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sur 3272 notes
Voici donc un roman faisant l'objet depuis sa parution d'un véritable concert de louanges…auquel je ne me joindrai certainement pas.
C'est un véritable ouf de soulagement que j'ai poussé en arrivant enfin au bout de ce bouquin (je dois avouer avoir un peu expédié les toutes dernières pages), au terme de quasi deux semaines de lecture plutôt éprouvante.
Mais comment expliquer l'engouement autour de ce roman ? Peut-être la belle couverture, ou alors la personnalité de Donna Tartt, que je ne connais pour ma part que de réputation (le charme n'a donc peut-être pas joué)…
La lecture de ce roman fleuve, certes ambitieux, s'est en tout cas avérée tellement laborieuse (inutile d'en résumer l'histoire, d'autres l'ont fait avant moi, et probablement beaucoup mieux que je ne le ferais) : certains passage furent interminables et d'un total manque d'intérêt (en particulier la période passée par Théo à Las Vegas, marquée par l'ennui et les addictions avec son pote Boris), d'autres périodes étant au contraire totalement passées sous silence (l'auteur va consacrer des pages et des pages à des journées où il ne passe rien ou presque, on tourne une page, changement de chapitre, et on se retrouve huit années plus tard, quasi sans explications… c'est une plaisanterie ?). Les personnages ne sont en outre pas attachants, à l'exception de Hobie et Pippa. Et le comble, c'est que Donna Tartt a donné mon prénom au dealer new-yorkais de Théo ! Franchement…
Et pourtant, je me suis accroché pour achever ce roman (une sorte de défi personnel), espérant qu'enfin un rebondissement aurait lieu, me permettant de conserver au final de cette histoire une opinion positive. Mais celui-ci n'a jamais eu lieu… enfin, il y eu bien quelques péripéties, mais elles sont à mon sens peu crédibles, limite grotesques (Théo en assassin ? risible..).
En tout cas, je doute désormais fortement de me lancer dans la lecture des précédents romans de Donna Tartt. Et je serai également particulièrement prudent vis-à-vis des futurs prix Pulitzer : car si Lonesome Dove méritait sans conteste une telle récompense, l'attribution d'un tel prix pour « qu'avons-nous fait de nos rêves » et « le chardonneret » apparaît à mes yeux assez incompréhensibles…
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Résiste ! ... C'est ce que semble me dire ce chardonneret, ce minuscule petit oiseau peint par Fabritius, un Maître flamand trop tôt disparu.
Tiens bon ! ... C'est ce qu'il faudrait dire au narrateur de cette histoire très humaine, très noire, descente aux enfers totale.
Va jusqu'au bout ! ...C'est ce que je me suis dit après mes plongées en apnée dans ce roman-fleuve aux accents terribles et à l'écriture à la fois syncopée et merveilleusement imagée.

NON ! « le Chardonneret » ne laisse pas indifférent, c'est le moins qu'on puisse dire.
Une foule d'émotions m'ont envahie tout au long de cette histoire. D'abord une compassion immense pour ce jeune ado new-yorkais qui perd sa mère lors d'un attentat terroriste dans un des plus grands musées, obligé de s'en remettre à la famille d'un de ses amis pour survivre. Taraudé par la culpabilité qui ronge et qui mord. Et là, j'ai salué le talent de l'auteure pour ses mots justes, son intime compréhension de la tristesse devant le drame.
Ensuite une horreur devant le destin du jeune homme, pris en charge par un père et une belle-mère inconscients, drogués et alcooliques. Cette partie à Las Vegas m'a mise KO, et j'aurais voulu jeter le livre par terre. Ces scènes continuelles et innombrables de déchéance en compagnie de celui qui va devenir le meilleur ami du narrateur, Boris, m'ont exaspérée.
Et puis vient un peu de rédemption, pour le héros comme pour nous, enfin pour moi, avec le retour à New-York et le refuge chez un antiquaire lié de près à l'explosion dans le musée. L'amour des beaux meubles, de leur restauration, la découverte de la Beauté, ça aide à vivre...
Et il en faut, de l'aide, à ce jeune homme ! Car il est lié au tableau « le Chardonneret », lié à la vie...et à la mort. Ce ciel bleu entraperçu s'est vite voilé de nuages noirs et recommence l'enfer, si bien décrit pourtant par l'auteure : « Une fosse à goudron pour l'âme où je risquais de me laisser choir et de dépérir des années durant »...

Aventure unique, et pourtant universelle, « le Chardonneret » nous plonge malgré nous dans le bouillon immonde de ce qu'il y a de pire, et nous élève dans le même mouvement dans le pur éther de la Beauté. Désespérant et exaltant, il m'a taraudée, irritée, mais aussi transportée. Son ironie à fleur de peau, ses envolées, ses comparaisons à la pointe de la vérité m'ont ravie.

« le Chardonneret » parle différemment à chacun d'entre nous, et chacun reçoit ce qui lui convient. C'est ça, l'art, en définitive.

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Je suis désolée, tellement désolée, ma Lolo. Tu voulais tellement que je me régale avec ce Chardonneret. Tu me l'as transmis avec tellement d'enthousiasme. Tu me l'as déposé dans les mains comme si tu me remettais un trésor. Et ton visage ! Mon Dieu, comme il reflétait le bonheur. "Tiens, m'as-tu dit, lis ça, c'est magnifique."

J'ai tout lu ! Promis, juré ! J'ai juste passé quelquefois des lignes et un paragraphe par ci, par là, mais je n'ai sauté aucune page. J'ai voulu te faire honneur, lire jusqu'au bout ce que tu avais décrit comme une lecture miraculeuse. Mais hélas, le miracle, pour moi, n'as pas eu lieu, et cela dès le début...

Dès le début, ces prises de tête avec le choc post-traumatique m'ont ennuyée. Aucune empathie ? Non, ce n'est pas ça. Tout le monde subit des traumatismes, n'est-ce pas ? D'ailleurs, tu en sais aussi quelque chose. Mais ce ressassement pendant des pages m'a tellement engluée que j'ai eu bien du mal ensuite à me sentir sereine.
Et puis la sombre histoire de Théo (solitude, mal être, vol, mensonge, alcool, drogue, meurtre, dépression) exposée pendant près de 800 pages ne m'a jamais tenue en haleine. Je l'ai trouvée longue, très longue, tellement de digressions inutiles. Je n'ai pas pu jouer le rôle de son psy, en l'écoutant patiemment. Je n'avais qu'une envie, celle de lui dire de consulter ailleurs. Je ne pouvais rien pour lui. Et puis, il faut bien le dire, ce petit chardonneret n'est qu'un prétexte à l'histoire et la fin est tellement plate : le retour au musée du petit tableau comme par miracle. Ah, c'est peut-être là que se situe le miracle de la lecture, une petite pirouette toute simple pour finir le roman, en tout bien, tout honneur.

Oui, bien sûr, ma Lolo, nous allons en parler toutes les deux de ce livre. Mais j'ai bien peur que nos discussions ne soient pas emplies de tout le lyrisme et anecdotes que nous avons l'habitude de nous lancer quand nous sommes heureuses, toutes les deux, de nos lectures. Non, vraiment, mon ressenti ne sera pas à la hauteur de tes attentes.

Et puis, j'y ai vu comme une resucée de l'excellent roman de Jaume Cabré "Confiteor" : un objet culturel en toile de fond, un homme tourmenté, une histoire d'amour impossible, un père brutal... C'est peut-être ça qui m'a gênée depuis le début, cette ressemblance qui empêche d'être surprise. Pourtant, ressemblance n'est pas le mot qui convient, c'est plutôt une association d'idées qui m'a fait penser à Confiteor. Comme aussi ce besoin, pour le narrateur, de mettre par écrit l'histoire de sa vie. Et ce message final, tellement confit de morale et de psychologie à deux sous m'a vraiment peinée. C'est tellement dommage de finir ainsi.

Je suis si triste, ma Lolo, d'avoir si peu aimé ce roman...

Challenge PAVÉS 2015/2016




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Théo...
Dieu – s'il existe – t' a donné la vie et tout le paquetage d'emmerdes qui va avec.
Un funambule. Voilà ce que tu es devenu.
La vie s'est jouée de toi, alors il ne te restait rien d'autre à faire. Jouer avec elle. Sur un fil bien tendu, bien glissant. A chaque nouveau pas, à chaque nouvelle embrouille, c'est la chute assurée. La chute vers ce vide qui t'attire. L'oubli, les paradis brumeux, l'extase, et les lendemains qui déchantent...
T'en as fait des conneries. T'aurais pu te reprendre à certains moments. Mais non, toi, ça t'amuse de repousser les limites, de toujours aller plus loin.
Dans quel but ? La vengeance contre ce destin qui t'a malmené ? Non..c'est pas ton genre ça.
Plutôt une sorte de mal être, une angoisse qui te déchire de l'intérieur, une sorte de fatalité morbide.
Et pourtant, quand t'étais sur cette corde tendue au-dessus du vide, et qu'une main tendue avançait vers toi, tu t'en saisissais...et peu importe si elle t'emmenait vers d'autres gouffres. Une main tendue, ça fait du bien. Ça tient chaud au coeur. C'est toujours bon à prendre.
Mais une fois que tu tiens cette main, qu'est ce que t'en fais après ? Avec tous tes secrets qui t'empêchent de t'abandonner, de lâcher prise...et surtout ce secret, ce tableau, le chardonneret. Précieux joyau. Tu sais quelle chance tu as d'être le gardien d'une telle merveille.
Merveille qui fera de ta vie un enfer.
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Et voilà, après toutes mes précédentes bonnes lectures, il en fallait une pour rééqulibrer le tableau : une bonne grosse déception…
Pourtant, j'attendais de lire avec impatience cet ouvrage : encensé de tous sur Babélio, dans les librairies et les magasines littéraires, je me disais que je passerai un bon moment de lecture, un de ces moments avec un ouvrage spécial, qui se démarque du lot… Las, je n'ai même pas pu aller au bout de l'ouvrage (après une semaine de transports et un week-end où je n'ai pu me résoudre à l'ouvrir alors que je n'avais rien d'autre à lire, histoire de me forcer, forte de ce signe… j'ai abdiqué).

Et le pire, c'est qu'il me semble que ce n'est pas la faute de Donna Tartt : son ouvrage est bien construit (malgré une grosse longueur qui m'a perdue), bien écrit, évocateur, mais je n'ai juste pas pu supporter plus longtemps cette longue déchéance d'un narrateur que j'ai trouvé trop ambigu, que j'ai fini par désapprouver et m'en détourner.

Theodore Decker perd sa mère adorée lors d'un attentat dans l'un des musées d'art de New York qu'ils visitaient tous les deux pour s'abriter de la pluie avant le rendez-vous au lycée de Theodore, exclu temporairement pour y avoir fumé avec un camarade. Survivant miraculeusement, il partage les derniers moments d'un homme qui le pousse ( ?) dans son délire à prendre, sans que le jeune garçon comprenne réellement les raisons de son acte (se constituer un souvenir de sa mère qui aimait cette peinture, peut-être ?), le tableau de Carel Fabritius représentant un délicat chardonneret. Élevé seul par sa mère, son père ayant fichu le camp, il est recueilli temporairement par les Barbour, la famille huppée de son ami Andy, avant que ce même père ne refasse surface pour s'occuper de lui (enfin plutôt de l'assurance-vie que sa mère avait contractée pour lui). le voilà qui part pour Las Vegas où, livré à lui-même, il vivra une vie de défonce avec son ami Boris, avant que son père, un joueur invétéré et arnaqueur qui commençait à avoir des soucis d'argent avec le malfrat local, ne meure, le forçant à prendre la fuite avec son tableau. Retour à New York, toujours avec le tableau, où il sera recueilli par l'associé du vieil homme du musée, avec qui il avait noué de solides liens. Cet homme, ébéniste aux doigts d'or, retape des meubles que Theodore, une fois adulte, revend comme des originaux avec talent, lui permettant de financer ses défonces aux médicaments. Voilà le résumé sommaire (et sûrement partial) de ce que j'ai lu.

Et c'est ce moment où Theodore commence à devenir arnaqueur comme son père, qu'il méprisait tant, où il est annoncé que les ennuis se profilent, que j'ai lâché l'ouvrage. Je ne sais pourquoi, j'ai éprouvé de la rancune et de la colère contre Theodore. Est-ce que je m'étais apitoyée sur ce jeune orphelin et que j'imaginais qu'il vivrait, malgré les épreuves, une vie droite, rencontrant mon admiration ? Et que, me rendant compte que ce n'était pas vraiment le cas et que j'avais bâti une histoire sur quelqu'un de peut-être pas si bien que ça (il faut quand même reconnaître que Theodore n'a jamais reçu l'accompagnement psychologique dont il avait clairement besoin), je l'ai jugé trop sévèrement ? Est-ce que j'étais trop investie dans l'histoire pour gérer les ennuis qu'il allait rencontrer (je déteste les histoire où les catastrophes s'enchaînent alors qu'on les voie venir) ?

Peut-être tout cela à la fois. C'est bien l'une des rares fois où je suis désolée d'être passée à côté d'un roman.
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Waouh !! Coup de coeur. Vertigineux !! Quel livre !!
Déjà je trouve la plume très belle, puissante, riche voire érudite, imagée, inventive parfois, ensorcelante toujours. le chardonneret est à la fois un roman initiatique et un thriller. 800 pages pendant lesquelles l'auteure peint un portrait, ni sombre ni complaisant, de la société américaine contemporaine et de ses travers. Il s'agit aussi d'une ode à l'art, la peinture, la poésie. Un livre dense vous l'aurez compris, mais le talent de Donna Tartt fait qu'il se dévore.

L'histoire ? Théo Decker a 13 ans, sa mère l'emmène voir une exposition sur la peinture flamande. Il y découvre « Le chardonneret » de Carel Fabritius, un petit format pour un grand chef d'oeuvre : juste un oiseau qui « paraît digne » selon Théo malgré la chaîne qui l'entrave , un petit oiseau qui vous fixe et qui sera le fil conducteur du roman, une frêle créature qui devient vite obsédante. Malheureusement un attentat a lieu et sa mère est tuée.

Je vous le disais, le chardonneret est un roman initiatique, l'histoire d'un gamin orphelin, traumatisé par l'attentat qu'il a vécu, hanté par le souvenir de sa mère. Théo se perd dans les addictions (drogues, alcool), mais sa recherche de la beauté, de l'amour le garde sur un semblant de chemin, de vie sociale. le thriller ? Un tableau volé, Boris et sa mafia russe, une arnaque, un faussaire malgré lui (Hobie) et surtout une fuite effrénée en avant. Tous les mauvais choix d'un gamin paumé qui en font un thriller et un récit de mafieux, d'action. Palpitant !! Et je n'oublie pas Popper pour la touche poilue, attendrissante et Pippa la rousse pour le rêve inaccessible.

Connaissez-vous cette zone intermédiaire entre réalité et imaginaire où se terrent l'art, la peinture, l'amour ? Je la connais, je m'y perds parfois. le « Psst, toi. Hé gamin » dont Hobie parle à la fin du roman ; ce tableau, cette oeuvre qui semble vous appeler, vous parler « Pstt, Psst » et qui vous suit toute votre vie, apparaît et disparaît, encore et encore, ce Psst je le connais aussi. Je me dis que le chardonneret de la couverture de ce petit bijou ne manquera pas de m'en faire des Psst de l'étagère de la biblio.
Lisez-le ce long roman que j'ai pourtant lu d'une traite, sans interruption, happée par l'histoire, une expérience délicieuse !!!
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Le Chardonneret, un oiseau enchaîné peint par Fabritius. Quand l’œuvre d’art est à la fois symbole de la condition de l’homme par sa représentation, et possibilité d’une transcendance engendrant la pérennité de celui-ci par sa beauté. Une démonstration magistrale de Donna Tartt.
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Le Chardonneret est tout d'abord une déflagration. C'est au sens propre comme au sens figuré une des premières scènes fondatrices de ce prodigieux et énorme roman de Donna Tartt.
C'est le souffle d'une bombe qui nous plaque au sol. Nous mangeons le plâtre des murs éclatés, la poussière irrite nos yeux. Nos tympans sont percés. Il n'y a rien à voir. Il n'y a plus rien à voir. Le jeune Théo Decker, treize ans, se relève tant bien que mal, et nous avec lui, mais sa mère reste au sol, dans ce musée new-yorkais dont il ne reste plus grand-chose, du moins dans la salle qu'ils visitaient quelques minutes auparavant. Nous marchons à tâtons dans les décombres laissés à nos pieds, au côté de Théo. Nous avons l'impression que le sol est fragile, prêt à céder à chaque instant sous nos pas. D'ailleurs, cette sensation demeurera présente jusqu'à la fin du roman, les personnages avancent comme si à chaque instant le sol était prêt à se dérober sous leurs pieds. Mais revenons encore un peu à cette scène fondatrice qui est vraisemblablement celle d'un attentat. La poussière de l'explosion redescend peu à peu au sol, nous commençons à apercevoir le décor autour de nous, un décor de guerre... Un vieil homme agonisant qui va mourir tend à Théo une bague, une adresse, lui désigne un petit tableau enfoui sous les gravats, lui intimant l'ordre de le prendre. Quelques instants avant l'explosion, il y avait une jeune fille rousse tout près de ce vieil homme, Théo s'en souvient à présent. Où est-elle ? Qu'est-elle devenue ? Morte sous les décombres ou bien en fuite… ? Va-t-il la retrouver ? Nous le saurons plus tard. Théo se saisit du tableau, l'enfouit dans son sac à dos et de ce geste presque inconscient et impulsif va naître une histoire, que dis-je, une fuite, une traque, une descente aux enfers, un dédale de ténèbres et d'enchantement sur quatorze ans…
Ce tableau s'intitule justement le Chardonneret. Vous l'aurez compris, ce tableau est encombrant, non pas par sa taille, Théo s'en arrange d'ailleurs très bien pour l'enfouir furtivement dans son sac à dos, mais par sa valeur. Monétaire certainement, il s'agit en l'occurrence d'une petite toile de 1654, peinte par un maître hollandais, Carel Fabritius. Mais aux yeux de Théo c'est aussi un tableau que sa mère chérie et exclusive, morte à présent, adorait plus que tout. Et c'est ainsi que ce tableau va devenir le personnage principal de ce livre, objet de fascination pour Théo, puis peu à peu d'obsession, objet à la fois brûlant comme un diamant incandescent et encombrant, objet de toutes les convoitises et donc de toutes les traques.
Alors, laissons-nous emporter dans cette course-poursuite, ce road-movie entre New-York, Las Vegas, Amsterdam… Nous sommes pris dans ce voyage comme un dans un tourbillon. Il n'est pas facile de reprendre son souffle, nous sommes au plus près de Théo et très vite nous nous attachons à ce personnage naïf et complexe. Nous le voyons grandir avec ses blessures, ses failles, les douleurs qu'il trimballe d'un passé familial aussi encombrant que le tableau qu'il cherche désespérément à cacher. Les autres personnages qu'ils croisent dans cette épopée sont tout aussi attachants que lui, tout aussi complexes et ambigus aussi.
Nous ouvrons des portes et des couloirs s'enchaînent qui ressemblent davantage à des labyrinthes qu'à des issues de secours. Où trouver la sortie ? Le vertige nous prend à la gorge, nous sentons le sol craqueler sous nos pieds. Il nous faut faire vite... C'est une Amérique sombre et qui sombre, une sorte de fin du monde que nous touchons du doigt. Comment Théo, petit être fragile et candide, peut-il s'éveiller dans ce marigot ?
Donna Tartt est une magicienne. Elle fait les personnages de son roman se relever des décombres d'un attentat. Elle sait aussi les amener à se relever d'autres décombres, celles de la vie qui laisse des blessures parfois indélébiles. Chaque personnage chancelle, tout en donnant le change, il y a de belles histoires d'amitié et d‘amour dans ce roman d'apprentissage. Les personnages se relèvent sans cesse des décombres de leurs existences multiples, peu importe comment d'ailleurs, l'important est de se relever, d'avancer, réapprendre à marcher, réapprendre les gestes d'amour, ou les apprendre pour la première fois, être ensemble, les bras tendus vers le ciel.
Nous refermons ce livre, il y a encore un peu de plâtre sur les dernières pages, nous osons à peine balayer cela d'un revers de main. Quelque chose résonne encore dans nos oreilles. Est-ce le souffle d'une déflagration lointaine, ou bien des voix qui s'enchevêtrent mêlées de gestes d'amour dissonants et de pas qui courent, en fuite, toujours plus loin vers le ciel sombre qui brûle et penche de l'autre côté ?
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Il m'est impossible d'oublier Théo Decker plusieurs mois après avoir lu le Chardonneret qui retrace si intimement et subtilement sa vie chaotique. C'est un énorme pavé d'une grande intensité.
On s'attache fasciné à la destinée du jeune Théo, sa vie tumultueuse et douloureuse est émaillée de rencontres magnifiques ou maléfiques, une galerie de personnages subtilement dépeints entre ombre et lumière. le Chardonneret n'est pas seulement un thriller parfois un peu long avec un captivant suspens entretenu autour d'un magnifique tableau, c'est avant tout un roman bouleversant, vertigineux.
Donna Tartt signe un récit époustouflant par ses longues descriptions minutieuses et détaillées et la qualité des dialogues. On découvre une galerie de personnages, passant de la plus grande noirceur des situations à de lumineuses rencontres.
C'est un livre sur la filiation, l'amitié, l'amour, la beauté, la valeur des objets d'art, sur les addictions à l'alcool et à la drogue, le deuil.
J'ai eu la trouille, la nausée, j'ai eu de l'affection pour Théo, j'aurais aimé aller visiter un musée avec sa mère, j'aurais aimé que le livre continue.
Il faut un peu de temps pour passer à une autre lecture, c'est rare…
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Que dire sur le chardonneret qui n'ait pas encore été dit ? C'est bien mais c'est long... C'est beau mais c'est lourd... C'est érudit mais c'est répétitif...

Après cette lecture, je ne me retrouve ni dans le concert de louanges des enthousiastes ni dans les critiques des déçus et des ennuyés. Entre les deux, disons, avec les 'satisfaits, sans plus'.

J'ai aimé le personnage ambigu de Théo, déjà anxieux et torturé avant la mort de sa mère, et qui le devient encore plus après, ascendant paumé et dépressif. J'ai aimé les descriptions du Chardonneret, un tableau qui existe réellement, oeuvre d'un peintre mort presque dans les mêmes circonstances que la mère de Théo, tout petit et tout simple mais criant de réalisme et de vie. J'ai aimé le vieil antiquaire, sa tendresse maladroite et son savoir-faire patient. J'ai aimé les parcours, les relations, les doutes, les rencontres, les personnages...

J'ai aimé les phrases de Donna Tart aussi, parfois, mais pas quand elle répète dans un même paragraphe trois fois la même chose, aussi belles que soient les trois phrases dudit paragraphe. La progression de l'histoire m'a semblé lente et pesante et les personnages souvent agaçants à se saboter eux-mêmes... en un mot pas aussi beaux que le tableau qu'ils aiment !
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