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EAN : 9782264081575
432 pages
10-18 (07/03/2024)
3.69/5   48 notes
Résumé :
1914. Un petit groupe d’anarchistes se disperse pour jeter des bombes contre plusieurs bâtiments publics parisiens, revendiquant la libération d’un des leurs. Mais à la dernière minute, Arthur dit L’Alchimiste change de cible et un restaurant bourgeois explose. L’attentat fait sept victimes. Au sein de la cellule anarchiste, cette initiative a un goût de trahison. L’opinion publique s’embrase, le gouvernement est sous pression. Fabre, commissaire de police, est tenu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Benjamin Franceschetti a eu l'excellente idée d'ancrer son récit dans l'année 1914, au coeur de la troisième république, juste avant la grande guerre. Intenses luttes politiques en interne, calculs d'alliances entre les grandes nations en prélude aux grands conflits à venir, tout est réuni pour la mainmise des services d'espionnages sur un pouvoir politique aux abois. J'y ai trouvé un excellent polar, un roman d'espionnage à multiples rebondissements. Je l'ai lu avec la satisfaction de voir ramener à la mémoire des faits qui nous semblent lointains – à peine plus d'un siècle – à la fin de la seconde révolution industrielle du pétrole, de l'électricité et de l'automobile (sont évoquées la Renaud type H des activistes anarchistes et la Ford T de l'industriel de Brémont circulant à « toute vitesse », une de Dion-Bouton volée...).

Tout part de l'attentat d'un groupuscule d'anarchistes illégalistes, une minorité qui a choisi l'action directe. Ils se sont dispersés et ont jeté, selon le plan prévu, leurs bombes contre des bâtiments. Objectif : obtenir la libération d'un des leurs, Isidore Grandville, emprisonné pour violence sur agents. Mais voilà, à la dernière minute Arthur, dit « l'Alchimiste », fait du zèle et balance sa bombe à mèche sur le café des Flandres, tuant sept personnes. Après leur action, les anarchistes vont se cacher à la campagne.

Il y a beaucoup de personnages et j'ai dû prendre patience au début pour me familiariser avec eux. Heureusement les noms sont particulièrement bien choisis, souvent affublés d'un sobriquet. Il y a l'artificier Arthur, responsable du carnage du Flandres, Georges, chef de bande, dit « Casse-Tête », Amédée « la Cigale », René « Petite Cloche » frère d'Isidore « Grande Cloche » et aussi Louis et Lola qui s'aiment... du côté enquêteurs on a Fabre, Cerruti et Garcin sans oublier Eugène, journaliste à la recherche d'un bon article à écrire et qui va se retrouver en première ligne avec sa petite amie Gwen. Je ne m'attarde pas sur les espions – sauf le central et mystérieux Sherlock Holmes russe, Vladimir Burtsev – ils apparaîtront en temps utile, pimentant et embarquant l'histoire vers de surprenants rebondissements. Roman gigogne évoluant au gré des agents doubles...

Un tel groupe, prêt à l'action violente, est la proie du pouvoir qui va s'en servir, infiltrant habilement un agent « provocateur ». C'est tout bénéfice de pousser à l'action, cela permet à la fois de discréditer le mouvement et de rendre l'opinion favorable à la répression. Mais à l'époque l'anarchisme est passé de mode et les buts sont politiques : « ...les syndicats ouvriers s'en sont détournés sous l'influence de Jaurès, et l'affaire Bonnot avait porté le coup de grâce. » Après la guerre de 1870, l'allemand est l'ennemi, le rival économique et aussi le concurrent dans l'établissement des colonies. le gouvernement Poincarré recherche une alliance avec la Russie et s'associe en sous main avec la police du Tsar – l'Okhrana – qui n'hésite pas à agir sur le territoire français contre les groupes anarchistes et révolutionnaires, très actifs en Russie également.

Paris a connu son exposition universelle quelques années auparavant. le vieux monde – des charbonniers et de la misère à grande échelle – côtoie la modernité industrielle en marche. La tragique répression de la Commune a laissé des traces profondes dans les consciences et de fortes oppositions à l'Ordre. Nos anarchistes sont un peu des Pieds Nickelés, groupe hétéroclites d'intellectuels à la recherche de justice sociale, de miséreux rejetés par la société, influencés par des mouvements révolutionnaires durement réprimés ou plus banalement tentés par des moyens de subsistance facile grâce au banditisme...

Professeur de philosophie et scénariste habile, l'auteur réussit à faire rentrer dans le tableau des personnages et évènements de l'Histoire réelle de l'anarchisme – Ravachol, Auguste Vaillant, l'affaire Rochette... C'est ainsi que Fabre est amené à interroger Rirette Maîtrejean, une figure positive du mouvement anarchiste :

A un moment, les projets d'article d'Eugène sont contrecarrés par l'actualité. Il s'agit d'un fait réel incroyable : Mme Henriette Caillaux furieuse suite aux nombreux articles du Figaro concernant son mari, Ministre des finances et partisan d'un rapprochement avec l'Allemagne, a protesté « très vigoureusement » en se rendant dans les locaux du journal et a vidé le chargeur d'un pistolet sur le rédacteur en chef Gaston Calmette, qui en est mort – crime pour lequel elle a pourtant été acquittée... !

L'action, la violence (supportable au moins pour le lecteur…) et autres scènes de torture afin d'obtenir des informations plairont aux amateurs du genre, considérablement amoindris néanmoins par un bref rappel du gigantesque carnage à venir lors de la guerre, souvent à la baïonnette ou au gaz, quelques mois plus tard.

J'avais envie de lire un polar pour le plaisir d'une lecture facile et addictive, ce que j'ai tout à fait trouvé dans ce roman noir. le geste est beau remplit totalement le contrat et, en arrière plan, il y a ce bonus énorme apporté par l'écrivain philosophe : le récit est construit sur des fondations solides, évocations habilement disposées des personnages et remous de ce début du vingtième siècle. On ne trouve pas souvent dans un polar une réflexion philosophique aussi poussée sur la liberté, l'action violente, les manipulations policières...

Benjamin Franceschetti est né en 1990 à Bastia où il a grandi. Après des études à Paris et un mémoire sur le Bonheur dans l'oeuvre de Dante, il enseigne la philosophie en banlieue parisienne depuis six ans. C'est un premier roman réussi et j'espère qu'il y en aura d'autres !

Dans cette chronique j'ai dû passer sur la guerre des services de police entre la Sûreté et les Brigades mobiles… Et bien d'autres choses que vous découvrirez, j'espère, si vous décidez de lire ce très riche et beau roman. Merci à Benjamin Franceschetti et à La Manufacture des livres pour ce roman policier de haut vol, éclairant notre réalité !
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Si le geste est beau, un roman entre polar et espionnage.
Alors que personne ne sait encore que le monde va sombrer dans le cauchemar de la Première Guerre, en ce début de 1914, une bande d'anarchistes sème le chaos dans les rues de Paris.
Si le but, au départ, n'était que de faire s'effondrer quelques murs de bâtiments publics, c'est une bombe bien plus meurtrière que lancera L'alchimiste, l'un des terroristes, passant outre les résolutions prises par le groupe.
La traque s'organise, sous les ordres du commissaire Fabre.
L'affaire pourrait être simple, mais Franceschetti est habile. le romancier manipule ses lecteurs comme Arthur, l'un de ses protagonistes, manie les explosifs, avec précaution et efficacité.
Tout est donc affaire de manipulation.
Et Benjamin s'amuse.
Quel sac de noeuds !
Qui est derrière tout ça ?
Qui manipule qui ?
Qui contrôle qui ?
Français,  Allemands, Russes ? Qui tire les ficelles ?
Police et service secret unis ? 
Véritable jeu de dupes.
Et ce journaliste, que vient-il faire dans cette galère?
Franceschetti nous entraîne dans une chasse à l'homme aux multiples rebondissements.
Personne ne veut perdre la face.
On se rend coup pour coup.
Et d'ailleurs, des coups, on en donne, on fait pas dans la dentelle, mais si on veut des résultats, il faut savoir parfois se montrer convaincant.
On intimide, on interroge, on élimine et donc, on creuse des tombes.
Mais, à jouer avec les explosifs, on s'expose, on s'explose même, oserais-je dire.
L'auteur nous replonge dans l'atmosphère d'une époque fascinante et trouble, entre les mouvements anarchistes, la géopolitique et ses dessous sombres, entre alliances et machinations.
Un roman efficace, haletant, addictif, maîtrisé, bref une réussite.
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Mars 1914. L'Europe est une poudrière. Partisans de l'Entente ou des empires centraux ont mené le continent au bord du gouffre que sera la 1ère Guerre Mondiale.
Économiquement, la France rame désespérément pour rattraper la Russie qui industrialise à marche forcée, tandis que l'Allemagne prend le leadership du commerce extérieur européen. La Belle Époque n'est élégante que pour les richissimes parisiennes.
Le terreau est propice aux idées de Proudhon, et les cellules anarchistes pullulent pour endiguer ce qui, déjà, ressemble à un modèle libéral dénoncé outre Atlantique par Emerson ou Thoreau.
Ce premier roman de Benjamin Franceschetti démarre par plusieurs attentats à Paris. Un seul fait plusieurs morts au café des Flandres, sur les Champs Élysées.
Erreur, accident ou débordement ?
La petite bande menée par Georges, si elle prône la liberté individuelle, le refus des classes sociales, l'autodétermination, n'était pas préparée à ce dérapage, ni à la violence ou au meurtre, même si ce chemin semblait inévitable dans un contexte de rivalités entre polices parisiennes.
Après les revers infligés par Bonnot et sa bande, le préfet Hennion a réformé la police en créant les brigades mobiles (ah, Ces chères brigades du Tigre!), ancêtre de la police judiciaire dont les prérogatives empiètent sur celles de la Sûreté, initiant des rancoeurs peu propices à l'efficacité.
C'est avec brio que l'auteur nous immerge dans le quotidien de ces combattants libertaires. Mais, très vite, il va s'avérer que le groupe est manipulé au plus haut niveau.
Russes, Allemands ou Français ? Les trois puissances s'affrontent par agent provocateur double ou triple dont le seul idéal est de favoriser l'une ou l'autre. le renseignement naît à l'aube du premier conflit mondial, enrôlant un grand nombre de femmes dans ses rangs.
Un contexte ambigu à souhait, une approche documentée de l'époque font de ce roman un excellent bouquin tant par l'intérêt de l'intrigue que pour l'immersion dans cette France dont les chiens sont lâchés.
Si je geste est beau, l'utopie peut vivre. A la hauteur de son titre élégant et mystérieux, ce premier opus de Benjamin Franceschetti offre un excellent moment de lecture dont Hugo aurait pu signer l'incipit. "Messieurs, songez-y. C'est l'anarchie qui ouvre les abîmes, mais c'est la misère qui les creuse. Vous avez fait des lois contre l'anarchie, faites maintenant des lois contre la misère. "
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« Si le geste est beau », ce roman trépidant, de haute voltige l'est aussi !
Finement politique, engagé, sombre, cette plongée dans les arcades anarchistes élève une histoire plausible. Des hommes et des femmes de conviction, un groupe d'anarchistes dans l'orée de 1914, l'avant-garde de la première guerre mondiale, en plein Paris.
L'écriture est habile, nuancée, intelligente. À elle seule, elle arrime le désir de comprendre. Il y a beaucoup d'humanité dans les protagonistes. Des hommes et des femmes empreints d'utopie, de rêves et d'équité. Abolir les privilèges et faire justice. le geste est beau car convaincu et révolutionnaire.
« C'était un attentat prévu à l'avance, continua-t-il. Deux au Châtelet. Deux devant le Luxembourg. Et deux ici. Trois attentats simultanés. À chaque fois, l'un attend dans la voiture pendant que l'autre lance la bombe ».
Sauf que le dernier attentat n'a pas fait exploser les murs ou semer le trouble mais la bombe jetée par Arthur dit L Alchimiste dans un restaurant bourgeois a tué sept personnes.
Déni du groupe ? Geste éperdu ? Trahir l'ordre donné de ne jamais tuer quoiqu'il en coûte ? La cellule anarchiste prend l'eau. L'enquête menée d'une main de fer par Fabre, un commissaire de police vieillissant mais au regard d'aigle et aux enquêtes nombreuses et affûtées. On ne peut que craindre de lui et pourtant la lassitude est l'envie d'autre chose bloquent sa motivation. Eugène un jeune journaliste va lui aussi mener ses investigations. Bousculer les codes et les non-dits. le passage non pas en force mais en subtilité et malices absolues. Entre les agents doubles, les complots, et les manigances, le roman s'engouffre dans les ruelles sombres. le gouvernement aux abois, La Brigade du Tigre en filigrane. « Je dirige une brigade qu'on appelait autrefois la Brigade des anarchistes. Maintenant, on l'appelle la Troisième brigade ». « Je m'efforce de combattre l'Okhrana. C'est ma manière de participer à la Révolution… À cette époque, l'Okhrana était l'équivalent d'une police parallèle, en Russie comme en France. Tout anarchiste pouvait cacher un agent double ».
Dans ce récit riche de signaux, on aime le pouvoir des femmes dans un style amplement cinématographique. On imagine leurs attitudes, les regards lourds de sens, les complicités loyales dans l'engagement aux mêmes causes. Elle remettent d'équerre l'évènementiel et sont des amoureuses manichéennes et libres. « Le monde était inacceptable. Mais les gens qui le peuplaient avaient de la valeur…..Il lisait Haeckel pour connaître les sciences. Gaston Couté pour découvrir la poésie. Reclus et Bakounine, bien sûr, pour s'initier à l'action politique. Ils s'étaient fréquentés quelques mois….Il l'embrassa. Elle cessa de se préoccuper de ses idéaux, ses craintes et ses remords, et se consacra tout entière à la vie présente ».
L'ambiance de ce récit viril, historique, est le papier calque d'une époque pas si lointaine. Benjamin Franceschetti n'écrit pas une simple fiction. On pénètre dans l'idiosyncrasie sociologique et psychologique d'un temps de rébellion et de fureur. La camaraderie, la concorde entre anarchistes, le lien à la vie et à la mort. C'est l'idéologie qu'il faut retenir et apprécier tout en gardant notre libre-arbitre. Les diktats des espionnages, les petites combines des politiciens et tout ce beau monde sont dans ce roman policier, une mise en abîme fabuleuse. de nombreuses références et interpellations sont dévoilées subrepticement.
« Si le geste est beau » est magnétique et solaire, serré comme un café fort. D'ombre et de lumière, une déambulation vertigineuse. Un adage : « Apprendre à toujours se méfier » à l'instar de Prosper Mérimée. Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.
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C'est la couverture qui m'a séduite quand j'ai vu ce livre. Elle donne une atmosphère sombre qui va se vérifier rien qu'à la lecture du résumé. J'avais très envie de découvrir la plume de l'auteur, et, maintenant que c'est fait, je ne suis pas déçue du tout. 

C'est un roman difficile à résumer tellement il est dense. Je ne vais vous parler que du tout début, de la base de départ. Nous sommes donc en 1914, juste avant le conflit mondial. La tension règne tout de même déjà entre les pays et dans les pays eux-mêmes, notamment avec les Russes et les Prusses. La France voit beaucoup d'anarchistes se manifester. Et c'est justement un de ces groupes que nous allons suivre. Ils mènent une offensive contre des bâtiments parisiens avec des attentats à la bombe. Ils demandent la libération de l'un d'eux qui est en prison. Seulement, au dernier moment, l'un des anarchistes, L Alchimiste, change de plan et lance les bombes dans un restaurant, faisant ainsi sept morts et plusieurs blessés. Ses autres compagnons ne comprennent pas son geste. La police non plus. Une enquête va ainsi être menée par le commissaire Fabre et son assistant Cerutti. Fabre est bientôt à la retraite, il est consciencieux dans son travail mais il ne sait pas encore dans quoi il met les pieds, un sac de noeuds indémêlable, et surtout il pense déjà à ce qu'il va faire pendant sa retraite. En parallèle, on suit aussi un jeune journaliste Eugène, qui a décidé de mener lui aussi l'enquête. Il est amoureux de Gwen, une jeune anglaise. L'affaire est difficile, les anarchistes sont-ils à la botte d'un groupe plus puissant, ils soupçonnent des agents doubles, voir triples. Même les anarchistes entre eux ne comprennent pas et se posent des questions. 

L'intrigue est extrêmement bien menée de la part de l'auteur, et surtout très complexe. J'avoue qu'au début, j'ai été un peu perdue. Il y a beaucoup de personnages et j'ai eu du mal à les situer, à me rappeler qui était qui. Mais au bout d'un moment, l'intrigue se resserre et se cantonne sur certains personnages qui prennent alors plus de place. Et les actes de ces personnes permettent de se remémorer qui ils sont. Je me suis attachée à certains d'eux, que ce soit du côté des policiers ou des terroristes. Les femmes ne sont pas oubliées, j'ai aimé suivre Lola, Gwen, qui ont de fortes personnalités, qui ne se laissent pas marcher sur les pieds par les hommes, et qui savent confronter leurs idées. J'ai aimé suivre tous ces personnages, j'avais très envie de savoir ce qui allait leur arriver. le suspense est très bien mené, je n'ai vraiment pas vu certains événements ou certaines révélations arriver. Et je suis bien souvent tombée de haut.

Tout cela est sublimé par le style de l'auteur, incisif, percutant. Il n'épargne pas son lecteur, il montre tout, décrit très précisément les scènes, les faits. Tout est très précis. Et surtout, ce qui ressort plus que tout, c'est le côté historique et sociétal. Je suppose que l'auteur a dû faire beaucoup de recherches pour relater des faits si précis, pour arriver à dépeindre aussi bien la société d'alors, à l'orée d'un gros conflit mondial. J'ai appris plein de choses sur cette période que je ne connaissais pas encore. C'est une lecture très enrichissante et j'aime quand elle fait cet effet là, quand elle m'apporte des connaissances en plus du divertissement. 

La construction renforce le suspense. À l'intérieur d'un même chapitre, il y a plusieurs parties où l'on suit des personnages différents, et bien sûr, on les quitte quand ils sont à un moment tendu, alors on a vite envie de lire pour les retrouver. Cette façon de faire donne beaucoup de rythme. La narration à la troisième personne du singulier permet de garder une certaine distance avec les personnages, et n'empêche pas de s'y attacher. J'ai été triste d'en quitter certains, car l'auteur ne les épargne pas du tout, même si je me doutais que cela ne pouvait pas finir sans morts. le final est juste parfait. Il libère de cette tension que l'on ressent tout le long, il apporte les dernières révélations, clôt l'histoire à la perfection. Et au moment de quitter tout ce petit monde, je n'ai pu que me dire que malheureusement, une autre période très sombre allait les attendre sous peu. 

Avant d'écrire cette chronique, je pensais que je n'allais rien arriver à vous dire, tellement le livre est riche, dense et complexe. J'aurais encore beaucoup à vous en dire, mais je vous en laisse la surprise, c'est mieux. C'est un roman que je n'oublierai pas de sitôt, que je vais recommander. Si vous aimez les romans policiers à suspense, avec une part historique très présente, ce livre est fait pour vous. Je ne peux que vous le conseiller et vous pousser à le lire. de mon côté, je vais suivre Benjamin Franceschetti et le lirai à nouveau avec grand plaisir. J'ai aimé sa précision, sa façon de m'embarquer à une autre époque, de m'embrouiller l'esprit et de me mener par le bout du nez. 

"Si le geste est beau" est un très bon roman policier historique. Foncez le lire. Un plaisir de lecture pour ceux qui aiment ce genre.

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Au bout d’un instant, les deux policiers virent apparaître à la porte une femme aussi petite et aussi rabougrie que son mari ; ses yeux, en revanche, étaient vifs et sautillants. En voyant les deux hommes, elle s’arrêta net, à la manière d’un rongeur tombant nez à nez avec un chat de gouttière. 
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Aujourd'hui, elle avait tué.
Le pire, c'était la facilité avec laquelle elle l'acceptait.
Si elle n'avait pas lancé ces bombes, Louis serait mort : il n'y avait pas d'alternative. On pouvait vivre, quand on savait qu'il n'y avait pas d'autre choix. Au fond, c'était facile de ne ressentir aucune pitié pour les morts. Il suffisait de se dire qu'ils le méritaient. Qu'il y avait une bonne raison. Louis était une bonne raison. Grande Cloche était une bonne raison. Les morts de Draveil et de Fourmies étaient une bonne raison. Il y avait toujours une bonne raison, et quand on n'en trouvait pas, il suffisait d'en inventer : l'anarchie était la meilleure raison de toutes.
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Elle l'aimait, c'était indiscutable. Si elle avait voulu des enfants, elle les aurait eus avec lui - qui n'attendait que ça. Le fait qu'elle n'en veuille pas n'y changeait rien. Tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes, s'il n'aimait pas autre chose encore : l'anarchie.
Il était persuadé qu'un jour l'humanité se débarrasserait des lois, des chefs, des hiérarchies. Alors tout le monde trouverait le bonheur. Lola restait dubitative. Elle ne s'intéressait pas à la société idéale que des êtres futurs pourraient forger. Elle s'intéressait à sa propre vie, ici et maintenant. Tout ce qu'elle désirait, c'était la liberté, recherche individuelle plutôt que système politique. L'anarchie était tout le contraire de la liberté : chacun y voyait ce qu'il voulait mais chacun en faisait un système, son petit univers personnel dans lequel tout irait pour le mieux et dans lequel, en général, personne d'autre ne pouvait voir.
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Par son biais, elle avait rencontré Louis. Il avait cinq ans de moins qu’elle, et était bien plus idéaliste. Plus naïf peut-être. Après de longues journées de travail comme apprenti menuisier, il passait ses soirées à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Il lisait Haeckel pour connaître les sciences, Gaston Couté pour découvrir la poésie. Rectus et Bakounine, bien sûr, pour s’initier à l’action politique. 
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Quand le Néant ferma boutique, Eugène et ses compagnons se retrouvèrent à la rue. L’enfer était clos lui aussi, et le Paradis renvoyait ses derniers consommateurs. Bref, l’Autre-Monde bouclait ses frontières. Des centaines d’âmes mortes se retrouvaient sur le trottoir, surprises par le froid, par la nuit, par la réalité.
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Vidéo de Benjamin Franceschetti
À l'occasion de la 19ème éditions des quais du polar à Lyon, Benjamin Franceschetti vous présente son ouvrage "Si le geste est beau" aux éditions La Manufacture de livres.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2703941/benjamin-franceschetti-si-le-geste-est-beau
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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