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EAN : 9782130369998
127 pages
Presses Universitaires de France (01/09/1981)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Doctrine et mouvement religieux dont l'origine remonte au IIIe siècle de notre ère, le manichéisme a été longtemps considéré et traité comme une « hérésie » ou une secte chrétienne. En réalité, il est, au sens plein du terme, une religion : une religion de type dualiste et d'essence « gnostique », mais qui, eu égard à son originalité foncière, est inassimilable à toute autre, et qui, en raison de sa cohérence dogmatique, de la rigidité de sa structure et de ses inst... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mani (peut-être de pierre précieuse en sanskrit) est le fondateur de la religion manichéenne. Il était Issu d'un couple comprenant un judéo-chrétien et une adepte du fond religieux iranien.
Son père s'est converti à l'Elkhasaïsme qui est une religion de juifs ethniques mais judéo chrétiens strictes rituellement et baptiste, avec une apocalyptique assez spécifique. Cette religion ne se rapproche pas des autres baptistes tels que surtout les Mandéens qui sont presque exclusivement gnostiques et qui survivent encore aujourd'hui après avoir quitté le sud de l'Irak. L'elkhasaïsme s'est structuré probablement au IIe siècle et il disparut au IXe siècle. La première partie de cet ouvrage cerne le tableau religieux de la Mésopotamie de cette époque .Ce sont des pages rarissimes et précieuses en langue française car elles explorent et analysent le bouillonnement religieux de cette région au IIe ou au IIIe siècle. Pratiquement autant d'orthopraxies spécifiques que de communautés cultuelles. Ce milieux religieux ambiant de la naissance du Manichéisme est complètement fascinant et le manichéisme est absolument étonnant.
C'est un sujet d'histoire des religions qui est très apte à faire comprendre que les religions sont quasiment des organismes vivants. le manichéisme est un syncrétisme de pratiques religieuses variées très fusionnées et très fondues entre elles.
Cette religion synthétise à divers degrés le judaïsme, le christianisme ,le zoroastrisme , le brahmanisme et le bouddhisme. Les idées religieuses circulent et c'est un euphémisme de le dire et comme le montre l'étendue subtile doctrinale du manichéisme.
Manichéen désigne une pensée simpliste en langage courant ,ce que le manichéisme était loin d'être pourtant.
L'univers de cette religion repose sur une vision eschatologique initiale et c'est ainsi que le monde que nous connaissons est issue de d'un affrontement entre le monde de lumière (bon) et celui des ténèbres (terrestre entre autre) mauvais .La lumière est invincible et dans sa victoire, la lumière s'est mêlée à une partie des ténèbres. Ce qui a pour effet de créer le monde que nous connaissons, où la lutte continue de par l'élan de la mixité fondatrice de l'univers habitable qui est par nature le résultat de cette lutte eschatologique initiale ,fondatrice et créatrice.
L'homme est une création équivoque initialement et tout homme qui refuse de renoncer à la matérialité ne peut accéder à la vie après la mort au sens évangélique. Cette dynamique du renoncement vient du judaïsme qui énonce fondamentaliste que la perte et le renoncement à l'objet perdu est le seul moyen de purifier l'esprit et de se mettre en conformité avec la dynamique créatrice de l'économie morale et créatrice qui conduit à la réparation du monde (Tikun Olam). le christ transcende ce concept judaïque et connecte consubstantiellement le renoncement comme germe conduisant l'avènement du salut post-mortem et à l'avènement du monde futur.
Le bien et le mal sont dissociés et à égalité de force mais en lutte tendue et constante dans la théologie de Mani. Si notre monde est dans le remous de la lutte perpétuelle il faut savoir que l'état antérieur des âmes appartient à la lumière qui est invincible dans ses pénates.
La matière est mauvaise mais elle contient de la lumière c'est qui vaut à notre monde d'être relativement toléré et tolérable . La particule de lumière logée dans l'âme tend à rejoindre un immense Karma qui a une chance de conserver durablement le principe spirituel contenu dans le corps humain. A défaut d'un accomplissement spirituel l'âme renaitra dans un autre corps jusque la libération de la particule lumineuse.
De facto la chair est mauvaise et toute cléricature exige naturellement le renoncement à la sexualité et le cantonnement au végétarisme alimentaire. Ce mode de vie parfait est celui du clergé et des Prêcheurs en particulier dont le mode de vie est si parfait qu'il conduit nécessairement à la lumière.
Le reste des hommes était autorisé à la chair et au mariage ,mais fortement incités au jeune et à l'abstinence sexuelle. Ceci pouvait favoriser leur renaissance karmique dans des corps d'élus lors de leur réincarnation inévitable du fait de l'absence de libération karmique dans leur cas .Sans fusion ultime avec la lumière (c'est une vision spécifique de la Moksa d'origine brahmanique qui opère ici) .A noter que le karma prend ici le sens de réservoir d'âmes avec une vague idée de lieu où s'effectue le tri de tri des âmes qui génère activement de nécessaires réincarnations du fait de destinées plus ou moins proches de la lumière initiale . Comme dans l'hindouisme et comme dans le judaïsme le pur et l'impure sont à la base de la moralité et ils sont des principes créateurs de justice ou de mérites constructifs avec un effet quasi mécanique de l'acte pure comme de l'acte impure qui s'insèrent dans un économie karmique finalement.
Le Karma et la vision du monde des manichéens est un instrument qui vise à la transcendance du mal dans le but de restaurer l'état lumineux originel corrompue par la matière résultant de l' héritage de l'eschatologie initiale lors de la création.
Le clergé est en deux ordres très hiérarchisés et il y a un dirigeant suprême ,je ne résiste pas au plaisir de donner la liste des langues qui ont livré des contenus d'expression du manichéisme : Grec, copte, latin ,pehlevi ,parthe chinois ,arabe ,syriaque.
A sa naissance cette religion bénéficia d'un soutient impérial en Perse .De là elle rayonna vers l'Ouest jusqu'en Afrique du Nord ,où saint Augustin fut tenté par le manichéisme mais finalement il donna une Réfutation du manichéisme , lire à ce sujet ses Confessions. A L'est la religion manichéenne rayonna jusqu'en chine où cette religion mourut de sa belle mort sans avoir marqué de points définitifs finalement mais où elle s'est fait une place minimale et durable dans l'est chinois. du vivant même de Mani elle fut interdite en perse et Mani fut exécuté. Elle fut interdite aussi dans le monde romain car considéré comme une infiltration idéologique perse finalement.
Le manichéisme avait une doctrine universelle et très attractive et cette doctrine tenta beaucoup d'Ames. A défaut de soutiens politiques durables et du fait de persécutions intenses, elle naufragea assez rapidement saufs en Asie centrale et dans l'est chinois ou elle dura au moins jusque le XIIIe siècle soutenue par une dogmatique élaborée et un clergé solidement structuré.
Les idées manichéenne survécurent dans les manuels d'hérésiologie et de là elles alimentèrent les réflexions des bogomiles balkaniques et des vaudois et finalement des cathares .
Le manichéisme fut tout sauf manichéen ,sourire.
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Le manichéisme est une religion oubliée, fondée au IIIème siècle par le Perse Mani (216-277), dont l'un des fondements est la lutte farouche entre les esprits du bien (Dieu et ses alliés) et ceux du mal (Satan, fils rebelle de Dieu, et ses serviteurs). L'âme humaine est faite de la Lumière, et son corps des Ténèbres. Aujourd'hui, le mot manichéisme renvoie à une pensée en noir et blanc, sans nuances, avec d'un côté les Bons, et d'un autre les Mauvais, vision simpliste et donc séduisante pour certains.
Mani s'est aussi insurgé contre la pratique de la bénédiction des animaux, expliquant que l'injection et la déjection des deux sortes de nourriture (bénie ou non) ne se distinguent pas.
Comme d'autres après lui (Mahomet et le fondateur des mormons par exemple), Mani s'autoproclame prophète, et inspiré par la rencontre avec un ange envoyé par Dieu. Très au courant des évangiles et des épitres, il déclare être le Paraclet (Saint-Esprit) promis par Jésus. Il reprend l'essentiel de sa religion à Jésus et à St Paul, mais avec quelques apports de bouddhisme et du zoroastrisme. Les manichéens reprennent le concept du jugement dernier de St Mathieu, la Trinité, et célèbrent Pâques, la Pentecôte, l'Epiphanie, et surtout l'anniversaire de Mani. Ils ont un clergé chaste et très hiérarchisé, pratiquant un grand rigorisme moral, et sont encore davantage non-violents que Jésus car végétariens. Avec eux, il n'y a pas eu l'équivalent des Talibans. Ils cultivent la pauvreté, se confessent, etc. Mani est mort en détention et en martyr. Il a donc aussi eu sa passion. Sa religion a survécu jusqu'au XVème siècle en Chine. Marco-Polo aurait rencontré des manichéens en 1292. Bien que traduits en plusieurs langues, il ne reste des écrits de Mani que des fragments. St Augustin en a fait la réfutation ci-après dans ses Confessions (livre VII, chapitre 3). Les manichéens posent deux substances opposées, le Bien et le Mal, forces en équilibre qui se combattent. Or, si Dieu est incorruptible, le Mal n'a aucun moyen de le battre. Donc, soit les manichéens conçoivent Dieu comme imparfait, ce qui va contre la définition de Dieu, soit Dieu est incorruptible, et livrerait alors un combat gagné d'avance contre le Mal. Dieu auteur d'une agression est tout aussi inacceptable que son imperfection. Donc, le manichéisme est inapte à donner une bonne conception de Dieu.
Les manichéens ont apporté beaucoup d'éléments à la religion islamique (jeune lié aux phases de la lune suivi d'une fête, quatre prières par jour, aumône, etc.), sauf qu'ils étaient contre la polygamie. Qui sait ? Cette différence a peut-être contribué à leur disparition?...
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Ce "Que sais-je?", complétant le beau livre de François Decret sur Mani, ne fait pas double emploi avec lui, car il met l'accent sur l'histoire des idées et des doctrines au milieu desquelles Mani a évolué, et donne synthétiquement une idée assez claire de son apport personnel. Tout en demeurant sobrement scientifique, l'auteur ne cache pas la sympathie que lui inspire cette austère religion totalement disparue, et dont il ne reste plus qu'un mot insultant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Plus probable donc, ainsi que le confirme le fragment Stein, Mani prit soin d'expliquer par l'iconographie (le mot appartient aux Kephalaia) le contenu, autrement plus complexe, de son recueil de Légendes. En effet, celles-ci offraient un imbroglio de situations, de personnages et de lieux cosmiques tel que tout lecteur ou auditeur risquait à tout moment de perdre le fil. Mani se décida, pour répondre aux besoins de la catéchèse et peut-être aussi à la demande de l'un de ses disciples, à fixer par le pinceau quelques scènes clés que son imagination de poète et de visionnaire avaient créées dans la Pragmateia : la terre de la lumière, les mondes antinomiques, le combat des deux principes, défaite puis sauvetage et enfin victoire d'Ohrmizd, appel de l'Esprit vivant, mise en place de la démiurgie, envoi du Troisième Messager. Chaque tableau était accompagné d'une légende au sens strict, c'est-à-dire d'une notice explicative permettant de "lire" le tableau, l'ensemble de ces explications formant en quelque sorte le guide ou commentaire suivi du volume : c'est l'Ardahang wifras dont on possède quelques fragments en parthe et en moyen-perse.

Le succès de ce recueil d'illustrations fut immense non seulement chez les manichéens mais au-dehors. Comme en témoigne au XI°s Abu l-Ma'ali-ye 'Alavi, et avec lui bien des poètes et des littérateurs persans, l'Iran islamique ne ménagea pas son admiration à l'auteur de l'Image. Combattu comme prophète, ou plutôt supplanté dans cette fonction par un autre prophète venu d'Arabie, mais toujours admiré comme peintre et artiste, tel est le Mani entré dans la mémoire collective de ses compatriotes depuis l'hégire jusqu'à nos jours !

p. 56
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Le musulman al-Biruni a été, à ma connaissance du moins, le seul écrivain antique à reconnaître que le genre de vie imposé aux religieux manichéens était d'une très haute valeur morale. Prétendre, ajoutait-il, que Mani aurait autorisé la pédérastie est grotesque ! Cette éthique, tenue pour diabolique et insane en Occident, fut celle-là même que contribua à adoucir les moeurs des peuplades de la Haute-Asie : "Le pays aux moeurs barbares où fumait le sang se change en une contrée où l'on se nourrit de légumes ; l'Etat où on tuait se transforme en un royaume où on exhorte au bien" (traduction Pelliot). Ces lignes, extraites de l'inscription trilingue de QaraBalghasun racontant les débuts du manichéisme dans l'empire ouïghour de l'Orkhon, permettent de mesurer l'impact civilisateur d'une telle éthique en terre turco-mongole dans la seconde moitié du VIII°s.

p. 83
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Al-Biruni rapporte dans al-Athar un logion de Mani tiré du début du Shabuhragan : « La sagesse (hikma) et la connaissance (‘ilm après correction ; mss : a‘mal) sont ce que les apôtres de Dieu ne cessèrent d’apporter de période en période. Ainsi, elles sont apparues dans un des siècles (passés) par l’intermédiaire de l’apôtre appelé al-Bidada (= Bouddha) dans les contrées de l’Inde, et en un autre par l’intermédiaire de Zaradasht (= Zoroastre) dans le pays de Perse, et en un autre par l’intermédiaire de ‘Isa (= Jésus) dans le pays de l’Occident. Puis est descendue cette révélation et a paru cette prophétie en ce siècle présent par mon intermédiaire, moi, Mani, envoyé du Dieu de la vérité dans le pays de Babel. »
(...)
Le prophète cherchait à suggérer au guide de l’Iran que son nouveau règne voué à la domination politique de la terre coïncidait avec et serait facilité par l’instauration d’une religion universelle venue de l’un de ses sujets directs, héritier spirituel de Bouddha, de Zoroastre et de Jésus. Cette prophétologie porteuse de toute la sagesse et la science du monde (mp : xrad ud danishn), c’est-à-dire des anciens sages de l’humanité à tradition non écrite (Zoroastre, Bouddha et Jésus) et écrite (apocalypses), est le cœur même du manichéisme de Mani. L’originalité de ce dernier n’est pas le dualisme en tant que construction dogmatique – qui sera l’œuvre de ses disciples –, mais est d’avoir élaboré une ecclésiologie fondée sur une prophétologie universaliste.
(...)
Mani ne cessera de reprendre cette idée force devant ses disciples. C’est à un développement de ce genre qu’on a affaire dans le Keph. 154 ; ce texte copte résume admirablement le projet ecclésial et missionnaire de Mani :

« Celui (= Jésus) qui a élu son Église en Occident, son Église n’a pas atteint l’Orient. Celui (= Bouddha) qui a élu son Église en Orient, son élection (eklogê) n’est pas arrivée en Occident. Quant à mon espoir, je l’administre de façon à ce qu’il parvienne en Occident et qu’il soit porté pareillement en Orient. Et l’on entendra la voix de sa prédication en toutes langues, et elle sera annoncée en toutes villes. Mon Église est supérieure, en ce premier point, aux Églises précédentes car les Églises précédentes n’ont été élues que pour des lieux particuliers et des villes particulières. Mon Église, je l’administre de façon à ce qu’elle parvienne dans toutes les villes et que sa bonne nouvelle atteigne tout pays. » (chap. I)
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Droit, non violent, chaste, abstinent et pauvre, tel est donc le religieux manichéen qui pratique les cinq commandements dans lesquels Mani a enfermé l’idéal des béatitudes et des conseils évangéliques. Polémistes de tous bords ont ricané tant et plus sur les mœurs des manichéens. Bêtise et méchanceté sont insondables ! Le musulman al-Biruni a été, à ma connaissance du moins, le seul écrivain antique à reconnaître que le genre de vie imposé aux religieux manichéens était d’une très haute valeur morale. Prétendre, ajoutait-il, que Mani aurait autorisé la pédérastie est grotesque ! Cette éthique, tenue pour diabolique et insane en Occident, fut celle-là même qui contribua à adoucir les mœurs des peuplades de la Haute-Asie : « Le pays aux mœurs barbares où fumait le sang se change en une contrée où on se nourrit de légumes ; l’État où on tuait se transforme en un royaume où on exhorte au bien » (traduction Pelliot). Ces lignes, extraites de l’inscription trilingue de QaraBalghasun racontant les débuts du manichéisme dans l’Empire ouïghour de l’Orkhon, permettent de mesurer l’impact civilisateur d’une telle éthique en terre turco-mongole dans la seconde moitié du viiie siècle. (chap. III)
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De même que le Nouveau Testament relit les anciennes prophéties de la Bible juive en fonction de Jésus, Mani y relisait le Nouveau Testament en fonction de lui-même.
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