Il grandit eu éclat, en force, en puissance, il ne connait plus que lui; il devient la volonté unique et absolue : il est l'Etat.
Insensiblement, avec son amour du travail, sa conscience du métier de Roi, son instinct de la majesté, son orgueil toujours croissant, il s'est élevé dans sa gloire de plus en plus grande, de plus en plus rayonnante, s'imposant aux Espagnols, s'imposant au Pape, s'imposant au dehors, s'imposant au dedans, s'imposant à tous. Vainqueur sur terre, vainqueur sur mer, il combat avec succès les Flandres, la Hollande, l'Espagne, l'Empire, en même temps que les fêtes se succèdent avec un faste inouï aux Tuileries, à Versailles, que les arcs de triomphe se dressent à Paris, qu'il est reconnu comme le maître absolu.
Jamais naissance ne lut célébrée avec plus d'éclat, plus de retentissement et plus de joie réelle que celle de ce prince que la Reine Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, après vingt-trois ans de mariage stérile, mettait au monde le 5 septembre 1638, à Saint-Germain-en-Laye. Dans l'ivresse universelle, à l'instigation du cardinal de Richelieu, on lui donna le nom de Théodose ou Dieudonné.