Le journal de
Korneï Tchoukovski, en ce premier volume, est particulièrement intéressant d'un point de vue documentaire. C'est en effet un grand nombre des meilleurs écrivains, artistes et poètes russes de l'époque que
nous rencontrons au fil de ces pages. Citons, entre autres,
Anna Akhmatova, Isaak Babel,
Andreï Biély,
Alexandre Blok,
Viktor Chklovski,
Sergueï Essénine, Alexeï Gorki,
Véniamine Kavérine,
Vladimir Maïakovski,
Boris Pilniak,
Fiodor Sologoub,
Iouri Tynianov,
Evguéni Zamiatine, pour donner une idée du tableau. Au fil des mois et des années de toute cette période,
nous les découvrons dans leurs préoccupations matérielles et spirituelles, plus ou moins critiques selon les cas.
Nous assistons aux premières "disparitions", aux suicides de certains, à l'exil de beaucoup d'autres. Bref, à la disparition programmée de toute une intelligentsia qui avait pourtant, dans un premier temps, accueilli avec enthousiasme la révolution de 1917 mais voyait progressivement ses espoirs s'écrouler devant la bureaucratisation de toute la structure sociale de l'U.R.S.S. et la montée du totalitarisme. Une rude traversée vers le désenchantement.