Murmures à la jeunesse

« Murmures à la jeunesse » de Christiane Taubira est un cri d'amour à la France, à la République et à ses valeurs et principes sur lesquels personne ne devrait transiger.
Le débat sur la déchéance de nationalité consécutif aux attentats odieux de 2015 a amené cette femme de conviction a sortir de ses gonds (trop, c'est trop!). Non seulement Christiane Taubira a démissionné de son poste de Garde des Sceaux, mais, en catimini, elle a rédigé dans l'urgence d'expliquer et de s'expliquer ce petit essai politique.
Petit, certes par la taille, mais certainement pas par sa densité, son intensité et sa valeur .
Au-delà de l'argumentaire lié au factuel (les attentats, les mesures à prendre, les débats ...) sur lequel les discussions et arguties politiques, voire politiciennes, qui ne manqueront pas, ce petit ouvrage porte un message consolant, oserais-je dire rafraîchissant, dans le climat lourd qui pèse sur la démocratie française. Au travers de la problématique franco-française, cette réflexion qui se hisse, pour une fois, à la hauteur des enjeux, peut interpeller les citoyens des pays voisins de la France, comme un écho : les mêmes questions les taraudent, les mêmes inquiétudes les habitent. En cela ce livre est salutaire et peut réveiller les consciences perdues ou endormies.
Certains se sont plaints des trop nombreuses références à des auteurs pas toujours connus (de tous), d'autres ont critiqué le style (trop lyrique, ...). Aux premiers, je voudrais dire qu'aucune pensée, fut-elle politique, ne peut s'élaborer sans référence, sans un tronc éclairant se lequel peut s'édifier une conviction politique, sociale et culturelle. En faire mention, c'est partager et peut-être inciter à de nouvelles découvertes. Pour les seconds, sans doute s'agit-il d'une affaire de goût, mais faut-il, pour autant rejeter, dénigrer. L'enveloppe aurait-elle plus de poids que le contenu ? le signifiant plus que le signifié ? Pour ma part, j'ai aimé cette écriture qui s'emporte comme un fleuve. Madame Taubira écrit comme un tribun, on sent l'oralité et la jouissance de se jouer des mots pour combattre et convaincre avec des tournures poétiques proches de la licence pour mieux incarner.
« Une génération peut éclairer le présent et offrir à la suivante de choisir l'épaisseur et les couleurs de son propre présent. », lit-on au tout début du livre. Christiane Taubira termine, juste avant une postface beaucoup plus froide par son réalisme et qui relate les faits tels qu'ils ont été vécus par le gouvernement, par ces mots : « René Char conseille : « Signe ce que tu éclaires, non ce que tu assombris. » Voilà, je signe. Je prétends, là, éclairer. Non par la Vérité, car je ne sais si elle est majuscule et singulière. Mais par la cohérence et la fidélité à moi-même, à mes engagements, à ma vie, à ceux qui croient en moi. C'est la seule légitimité qui m'autorise à m'adresser à vous, jeunes gens, jeunes filles, en aînée responsable et avec tendresse. »
« Murmures à la jeunesse » : texte à susurrer et à répandre comme un vent bienfaisant.
Éloquence et élégance. Belle leçon.

Si Madame Taubira cite Voltaire qui nous permet de lire ce que nous peinons à formuler, je peux lui retourner le compliment. A l'heure où j'écris ces quelques mots, nous savons que le projet de loi pour la déchéance de nationalité n'a pas été retenu et que notre garde des Sceaux a laissé sa place mais elle peut être fière du travail accompli et de ses convictions respectées.

Généralement, j'évite le livre politique et cela vaut pour toutes les politiques du monde. Je trouve ce genre d'oeuvre prétentieux et dogmatique, tel un gourou s'exprimant à ses proies présentes ou futures.
Pour les raisons que je viens d'énoncer plus haut, j'ai hésité avant de me mettre à lire ce Taubira. Je me suis rappelé la règle que je m'étais fixée, mais je me suis aussi souvenu du jour où j'ai rencontré cette belle personne, quand elle était encore garde des Sceaux, ministre de la Justice. Elle avait été tellement gentille que j'ai commencé à l'apprécier. Oui, j'admire beaucoup les personnes gentilles. Oui, un gourou gentil peut bien m'avoir. Oui, les gourous paraissent souvent gentils. Mais que faire ? Si c'était Christine Angot, Calixthe Beyala, Dany Laferrière, Amélie Nothomb, Chimamanda Adichie, Didier van Cauwelaert ou Fatou Diome, etc., qui avait écrit un livre de ce genre, est-ce que je le lirais ? Oui, sans hésiter ! Ce sont mes auteurs préférés. Comme quoi, je choisis mes gourous.

Parlons du livre, il est très intéressant. Je trouve qu'il tend plus vers la sociologie que vers la politique politicienne. L'auteur a choisi des bons mots, c'est lyrique et parfois poétique. Je pense que ce livre ne sera pas mal venu pour des étudiants en sociologie, qui sont d'ailleurs habitués à des oeuvres qui leur parlent de l'autre et de soi. Par exemple, quand elle nous parle du terrorisme, on arrive quelquefois à se trouver sur un sujet mondial, mais très vite cela bascule dans un sujet très franco-français. Ce qui m'a réellement intéressé dans ce livre est d'entrevoir dans certains passages un angle universel.


Nb : J'ai enlevé l'auteur de ma tête, la politique et toute la communication autour de l'oeuvre. Je l'ai pris comme un témoignage ou un essai. Quelque chose qui est là et que l'on me raconte. Exercice très difficile, offrant un résultat extraordinaire, c'est pour cela que je le recommande.


« Dégager la route ne signifie pas la tracer. »
« Une génération peut éclairer le présent et offrir à la suivante de choisir l'épaisseur et les couleurs de son propre présent. »
« C'est une intelligence obtuse, dépressive, car elle n'aime rien de ce qui est beau. Elle fait détruire Palmyre, la cité des caravanes, avec une frénésie lugubre. Comme d'autres avaient, avant, saccagé les Bouddhas de Bâmiyân, avec la même jubilation funèbre. »


Lien : http://www.yolandeetmichel-m..

Long discours utile adressé à la jeunesse, pamphlet sur le terrorisme, la déchéance de nationalité et bien d'autres sujet. Christiane Taubira questionne avec justesse l'état du pays à cette période sombre de notre Histoire dont on semble sorti même si les stigmates perdurent.
Si quelques mots suffisent à dire une vérité, ici chaque mot est utile, chaque phrase sonne juste et permet de comprendre avec simplicité, mais pas infantilisé, les propos de l'auteure. J'ai apprécié cet essai, j'ai aussi apprécié l'auteure, elle fait preuve d'une grande culture, de pédagogie et de captive par ses propos. Ca fait du bien à lire, que vous soyez ou non de gauche, je peux que vous le recommander.

Paroles d'une grande dame dont j'ose à peine parler tant son écriture est à la fois limpide, percutante et d'une grande beauté. Elle parle politique en termes poétiques. Pas sûr que ce petit livre trouve écho auprès de la jeunesse à qui il est destinée, en tout cas pas toute la jeunesse car celle que les livres rebutent le trouvera sans doute trop littéraire. Mais quel bonheur de lire ces pages qui sont à déguster et à savourer comme un nectar

Écriture remarquable d'une femme de lettre intelligente, humaine, vraie qui s'adresse avec brio à la jeunesse de notre pays en faisant appel à son acuité, en toute confiance.
Mme Taubira est décidément une grande dame.

Après le choc, après le deuil, après les larmes vient le moment des questions, des doutes et des peurs enfouies qui rejaillissent. le moment de la réflexion aussi est primordial et c'est ce que Christiane Taubira propose avec cet essai. Des questions, des réflexions, des pensées, des solutions à plus ou moins long terme.
Il n'est pas question de se réfugier dans un discours de peur, de nous retrancher dans la haine de l'autre, d'enterrer ce qu'il reste de notre foi en l'humanité. Ici, il est bel et bien question d'espoir.
Ce livre s'adresse à la jeunesse, aux générations qui pourront changer quelque chose pour qu'on retrouve enfin l'espoir d'un meilleur futur. Parce qu'il est si facile de le perdre cet espoir face à l'adversité. En voulant s'adresser à la jeunesse Christiane Taubira ne fait pourtant pas le choix d'un vocabulaire accessible. Certains mots me sont inconnus, certaines phrases nécessitent de se poser un peu plus pour les comprendre. Mais après tout, c'est là l'intérêt premier de l'ouvrage : nous pousser à la réflexion coûte que coûte.
La plume de Christiane Taubira est poétique, incisive aussi, mais elle est juste, ou en tout cas elle essaie au maximum de l'être. Ce n'est pas un ouvrage qui tombe dans le sentimentalisme à outrance même s'il cherche à célébrer Paris, la vie et toutes ces belles choses qui améliorent notre quotidien. Ce n'est pas un ouvrage qui tombe dans l'intellectualisme à outrance, même s'il en prend parfois la forme. C'est la réflexion d'une femme, française, ancienne ministre, qui a une connaissance pointue du droit de notre pays et qui met à profit cette connaissance.
A notre niveau, nous sommes tous touchés par ces questions bien évidemment. Nous avons tous perdus un peu de nous même lors de ces attentats et à chaque nouvel attentat, c'est le monde entier qui est pris à parti. En tant que citoyen du monde, au delà de nos origines, croyances, couleurs de peau ou couleurs politiques, nous sommes tous concernés par ce qu'il adviendra de notre société.
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Murmures à la jeunesse. Christiane Taubira. Philippe Rey éditeur.

94 pages essentielles mettant des mots puissants sur les ressentis des événements du 13 novembre, de la sidération aux (débuts d') explications, jusqu'à son urgence à quitter ses fonctions pour continuer à être elle dans le contexte de déchéance de nationalité : “Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m'avisais de bâillonner ma conscience”. Elle se garde toujours de tomber dans le jugement ou la malveillance vis à vis de « son » gouvernement, elle est partie parce qu'il le fallait mais pas à cause de « le Président » ou « le premier ministre ». Ce n'est pas un livre politique, c'est un livre cathartique, imagé et référencé puisqu'elle en appelle aux poètes, aux écrivains et aux chanteurs pour vivre ensemble, apaiser, soigner, prévenir des doutes, apprécier la beauté, renaître bienveillant et, finalement, faire société.

Un baume au coeur.

Christiane Taubira est de ces politiques qui, une fois la ligne tracée, ne s'en éloignent pas et, au contraire, font tout pour continuer à la suivre. On l'a souvent vu quand elle était garde des sceaux, ses différends avec le Premier Ministre n'étant pas totalement inconnus du grand public, bien que parfois discrets. Quand elle a annoncé sa démission et que ce livre est sorti en librairie, je voulais le lire, et je l'ai enfin fait, bien que tardivement.

On s'en doute au vu du contexte politique du début de l'année 2016, le point important de ce livre est la déchéance de nationalité et, plus généralement, l'après-2015, année meurtrière et fortement marquée – à juste titre – par les attentats.

Le style est plus poétique – je dirais presque, plus élégant – que je ne m'y attendais pour un livre politique, mais cela ne m‘a pas déplu. Cela change du ton parfois plus factuel que préfère adopter les personnalités politiques. Les références sont nombreuses et variées : chansons, écrivains, artistes divers sont cités dès que l'occasion se présente. Il faut quand même reconnaître que ce style très travaillé peut considérablement désarçonner des lecteurs non avertis et qui ne seraient pas habitués à un tel travail de la langue.

Sur le fond, ces Murmures à la jeunesse sont bien plus criés qu'on ne s'y attendrait avec un tel titre. Les idées sont fortes et énoncées clairement, sans tergiversations inutiles. Il faut dire que Christiane Taubira a toujours eu une grande force de conviction. J'ai eu la chance d'assister à l'un de ses discours et je dois dire que la détermination que l'on sent entre les lignes de ce livre est la même qu'elle dégageait quand elle s'exprimait devant une foule de magistrats.
Petit bémol quand même : ce livre a volonté à s'adresser à la jeunesse, mais cela ne m'a paru clair que vers la fin de ce livre. J'admire le style de madame Taubira, mais je pense que, par endroits, un langage plus direct et moins alambiqué aurait été apprécié.

Pour moi, cette lecture, il est vrai un peu éloignée de son contexte, a été intéressante et enrichissante ; loin de nous imposer ses idées, Christiane Taubira nous invite plutôt à nous interroger et à décider par nous-mêmes, ce que je ne peux que saluer.