Miên et Hoan s'aiment, ils vivent ensemble avec leur petit garçon.
Mais cela serait trop facile si le premier amour et mari de Miên - Bôn - ne revenait pas presque d'outre-tombe pour venir réclamer son droit de vivre au côté de celle qu'il aime
A travers les destins malheureux de ces trois protagonistes,
Duong Thu Huong met en scène le Viet Nam , son peuple, son histoire, ses coutumes et ses valeurs. Avec un soupçon de nature et de nourriture pour dépayser le lecteur occidental. A n'en pas douter les romans de l'écrivain sont une sorte de carte mémoire, des souvenirs déchirants d'une exilée.
Dans
Terre des Oublis, l'auteur nous parle du rapport que nous entretenons avec notre passé et nos souvenirs , et de la culpabilité et de la nostalgie qu'ils engendrent. le passé est bien sûr essentiel à tout individu - et à toute nation - pour savoir où il va, mais doit-il pour autant servir de refuge lorsque le présent ne tient pas ses promesses et que l'avenir semble morose ?
Dans ce roman on retrouve beaucoup de thèmes chers à l'auteur. Une fois de plus, le communisme est vivement critiqué pour les nouvelles formes de servitudes qu'il a imposé sur les corps et les esprits de la population vietnamienne. Mais qui croire et comment se situer entre la vision romantico-buccolique des temps anciens et le nouvel idéal romantico-social du parti communiste ? Malgré la Révolution industrielle qu'il a amené au 20ème siècle, les rivalités et les jalousies entre les hommes des villes et ceux des campagnes (ou des montagnes) est toujours ancré.
Duong Thu Huong nous présente des êtres victimes de leur époque et de l'Histoire théâtralisée. Bôn en est l'exemple le plus frappant : brave petit gars des montagnes, il se retrouve embarqué dans une guerre qui le dépasse. Si cette guerre lui a permis d'acquérir l'étiquette de "héros", dans le fond il reste un pauvre bougre, un raté même. L'auteure se montre d'ailleurs très cinglante face à la foule (ou "l'opinion publique" comme on dit pour brouiller les pistes) qui a à la fois besoin d'aduler des héros et de démolir des individus - fussent-ils les mêmes - et face à la place que prend l'argent dans les rapports humains et la façon dont les individus se perçoivent.
C'est donc un roman riche que nous offre l'auteur, mais j'ai eu du mal à rentrer dedans. Tout d'abord parce que la première moitié est trop longue. Même si je reconnais à l'auteur tout le talent qu'elle a , que ce soit pour décrire les tourments de l'âme ou pour faire l'autopsie des rapports amoureux soumis au temps, au regard des autres et à notre propre égoïsme ; j'ai trouvé que tout ce talent était noyé dans un flot de description un peu trop à l'eau de rose - à mon goût.
J'étais très enthousiaste au début de cette lecture, car j'avais été emportée par
Sanctuaire du Coeur (qui est je crois, encore plus épais !), mais là .. la magie n'a pas aussi bien fonctionné. On voit bien l'ébauche du génie littéraire qui sera développé dans les romans suivants, mais je n'ai pas été conquise. Je n'ai pas retrouvé ce que j'avais aimé dans
Sanctuaire du Coeur. Je ne me suis pas non plus attachée aux personnages. Pas même à Miên, cette Cendrillon vietnamienne d'après-guerre. (question de goût purement subjective ! )