largement!
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Beaucoup d'attentes pour ce livre, peut être est-ce la collection qui m'a renvoyé à ma lecture de Les Grandes Oubliées de Titiou Lecoq et incité à y voir un avatar que j'allais aimé. ça a été un bon moment de lecture mais qui m'a posé question de la démarche. L'objectif affiché est de faire une lecture des mythes et des légendes grecs par la femme, car bien souvent écrits, traduits par des hommes. Assez enthousiasmant ! Et de manière générale c'est ce qui est fait, on découvre et redécouvre des histoires plus ou moins connues. L'auteure a sans conteste une plume de conteuse efficace portée par la tendresse qu'elle porte à ces personnages. On est emporté par les péripéties avec efficacité.

Ce qui m'a gêné c'est la manière dont on nous vend ce livre, un essai sur la mythologie, une relecture féministe. Néanmoins l'autrice réhausse et dépeint des déesses, magiciennes et sorcières à hauteur d'une femme du XXIe siècle sans poser la question de la construction antique, de l'idéologique grecque où la femme est un homme raté, une aberration dont il faut souffrir l'existence pour pouvoir perpétuer la lignée des hommes. Toutes ces questions ne sont pas abordées, les femmes sont magnifiées et présentées comme fortes et puissantes mais c'est là occulter qu'elles sont sans cesse rabaissées, diminuées, violées et insultées et que leur rébellion se fait dans des limites bien circonscrites. Il a manqué à ce point de vue admiratif un peu de mesure et de complexité. Je vais citer l'historienne Aurélie Damet qui dans son ouvrage de la même année sur les femmes grecques écrit "L'histoire des femmes et de leur rôle dans les cités De Grèce ancienne s'écrit ainsi : il y a toujours un mais". Ici il n'y a pas de "mais". On parle des mythes grecques pour en tirer des modèles de femmes sans questionner le fait que la place que les Grecs leur ont attribuée est problématique. Peu de références également, à par les travaux de l'autrice elle-même, quand tant de spécialistes auraient pu apporter un éclairage essentiel et attendu.

Pour résumé, j'ai apprécié ce livre comme un libre d'histoires de la mythologie par les femmes mais n'y est pas trouvé la lecture féministe complexe attendue. En demi-teinte donc.
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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
16 octobre 2023
Non seulement cet ouvrage distille une érudition stimulante [...] mais sa forme est si joyeuse et vivante, qu’on croirait se plonger dans des contes étrangement familiers tant ils nous ramènent à toutes les variations de ce que c’est qu’être femme.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Zeus se trouve pris de terrifiants maux de tête. [...] Au point qu'Hermès, paniqué, court chercher son frère Hephaïstos, le dieu des forgerons, et le somme de fendre en deux le crâne de leur père avec sa hache pour en faire sortir le mal ! De la fente ainsi créée surgit une femme tout armée : c'est Athéna, la déesse de la Sagesse et de la Guerre. Il s'agit bien sûr du bébé que portait Métis dans son ventre avant de disparaître dans celui de Zeus. A l'inverse de Cronos qui conservait ses enfants dans son ventre pour les empêcher de vivre, Zeus a utilisé le sien comme une matrice. On peut sourire en pensant que les hommes qui ont inventé ces légendes cherchaient peut-être là une manière un peu désespérée, et en tout cas vaine, d'échapper à la loi de l'espèce qui veut que seul le corps féminin puisse mettre au monde les bébés.
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Si Pénélope ne porte pas la mémoire d'Ulysse, alors toutes les péripéties de son odyssée auront été vaines. Le but même de cette épopée est d'ailleurs d'aller tout raconter à sa femme. Lorsque le roi d'Ithaque croise l'ombre de sa mère aux Enfers, celle-ci le lui annonce très clairement : "Retiens bien tous les secrets du monde pour aller les dire à ta femme", lui conseille-t-elle. Et c'est ce qu'Ulysse fait au cours de la nuit de leurs retrouvailles. Athéna arrête le char du Soleil pour que la nuit dure autant que les amants le souhaiteront. Pour qu'ils aient le temps de se retrouver, mais aussi pour qu'Ulysse puisse tout confier à Pénélope. Sans elle, le récit n'existe pas. C'est elle qui fait exister la parole. Sans elle, le héros est mort.
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Je repensais à cette phrase de mon amie l'écrivaine Rachel Haufstater : "Le contraire du désespoir, ce n'est pas l'espoir. C'est la lutte." Au cours d'une discussion, je m'en ouvris à une conteuse grecque dont je venais de faire la connaissance. C'est elle qui me dit : "Chez nous, l'espérance n'existe pas, car en promettant un avenir meilleur, elle empêche d'agir. C'est comme ça depuis l'Antiquité. Pourquoi crois-tu que Pandora a enfermé l'espoir au fond de la jarre ? En faisant cela, elle nous a protégés d'un ultime fléau, celui de l'immobilisme".
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Helène avait voulu s'échapper de cette vie qui l'étouffait à petit feu, fuir l'ennui mortel qui la consumait. La voici retournée à la case départ, à sa cage dorée. Hélène a joué sa vie et celle des autres. Elle a perdu. Pourtant, les remords qui l'assaillent ne seront jamais des regrets d'être partie : elle assume, tête haute, jusqu'au bout sa soif de liberté. Si c'était à refaire, elle recommencerait. Son parcours de femme rejetant les cadres contraints de la vie maritale, prenant la parole dans le monde des hommes, est un exemple d'indépendance.
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Mon rêve ? Que chaque femme qui tremble aujourd'hui devant un homme, chaque mère qui redoute les accès de brutalité du père de ses enfants, chaque épouse qui doit encaisser accès de colère, virulence et despotisme d'un mari se mette sous la protection de Rhéa. Que la grande déesse primitive les inspire et leur montre le chemin de la libération. Même quand on partage la vie et le lit d'un Cronos, il y a toujours un moment où on peut donner un coup de pouce au destin, et sortir tête haute des griffes du monstre.
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Murielle Szac est de retour pour un nouveau Feuilleton antique publié chez Bayard ! Cette fois accompagnée d'Olivier Balez aux dessins, elles revient sur les Jeux d'Olympie grecs, et notamment leurs règles et leurs valeurs. Les deux auteurs étaient à Paris chez Babelio début avril pour une soirée de lancement du livre, à découvrir dans notre vidéo événementielle.
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