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EAN : 9782211212144
240 pages
L'Ecole des loisirs (20/05/2015)
3.29/5   7 notes
Résumé :
Le héros est au collège et est menacé d'exclusion, à cause de ses mauvaises notes et de ses professeurs qui manquent de sens de l'humour. Il souhaite apprendre, mais s'il est exclu, à Odessa, en 1875, il sera mis à l'écart de la société. Il fera tout pour échapper à cette sentence.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Elle sait que ceux qui portent un tel insigne sur leur casquette feront des avocats, des médecins, ou encore des professeurs considérés. Et que ceux qui n'ont pas ces feuilles de chêne blanches risquent à tout moment de devenir clochards et de disparaître par un nuit glaciale sous une jetée du port."

L'insigne d'argent est un récit autobiographique passionnant qui relate la jeunesse de Korneï Tchoukovski (1882-1969), un auteur très connu en Russie.

En 1895, à Odessa, importante ville portuaire sur les bords de la mer Noire*, il est exclu de son collège. Officiellement pour mauvaise influence sur ses camarades. Officieusement pour répondre au décret du tsar Alexander III qui, craignant les idées révolutionnaires qui se développaient à l'époque, interdit l'accès à l'enseignement supérieur aux enfants de classe sociale populaire. Pour l'adolescent, cette éviction sonne comme un véritable couperet...

Je découvre ce texte sous sa forme "épreuves non corrigées". Il me manque donc les illustrations de Philippe Dumas. En admirant la couverture définitive et en me souvenant du merveilleux travail qu'il a accompli pour l'adaptation du classique de grandes espérances de Dickens par Marie-Aude Murail, je m'imagine sans peine le résultat. La finesse de son trait, les couleurs quelque peu délavées doivent, c'est sûr, contribuer à recréer encore davantage l'atmosphère d'Odessa et immerger le lecteur dans ce récit haut en couleur.

Pour ma part, la plume de l'auteur m'a suffi. Avec beaucoup de naturel, il a su retrouver cette spontanéité un brin arrogante de la jeunesse. On ne suit pas les souvenirs teintés de nostalgie poussiéreuse d'un auteur qui a réussi, on vit de l'intérieur les années collège d'un jeune homme brillant en devenir.

Avec plein d'humour et de poésie, il revient sur les épisodes qui ont marqué son destin : son exclusion du collège sous un prétexte fallacieux, sa promesse à sa mère de continuer à s'instruire malgré tout, les hauts et les bas pour y arriver... Les tentations aussi car notre étudiant, aussi motivé soit-il, n'en reste pas moins un jeune attiré par les chemins de traverse.

"Je me rends clairement compte, le soir venu, de la stupidité de ma conduite ; combien de fois me suis-je traité de parasite, de gaspilleur imbécile de mes meilleures années, combien de fois me suis-je promis de me corriger, de revenir au travail et à mes livres, mais le lendemain matin, la rue me happait à nouveau, et si ce n'était pas la rue, c'était le port et ses navires et voiliers, les courses cyclistes, un incendie en ville, un combat de coqs dans une cour, ou stupidement une chasse aux pigeons de Simonenko, plutôt que toucher mes manuels que je fuyais comme la peste."

Son récit est émaillé d'anecdotes croustillantes sur ses professeurs, ses camarades, ses proches... le récit s'ouvre d'ailleurs sur le compte-rendu du fiasco d'une expérience de triche pour le moins originale. On y découvre aussi son amour de la littérature ainsi que la manière peu orthodoxe mais pour le moins efficace avec laquelle il va apprendre la langue de Shakespeare.

Sans lourdeur aucune, il nous fait vivre le quotidien des quartiers populaires d'Odessa, découvrir les "petits métiers" aujourd'hui disparus, côtoyer des personnages plus pittoresques les uns que les autres comme Timocha, son meilleur ami bègue, avec qui il joue à "parler de Bagdad" ou autrement dit à se raconter de fabuleuses histoires invraisemblables. Pour un peu, on aurait presque l'impression de bourlinguer à ses côtés. Ses portraits sont d'ailleurs tellement vivants qu'on ne peut qu'aimer les uns, détester les autres. C'était d'ailleurs l'un de ses voeux :

"Je serai encore plus heureux si en lisant ce livre vous avez aimé ma mère, véritable héroïne du travail, ma chère soeur Maroussia, Timocha, Finti-Tonti, Iglitzki, mon oncle Foma et... dois-je l'avouer ?... pour mon bonheur total, si vous avez partagé avec moi ma rancoeur envers Six-yeux, Provock, Ziouzia et Tiountine, Geora Drakondidi, Saviéi... et autres "abrutis" que l'on croise ici et là au cours de la vie. Leurs apparences ont changé de nos jours, et je veux croire qu'il est plus facile de les déjouer que dans ces temps plus anciens décrits dans mon livre."
Un récit qui dans le ton sonne très contemporain alors qu'il a été publié pour la première fois en 1938 et que la dernière version de l'auteur date de 1961 (le travail de la traductrice y est certainement aussi pour quelque chose) et qui, dans le fond, rappelle combien le droit à l'instruction est fondamental !

Un titre que je vais m'empresser de présenter à mes élèves dès la rentrée ! le dossier fouillé de la fin leur permettra de situer l'auteur et le contexte.

*Au XIXe siècle, 4e ville de l'Empire russe, après Moscou, Saint-Saint-Pétersbourg et Varsovie. Aujourd'hui, 3e plus grande ville d'Ukraine.

Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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Encore une fois, ce qui m'a le plus attiré dans cette parution de l'école des loisirs, c'est le livre en lui-même. J'apprécie énormément cette maison d'édition pour ses ouvrages de très belle facture, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Tout est extrêmement bien travaillé et bien pensé, la qualité de l'ouvrage est vraiment exceptionnelle avec un texte accompagné de sublimes illustrations.. J'étais donc conquise bien avant de commencer le récit.

Dès les premières pages, je me suis immédiatement plongée dans l'histoire sans soucis. La prise en main du texte est vraiment aisée. Korneï Tchoukovski livre ainsi les détails de son enfance avec beaucoup de pudeur et d'humilité ; il n'est pas là pour faire une critique sociale de son époque, même si celle-ci apparait forcément en transparence derrière son écrit. Mais il ne fait que relater des évènements à travers son regard de jeune garçon.

Ainsi, loin d'être moralisateur, le ton est détaché, léger malgré la gravité de sa situation. On a parfois l'impression d'avoir un regard externe, alors que Korneï Tchoukovski reste de héros de cette autobiographie. Et on ressent toute cette mélancolie derrière cette enfance marquée dans cette Russie du XIXème siècle stricte, rigide et idéologique.

Le texte est découpé en courts chapitres, qui chacun relate un évènement passé. Korneï Tchoukovski est concis, il ne s'embarrasse pas de fioritures. Et c'est ce qui permet à ce livre d'être à la portée de tous. le vocabulaire reste simple mais fortement évocateur, et en peu de mots Tchoukovski fait partager un maximum de faits, d'émotions et de nostalgie. Une très belle plume, vraiment, pour les plus jeunes lecteurs comme pour les plus aguerris.

Je tiens également à relever les très bons éléments qui accompagnent le livre : présentation du contexte historique et culturel, glossaire, carte… le petit dossier se trouvant à la toute fin est une véritable mine d'or et permet une compréhension complète de l'oeuvre. J'ai été convaincue et conquise par tout ce travail remarquable !

Pour conclure, ce livre s'est révélé être une véritable petite surprise. En dehors d'un écrin magnifique, j'ai découvert un récit et une plume sublimes qui m'ont purement et simplement ravie. Un joli petit bijou !
Lien : https://aliceneverland.wordp..
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Une incroyable écriture pour un récit sur la jeunesse des Russes au XIX ème siècle.
L'autobiographie de jeunesse de Tchoukovski ne manque pas d'humour, ni de mélancolie. Un récit poignant !
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critiques presse (1)
Ricochet
26 avril 2016
Korneï n'est au fond pas un mauvais garçon et on appréciera de le suivre tout du long de ces pages colorées, par ailleurs excellemment écrites et traduites.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je me rends clairement compte, le soir venu, de la stupidité de ma conduite ; combien de fois me suis-je traité de parasite, de gaspilleur imbécile de mes meilleures années, combien de fois me suis-je promis de me corriger, de revenir au travail et à mes livres, mais le lendemain matin, la rue me happait à nouveau, et si ce n'était pas la rue, c'était le port et ses navires et voiliers, les courses cyclistes, un incendie en ville, un combat de coqs dans une cour, ou stupidement une chasse aux pigeons de Simonenko, plutôt que toucher mes manuels que je fuyais comme la peste.
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Je serai encore plus heureux si en lisant ce livre vous avez aimé ma mère, véritable héroïne du travail, ma chère sœur Maroussia, Timocha, Finti-Tonti, Iglitzki, mon oncle Foma et... dois-je l'avouer ?... pour mon bonheur total, si vous avez partagé avec moi ma rancœur envers Six-yeux, Provock, Ziouzia et Tiountine, Geora Drakondidi, Saviéi... et autres "abrutis" que l'on croise ici et là au cours de la vie. Leurs apparences ont changé de nos jours, et je veux croire qu'il est plus facile de les déjouer que dans ces temps plus anciens décrits dans mon livre.
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Elle sait que ceux qui portent un tel insigne sur leur casquette feront des avocats, des médecins, ou encore des professeurs considérés. Et que ceux qui n'ont pas ces feuilles de chêne blanches risquent à tout moment de devenir clochards et de disparaître par un nuit glaciale sous une jetée du port.
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