Voilà un livre qui me prouve que la littérature existe encore; un livre puissant par l'écriture et brillant par sa richesse. Si bien qu'après avoir tourné la dernière page j'en suis toujours un peu étonnée.
Sans doute cet étonnement est en partie dû à la quantité de livres médiocres qui encombrent les tablettes des librairies et qu'on ne peut pas toujours éviter.
Mais celui-ci est tellement bien écrit et l'intrigue tellement bien construite que malgré le nombre de pages (800) on ne s'ennuie pas une fois. L'intrigue, les personnages, le rythme, le ton, le langage, tout est parfait. Sans compter les descriptions : que ce soit un sourire, une personne, un tableau, un meuble, New York, le désert, aucun mot n'est de trop et tous ensembles ces mots contribuent à créer l'atmosphère si riche de ce livre.
L'histoire nous nous fait voyager de New York à Las Vegas, de l'atmosphère feutrée des demeures riches de l'Upper West Side au chaos des familles dysfonctionnelles de Vegas. Philosophie, histoire de l'art, drogues,
Proust, mafia russe rien n'est laissé au hasard, rien n'est superficiellement décrit. Si un des personnages restaure des antiquités on apprendra tout sur les différentes qualités du bois, les vernis, comment rendre « authentique » un faux, comment les écouler et les rendre encore plus « authentiques » en multipliant les transactions. Si un autre prend de la drogue, on saura tout des effets ressentis de la première fois à l'accoutumance, et de l'illusion de pouvoir arrêter à temps.
Donna Tartt, nous fera découvrir de ces amitiés d'enfance qui naissent dans la misère et durent toute une vie, du pouvoir que l'art a de changer une vie, de l'immortalité d'une oeuvre d'art et de sa beauté qui se transmet de générations en générations même si chacun l'appréhende à sa manière, de la façon dont les gens dvieillissent et deviennent matures, de l'effet que cela fait d'être toujours en amour avec quelqu'un qui ne veux pas partager cet amour. de la condition humaine aussi et des questionnements qui l'ont toujours entourée.
What if one happens to be possessed of a heart that can't be trusted—? What if the heart, for its own unfathomable reasons, leads one willfully and in a cloud of unspeakable radiance away from health, domesticity, civic responsibility and strong social connections and all that blandly held common virtues and instead straight toward a beautiful flare of ruin, self-immolation, disaster? If your deepest self is singing and coaxing you straight toward the bonfire, is it better to run away? Ignore all the perverse glory your heart is screaming at you? Or is it better to throw yourself headfirst and laughing into the holy rage calling your name?
Mais surtout,
Donna Tartt, nous permet d'appréhender un peu mieux ce qu'est le syndrome post traumatique et comment ceux qui le subissent vivent l'angoisse d'être un survivant et une réalité légèrement décalée de celle des autres ce qui fait qu'on ne peut pas vraiment comprendre ce qu'ils vivent et qu'ils ne guérissent jamais vraiment.
« But sometimes, unexpectedly, grief pounded over me in waves that left me gasping; and when the waves washed back, I found myself looking out over a brackish wreck which was illuminated in a light so lucid, so heartsick and empty, that I could hardly remember the world had ever been anything but dead »
Et toute la tragédie de ce livre tient au fait qu'une mère et son fils, un jour, s'arrêtent dans un musée qui va exploser et que l'un des deux survivra et l'autre pas.
5 étoiles sans hésitation.
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