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Bee Formentelli (Autre)Bee Formentelli (Traducteur)
EAN : 9782843049453
323 pages
Zulma (19/03/2020)
4/5   12 notes
Résumé :
Un poète du dimanche relégué dans un village se pique d'apprendre à lire à Ratan, l'humble fillette qui le sert ; deux amis se déchirent à cause du citronnier qui sépare leurs jardins ; une petite fille, à peine sait-elle écrire, trace partout ses états d'âme poétiques avec un bout de charbon, sur les murs, le cahier de comptes de son père, les manuscrits de son frère ; une enfant de cinq ans se lie d'amitié avec un colporteur afghan qu'elle rejoint en bas de chez e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Kabuliwallah et autres histoires est le cinquième livre de Tagore que je lis, après le naufrage, Kumudini, Souvenirs et chârulatâ. Cette fois, il s'agit de nouvelles et non d'un roman ou de mémoires d'enfance, mais l'écriture de Tagore est toujours aussi magnifique et la lecture de ses textes demeure un ravissement.

Mais comme elles sont tristes les histoires que Tagore nous conte dans ce livre, et tout particulièrement celle qui donne son titre au recueil, Kabuliwallah.

Elle raconte l'histoire d'un Afghan de Kaboul - un Kabuliwallah donc - venu gagner sa vie comme colporteur en Inde (au Bengale, plus précisément) et qui gagnera aussi l'amitié de la petite fille du narrateur, Mimi, âgée de cinq ans.

Mais la vie se charge de séparer les deux amis, et quand Kabuliwallah verra à nouveau Mimi, ce sera le jour du mariage de la fillette (quoiqu'encore une enfant d'à peine douze ans).

Il comprendra alors la véritable étendue du temps passé depuis la dernière fois où il avait vu Mimi, et ce que cela révèle du changement qui doit s'être produit chez sa propre fille, qu'il avait laissée derrière lui en partant en Inde et qui était alors du même âge que la petite Bengalie.

Des 22 nouvelles qui composent le livre, Kabuliwallah est assurément l'une des plus tristes parmi ces textes qui oscillent de la simple mélancolie au désespoir le plus noir.

"Le lecteur ne pourra pas ne pas se sentir la gorge serrée" annonce le Monde des livres en quatrième de couverture, mettant cependant également l'accent sur l'authenticité et l'humanité des histoires que le livre recèle.

Que ces textes en camaïeu de gris - auxquels font contrepoint les couleurs éclatantes de la couverture du livre - ne vous rebutent pas : il est bon parfois de s'entendre rappeler que rien n'est jamais tout rose dans la vie, n'en déplaise aux partisans irréductibles des happy ends hollywoodiens.
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Genre peu prisé en France où l'on préfère les récits plus longs mais très apprécié dans les pays anglophones, la nouvelle réussit l'exploit de concentrer en quelques pages la substance d'une vie. C'est un exercice difficile et parfaitement réussi par Rabindranath Tagore qui écrit dans ce recueil des nouvelles très courtes, quatre ou cinq pages en moyenne. Ces histoires nous plongent dans le Bengale de la fin du 19ème. Avec beaucoup d'humanité, l'auteur se penche sur les joies et les souffrances des villageois et donne la parole aux invisibles : les filles mariées dès l'âge de 9 et les victimes d'un ordre social impitoyable qui les réduit à la misère. Il est aussi question d'humiliation, de trahison et de cupidité. Peu d'histoires finissent bien. C'est un monde cruel où les femmes subissent le pouvoir des hommes et où les coeurs tendres finissent brisés. Seul est libre celui qui ne s'attache à personne et poursuit son itinérance au gré des rencontres et des opportunités qui se présentent, tel Tarapada dans le Visiteur ou qui prend son destin en main comme Giribala, l'épouse bafouée. Toutes ces histoires nous offrent un portrait à la fois réaliste et poétique composé de toutes ces vies anonymes que l'histoire passe sous silence mais qui n'en forment pas moins la trame essentielle.

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Pour continuer dans la série des vieux bouquins sur l'Inde, celui-ci est encore plus particulier que "De la forêt" que j'avais chroniqué il y a quelques semaines. Il s'agit ici d'une compilation de nouvelles assez courtes (pléonasme ? une "nouvelle" peut-elle être longue ?) écrites par Rabindranath Tagore (1861-1941) entre 1891 et 1895. La traduction française n'a été publiée que dans les années 2000. Il aura le prix Nobel en 1913 pour une série de poèmes. Ce n'est donc pas un poussin de trois semaines dans la culture indienne.

Tagore est donc décrit comme un poète, un romancier, un philosophe, un compositeur, un peintre mais aussi un dramaturge. Et je crois que, sur l'aspect dramatique, on est bien dans le thème (comme dirait Cristina Cordula) !

Sur les 22 nouvelles présentées dans le livre, il n'y en a pas une seule qui ne se termine pas par une mauvaise nouvelle. Et c'est souvent le personnage principal de l''histoire qui est concerné.

Pas le temps de s'attacher au personnage que ... pfiout ... kaput ... parti ailleurs ... mort de chagrin, de faim ou de froid. Bon, après, il faut dire que l'espérance de vie en Inde à la fin du XIXe siècle, c'était pas celle de maintenant. Quand tu atteignais 40 ans, t'étais le Michel Drucker de Calcutta.

Je ne vais donc pas résumer ces 22 histoires assez differentes les unes des autres, il vaut mieux les lire pour s'imprégner du contexte, de l'air du temps. Et en plus, ca m'évitera de mentionner les prénoms et les noms des personnages en indien, c'est aussi imprononçable qu'un nom de volcan islandais en éruption.

Hormis le fait qu'elles se passent au Bengale, dans la cambrousse ou à Calcutta même, le point commun à la plupart des histoires est qu'il s'y passe une "vente" de fille mineure ... heu ... un mariage pardon. Même si on a entendu parler de ces coutumes et de tout le folklore autour du mariage dans les familles indiennes, de la dot, de l'honneur et du déshonneur selon les cas, on n'en est pas moins atterré tellement elle est créatrice de tristesse et de désespoir. Depuis 1929, le mariage d'enfants est illégal en Inde. Les femmes doivent avoir 18 ans pour se marier, contre 21 ans pour les hommes. Mais, d'après National Geographic, ça se passe toujours régulièrement surtout dans les coins un peu défavorisés.

En tout cas, ce livre fait voyager. On n'en ressort pas spécialement euphorique ou joyeux mais il donne une vision du Bengale de la fin du XIXe siècle. On est pas si mal en 2020 en France, finalement.

scob
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"Kabuliwala et autres histoires" de Rabindranath Tagore est une collection d'histoires qui offre un aperçu profond et nuancé de la condition humaine. Tagore, un écrivain et philosophe indien, créer des récits qui transcendent les frontières culturelles et temporelles.

Une des forces majeures de cette collection réside dans la diversité des thèmes abordés. Tagore explore la complexité des relations humaines, les conflits sociaux, les dilemmes moraux et les émotions universelles. Chaque histoire offre une perspective unique, créant ainsi une palette riche et variée d'expériences humaines.

L'auteur explore la psychologie de ses personnages. Il plonge profondément dans les motivations, les espoirs et les peurs des individus, créant des personnages qui résonnent avec authenticité. Cela donne aux lecteurs une compréhension intime des pensées et des sentiments des protagonistes.

Bien que les histoires soient ancrées dans la culture indienne, l'auteur parvient à les rendre accessibles. Il transcende les barrières culturelles en explorant des thèmes universels tels que l'amour, la perte, la rédemption et l'espoir.

Son exploration profonde de la nature humaine, son style poétique et sa réflexion philosophique en font une lecture enrichissante.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Alors, glissant une main à l'intérieur de son ample kurta, il tira de dessous son vêtement un morceau de papier chiffonné. Il le déplia et le lissa avec le plus grand soin, puis l'étala sur mon bureau, révélant l'empreinte d'une main toute menue : ce n'était ni une photographie, ni une peinture à l'huile, il semblait que la menotte eut été frottée avec de la suie, avant d'être pressée contre le papier. Chaque année, quand il arrivait à Calcutta pour vendre son raisin dans les rues, il serrait donc dans sa poche de poitrine, tout contre son coeur, ce menu souvenir de sa fille. Comme si le seul contact de cette petite main enfantine, si tendre, pouvait en quelque sorte apaiser la brûlante nostalgie qui dévorait sa vaste poitrine.
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Il suffit que j'entende le nom d'un pays étranger pour qu'aussitôt je m'y envole en imagination [...]. Aussi une matinée passée devant mon bureau à bavarder avec le Kabuliwallah était elle déjà pour moi un voyage en soi. Dans son bengali boiteux, mon ami évoquait son pays natal d'une voix retentissante et à mesure qu'il parlait, les images défilaient devant mes yeux [...]
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Le langage des yeux, pour qui, de sa vie, n'a eu d'autre moyen de s'exprimer, est infini, d'une générosité sans limites et d'une profondeur insondable. Pareil au ciel clair du lever au coucher du soleil, c'est une scène de théâtre silencieuse où jouent en toute liberté l'ombre et la lumière
(L'enfant muette)
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[Taraprasanna] coulait des jours heureux et sans souci dans sa maison. Dakshayani croyait fermement à la supériorité intellectuelle de son mari et n'hésitait pas à le dire. Taraprasanna répliquait alors "Mais tu n'as pas d'autre mari à qui me comparer !" ce qui la mettait hors d'elle.
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En dépit de son expérience de la vie, laquelle, à vrai dire, n'était pas bien grande, elle ne peut chasser de son esprit la crainte que l'univers entier ne soit infesté de voleurs, de bandits et d'alcooliques, de soldats anglais, de chenilles et de cafards, de tigres et de serpents, sans parler de la malaria.
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Videos de Rabindranath Tagore (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rabindranath Tagore
Lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman et concert autour des oeuvres de Théodore de Banville, Gérard de Nerval, Paul Eluard et Rabindranath Tagore.
« C'est l'angoisse de la séparation qui s'épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. C'est ce chagrin de la séparation qui contemple en silence toute la nuit d'étoile en étoile et qui éveille une lyre parmi les chuchotantes feuilles dans la pluvieuse obscurité de juillet. C'est cette envahissante peine qui s'épaissit en amours et désirs, en souffrances et en joies dans les demeures humaines, et c'est toujours elle qui fond et ruisselle en chansons. »
L'Offrande lyrique, Rabindranath Tagore, traduit par André Gide.
Ces émotions douces et amères qui nous secouent ne sont-elles pas universelles ? Ne sont-elles pas l'essence même de notre existence ? Deleyaman, groupe franco-américain dans la veine céleste de Dead Can Dance, aborde ces questions vibrantes, parle d'art, d'amour, de beauté et de contemplation comme des réponses à nos contraintes existentielles.C'est une amicale collaboration artistique entre le groupe et Fanny Ardant qui a donné naissance à cette création. Au travers d'un texte lu, elle dialogue avec le groupe sur une musique créée par Deleyaman. Avec le son du doudouk, le groupe d'Aret Madilian interprétera les titres français de sa discographie
Fanny Ardant : voix Béatrice Valantin : voix, clavier Aret Madilian : piano, clavier, guitare, percussion Guillaume Leprevost : basse, guitare Artyom Minasyan : doudouk, plul, pku Madalina Obreja : violon Gérard Madilian : doudouk
Création en partenariat avec le Trianon Transatlantique de Sotteville lès Rouen – Scène conventionnée d'intérêt national art et création chanson francophone.
À écouter – Deleyaman, « Sentinel », 2020. Plus d'informations sur www.deleyaman.com À écouter : https://deleyaman.bandcamp.com/album/sentinel
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