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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gou Tanabe est un mangaka fin connaisseur des récits d'horreur, et il a rapidement trouvé sa voie en adaptant de grands classiques de la littérature fantastique. Et avec les créations de celui a changé à jamais le visage du genre horrifique, il a trouvé un incroyable terrain de jeu où exprimer sa passion et ses ambitions…
H.P. Lovecraft a toujours été réputé inadaptable or Gou Tanabe livre ici un formidable voire un incroyable travail d'adaptation. Car il réussit le tour de force de transformer un récit indirect presque parfait en excellent récit direct ! Cela a certes un coût. le récit d'origine équilibrait ses trois parties, alors qu'ici "L'Horreur d'argile" et "Le Récit de l'inspecteur Legrasse" ne servent que de rampe de lancement à "La Folie surgit des flots". En effet le massacre du bayou n'est ainsi qu'un coup de semonce par rapport à une rencontre du 3e type déjà élaborée dans Dagon et qui sera perfectionnée dans Les Montagnes hallucinées et Dans l'Abîme du temps… Dans la dernière partie qu'on pourrait renommer « Tintin à R'lyeh », l'auteur réussit un nouveau tour de force en rendant visible l'indicible dans un survival de très haute qualité (notamment en jouant avec les lois de la physique, avec par exemple une splendide mais flippante architecture non euclidienne). OMG j'ai eu des flashbacks des récits lovecrafiens de Dan Abnett pour la franchise Warhammer 40000 (de grandes heures de supracoolitude dans l'Espâce) !!! Pour ne rien gâcher l'auteur s'améliore nettement sur l'un de ses rares points faibles, à savoir le charadesign : ici les personnages transpirent tellement la peur et l'angoisse qu'on a les jetons rien qu'en les regardant…
C'est presque dommage qu'on ait raté le coche de fin ouverte en ouroboros, car sinon c'était « nec plus ultra ». En conclusion, je n'ai qu'une chose à dire : putain à quand les adaptations à l'écran bordel de merde !!!
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Avec "L'Art de LovecraftL'Appel de Cthulhu", les éditions Soleil nous offrent un artbook consacré aux plus sombres recoins du pinacle de la culture horrifique…

Le Maître de Providence qui a allègrement mélangé fantastique et science-fiction pour atteindre les sommets de la culture horrifique n'a jamais été un écrivain très visuel dans la mesure où il usait et abusait de vagues adjectifs… Ce qui laisse toute liberté à ses successeurs pour mettre en scène son héritage !

Après une très intéressante introduction anonyme, l'ouvrage est divisé en 8 parties :
- « Savoir Interdit » est dédiée à tous ces livres maudits dont la lecture nécessite des jets de SAN...
- « Visiteurs » est dédiée aux destructeurs de l'humanité, autrement dits aux créatures et aux cultistes du Mythe
- « La Loi et le Désordre » est dédié aux défenseurs de l'humanité, les autorités, la pègre, l'Agence Blackwood (les érudits de l'Université de Miskatonic étant étrangement absents)
- « Étranges passe-temps » est dédiée aux actions des Forces du Mal...
- « Les Profondeurs » est dédiée à Cthulhu et à sa nombreuse progéniture...
- « Expéditions » est dédiée aux actions des Forces du Bien...
- « Le Roi en Jaune » est dédiée aux artistes qui sont passés du Côté Obscur…
- « La Chaos Rampant » est dédiée à Nyarlathotep figure majeure du Mythe…

Bon les illustrations sont toutes tirées du Jeu de Cartes à Collectionner de Flight Fantasy Game (mises à part quelques « vieilleries » de Chaosium), que je connais suffisamment pour écrire noir sur blanc que ce n'est pas forcément les meilleures illustrations qui ici sont mises en avant… Émergent quand même les illustrateurs Patrick McEcoy, Daarken, Michael Komarck, Jean Tay, Katherine Dinger, Miguel Coimbra, Matt Dixon, John Gravato ou Torstein Nordstrand. Et sans aucune surprise c'est encore le frenchy Marc Simonetti qui survole les débats : c'est ça, la « french touch » ! (mais attention, tout ce qui est français n'est pas génial car on a aussi on longue et vieille tradition de grosses bouses par chez nous) Et c'est quand même du gâchis toutes ces pages découpées en deux avec d'un côté 3 illustrations en petit format et d'un autre côté leurs crédits quasiment sur fond blanc : on ne pouvait pas privilégier les visuels avec 2 illustrations voire 1 illustration par page ???
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Une vraie découverte, l'oeuvre de Lovecraft en …mangas ! Dix volumes à ce jour.
Publié en 1923 dans le magazine Weird Tales, L'Appel de Cthulhu est non seulement l'un des plus grands textes de Lovecraft, mais aussi la pierre fondatrice du « mythe de Cthulhu »
Ici le texte est repris par Gou Tanabe, auteur de manga exerçant son art surtout dans le registre de l'horreur et de l'adaptation d'oeuvres littéraires. Les dessins sont tout bonnement incroyables et bouleversants, le livre s'ouvre et se lit donc à l'envers comme il se doit, la reliure évoque un vieux cuir rouge brun, et c'est aux éditions Ki-Oon.
Une pépite dans ma bibliothèque, un vrai roman graphique -pour ceux qui aiment bien sûr- qui souligne parfaitement l'ambiance SF.
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Le professeur Angell est décédé et son neveu a hérité de ses possessions. Parmi elles, il trouvera, dans une étrange caisse fermée à clé, un ensemble de documents, de coupures de presses, et une tablette d'argile regroupés sous le titre "LE CULTE DE CTHULHU". Commencera alors une terrible enquête dont l'homme aurait préféré ignorer les résultats...

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Culte, emblématique, magistral ? Que dire de plus ?
Faisons comme si. Comme si tout n'avait pas déjà été dit sur ce récit, sur cet auteur.

Tout d'abord, il convient de noter que le narrateur de ce récit (le neveu d'un célèbre scientifique, professeur émérite en langues sémitiques) ne sera pas l'acteur principal des évènements mais simplement le témoin, l'enquêteur qui recoupera les récits et recueillera les témoignages d'autres que lui.
En ce sens, la trouvaille est géniale car on peut se questionner sur la santé mentale de cet homme. C'est une chose récurrente dans l’œuvre de Lovecraft que la folie du narrateur, ou les doutes sur l'état de son esprit. Mais, pour le coup, dans L'Appel de Cthulhu, une telle suggestion n'est pas proposée par le narrateur lui-même.

Nous avons donc notre narrateur qui va enquêter sur un faisceau d'informations qui vont, au fur et à mesure des récits rapportés, former un tout indéniable dont il ne pourra que prendre acte.

Parmi ces récits dans le récit, trois principaux forment les temps forts de cette nouvelles : les délires oniriques d'un artiste sensiblement dérangé, l'opération de forces de police dans les bayous de Nouvelle-Orléans, et la sortie en mer fatale de marins vers l'endroit au monde le plus éloigné de toute terre...

Durant ces trois récits, Lovecraft va faire monter l'angoisse crescendo, commençant par l'analyse rationnelle, basculant vers l'incompréhensible car trop forte coïncidence, et terminant par le face à face avec l'horreur cosmique la plus indicible...

La plume de Lovecraft est pour beaucoup dans l'ambiance qui se dégage du récit et lui donne sa couleur malsaine et sa répugnance. L'auteur part du principe que les forces qu'il décrit et auxquelles ses personnages ont affaire ne sont pas de ce monde et, de ce fait, ne répondent pas à ses logiques. Du coup, au lieu de tenter de décrire l'indescriptible, il multiplie les suggestions, les descriptions, précisant qu'on ne peut justement pas les décrire, les oxymores et les tournures syntaxiques frappantes.
Ce n'est pas pour rien que les "fans" de Cthulhu (si l'on peut dire) ne sont jamais d'accord sur l'image du Grand Prêtre (et oui, c'est aussi un prêtre, pas seulement un Dieu), car Lovecraft le désigne tour à tour comme un dragon à tête de "squid" , "octopus" ou "cuttlefish" (calamar, poule/pieuvre, seiche)... Forcément, puisque ce n'est pas descriptible et surtout pas terrestre.

Bref, un récit captivant dans lequel on s'abandonne avec plaisir, pour peu que la traduction soit de bonne qualité.

(Lu en VO - Armez-vous d'un bon dictionnaire ^^)
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Premier manga que je lis, dans ma déjà bien remplie vie de lecteur et quelle belle surprise. Une superbe adaptation de cette nouvelle, à la base d'un univers vaste. Des graphismes à couper le souffle. Un excellent moyen de découvrir ou redécouvrir ce chef-d'oeuvre de Lovecraft. de plus, le livre en lui-même est de très belle facture.
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Cadeau de Noël de ma fillotte, je l'ai laissé traîner jusque là.
J'étais sur autre chose. Mais là, je n'arrive plus à lire quoi que ce soit dans quelque domaine que ce soit. J'arrive pas à finir le livre de la Jungle, j'ai commencé le T2 des pirates de l'escroc-griffe mais j'arrive pas à avancer non plus, je n'arrive plus à lire non plus mes bouquins un peu "spéciaux" sur l'énergie.
Et de toute façon quand j'arrive à lire c'est 30 pages maximum, après je tombe.

En un mot, je suis gavée... de tout. ça fait deux fois que ça m'arrive en quelques mois.

Comme par contre j'ai pris grand plaisir à lire les "Il faut flinguer Ramirez", j'ai repensé à ce manga. J'ai bien fait.
Dévoré je l'ai...
Gou Tanabe arrive à mettre en images ce que j'aurais pas cru possible de mettre en images. C'est extrêmement bien fait. D'un récit indirect (ce qui fait que j'ai parfois du mal avec Lovecraft), il fait des récits directs et on "voit" ce qu'ont vécu les gars, et c'est effectivement cauchemardesque. C'est extrêmement bien fait et j'avoue que je me suis régalé.
Les dessins sont sombres et torturés, c'est parfait, de mon point de vue.

Formidable, un grand merci à ma fillotte pour le cadeau parce que de mon propre chef, je n'aurais jamais acheté ce genre de chose...
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L'appel de Cthulhu, l'immense nouvelle qui propulsa la mythologie de Cthulhu, parut en 1928 dans la revue Weird Tales. Moins d'un siècle plus tard, les éditions ki-oon éditent ce mois de septembre 2020 cette fameuse nouvelle à travers le nouveau manga adapté du génial Gou Tanabe. Il n'en fallait pas plus pour que la flamme de Cthulhu soit toujours aussi vivace. Gou Tanabe a déjà fait ses preuves avec les adaptations lovecraftiennes avec l'hallucinant dyptique Les Montagnes Hallucinées. Depuis, il a dessiné La couleur tombée du ciel ainsi que Dans l'abîme du temps. L'appel de Cthulhu est l'une des plus fameuses nouvelles de Lovecraft, peut-être la plus emblématique. Sans surprise, Gou Tanabe remporte le défi et signe un nouveau manga de qualité, à ranger sans hésiter dans votre bibliothèque.

Comme un signal d'alerte, les éditions Ki-oon ont choisi une couleur rouge-sang pour illustrer la couverture de cette nouvelle adaptation tout en gardant ce grand format en simili-cuir qui constitue le charme visuel de cette collection. le livre donne envie visuellement , il n'y a plus qu'à tourner les pages et à trembler au passage.

L'appel de Chtulhu est sans doute moins immersif et moins épique que Les Montagnes Hallucinées à titre de comparaison. Nous n'avons pas affaire au même cadre. Là ou la première adaptation se concentrait sur une expédition scientifique qui découvrait carrément une nouvelle civilisation, L'appel de Chtulhu est plutôt une sorte d'enquête sur plusieurs temps qui est d'abord orientée sur la noirceur et la folie du coeur humain à travers une mise en valeur des fameux cultistes vénérant la monstruosité cosmique. Cette adaptation adapte l'une des nouvelles davantage "policière" que scientifique de la mythologie. Epistolaire comme la nouvelle de base avec une alternance de points de vue par le biais de la lecture, Gou Tanabe garde intact cette structure narrative en plusieurs temps focalisée sur les différentes personnes qui se sont approchées de, voire confrontées à l'abominable vérité. Un personnage central Francis Thurston mène l'enquête sur la mort de son grand-oncle, un éminent scientifique , et par le biais de la lecture de lettres et de journaux intimes finit par s'approcher de la révélation. Une construction remarquablement épistolaire dont Ganabe a gardé les qualités dans sa version manga qui parvient à garder une bonne fluidité narrative sans rupture , même si forcément en tant que lecteur , nous avons hâte de découvrir le visage du monstre et, de ce fait, de se plonger dans le fameux chapitre consacré au naufrage sur l'île qui englobe une bonne partie du manga.

Mais les autres chapitres ne sont pas en reste bien évidemment et avant de découvrir Chtulhu, nous aurons un aperçu des fameux cultistes entre deux visions cauchemardesques issues de l'esprit malade d'un artiste. Un point sur les cultistes, le manga s'accapare à merveille leur image s'amusant justement avec ce degré qui avait fait un brin polémique dans les adaptations de l'oeuvre de Lovecraft. Gou Tanabe se montre respectueux tout en étant toujours loyal à Lovecraft. de ce fait, il garde intact l'image des cultistes totalement fous, sauvages tout en les affinant , les rendant particulièrement effrayant. Gou Tanabe ne les fait pas tomber dans la métamorphose monstrueuse mais il les déshumanise suffisamment pour nous faire peur. L'enquête de l'inspecteur Legrasse propose ainsi des planches orgiaques assez impressionnantes mais qui ne flirtent pas avec la grossièreté outrancière. J'aime particulièrement le visage dénué d'expression d'un cultiste en page 96 qui témoigne vraiment du talent de Gou Tanabe à jouer avec les expressions et les regards humains. Encore une fois, cet artiste fait preuve d'un réel travail d'orfèvre qui ne se limite pas à dessiner les monstres mais qui se matérialise aussi chez les monstres humains, beaucoup plus présent dans cette oeuvre.

On peut parler d'une enquête presque personnelle de la part du personnage principal mais étant donné la multiplication des points de vue au fil des lettres, L'appel de Chtulhu version manga est aussi une oeuvre plurielle , qui nous fait voyager. Encore une fois, même si cette adaptation est un peu moins épique que Les Montagnes Hallucinées qui peut être vu comme un récit à la Jules Verne, cet Appel de Chtulhu n'en reste pas moins spectaculaire . Entre les visions oniriques qui nous plonge dans des cités vertigineuses, les dédales inquiétants d'une enquête urbaine, les marais impitoyables en guise de repaire pour les "Chtulhistes" et bien évidemment, le vaste océan qui dissimule les pires secrets de l'angoisse , cette nouvelle adaptation est généreuse en terme d'environnement. Gou Tanabe a un dessin parfaitement aiguisé et soigné. Un véritable photographe et peintre du spleen ... Chtulhu est lui-même un paysage en soi.

Parlons de notre fameux Grand Ancien. Gou Tanabe illustre parfaitement Chtulhu, Il rend un hommage loyal ( peut-être un peu trop) à Cthulhu avec un dessin parfaitement représentatif de cette véritable entité. Tentaculaire, titanesque, le dragon-pieuvre fascine et impressionne. Ses apparitions dans les visions ne sont rien comparées à son terrible réveil sur l'île. Sans vous gâcher quoi que ce soit, Gou Tanabe a parfaitement su rendre l'apparition de Chtuhlhu de manière mémorable, tout en suspense et angoisse. Pour ce passage, il joue encore une fois sur la noirceur et l'encrage qui aspire la lumière, vaste abyme duquel surgit le plus monstrueux des monstrueux. C'est génial ! Mais, tout de même, je refroidis un peu ma lecture à chaud avec quelques petites points. Déjà, la figure de Chtulhu est très connue , on connaît l'image de Chtulhu par coeur suivant les différents supports visuels qui ont été fait de lui. Gou Tanabe reste dans une représentation connue de Chtulhu. C'est loin d'être un mal. Ce Chtulhu est génial mais Gou Tanabe reste dans l'imagerie iconique et assez familière. Chtulhu est impressionnant mais il n'est pas surprenant dans sa représentation. Toutefois, le mangaka parvient à lui insuffler de la force juste à travers le jeu d'un regard monstrueux et chaotique qu'il sublime à merveille. le second point qui m'a légèrement gêné, c'est que le dessinateur choisit de faire apparaître Chtulhu assez tôt. Même dès le début, rien qu'au niveau de la couverture de la part de Ki-oon. C'est un petit peu dommage car nous perdons le sel de la progression vers l'horreur et l'apparition marquante du Grand Ancien. Même si son apparition "finale" est marquante, elle l'aurait été davantage si justement Gou Tanabe avait joué sur la non-représentation, l'ambiguïté et le mystère. Après tout, l'horreur la plus flippante reste celle que nous ne voyons pas dans un premier temps.

Ces quelques points ne sont que quelques peccadilles dans cet Appel de Cthulhu qui vous entrainera dans de véritables abîmes et ce pour votre plus grand plaisir.

Je soupçonnerais presque Gou Tanabe d'être un fervent adepte du culte de Cthulhu tellement le manga adapte avec maestria et adoration l'une des plus emblématiques nouvelles de H.P Lovecraft. Adroit dans sa narration, parfaitement représentatif du monstre, cet Appel est un furieux cri d'hommage qui relance avec brio la flamme toujours vivace d'une nouvelle écrite en 1928.

CTHULHU FHTAGN !
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Voici enfin venue l'heure pour Ki-Oon de publier la pièce maîtresse de l'oeuvre de Lovecraft, à savoir l'Appel de Cthulhu, créature au centre de son univers fantastique déjà entrouvert dans Les montagnes hallucinées, Dans l'abime du temps et La couleur tombée du ciel. Mais ici, on s'attaque vraiment au titre culte du maître, celle que tout le monde croit connaitre sans forcément l'avoir lue. J'en entends parler depuis l'adolescence pour ma part mais surtout pour ses ambiances pas vraiment pour le contenu, c'est donc quasiment vierge que je me suis attaquée à cette lecture.

J'aurais peut-être dû relire ces précédents titres déjà adaptés (dans le désordre) chez nous, car je ne sais pas si c'est une juste ou fausse impression mais j'ai vraiment eu la sensation que tout était lié quand j'ai lu l'Appel de Cthulhu. J'ai eu l'impression de retrouver des sensations et des réflexions de chacune des précédents histoires que j'avais lues.

Mais de quoi ça parle exactement l'Appel de Cthulhu ? Parce qu'on en parle beaucoup mais souvent, on se sait pas bien quel en est vraiment le contenu. Tout commence quand Francis Thurston hérite de son grand-oncle archéologue, il se retrouve lié à la tragique destinée du vieil homme... D'après ses papiers, le défunt scientifique enquêtait sur une religion étrange : le culte de Cthulhu. Une mystérieuse gravure représentant son dieu dépeint un monstre cauchemardesque ! Selon le journal laissé par le professeur, cette tablette est l'oeuvre d'un artiste qui l'a créée en pleine nuit, alors qu'il était assailli de visions d'une cité fantastique habitée par une créature gigantesque. Or, ce phénomène a eu lieu le lendemain d'un séisme d'une intensité inégalée, qui a affecté des hommes dans plusieurs contrées... Qu'est-ce qui a bien pu perturber ainsi l'équilibre du monde ? Intrigué par ces écrits, Francis reprend le flambeau et se lance sur la piste du culte, au coeur des ténèbres... Des Etats-Unis à l'Europe en passant par les étendues glacées du Groenland, l'horreur se niche partout !

C'est une véritable plongée dans l'inconscient de nos cultures que nous propose ce titre. Nous suivons l'enquête d'un jeune homme tentant de remonter le fil des événements ayant conduit son oncle à sa fin. Il découvre ainsi une mystérieuse religion, ses origines et ses implications sur l'ensemble des destinées humaines à travers une créature issue de temps immémoriaux qui agirait sur nos rêves. C'est une vraie Odyssée cauchemardesque qui joue sur nos peurs ancestrales et nos mythes et légendes ancrées dans les temps les plus anciens. Lovecraft, tel un anthropologue, remonte le fil de tout cela et tricote une réponse terrifiante à nos origines.

Le rythme de la nouvelle est lent et pourtant trépidant. On sent une tension et un sentiment d'oppression monter petit à petit de plus en plus jusqu'à nous étouffer. Tous les phénomènes grotesques auxquels on assiste nous semblent incroyables et pourtant ils ont bien lieu. On est tétanisé et choqué par la folie de ce à quoi on assiste impuissant et on voit le monde petit à petit dériver sans rien pouvoir faire. Ce sentiment d'inéluctabilité est au coeur de l'oeuvre de Lovecraft et fait froid dans le dos.

On passe par tout un tas d'ambiances et de paysages, des salons policés londoniens ou américains (je ne sais plus), en passant par les chambres chamboulées par la folie, les bayous troublés par des sortes d'orgies sacrificielles géantes, les universités lieux de colloques ou encore les grandes étendues maritimes et les mystérieuses cités peuplés de créatures inimaginables. Tout est fait pour lentement mais sûrement faire perdre ses repères au lecteur et cela fonctionne à merveille.

Je sais que certains ont dit avoir été déçus de voir ici attribuer un "visage" à Cthulhu, pour ma part, c'est tout l'inverse. Je trouve le trait de Gou Tanabe volontiers un peu flou et fouillis parfois, ce qui fait que je n'ai pas toujours bien distingué la bête dans son ensemble, ce qui lui a octroyé une part supplémentaire de mystère et d'horreur. le peu que j'ai réussi à en saisir m'a vraiment glacé le sang et je salue le travail de l'artiste pour mettre en image les mots de l'auteur d'origine qui sont volontiers flous et succincts pour laisser la part belle à l'imagination. Imagination dont fait vraiment preuve Gou Tabane également dans la mise en scène de la ville-prison de la divinité. Ce labyrinthe quasiment issu d'une autre dimension, où justement nos 3 dimensions n'ont plus lieu d'être tient d'une vision cauchemardesque pour moi, littéralement, puisque cela correspond à l'un des plus vieux cauchemars enfantins dont je me souviens.

La collection proposée par Ki-Oon pour mettre en image les oeuvres de Lovecraft leur offre donc toujours un très bel écrin, même si la couverture rouge de celui-ci agresse un peu mes yeux. Gou Tanabe malgré son trait très fixe, pour ne pas dire figé, nous met vraiment dans l'ambiance pour une histoire qui est la pierre angulaire de tout. L'intrigue est terriblement bien menée. L'auteur nous balade, en suivant cet héritier qui peu à peu remonte le fil des pensées et des recherches de son oncle, ce qui l'amène et nous lecteurs avec lui, à peu à peu découvrir l'ampleur de ce qui nous est caché, sur le thème le monde recèle de terribles mystères. Mais c'est surtout un titre d'ambiance, où on a peur de l'influence secrète de cette créature, qui s'attaque à nos rêves et nous pousse à faire de ces choses ! La tension monte progressivement, elle est de plus en plus intense avant un final explosif dont on se demande comment on a bien pu se sortir. C'est encore une grande réussite. Vivement la prochaine adaptation.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Niveau édition on a toujours droit à la couverture en similicuir qui cette fois – ci est rouge et c'est du plus bel effet. Ils auraient dû faire toute la collection en rouge. de plus l'illustration est superbe. J'adore !

Niveau scénario, l'adaptation est très fidèle. Manga oblige, certains des passages du texte original sont ici des dialogues. le travail d'adaptation est comme toujours dans cette collection une vraie réussite.

Pour ce qui est du graphisme on est toujours sur du très lourd. Les Lovecraft par Gou Tanabe sont vraiment des mangas hors normes en termes de qualité graphique et de finition. le trait est toujours dans le réalisme et les cases fourmillent de détails. Quelques défauts mineurs tout de même présents. D'abord un aspect figé, notamment au niveau des visages, déjà cité pour les tomes précédents. Mais après avoir branché mon cerveau, j'ai fini par identifier la cause de cet effet. Contrairement à la plupart des mangakas, Tanabe n'utilise pas de traits de mouvement pour imprimer les mouvements et expressions, c'est cela, qui combiné à son trait bien plus réaliste que dans la plupart des mangas, qui donne cette impression un peu figée par moment. Ensuite, le choix de représenter Francis Wayland Thurston sous les traits d'un jeune homme aux longs cheveux blonds et légèrement efféminés me parait coller assez peu au personnage (dont l'apparence n'est pas décrite dans le texte original) et l'époque. On a l'impression de faire face à certains stéréotypes un peu clichés que l'on retrouve dans certains mangas et animés. Enfin, la façon dont sont représentés les adorateurs du culte croisés en Louisiane et à bord de l'Alert est un peu trop proche du stéréotype imbibé de racisme utilisé par H.P Lovecraft. On a l'impression d'avoir affaire à des sauvages tout droit sorties de leur jungle. C'est certes fidèle à l'oeuvre originale et je ne tente pas de faire passer Tanabe pour un raciste, mais il aurait été bienvenu qu'il s'écarte un peu de l'oeuvre originale sur ce point pour quelque chose d'un peu plus réaliste. En dehors de ces menus défauts assez subjectifs, il y a aussi des qualités énormes que je gardais pour la fin : les représentations de Cthulhu. le grand ancien est assez difficile à représenter de manière juste et François Baranger avait placé la barre très haute avec son adaptation. Ici aussi c'est une réussite, au moins équivalente. Ces représentations qu'il s'agisse de tablette d'argile, de statue ou Cthulhu lui-même sont absolument grandioses ! Pour chipoter, je le trouve peut-être un peu trop petit. La cité engloutie de R'lyeh est elle aussi une grande réussite.
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Alors que le mangaka Gou Tanabe ouvrait le bal avec une adaptation en deux tomes des Montagnes Hallucinées frisant la perfection pour enchaîner ensuite sur deux grands écrits du fou de Providence, que sont Dans L'abîme du Temps et La Couleur Tombée du Ciel, tout deux de grands récits denses et complexes à adapter, on était alors en mesure d'imaginer une prochaine adaptation plus simple, pour pouvoir ensuite reprendre avec un nouveau récit clé dans l'édifice Lovecraftien.

Mais que nenni, nous lance à la figure Tanabe, puisqu'il empile avec sûrement l'un des plus grands récits du mythe de Cthultu, qui aura cimenté les bases de ce qu'allait devenir, bien des années plus tard, l'un des textes phares de l'auteur : L'appel de Cthultu.

À la base du texte de 40 pages, l'auteur développait sur 6 parties, avec différents points de vue, le réveil imminent d'un des Grands Anciens, dans sa demeure engloutie nommée Rlyeh. Au travers de journaux de bord et de témoignages, l'horreur prenait doucement forme, s'insinuant à travers tout le globe via des rites païens et violent, pour asseoir une domination future sur la race humaine, et la libérant ainsi des travers du Bien et du Mal.

Dans cette adaptation, le mangaka étale une nouvelle fois sa maîtrise des décors charbonneux, offrant une opacité et une moiteur à la cité de Rlyeh, et mettant un visage sur l'une des plus grandes entités innommables du panthéon des Grands Anciens. Avec une série de sublimes doubles pages où le chaos est légion, l'auteur témoigne d'un profond respect du matériau de base, tout en se permettant d'étoffer certains passages du récit original avec une liberté somme toute contrôlée.

Gou Tanabe offre une énième adaptation presque sans fautes, car l'on pourrait lui reprocher un certain manque de maîtrise dans le dessin des visages de ses protagonistes ainsi que dans certains panoramas urbains un brin brouillon. Mais tout cela ne sont que des chipotages en comparaison de la qualité globale du produit fini, véritable hommage au travail de Lovecraft et offrant toute confiance dans la suite de son travail d'adaptation.
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