Comme je le disais déjà précédemment, cette série est un régal d'un point de vue narration visuel mais à l'inverse je trouve l'histoire terriblement banale pour ne pas dire un peu vide quand on voit le nombre de pages sur lequel elle s'étale. Je ressors donc un peu frustrée et mitigée de cette lecture vendue comme culte.
J'ai vraiment eu le sentiment à plusieurs reprise sur cette série et a fortiori sur ce tome d'être face à beaucoup de circonvolution pour pas grand-chose. Sur 3 tomes,
Keiko Takemiya raconte peu de chose, elle brasse sans cesse le thème de cette société raciste et élitisme où l'eugénisme a été poussée à son extrême. Elle répète sans cesse l'opposition entre les humains normaux et les Mu qui se transcrit par l'opposition entre Keith Anyan et Tomy/Jony, le chef des Mu. C'est très classique.
Pour qui a déjà lu de la SF et en lit depuis un petit bout de temps, il n'y aura rien de révolutionnaire ici, c'est même l'inverse. le thème de l'humanité contre les robots / IA qui cherchent à les contrôler comme Mother ici avec les humains, c'est du vu et revu. C'était peut-être voire sûrement original ou du moins dans l'air du temps à l'époque de sa sortie au Japon, mais ça ne l'est plus du tout actuellement, et l'autrice n'ajoute aucune petite touche qui pourrait le faire sortir du lot à l'heure actuelle. C'est même assez plat dans les révélations auxquelles on assiste dans cet ultime volume.
La SF militaire est heureusement plus intéressante à suivre et surtout à voir. J'ai beaucoup aimé les trouvailles graphiques de l'autrice pour décrire cette guerre qui prend de l'ampleur dans cet ultime volume entre humains normaux et Mu avec les pouvoirs de ces derniers qui en font de véritables armes humaines. C'est très beau graphiquement parlant de voir ces bombes humaines se déplacer aussi fluidement et intensément pendant le conflit et se livrer à des batailles meurtrières. Je suis fan du trait très fluide et électrique de l'autrice.
Les amateurs de la série seront heureux, eux, de voir tous les secrets de celle-ci résolus. On découvre ce que veut et projette de faire Mother, qui est Phylis, on voit Keith monter les échelons et la guerre monter avec des pertes et gains des deux côtés, mais une peur de plus en plus forte et des morts qui font mal. Même si l'amatrice de SF que je suis qui en lit surtout roman trouve cela fort léger en manga, au moins cela a le mérite d'exister et cela donnera peut-être envie à des lecteurs de se lancer dans le genre ensuite.
Mais fondamentalement, je retiendrai plus la série pour sa superbe narration graphique très riche, loin de la banalité de la plupart des titres à présent, car l'autrice faisait preuve d'une vraie recherche pour exprimer les composantes psychologiques complexes de ses personnages en parallèle des conflits et guerre qui avaient lieu.
Keiko Takemiya est vraiment une déesse pour exprimer les sentiments compliqués des personnages et tout ce avec quoi ils se débattent. Au milieu de cette guerre, ses dessins fluides virevoltent et dansent en plein drame avec une dimension mélo presque mélodique, ce qui est sublime à voir.
Cependant, la magnifique expérience graphique induite par cette mangaka culte n'aura pas suffit à en faire pour moi une bonne lecture. J'ai trouvé l'histoire vraiment banale, passe-partout et surtout bien trop longue pour ce qu'elle raconte : une banale IA qui manipule l'humanité à sa guise et une humanité divisée qui va finalement être obligée de revenir sur ses erreurs mais ne le désirait pas forcément, donc j'en vois peu l'intérêt. Je suis légèrement passée à côté de l'histoire. Je pense que j'aurais préféré découvrir le travail de l'autrice sur un genre moins exigeant que cela de la science-fiction, du moins sur un genre dont moi-même j'attends moins, car ici je sens cruellement le manque de fond dont l'histoire souffre... Je salue cependant l'initiative de Naban qui a ainsi répondu à un vide éditorial français qui demandait à être comblé et j'espère qu'ils reproposeront d'autres titres vintage écrits par des femmes.
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..