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sur 3272 notes
Accroche-toi un peu, le chardonneret, c'est quasiment huit-cent pages de petits caractères bien serrés, et pas une seule image à colorier.

Au-delà de cet affligeant constat bassement matériel, ce drôle d'oiseau est avant tout une oeuvre littéraire somptueuse, tout récemment (et fort judicieusement) auréolée du Pulitzer millésime 2014.

Il n'y a pas grand intérêt à détailler ici les aventures du jeune Théo Decker, intimement liées au destin de cet authentique et singulier petit tableau du XVIIème siècle qui offre son titre au roman. Je recommanderais simplement de s'abandonner à cette rencontre et à la narration envoûtante de la prima Donna. Sans jamais ennuyer, celle-ci prend son temps, pose l'ambiance, installe ses personnages, exprime leurs sensations comme personne, submerge son lecteur jusqu'au parfait engloutissement.

Entre New-York, Las Vegas et Amsterdam, tourmentés, tragiques ou flamboyants, les personnages de Miss Tartt expérimentent nombre des excès de l'occident contemporain et subissent les universelles réminiscences du passé dans une troublante fusion des frontières entre le bien et le mal. Il en résulte une fiction dense et ardente, presque hors du temps, à la fois sombre et intensément lumineuse.

« Un vraiment grand tableau est assez fluide pour se frayer un chemin dans l'esprit et le coeur sous toutes sortes d'angles différents, selon des modes uniques et particuliers...» Il en va de même pour ce vraiment grand roman. Donna Tartt possède cette ensorcelante puissance d'écriture qui, tout autant que l'histoire elle-même, s'empare de l'esprit et du coeur bien au-delà de la dernière page.

J'ai laissé la magie opérer... et j'ai profondément adoré.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Ce temps de confinement a été le déclic pour que je me lance dans la lecture de : le chardonneret de Donna Tartt. En effet ce livre de 1100 pages, en version Pocket, Prix Pulitzer de la fiction en 2014, aussi intéressant soit-il, demande un certain nombre d'heures de lecture, d'autant qu'il nécessite une certaine concentration. Mais lorsque la dernière page est tournée, on ne regrette pas son effort.
Le roman débute pendant la période de Noël, par une scène se passant dans une chambre d'hôtel à Amsterdam en 1943 où un jeune américain vit en reclus depuis une semaine, malade, et dans la crainte d'une possible arrestation. La fièvre lui causant quantité de rêves bizarres, une image va le paralyser de bonheur : sa mère "...lorsqu'elle est apparue tout à coup derrière moi, surgissant dans le reflet que me renvoyait un miroir." Et l'histoire commence : " Les événements auraient mieux tourné si elle était restée en vie. En fait, elle est morte quand j'étais enfant." C'est donc la vie de ce jeune adolescent Theo Decker, 13 ans, à partir du décès de sa mère qui nous est donnée à partager avec lui, ce dernier étant le narrateur.
Alors qu'il se rend au collège avec sa mère où ils ont été convoqués, sous le coup d'un renvoi, ils s'arrêtent au Metropolitan Museum de New York pour visiter une exposition. Un attentat a lieu et sa mère est tuée. Lui, va en réchapper, par miracle, en emportant ce célèbre tableau flamand qu'est le Chardonneret de Carel Fabritius, peint en 1634 qui lui a été confié par un homme mourant.
Son père alcoolique s'étant évanoui dans la nature, il sera dans un premier temps recueilli par la famille Barbour, fera la connaissance de Hobbie, un restaurateur de meubles anciens, sera ensuite récupéré par son père qui l'emmènera à Las Vegas où il deviendra ami avec Boris. Il y restera jusqu'à la mort de son père, dans un accident de voiture, et reviendra ensuite à New York.
Après cette explosion meurtrière où sa mère a perdu la vie, notre jeune garçon choqué et traumatisé éprouve beaucoup de mal à faire face aux questions que lui posent les adultes, et fuit les personnes du service social qui tentent de le faire parler. Il a pris soin d'empaqueter son tableau et de le cacher, aimerait le rendre mais ne sait à qui se confier.
Lorsqu'il va partir avec son père et rencontrer Boris, un jeune voyou ukrainien il va alors se laisser aller avec ce dernier à l'alcool et la drogue, cela leur permettant de fuir la réalité et d'oublier. Leurs nombreuses scènes de beuverie suivies de lendemains désenchantés et de crises de manque montrent bien ce que peut être une dérive à la suite d'un traumatisme.
C'est le récit d'une longue errance, d'une solitude terrible, d'un mal-être quasiment permanent et d'un amour indéfectible pour cette mère disparue cruellement et soudainement. Quelques moments de répit pour Theo avec notamment Hobbie, ce vieil antiquaire qui lui apporte sécurité chaleur et réconfort, avec Pippa cet amour jamais avoué, mais Boris, cet ami ambigu et fidèle, sera le seul à partager, sans qu'il l'ait su, son secret.
Theo Decker va traverser différents milieux et à chaque fois en apprendre les codes et s'y adapter et nous donner ainsi une belle analyse de la société américaine.
L'amour, l'amitié avec ses enthousiasmes et ses déceptions, la bienveillance, l'affection, l'amertume, l'abandon et le désarroi et aussi la souffrance, des sentiments que Donna Tartt sait magnifiquement explorer.
Si Theo pourrait apparaître comme le personnage central, il doit cependant partager cet honneur avec ce petit tableau le Chardonneret, qu'il n'a pas le droit de posséder mais qu'il conservera tout au long de ses pérégrinations et qui est le coeur de ce roman. Il m'a accompagné et a réconforté Theo par sa seule présence. Cet oiseau attaché par la patte à son perchoir est tout un symbole, Theo étant lui-même enchaîné à son passé. L'art, pour Theo est le summum de la vie, comme il l'était pour sa mère.
Le Chardonneret nous narre à la fois la déconstruction et la construction de ce jeune garçon, avec l'art en toile de fond.
C'est à la fois un roman d'apprentissage et un roman d'aventures, un roman sur l'amitié et la solitude où le suspense, suspense délicat, est maintenu jusqu'au bout : la beauté peut-elle triompher malgré tout ?
J'ai vraiment été conquise par cette histoire. J'ai beaucoup aimé le récit jusqu'à l'arrivée dans la banlieue de Las Vegas. Ensuite j'ai trouvé beaucoup de longueurs, Theo et Boris passant le plus clair de leur temps à se droguer et à vomir et j'ai eu envie, maintes fois de l'engueuler, de le secouer, de lui dire de se prendre en main, mais aussi de le rassurer, de le protéger. J'ai donc apprécié son retour à New York. Quant à la fin, elle est vraiment stupéfiante et les dernières pages sublimes !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Je suis très reconnaissante envers François Busnel pour la découverte de Donna Tartt lors de son passage à la Grande Librairie. Certes il aurait été difficile de passer à côté dans les semaines suivantes, car elle trône sur tous les étals de libraire, mais sa prestation a été suffisamment convaincante pour me convaincre de réparer mon ignorance, n'ayant jamais entendu parler du Maître des illusions (un séjour sur une autre planète il y a 10 ans?)

Lire le Chardonneret est un morceau de bravoure (même si c'est une très belle expérience : c'est un gros pavé, à l'écriture dense, plus far breton que barbe-à-papa comme nourriture spirituelle). le critiquer est une autre paire de manche. le livre clos, on reste un peu abasourdi, et le silence après Donna Tartt est encore du Donna Tartt, un délai est nécessaire avant de se plonger dans un autre univers romanesque.

Theo Decker le narrateur, a treize ans lorsque débutent ses confidences. Il vit seul avec sa mère, depuis que le père les a laissés tomber. Pas très bien intégré au collège, de nature inquiète, cette période est pourtant celle de sa vie qu'il idéalisera comme un âge d'or, après qu'une explosion tue sa mère dans le musée qu'il visitait avec elle. C'est le big bang de cette histoire : le deuil irréparable s'associe à une rencontre , celle d'un vieil homme en train de mourir, qui lui remet une bague en lui donnant une adresse. Et, point d'ancrage fort, tant pour le lecteur que pour le jeune garçon, Theo sort du musé, sain et sauf, dans une ambiance de fin du monde, avec un tableau d'une valeur inestimable sous le bras : le chardonneret de Fabritius.

C'est le début d'un road movie, fait d'errance et de choix hasardeux, en compagnie de Boris, un autre paumé de la vie. le refuge dans des paradis artificiels délétères est inéluctable, avec suffisamment de maitrise pour donner le change socialement, tout en créant une dépendance irréversible.

Les thèmes abordés sont multiples, stress post-traumatique, amitié, amour, deuil, dépendance,, impermanence, qui constituent autant de jalons sur ce parcours initiatique. La construction du jeune homme est chaotique, la chute est imminente tout au long de ce chemin sur les berges d'un précipice, mais le chemin se fait.

L'ensemble se déroule dans un ambiance artistique, (outre le Chardonneret et son histoire propre, beaucoup de références à la peinture, mais aussi à la poésie). La restauration des meubles anciens, très bien documentée (l'auteur a t-elle fait un stage intensif?) est très intéressante.

C'est un roman fort, dense, inoubliable, pas loin de mériter une place dans la valise pour l'île déserte; le maître des Illusions, lui, est dans la pile.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ouf ! Suis-je tenté d'écrire… Je viens de terminer le Chardonneret et ses 1100 pages en version Pocket. La lecture fut longue, passionnante parfois, lassante quelquefois mais je salue la performance de Dona Tartt, autrice étasunienne que je lis pour la première fois et j'ajoute aussi un coup de chapeau à Edith Soonckindt qui a brillamment assuré la traduction en français.
Le narrateur, Theodore Decker vit à New York avec sa mère, mannequin pour un catalogue de vente par correspondance qui étudie l'histoire de l'art et lui transmet sa passion pour les musées. Dès le début, Theo dit qu'il se trouve dans une chambre d'hôtel à Amsterdam, en 1943, sa mère étant morte quatorze ans auparavant. Cette date me gêne beaucoup car, tout au long du livre, donc pour ce qui s'est passé avant 1943, on utilise téléphones portables, internet… ce qui était encore loin d'exister. D'ailleurs, je me demande pourquoi l'autrice donne cette date car son roman peut très bien se passer à la fin du XXe siècle, sans problème.
D'autres anachronismes m'interpellent comme l'absence totale de référence à ce qui bouleverse le monde, en 1943 : la seconde guerre mondiale. Theo, Boris, son meilleur ami, voyagent sans aucune difficulté d'Amérique en Europe, se déplacent aux Pays-Bas, pays pourtant occupé par le Wehrmacht depuis 1940. Anne Frank écrit son journal à Amsterdam de 1941 à 1944, avant d'être déportée vers les camps de la mort comme beaucoup d'autres juifs de ce pays. Aucune allusion dans le livre à cette terrible période, aucune restriction dans l'hôtel où se trouve Theo qui peut commander tout ce qu'il veut à la réception. Il y a même un déplacement déterminant à Hambourg… sans problème.
Ces anomalies étonnantes signalées, je reviens à l'histoire de ce garçon déjà traumatisé par un père alcoolique ayant déserté l'appartement familial, qui perd sa mère à cause d'un attentat, l'explosion d'une bombe dans un grand musée newyorkais qu'ils visitaient. Par miracle, Theo qui avait repéré une jeune fille rousse accompagnée d'un vieil homme, est vivant et Dona Tartt m'a scotché avec une scène terrible qui montre Welty, ce vieil homme, prenant Theo pour un autre, lui confiant sa bague, une adresse et, juste avant de mourir, lui ordonne de prendre un petit tableau : le Chardonneret, du peintre hollandais Carel Fabritius (1622-1654). Or, Fabritius est mort l'année où il a peint ce petit oiseau enchaîné à son perchoir, en 1654, à cause de l'explosion d'une poudrerie, à Delft, aux Pays-Bas.
Repartie voir La leçon d'anatomie de Rembrandt, sa mère n'était pas dans la même salle que Theo qui en réchappe donc et réussit à sortir des décombres par ses propres moyens. Il ne reverra jamais sa mère et sera profondément traumatisé.
Ainsi, Theo raconte en détails, la fin de son enfance, la famille Barbour qui le recueille parce qu'il est le meilleur ami d'un des fils, Andy. Il aurait pu grandir tranquillement si son père et sa nouvelle femme, Xandra, n'avaient débarqué de Las Vegas et l'avait emmené sur la côte ouest. Là-bas, il se lie d'une profonde amitié avec Boris, pour le meilleur et pour le pire car la drogue fait son entrée et rien ne nous est épargné jusqu'au bout. Bien sûr, Theo a toujours ce fameux tableau qu'il garde jalousement, cache soigneusement mais, impossible d'en dire plus sans divulgâcher.
Dans cette histoire, il ne faut pas oublier Hobie, l'associé de Welty, un restaurateur de meubles anciens, antiquaire, chez qui Theo retrouve Pippa, la jeune fille rousse qui accompagnait Welty dans le musée et qui a aussi miraculeusement échappé à la mort. Hobie est un homme extraordinaire, d'une profonde humanité et j'ai beaucoup apprécié les passages le concernant.
Dans un tel livre, foisonnant d'informations, de détails pas toujours utiles, de descriptions redondantes, j'ai surtout aimé les réflexions sur la vie, les passages consacrés à l'art, la peinture, l'amour d'un fils pour sa mère et les moments forts d'amitié hélas gâchés par un usage immodéré et impressionnant de stupéfiants.
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♫Ça f'sait longtemps que j'n'avais pas vu
Un petit oiseau dans ma rue
Je ne sais pas ce qui m'a pris
Il faisait beau je l'ai suivi [...]
Où tu m'emmènes dis ?
où tu m'entraînes dis ?
Va pas si vite dis attends-moi !
Comme t'es pressé dis !
t'as rendez-vous dis ?
Là où tu vas dis j'vais avec toi ♫
-Gilbert Becaud- 1966-
----♪---♫----🗽---🎨---🗽----♫---♪----
Psst, du fond de la ruelle
psittacidae ou simple passeriforme,
Un murmure m'interpelle
De la mare au diable, au pavé conforme...
Un oiseau jaune sur un fond simple et pâle enchaîné à un perchoir par sa cheville fine comme une brindille...
Sucette à la morphine....
distortion spatiale et temporelle
Pouvoir des signes
Battre des ailes
Et atterir au même endroit indigne !
Combien la vie peut être cruelle !
Comment taire
Seule ombre au tableau
Sa poupée c'est Pipa
Comme c'est pas pipeau
Mais que les dés sont pipés
Pipa n'a pas pipé mot...
Rêver d'elle en permanence
Mais en tant qu'absence
pas en tant que présence...
Tiens-toi à l'écart de celles que t'aimes trop
Sourcils en aile de chauve-souris
Eprouver chaque pulsation, chaque sursaut
Se soucier suffisamment d'une chose...elle prend vie.
J'ai regardé s'écouler les heures,
à peine éveillé, état de semi-rêverie,
lumière hivernale solennelle, vodka avec glaçons, basculant d'un bord à l'autre, parallélogrammes qui glissaient vers la moquette et se retrécissaient jusqu'à pâlir et disparaître, vibrations d'un diapason...
Ne pas se retourner pour regarder la Terre
Depuis ma banquise flottante ayant dérivé en mer
Surface de l'existence, Vers mère
C'est moins clair / obscur
Sablier qui s'écoule, Mystère du futur
Tout redevient illusion
1, rue Sésame, à la télévision
Amsterdam, le temps d'une récupération
Prendre la balle au Bond, mais bon
Tout s'écroule et tout se reconstruit,
Le chardonneret m'aura appris
voir l'humain dans l'oiseau, digne, vulnérable
Un prisonnier qui regarde ses semblables
Esthète, Beauté, genre ''human-Niké'' confidentiel
Des mots crassis, tout ce que l'art y fit ciel ...
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A tout juste treize ans, le jeune Theo va se retrouver quasiment orphelin… Son père les a abandonnés, lui et sa mère, depuis presque un an, disparaissant de leur vie sans un mot et sans laisser d'adresse. Une absence tout à fait supportable, voire désirée, jusqu'au jour où, présents au mauvais endroit, au mauvais moment, le jeune garçon et sa mère sont victimes d'un terrible attentat alors qu'ils passent le temps dans un musée New-Yorkais… Cette dernière meurt dans l'explosion, tandis que Theo fait partie des rares survivants du drame. Complètement assommé, déboussolé par la confusion générale, il s'empare, à la demande d'un vieil homme agonisant, d'un petit tableau enfoui sous les décombres…


A-t-il conscience de ce qu'il est en train de faire au moment où il cache « le Chardonneret » dans son sac ? Connaît-il la valeur immense de ce tableau, l'un des rares témoignages encore existant du talent de Carel Fabritius, un peintre flamand au destin tragique ? Non bien sûr, mais comment expliquer son geste aux autorités ? Et puis, le décès de sa mère représente suffisamment de bouleversements dans sa vie pour occulter partiellement la présence du tableau… C'est ainsi que la vie de Theo va se retrouver étroitement liée à la destinée du « Chardonneret », développant chez lui une véritable fascination pour le tableau, qui se transformera peu à peu en obsession…


Dans ce roman aux multiples facettes, Donna Tartt prend le temps de creuser ses personnages, de développer leur personnalité et de tisser avec une incroyable minutie les liens qui les unissent… Difficile alors de ne pas s'attacher à eux ou de les tenir à l'écart… le jeune Theo, avec ses angoisses, son innocence et ses pulsions autodestructrices est un personnage que l'on voit grandir tout du long, que l'on a envie de protéger lorsqu'il emprunte de mauvais chemins et qui nous hante longtemps après avoir refermé le livre... Ses mésaventures ne sont pas sans rappeler celles d'un « Oliver Twist » plus contemporain, qui carburerait à l'alcool et aux amphétamines, un moyen dangereux, quoiqu'efficace, d'atténuer la douleur de la perte et de décrocher de la réalité…


Theo, accompagné de son ami Boris, nous entraîne avec lui dans une descente aux Enfers complètement hallucinée, sans possibilité d'un retour en arrière. Difficile de rester insensible face à la violence et à l'injustice du destin qui ne cesse de le frapper ! Donna Tartt ne lui épargne rien et malgré cela, elle parvient à préserver des moments d'une grande tendresse, pleins d'émotions, où l'amour et l'amitié sont bouleversants de sincérité et donnent à chacun un nouveau souffle empli d'espoir et d'optimisme, ce qui est loin d'être superflu étant donnée la tension qui se dégage du texte !
Un roman dense, prenant, lent sans être pesant et qui s'accélère à la fin pour nous entraîner avec lui dans une succession de rebondissements à couper le souffle, resserrant l'étau autour des protagonistes mais aussi du lecteur ! Un texte mené d'une main de maître, porté par le talent de Donna Tartt et dont l'enjeu principal est un tableau volé, mais qui explore également les failles et les faiblesses de l'homme ainsi que certains des travers des Etats-Unis. Une lecture passionnante, qui m'a laissé une forte impression et me donne envie de découvrir au plus vite « le maitre des illusions » !


Un grand merci à Babelio et aux éditions Plon pour ce partenariat et cette superbe découverte !
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Les mille et une galères de la vie de Théo, orphelin, alcoolique, drogué, voleur, fugueur, faussaire...
Dit ainsi, c'est une simple ligne.
Donna Tartt en fait 800 pages!

Il a bien sur des excuses, ce piaf de Théo!
Son coeur a implosé quand une bombe a explosé au MET de New York, envoyant dans les limbes sa mère tant chérie. Quant à imaginer que ce traumatisme vécu en direct et les conséquences pour une vie désorganisée d'adolescent lui aient profondément perturbé le jugement, ça semble une évidence.
Entre New York, Las Vegas et Amsterdam, les errances de Théo nous entrainent d'années en années dans ses "non choix" improbables, croisant des personnages tous aussi originaux et/ou fêlés, dans le diaporama d'une société américaine analysée de l'intérieur: services sociaux, psychologues, enseignement, justice, pouvoir de l'argent, extorsions, manipulations. C'est aussi une solide histoire d'amour et d'amitié.

Je suis entrée à reculons dans ce pavé, néanmoins le charme a opéré en douceur. Il faut accepter cet engourdissement, cette noyade dans l'histoire et l'écriture. Ce ne fut pas toujours une lecture plaisir. Je la qualifierai plutôt de lecture marathonienne et j'ai souvent du me forcer à la reprendre, regardant avec inquiétude les pages lentes à défiler. (J'ai même du m'accrocher ferme pour ne pas lâcher le manège à Las Vegas.)

En conclusion, je refais surface, partagée entre légère suffocation (car j'ai approché le "burn out"de lectrice), et la respectueuse fascination pour cette capacité d'écriture incroyable.

Car, avec un imaginaire littéraire intense, la force de Donna Tartt est cette faculté de raconter par le menu les faits, les sentiments, le travelling des petites choses qui entrent dans le décor, où tout est à sa place, où tout semble avoir de l'importance dans la narration.
Sens précis du détail pour raconter un évènement, oeil photographique pour fixer des lieux et des personnes, acuité et doigté d'orfèvre dans les descriptions précises, méticuleuses et pour autant jamais fastidieuses, décorticage des sentiments et connaissance approfondie dans des domaines variés. Quelle maitrise!

Ce fut donc à petites doses que je suis venue à bout de l'étude picturale de ce petit oiseau, réputé pour la beauté de son plumage et de ses chants.
Mais quatre étoiles... Quand même!

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Comment peut-on continuer à vivre après un attentat ?

Le talent exceptionnel de Donna Tartt nous fait voir cette expérience de l'intérieur et comprendre comment un ado peut subir un choc post-traumatique, perdre sa mère, être ballotté d'un endroit à l'autre et trouver refuge dans la drogue, mais aussi dans l'art et la beauté.

Une grosse brique, pleine de réflexions : sur la peinture, son effet sur l'être humain et son rôle dans la société, sur la beauté du geste, sur les meubles et le travail du bois, sur l'histoire et sur l'attachement aux objets et la raison pour laquelle on conserve ces vieilleries.

On y voit aussi comment les médications pour atténuer la douleur et permettre le sommeil créent une dépendance propice à la surconsommation de drogues et d'alcool (passages que j'ai personnellement trouvés un peu longs).

L'amour, l'amitié, la famille, le sens de la vie et de la mort, mais tout ça à travers une intrigue et les décors de New York, Las Vegas et Amsterdam.

Un pavé ? Un bon livre, de belles heures de lectures en perspective…
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Lundi, je suis allé chez Donna Tartt. On a mangé des pommes. Après on est allés au zoo et on a vu le chardonneret, une fine chaînette passée à la patte l'empêchait de s'envoler. Quelle belle journée !

Mardi, je suis allé chez le chardonneret. On a mangé une tarte aux pommes. Après, on est allés au zoo et on a vu Donna qui écrivait un livre de 1100 pages. Elle tissait une fine tragédie qui, passée à la jambe du lecteur, l'empêchait de s'en aller. Quelle belle journée !

Mercredi, je suis allé chez Pomme (qui est un peu tarte). On a mangé le chardonneret. Après, on est allé au zoo et on a vu Donna qui terminait sa tartine. Hum quelle belle journée !

J'ai emprunté à Bernard Friot cet exercice de style pour exprimer la joie d'avoir découvert ce brillant ouvrage. Une histoire d'adolescent si juste et si bien écrite qu'elle pourrait se hisser en tête des références (avec Salinger bien sûr).

Il fallait oser le rythme particulièrement lent de la narration, qui m'a parfois découragé. Mais je m'y suis fait. La noirceur, son pessimisme à la Cioran, est une qualité du récit, et le fameux tableau du chardonneret est bien le symbole de la tristesse d'une vie humaine, comme celle de Théo, marquée par le deuil.

C'est bien une longue traversée mais l'écriture de Donna Tartt la rend agréable.

Et comme c'est vendredi, je vais aller auprès de mes frères humains, avec un boulet attaché à la patte, avec l'impression parfois d'être dans un zoo.
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Il m'a paru tout de suite assez conséquent mais j'ai bien vu le petit oiseau et considéré mon objectif, le lire. Puis instantanément, l'écriture m'a plu alors j'y retournais avec plaisir pour retrouver Théo.
Un drôle d'oiseau pourrait-on dire, happé comme il l'était dans la course du temps, la froideur et la dureté des évènements au gré des routes et des possibles. Et je me disais, mais pourquoi prend-t-il cette route plutôt qu'une autre, plus facile, plus paisible et sans encombre. La bonne voie en somme. Mais qu'est-ce que c'est que la bonne voie me disais-je, et, est-ce que ce n'est pas comme ça aussi dans la vraie vie, le chemin qu'on prend est-il toujours le plus facile, le tout tracé, le plus tranquille et s'il l'était, était-il pour autant le bon, bien sûr que non ! et c'est ainsi que je ne lisais pas du tout prêt tout apprêté, une histoire à l'eau de rose qui ne m'aurait pas plu, mais plutôt une sorte de désordre plein de cohérences. Ensuite, le ton s'est amplifié et l'allure aussi, si bien que j'avais hâte de poursuivre et c'était bien jusqu'à la fin. Il me trottait dans la tête, ou plutôt il me sifflait le petit oiseau, lui Théo et le Chardonneret du tableau, surtout quand on aborde sa création, le passage du pinceau sous son ventre pour accentuer la perception duveteuse et la douceur. Une belle immersion dans l'univers de Donna Tartt.
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