Compadres

Compadres, c'est un peu Germinal transposé au Far-West mais ne mettons pas le wagonnet avant les boeufs.

C'est avant tout l'histoire d'une rencontre, improbable, et d'une amitié en devenir.
Celle d'Antoine Armadin, ferronnier rescapé de la Commune française et de Two Moons, indien aussi bavard qu'un régiment de carpes. Peu disert mais toujours à bon escient. Tout le contraire d'un politique, en somme.

Et Compadres de narrer les pérégrinations de cet étrange duo évoluant dans un monde où l'homme est un loup impitoyable pour ses congénères.

Un coup de crayon anguleux porté par des tons majoritairement ocres, l'ensemble ne laisse pas indifférent.
Il est à l'image d'une période de grands bouleversements bien souvent initiés au profit d'un groupuscule bouffant allègrement la laine sur le dos du plus grand nombre.

Compadres est un western âpre et désabusé sans véritables héros autres que ces travailleurs de l'ombre devant courber l'échine au prétexte d'un progrès dont ils seront finalement bien peu à profiter car il est bien connu que les morts et les loisirs sont souvent antinomiques, enfin je crois.

Séduite par sa couverture aux tons ocres/terre de sienne, je me suis lancée dans la lecture de "Compadres", BD qui s'affiche comme un western dès la couverture. Des montagnes écorchées, un regard sombre, un Indien armé de deux pistolets et une bourgade perdue dans le désert... En quatre cases horizontales, le dessinateur pose habilement le décor et suggère d'ores et déjà une ambiance... hostile, pourrait-on dire !

Malheureusement, je n'ai pas vraiment apprécié cette lecture. J'ai trouvé que le dessin manquait un peu de rigueur. J'ai eu parfois du mal à "lire" certaines planches, le trait étant extrêmement fin et les couleurs parfois très sombres. J'aime quand les expressions du visage sont travaillées, quand les personnages se distinguent physiquement les uns des autres. Ici, j'ai trouvé que les personnages manquaient de caractère (excepté l'indien), que leurs visages n'étaient pas assez expressifs. Mais il ne s'agit là que d'un avis personnel.

Pour ce qui est de l'histoire, pas de doute, il s'agit bien d'un western, et pas des plus tendres... En effet, l'auteur propose une intrigue plutôt sanglante. Les tirs partent dans tous les sens et les personnages disparaissent presque aussi vite qu'ils n'apparaissent ! L'auteur mettant en scène des hommes au caractère plutôt ambivalent, il est difficile de s'attacher à eux, même aux personnages principaux. Je ne me suis pas sentie "impliquée" émotionnellement. Qui plus est, j'ai trouvé l'histoire est un peu décousue, pas assez cohérente à mon goût. Toutes les morts qui surviennent dans l'histoire (et il y en a un paquet) ne m'ont pas semblé utiles.

Avec cette BD, immersion garantie dans un Ouest sauvage sans foi ni loi. Pour les amateurs du genre...

J'aurais sans doute mis une meilleure note sans une fin qui gâche tout. Je n'ai pas accepté cette conclusion sans doute trop dur et trop âpre qui arrive comme un virage inattendu. Cela m'arrive assez rarement car je suis plutôt bonne pâte.

Le graphisme n'est pas également le fort de cette oeuvre. Non, c'est plutôt la relation plutôt improbable entre un ex-communard et un indien dont la famille a été massacré dans le Grand Ouest sauvage. Il vont essayer de mener une révolution communiste dans une mine d'or contrôlé par un affreux capitaliste qui fait régler la terreur à coup de revolver. Il y a un mélange de genre qui peut détonner mais curieusement, cela passe bien.

En conclusion, un western pour le moins original qui possède d'indéniables qualités.

Teinté d'ocre et de brun, couleurs « Far West », "Compadres" est un western à l'aventure sans foi ni loi qui relate habilement en toile de fond l'histoire sociale de l'Amérique de la fin du 19ème siècle. Inspirés des luttes sociales du Vieux Continent vécues par leurs camarades de charbon, les mineurs vont se soulever en quête de justice, marquant ainsi l'histoire d'un pays en devenir. Mais sur ce fond de luttes ouvrières c'est surtout une belle histoire d'amitié entre deux âmes errant dans le grand Ouest, un indien et un français. La puissance du récit de Pierre Colin-Thibert réside dans la force et la faiblesse de ses personnages qu'il n'idéalise pas, dévoilant le visage d'hommes avant tout, devant survivre dans un Far West impitoyable.
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