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Sylvie Taussig (Traducteur)
EAN : 9782226460295
417 pages
Albin Michel (03/01/2024)
3.75/5   4 notes
Résumé :
L’Histoire, on le sait, est toujours écrite par les vainqueurs. C’est le cas notamment de la conquête de l’empire aztèque, entreprise en 1519 par Hernán Cortés, et racontée à de multiples reprises mais toujours du point de vue des Espagnols. Or les autochtones, initiés à l’alphabet romain par les missionnaires, ont eux aussi consigné leur histoire dans leur propre langue, le nahuatl.

C’est en s’appuyant sur ces sources, jusqu’alors peu exploitées, que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai été profondément impressionnée par l'exposition qui se déroule en ce moment au musée du quai Branly « Mexica, des dons et des dieux ».
Fruits des recherches archéologiques menées autour Du Temple majeur de Mexico, les offrandes présentées mettent en lumière l'extraordinaire pouvoir politique et économique que cet empire exerçait à l'arrivée des conquistadors espagnols en 1519.

La révélation d'une société dynamique et expansionniste, qui étendait sa domination politique et économique de l'Atlantique au Pacifique et de l'ouest du Mexique à la frontière actuelle avec le Guatemala, mais aussi une excellence artistique et une pensée symbolique et religieuse complexe.

L'ouvrage de Camilla Townsend retrace l'histoire des Aztèques – quoiqu'aucun peuple ne se soit jamais appelé ainsi – plusieurs générations avant la conquête espagnole, et plusieurs siècles après. En réalité, il s'agit de différents peuples partageant la même culture, venus de l'Amérique dunourd à travers le "pont" glacé de l'Alaska qui furent conquis par les Mexicas (prononcer Me-chi-ca) et se désignant eux-mêmes comme les Nahuas.

L'autrice s'appuie principalement sur des sources écrites par les nahuas eux-mêmes, relatés dans des «annales» indigènes, bien moins biaisées que les documents espagnols.

La plongée dans la culture et la vision du monde nahuatl a de quoi nous étonner. La stratégie des chefs d'avant la conquête par les Mexicas est de savoir gérer efficacement les différents familiaux et les règles de succession complexes générées par la pratique généralisée de la polygynie (polygamie) afin de cimenter des alliances nécessaires à la conservation du pouvoir.

Le chef Moctezuma l'Ancien (1398 – 1469) règne pendant 29 ans en étendant considérablement son territoire autour de la vallée centrale du Mexique et en consolidant sa domination sur les cités-Etats rebelles qu'il avait conquises non sans peine au début de son règne. Ainsi, dans les années 1470-1480, son territoire compte environ 1,5 million d'habitants et la ville de Tenochtitlan 15 km² et 50000 personnes, 100000 avec sa zone urbaine.

Rivalités sanglantes entre clans et lignées, guerres civiles, luttes fraternelles, en 1502, Moctezuma le jeune est choisi comme nouveau chef. Il déploie une intense activité administrative, crée 38 provinces avec pour chacune un représentant à sa main, qui commandent des garnisons, recueillent les tributs, organisent les cérémonies publiques, rendent la justice.

Cependant, la victoire des conquérants d'Hernan Cortez est inéluctable, même si les combats furent sanglants de part et d'autre. Les Mexicas ont le nombre mais ne peuvent rien contre la technologie : les cuirasses métalliques, les chevaux, les arquebuses, les canons …

L'ouvrage souligne aussi la grande adaptabilité des Nahuas : apprentissage de l'écriture latine et de la langue espagnole, adoption du christianisme … Il n'en reste pas moins que cette colonisation est d'une cruauté infinie, sans compter les ravages extraordinaires des vagues d'épidémies apportés par les conquistadors : variole, rougeole, coqueluche …

A travers - entre autres - l'oeuvre du chroniqueur Chimalpahin qui donne un compte rendu année par année des événements qui se sont déroulés à Mexico entre 1570 et 1615 en langue nahuatl, c'est l'histoire de Fleur de Bouclier sur son bûcher, les stratégies d'Itzcoatl, le chant courageux de Serpent rutilant devant le roi Axayacatl, Moctezuma, la belle esclave, compagne et interprète de Cortez Malintzin, la Malinche, la présence des esclaves noirs fraîchement débarqués, le sort tragique des fils d'Hernan Cortez, ces personnages prennent vie à nouveau.

Malgré l'hispanisation à outrance menée après la guerre d'indépendance (1810 – 1821), un million de mexicains parlent encore aujourd'hui la langue des nahuatl …
Lien : http://bigmammy.canalblog.co..
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Je suis ravie que les éditions Albin Michel aient annoncé la parution du "Cinquième soleil", récompensé par le Cundill History Prize en 2020, et je l'ai dévoré dès sa réception ! Si cela vous inquiète, sachez que cet ouvrage universitaire est très accessible grâce au travail de restitution de Camilla Townsend, enseignante en histoire à la Rutgers University et spécialiste de l'Amérique précolombienne et de la langue nahuatl. Elle s'attache en effet à plonger le lecteur dans la vie, la langue, la culture des peuples dont elle nous parle, intégrant même des anecdotes comme le dicton aztèque « être enlapiné » (p. 32) qui veut dire « être dans une mauvaise situation ».

D'ailleurs, le terme « aztèque » n'existe pas, cette civilisation est celle des « Mexicas » dont l'histoire remonte au XIIIe siècle, soit bien avant la conquête d'Hernán Cortés de 1519 à laquelle certains ont tendance à les réduire. Entre 1350 et 1450, ces Mexicas sont en guerre de manière quasi-permanente pour asseoir leur domination et organiser l'acheminement de tributs payés par les peuples conquis jusqu'à leur capitale : Tenochtitlan qui compte 1,5 millions d'habitants en 1480. Une vingtaine d'années plus tard, le souverain Moctezuma divise le pays en trente-huit provinces, édite des lois, organise la justice, encadre l'éducation des enfants, le nettoyage des villes…

C'est à cette civilisation fascinante que les Espagnols seront confrontés à partir des années 1518, et non pas aux sauvages sanguinaires qui ont été décrits et qui sont injustement restés dans la mémoire collective. Là réside toute la mission que s'est donnée Camilla Townsend : faire parler les témoignages en nahuatl de personnes ayant vécu ces événements plutôt que les écrits tardifs d'Européens. Dans cet ouvrage, elle décortique l'écart technologique des belligérants, les jeux politiques pour s'emparer du pouvoir, les épidémies qui déciment la population autochtone, la mise en place d'un système esclavagiste… J'ai été particulièrement sensible à l'importance donnée par la chercheuse au croisement des sources pour offrir un portrait réaliste de la poésie, des peintures, des « guerres fleuries », du panthéon complexe et de bien d'autres aspects de la culture mexica.
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critiques presse (2)
NonFiction
09 janvier 2024
Avec son "Cinquième soleil", Camilla Townsend propose de renouveler l'histoire des Aztèques en examinant en priorité les sources produites par les descendants d’indigènes au lendemain de la conquête espagnole.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
08 janvier 2024
Dans "Le Cinquième Soleil", l’historienne américaine Camilla Townsend renverse la perspective grâce à un ­ensemble de documents méconnus, rédigés par les autochtones dans les décennies qui suivirent la colonisation.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Voici les gens du peuple, les macehualtin, ceux qui sont la queue et les ailes [de la société). Ils sont en train de périr. Leurs paupières gonflent, leurs bouches se dessèchent. Ils deviennent osseux, courbés, émaciés. Fines sont leurs lèvres et blanches sont leurs gorges. Avec des yeux pâles vivent les nourrissons, les enfants [de tous âges] - ceux qui chancellent, ceux qui rampent, ceux qui passent leur temps à remuer la terre et les tessons, ceux qui vivent assis sur le sol, ceux qui sont couchés sur les planches, qui remplissent les berceaux. Tous sont livrés au tourment, à l'affliction. Ils sont en proie à ce qui fait souffrir les humains. Déjà, il n'y en a aucun qui en réchappe. - The Florentine Codex (1558-1577)
(p. 85)
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