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Nicolas Calvé (Traducteur)
EAN : 9782898331084
162 pages
Lux Éditeur (20/10/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
Le paradigme identitaire et son corollaire, l’intersectionnalité, s’invitent désormais dans toutes les discussions, exacerbant les conflits et polarisant les opinions. Forgés dans les années 1970 pour créer des ponts entre toutes les luttes contre les différentes oppressions, ils sont aujourd’hui trop souvent utilisés pour resserrer les rangs autour de causes de plus en plus restreintes.
Mais, comme le démontre Olúfémi O. Táíwò, ce n’est pas le paradigme iden... >Voir plus
Que lire après L'élite cannibale : Comment les puissants se sont approprié les luttes identitairesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne connaissais pas ce philosophe activiste noir étasunien. Je ne regrette pas de l'avoir lu, il s'exprime (et est traduit) très intelligiblement pour un sujet aussi difficile et chargé de polémiques que les luttes intersectionnelles, le racisme etc...
De plus il a réussi, sans trop couper dans les développements utiles, à faire relativement court ce qui rend la lecture plus facile pour quelqu'un ne travaillant pas dans son champ académique.
Pour donner une idée du contenu, car il est impossible de le réduire encore, il cite Amílcar Cabral (Abel Djassi, homme politique de Guinée-Bissau et des Îles du Cap-Vert, fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, « PAIGC » qui amena à l'indépendance ces deux États colonisés par le Portugal), dans son livre « Unité et lutte » : Nous ne nous installerons pas dans le palais du gouverneur […]. Nous luttons pour libérer notre peuple, non seulement du colonialisme, mais aussi de toute sorte d'exploitation. Nous ne voulons pas que notre peuple soit exploité, que l'exploiteur soit blanc ou noir ; l'exploitation n'est pas le seul fait des Blancs.
C'est la substantifique moelle de ce livre : expliquer en quoi lutter contre les injustices, contre le racisme, ne saurait être simplement « passer du bon côté » de la barrière. Qu'un opprimé qui « s'en sort » ne remet pas en question le système qui opprime et que de ce fait, ne fait pas avancer la société. L'égalité des chances d'être du bon côté de l'injustice est une arnaque faite au peuple par la petite « élite » qui maîtrise les rouages du système.
Pareil pour toutes les luttes : obtenir des droits sans remettre en question la nature profondément injuste de de ceux-ci n'est pas profitable à une véritable émancipation. Il importe certes de corriger les dynamiques sociales à l'oeuvre dans les mouvements, les communautés sujettes à l'oppression mais il prêche surtout pour « Construire une nouvelle maison », c'est à dire construire des institutions, des normes, d'autres outils pour éviter qu'une forme d'oppression ne soit remplacée par une autre, semblable à celle qui l'a précédée, voire encore plus injustes...
Un essai stimulant intellectuellement.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais c’est sans doute à l’échelle internationale que l’accaparement par l’élite est le plus flagrant, là où de grandes institutions prennent d’importantes décisions économiques sans prétendre endosser la moindre responsabilité démocratique. Ces institutions sont apparues à la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que les États-Unis se hissaient au rang de puissance hégémonique. Leurs architectes se sont réunis à Bretton Woods, au New Hampshire, où ils ont mis sur pied le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (future Banque mondiale). Malgré leurs mandats prétendument limités à des questions «techniques», ces organisations disposent d’un pouvoir considérable. Les États qui souhaitent bénéficier de leurs programmes d’aide sont tenus d’adopter des politiques qui influent sur l’emploi, l’offre de services publics et les prix des aliments. Ces aspects de la vie des non-membres de l’élite se retrouvent ainsi entre les mains de bureaucrates étrangers sur lesquels la population du pays touché n’exerce aucun contrôle démocratique.
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