Fils de dictateur
Tu es né fils de dictateur
Tu seras dictateur
Tel père, tel fils.
Mon destin est tracé
Je suis né fils de dictateur ….
Un jeune homme enfermé sans aucun repère nous parle.
Le fils d'un dictateur destiné à sa succession qui menait une existence
de pacha roulant sur l'or.
Nourrissant son grand rêve, peu à peu il découvre
Les plaintes du peuple, que ceux de la cour disaient sans fondement, les trouve compréhensibles et lors d'un repas, un festival du luxe, il ose demander à son père de lâcher du lest.
La phrase de trop : une bombe
Le temps s'est alors arrêté !
Il a senti le regard fulminant non pas de père sur son fils ou d'homme sur un jeune homme mais de fauve, c'est certain, sur une proie de fauve, semblable au lion .
Il devint un agneau parmi une meute de loup, de louve et de louveteaux prêts à bondir, prêts à sévir.
"La petite voix disait en toi
Minable !
Quoi que tu regardais dans le palais somptueux qui jusque-là éblouissait tu le trouvais minable "
Et tu es dans ce trou depuis longtemps, entends des voix le trou se rétrécit, s'assombrit au fil du temps.
"Tout s'est mis à sonner creux et faux dans le palais
Dès que ton regard ne fut plus celui du fils de son père
Tout ce qu'on disait être actions, projets, largesses en faveur du peuple : un tissu de mensonges et de manoeuvres pour se cramponner durablement au pouvoir.
Tout s'est mis à sonner creux et faux du côté aussi du peuple que tu ne connais qu'à travers les réseaux sociaux qui s'exhibent avec tant de bassesse et de grossièreté.
Ce qui semble faim de justice et soif de liberté n'est pour la plupart que frustration, désir de chasser ceux qui sont autour de la mangeoire pour occuper leur place"
Pourquoi je suis ici ?
Qu'est-ce que fais ici ?
Et là, moi lectrice suspendue, je le suis, aucune possibilité de flâner entre les lignes ni s'échapper, je l'entends, j'écoute ses mots
Leur violence, leur désarroi, son désespoir, sa descente aux enfers !
Sa raison déraisonne, il ne contrôle plus sa main, ses pieds : le chaos !
Il lutte pour ne pas sombrer dans cette folie
Il sait la Tristesse de la vie d'un oiseau en cage
Car ici c'est le néant, le trou : asile ou prison.
Et moi je suis là, je le suis
Je n'ose rien pour lui
Que l'implosion menace
Comme un quelconque fruit
Un tout petit livre de 76 pages, une couverture sobre,
Des lignes de trois mots maximum
Un monologue proche du poème
Une puissance, une écriture épurée, des mots percutants :
le pouvoir des mots !
Et surtout un questionnement, une réflexion profonde et toujours à frôler
les frontières de la folie.
Un grand merci à l'auteur, à Babelio et aux Editions espaces 34 pour m'avoir
offert ce beau voyage dans les profondeurs de l'humain !
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Ne rien voir
Ne rien ouïr
Ne rien dire
Pensez-vous que
Ne plus regarder
Ne plus entendre
Ne plus parler
Me rendra
À moi-même ?
Comme personne
Ne dit rien
Je fais voeu de silence.