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EAN : 9782358879613
288 pages
La manufacture de livres (06/04/2023)
3.89/5   114 notes
Résumé :
La juge d’instruction Dominique Bontet a la réputation de ne jamais clore un dossier avant la fin du délai légal. Les victimes méritent cela : face à leurs vies brisées, elle doit leur accorder jusqu’à la dernière seconde. Le dossier qui est aujourd’hui sur son bureau lui parle de Gabi et de ses parents, Anna et Thomas. De cette soirée où le petit garçon a couru sur la jetée et buté sur un anneau d’amarrage, de sa chute dans des eaux sombres, de son père impuissant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Anna et Thomas Sénéchal ont perdu leur garçon, Gabi, dix ans, mort noyé sous les yeux du père impuissant à le sauver après être tombé d'une digue dans l'océan un jour de tempête. Même en cas d'accident, la procédure exige un dossier. La juge d'instruction, Dominique Bontet est chargée de le clore un an après mais elle tarde à le faire, son instinct lui soufflant que quelque chose cloche sans parvenir à mettre le doigt dessus. le dossier Sénéchal n'est pas le seul qu'elle doit gérer, il y a celui du couple Le Bihan, une enquête pour violences conjugales.

A partir de ce point de départ, Fabrice Tassel tisse un roman noir tout en finesse, une tragédie en trois actes jusqu'au dernier au cours duquel les masques tombent et les vérités apparaissent, amères et banales dans toute leur médiocrité, dérangeantes tout de même. Dans les deux premiers, il décortique précisément la mécanique des sentiments qui tourbillonnent autour de la culpabilité, de la loyauté, du chagrin et du deuil, disséquant les secrets de deux couples dont il croise les interrogations, les compromis, les illusions et les failles pour mieux explorer la part de ténèbres, parfois insoupçonnable de chacun.

Une vraie tension s'installe au fil du récit, bien au-delà des ressorts dramatiques liés à la mort de l'enfant et des répercussions du deuil impossible sur un couple. Au départ, on ne comprend pas vraiment pourquoi l'auteur à rajouter dans son intrigue le couple Le Bihan dont les enjeux semblent très éloignés. Et pourtant, un fil mystérieux se crée entre les deux couples, remarquablement tendu, distillant un suspicion feutré qui se dissémine dans la tête du lecteur.

J'ai également beaucoup apprécié le personnage de la juge d'instruction. Il est rare de voir un tel personnage aussi incarné ( il y a bien sûr la juge d'instruction antiterroriste Alma Revel dans l'excellent La Décision de Karine Tuil ), empathique, passionnée, jamais blasée. Avec elle, on sent à quel point rendre la justice est une affaire humaine. On la voit au travail, on la suit dans ses questionnements permanents. « Je suis là pour remplir les vides. Tu imagines comme c'est épuisant, hein ? » dit-elle à son mari « greffier de ses états d'âme » lorsque le sommeil la fuit, hantée par une ancienne affaire ou celles du moment.

On est surpris de la voir tarder à clore une affaire de noyade d'apparence aussi « simple ». Mais les histoires simples, ça n'existe pas.

L'article 353 du Code pénal le dit bien, prescrivant aux juges : «  de s'interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : " Avez-vous une intime conviction ? ".

Un roman très fort qui invite à se glisser au-delà des apparences en jouant sur la pluralité des points de vue, ce qui donne un récit riche en nuances porté par une écriture précise, élégante, attentive aux moindres détails.
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Un soir de tempête, Thomas et son fils, Gabriel, se promènent sur la digue. Pensant avoir perdu son portefeuille, Thomas fait demi-tour. Gabriel, lui, s'amusant, ne voit pas l'anneau d'amarrage, bute contre et bascule dans l'eau. Malgré sa tentative de le sauver mais à cause du vent et des fortes vagues, son père échoue... Depuis onze mois, lui et sa femme, Anna, tentent de survivre à ce terrible drame et d'affronter leur deuil. Leur dossier, simple et sans équivoque, se retrouve aujourd'hui sur le bureau de la juge d'instruction, Dominique Bontet. En effet, il ne lui reste qu'un mois avant la date légale de clôture. Elle compte s'y replonger afin d'être sûre de n'avoir rien manqué. Dans le même temps, elle est en charge du dossier Le Bihan. L'épouse, Iris, a porté plainte contre son mari, Patrice, pour violences conjugales...

Gabriel ne soufflera jamais ses 11 bougies, emporté par les vagues devant le regard impuissant de son père. Avant de fermer ce dossier, la juge d'instruction, une femme tenace et consciencieuse, empreinte de soupçon, de doute, s'est juré de comprendre ce qui ne va pas. Intuitivement, elle sent que quelque chose lui échappe. La photo du jeune garçon toujours en tête, elle creuse à nouveau les éléments qu'elle a en sa possession et tente de cerner Thomas, notamment. Un homme rongé par sa culpabilité, son impuissance, son échec. Pour mieux le comprendre, ainsi que son couple, Fabrice Tassel, en revenant dans le passé, nous dépeint le portrait d'un homme qui, peu à peu, craquelle, se fissure. La vérité nue, sans fard, sans artifice, sans vernis, n'en est que plus crue et aveuglante. En parallèle se dessine le portrait de Patrice, un mari irréprochable vu de l'extérieur qui n'hésite pas à user de ses poings. L'on dirait des hommes, certes, mais des hommes empreints de petites lâchetés et de grands mensonges. N'en ressortent que plus grandies ces femmes, à la fois fortes et sensibles, qui les bravent, les affrontent, les cernent, les forcent à se voir tels qu'ils sont réellement. Un roman noir, intense, émouvant qui affleure l'âme humaine dans toute sa complexité...

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Anna et Thomas Sénéchal ont dû faire face à l'une des plus douloureuses épreuves qui peuvent frapper : le décès d'un enfant. Leur fils Gabriel, dit Gabi, dix ans, est mort noyé après avoir trébuché sur un anneau d'amarrage, sur la digue, un jour de tempête, sous les yeux de son père. Il s'agit d'un accident mais une enquête doit quand même être ouverte et c'est la juge Dominique Bontet qui s'en charge. Très méticuleuse, elle répugne à clore le dossier après un an d'instruction. Elle entend de nouveau les parents. Elle gère bien entendu, en parallèle, bien d'autres dossiers, dont celui des époux Le Bihan, Iris ayant porté plainte contre son mari pour violences conjugales. ● C'est un roman très bien construit, avec beaucoup de retours en arriere et des personnages fouillés et intéressants. Il met en lumière la fragilité des couples et des familles, y compris celui et celle de la magistrate. Il raconte la confrontation entre les hommes et les femmes. ● Les hommes occupent le mauvais rôle, comme le suggère le titre : « on dirait des hommes », mais ce n'en sont pas. Heureusement que les femmes sont là ! ● La tension narrative ne se relâche jamais, jusqu'à une fin presque inattendue (je ne l'ai devinée que dix pages avant). Les deux couples, qu'on voit d'abord dans deux récits séparés, se rejoignent de façon très maîtrisée. ● C'est en effet la maîtrise de la narration qui fait tout le sel de ce roman noir, dans lequel j'ai regretté des fautes de syntaxe se répétant (mises en apposition bancales notamment). ● Ce fut un bon moment de lecture et je recommande ce roman.
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Lu d'une traite, avec grand plaisir!.
L'écriture est éfficace et agréable.
Des histoires à tiroirs
sur les maltraitances des femmes
.. le mensonge et la lâcheté
Une juge d'instruction ouvre ces tiroirs...
Elle est habitée par le doute
depuis qu'elle s'est trompée.
Elle respecte les victimes et leur mémoire .
Elle voue son travail à éclairer les circonstances
de leurs agressions.
Un bel hymne à la solidarité féminine
dans un récit qui vous balade
en terrains très accidentés.
Bravo!

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« On dirait des hommes » raconte l'histoire d'une famille qui vit un drame. Gabriel, 10 ans, court sur une jetée une soirée de grand vent. Il se prend les pieds dans un anneau d'amarrage, tombe à l'eau et se noie. Dominique Bontet, juge d'instruction s'occupe du dossier : elle a un an pour décider si tous les éléments en sa possession concordent bien avec un accident. Dominique Bontet a pour habitude de traiter des dossiers difficiles où les femmes sont souvent les victimes, et les hommes leurs bourreaux. En interrogeant les parents, elle perçoit une intense culpabilité du père (qui ne se sentirait pas coupable ?), une immense tristesse de la mère (quelle mère ne serait pas effondrée ?). « Chasser le souvenir de l'accident est une tâche impossible, il est sous la peau, dans chaque cellule du cerveau. Il faut vivre avec, ou alors se foutre en l'air. Ils ont choisi de vivre. » (…) « Ils vivent au ralenti, conscients qu'ils traversent ce qui ne s'efface jamais, que personne ne sort indemne d'un tel traumatisme. » Un accident comme il en existe tant d'autres, mais pourtant, elle ne parvient pas à clôturer ce dossier. Pourquoi ? Qu'est-ce qui cloche exactement dans cette affaire ? Il lui reste un mois pour se faire son intime conviction. « Dominique pourrait fermer ce dossier. Pourtant, quelque chose l'en empêche : la mémoire de l'enfant, mais aussi la douleur des parents, cet éloignement du monde qu'elle a perçu chez le père. »

« On dirait des hommes » navigue sur deux temporalités. Un passé qui commence avec la naissance du couple de Anna et de Thomas, puis celle de Gabriel. Et un présent qui couvre le temps de l'enquête. Fabrice Tassel axe le récit sur Thomas, ce papa qui n'a pas pu sauver son fils, ce papa qui, si bon nageur n'a pas pu vaincre la force des vagues cette nuit-là. « C'est dans l'eau que Thomas a découvert qu'il pouvait aimer l'effort, la douleur, le dépassement, qu'il n'était pas seulement un dilettante et un jouisseur. Une trentaine d'années plus tard, il reste incapable de donner une explication claire à cette rencontre. Il avait peut-être besoin d'un espace de solitude. Dans l'eau son corps devenait l'unique instrument, un outil épuré qui lui donnait l'impression d'exister par lui-même et non dans le regard impatient et admiratif de ses parents ou dans l'attente d'un destin tout tracé. »(…) « Il aime tout ce qui ne lui a servi à rien lorsque Gabi est tombé. » L'aspect psychologique de ce personnage a été très mûri, il cristallise de très nombreuses émotions. Thomas n'a pas vraiment de buts dans sa vie, ni d'envie professionnelle, ni de désir particulier à satisfaire. J'ai souvent eu l'impression qu'il vivait en dehors de lui-même, comme un spectateur de sa propre existence. (À ce titre, j'ai trouvé intéressant qu'il s'appelle Thomas : jumeau en araméen) Il fait des choix qui n'en sont pas vraiment, les regrette, les rejette, en change, puis recommence, invariablement. Au fur et à mesure du récit, cet homme finit par agacer. En tout cas, il m'a agacée sans que je comprenne réellement pourquoi. Sans doute sa propension, à geindre sans arrêt, pour tout et n'importe quoi, et à baigner dans une sorte d'insatisfaction permanente à laquelle il ne remédie pas, même s'il « nage chaque jour en compagnie de ses démons »

Malgré ce titre, « On dirait des hommes » et l'omniprésence de Thomas, le roman est porté par des femmes, trois voix très exactement : Dominique Bontet, Anna et Iris dont je vais taire volontairement l'histoire. Trois femmes qui, chacune à leur niveau, collaborent et contribuent ainsi à faire entendre leur voix. Même si l'histoire tourne autour des émotions d'un homme, son passé, son présent, son mal-être, ses insatisfactions, ses frustrations, sa culpabilité, ces trois voix incarnent un même chant : celui des femmes. « On dirait des hommes » est bien un roman sur la sororité entre femmes. L'histoire de l'une fait s'interroger l'autre sur sa propre existence, et ce partage amène des constats. « Elle n'a pas de regrets mais elle s'est oubliée. Elle a le droit de se l'avouer. Longtemps, l'amour pour Thomas a suffi, ce bel amour de jeunesse qui résistait aux assauts du temps, cette évidence dans laquelle ils se sont enfermés. », et des questionnements « Thomas l'a-t-il enfermée dans sa vie ? », « Depuis combien de temps vit-elle autour du nombril de Thomas ? » interrogations restées jusque-là silencieuses… Plus généralement, c'est aussi un roman sur la confrontation hommes/femmes.

Plusieurs thématiques sont abordées dans le récit. À travers Dominique Bontet, la bien nommée (Bonté), la notion de justice, et l'habilité à ressentir dans sa chair, les fondations de la construction d'un couple qui, avec les années, se lézardent. « Elle se trouve face à un accident indiscutable dont elle ne voit plus comment l'enchaînement pourrait être remis en cause, et un mensonge dont elle ignore les ressorts profonds. Entre les deux se tisse un lien, elle en est convaincue. » En mentionnant la justice, difficile de ne pas évoquer le mensonge puisque par essence même la justice sert à le débusquer. Dans cette affaire, quelqu'un a-t-il menti ? le courage fait également partie des grands sujets du texte, le courage de dénoncer, le courage de lever un secret, le courage de sauver un enfant qui se noie. À travers le personnage de Thomas, Fabrice Tassel aborde également les choix que l'on peut faire dans l'existence et qui en déterminent plus tard, les conséquences. « Qu'on le laisse survivre, ce sera largement suffisant, au lieu d'exiger de lui de “l'engagement”. de l'engagement dans l'amour, l'avenir, les autres, comme dans un perpétuel besoin de mouvement qu'il n'éprouve plus. Sauf ici, dans l'eau, parce que s'il n'avance plus, il coule. »

« On dirait des hommes » est un roman noir psychologique étonnant, par sa construction, mais aussi par sa densité. Ce livre fait moins de 300 pages, et pourtant il m'a captivée durant presque trois jours. Il ne fait pas partie de ces récits que l'on dévore en quelques heures, car au cours de la lecture, il arrive qu'on le pose pour laisser vagabonder son imagination et réfléchir à certaines thématiques qui y sont abordées. de plus, et c'est sans doute là l'essentiel, ce qui est écrit est sans doute aussi important que ce qui ne l'est pas. Fabrice Tassel manie les sous-entendus et les non-dits avec une grande dextérité, pour laisser à son lecteur le temps de se faire sa propre opinion. J'ai pris ce temps. J'ai lu entre les lignes. J'ai eu l'occasion de changer plusieurs fois d'avis, et malgré ce temps accordé, je me suis trompée et n'ai pas pu anticiper la vérité dévoilée à la fin. Elle arrive comme un vent violent qui se lève d'un seul coup et vient fracasser vos certitudes… Émouvant, actuel et intelligent.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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critiques presse (3)
Liberation
26 juin 2023
Dans le formidable roman noir de Fabrice Tassel, Franck et Anna se retrouvent au cœur des soupçons après la mort par noyade de leur garçon de 10 ans.
Lire la critique sur le site : Liberation
Bibliobs
24 avril 2023
Avec « On dirait des hommes », son quatrième roman, notre camarade chef du service Société à « l’Obs » croise la trajectoire de deux individus et explore la part de ténèbres dans chaque famille.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
14 avril 2023
Un roman noir psychologique prenant, dont le rythme s’accélère au fil des ­pages. Sans effet de manches, d’une écriture attentive aux détails de la vie provinciale, l’auteur y saisit les doutes et remises en question de toute une génération.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Rendre justice, c'est aussi réparer, panser, cautériser, nous sommes des médecins de la mémoire, tu comprends ?
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Une amie psy de Dominique lui a un jour résumé la situation des femmes sous emprise : " Si on la plonge dans l'eau bouillante, la grenouille va s'échapper d'un bond. Mais si la température grimpe petit à petit, elle ne va pas prendre conscience du danger et finira par mourir ébouillantée."
Commenter  J’apprécie          60
Elle va encore naviguer entre la haine d'un homme et d'une femme. Plonger dans leur intimité, leurs névroses, leur passé. Pourtant, elle n'aura jamais le temps pour tout comprendre. Ce n'est d'ailleurs pas son rôle, elle doit prouver des faits, en réfuter d'autres, pas réaliser des analyses psychologiques, mais c'est plus fort qu'elle : elle aime aller au bout de sentiments humains, réaliser la jonction la plus fine possible entre un geste et ses racines, se glisser dans la peau et la tête de celui qui frappe après avoir aimé, de celle qui souffre dans sa chair et trouve le courage, un jour, de pousser la porte de la gendarmerie.
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Ils sont bronzés, souriants,déliés "comme si la vie les aimait".
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Le courage, c’est d’aller au delà du découragement.
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VLEEL 237 Rencontre littéraire avec Fabrice Tassel, On dirait des hommes, La manufacture de livres
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