Ce troisième tome est placé sous le signe du feu, élément qui s'incarne et s'exprime de différentes manières à travers le récit. Il est le symbole de la renaissance, par quoi tout est consumé et changé en cendres, matériellement comme symboliquement.
Le feu est ici vecteur de la toute dernière transformation de Shinnosuke en Fudo. Il exprime à la fois tous les sentiments qui l'animent, colère, tristesse, peur, et vengeance, et qui finiront par effacer sa personnalité au profit de celle du tueur invincible, implacable qui se cache derrière le masque.
Le symbole que représente ce masque est d'ailleurs poussé jusqu'au bout, l'auteur montrant bien lors du premier acte, qui ne trouvera sa résolution qu'en fin de tome, la transformation physique de Shinnosuke, en profondeur. Son âme même a été changée par le masque au point tel que son propre visage est devenu le masque. Shinnosuke est devenu Fudo à l'image du conte en aparté qui illustre cela.
Outre l'intrigue, si l'on peut parler vraiment d'intrigue, concernant la quête de Shinnosuke pour sa soeur, il est un personnage important qui agit à la fois dans la lumière et dans l'ombre, et dont les ambitions restent très confuses. Il s'agit de kaida, une ninja proche du personnage principal mais qui donne tout l'air d'aoir ses propres objectifs, même s'il nous est révélé dans ce tome son lien avec un autre personnage proche de lui.
Le récit commence d'ailleurs avec Kaida et se termine avec elle, comme pour mieux nous montrer son importance dans la vie de Shinnosuke et sa transformation.
J'ai bien apprécié le traitement de ce personnage, qui est mis en avant ici, alors que les compagnons de Fudo ( Shinnosuke) se retrouvent en arrière plan.
J'ai déjà parlé de l'importance et de l'omniprésence de la nature dans l'oeuvre de
Saverio Tenuta ( du moins dans l'univers des Nuées écarlates), ici sous des formes élémentaires. L'eau et le feu, deux éléments contradictoires, sont ici mis en opposition dans un seul objectif, la transformation de Shinnosuke. Si le premier est généralement qualifié de doux et purificateur, le second, au delà de son symbolisme autour de la renaissance, est associé forcément à la destruction, et l'on comprendra pourquoi ce récit est placé sous le signe du feu...
Je n'apprécierai jamais autant une bd que lorsqu'elle ne se contente pas de raconter une histoire, aussi réussie soit elle. le récit de
Saverio Tenuta propose plusieurs niveaux de lecture; toute la poésie, la symbolique s'en dégage pour donner un récit profond, riche et dense comme je les aime, élevant au passage le niveau même de cet art qu'est la bd...