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4,06

sur 424 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1922. le comte Rostov est jugé par le Commissariat du Peuple et échappe à la peine de mort. Il doit désormais vivre à demeure à l'hôtel Metropol de Moscou. Mais est-ce si négatif ? Son meilleur ami lui avoue d'ailleurs que dans cette situation, il est probablement le plus verni des hommes de Russie.


Ce très gros roman m'a tenu en haleine. Je ne sais pas s'il faut le qualifier de roman historique, car il a l'allure d'un conte. L'auteur nous raconte la vie d'un microcosme grâce à une galerie d'anecdotes. Il est également le prétexte pour nous peindre en toile de fond l'évolution de la vie quotidienne en Russie et les événements politiques. L'auteur n'est pas avare en références littéraires et musicales. Rostov ne serait –il pas par ailleurs un clin d'oeil appuyé à un personnage de Tolstoï ? Les réactions des personnages, en particulier de Rostov, nous enseignent une certaine philosophie de la vie. J'ai aimé la finesse de ce personnage qui vit en exil chez lui dans un monde en plein bouleversement.
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Condamné le 21 juin 1922 à l'exil intérieur l'aristocrate et sémillant Comte Alexandre Ilitich Rostov se retrouve contraint de vivre désormais dans le grand hôtel Métropol de Moscou où il avait ses habitudes , puisqu'il y séjournait déjà .....

Quittant sa luxueuse suite 217, aux dimensions grandioses il emménage dans un vulgaire bout de grenier, mansarde étroite avec deux fauteuils Voltaire, deux lampes de table en forme d'éléphant, la vaisselle en porcelaine de Limoges de sa grand-mère , un portait de sa soeur Helena disparue en 1916, deux bouteilles de cognac et surtout , surtout ses chers livres . ...

Sans amertume , en gentilhomme, reclus et décidé , il accepte la sentence et son huit- clos de bonne grâce .

Il consacre son énergie ——ni à la soif de vengeance , ni aux lamentations , ni aux aigreurs —— mais à «  la gestion des détails pratiques «  autrement dit : «  Continuer à vivre » .
Quelle belle histoire !
Où l'on côtoie les Essais de Michel de Montaigne—— Tolstoi , Techekhov, Guerre et paix, Tchaïkovski, Pouckhine , Gogol et les âmes mortes , Nicolaïsme Boukharme , directeur de la Pravda ——-et bien d'autres âmes Russes.

J'ai adoré déambuler sous les ors et les tentures épaisses ,au sein des couloirs feutrés du grand hôtel, monter les escaliers avec Alexandre ou les descendre avec lui de sa chambre à la lingerie, aux cuisines et au sous- sol qui regorge de tant de trésors , à la cave ——côtoyer femmes de chambre, couturières, serveurs polis et zélés, sans être serviles, le maître d'hôtel solennel et précis tout en retenue, les grooms , le directeur ——-
Accompagner Nina Koulikova , une fillette de neuf ans qui bouleversera le cours de la vie bien rangée d' Alexandre Rostov. ...
Cet ouvrage nous dévoile un homme charmeur .
Il a du coeur, aime se distraire, à force de vodka, de charme et d'esprit sait obtenir des confidences en nouant des liens étroits avec le personnel. ....
Ses aventures sont relatées en évoquant par petites touches la situation politique de la Russie au long cours , durant trente ans ....N'en disons pas trop !
Quel personnage!
Cet ouvrage est un maelström subtil , original, de drôlerie ,fantaisie , insondable et gravité .

L'auteur a su reconstituer avec habileté le côté historique et la personnalité de cet homme : hédoniste ,flegmatique parfois, méditatif, typiquement un anti - héros .

L'écriture colle parfaitement au personnage et à l'histoire : riche, raffinée, posée, réfléchie , soignée dans les détails .
L'on quitte à regret les couloirs de l'hôtel Métropol, les déambulations et les réflexions d'Alexandre Rostov ....
Un récit enlevé et original.
Je tiens à signaler la première de couverture stylisée, soignée , sur fond noir et ses motifs emblématiques de l'âme Russe !



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Un gentleman à Moscou fait partie de ces histoires un peu grinçantes et enchâssées où le passé tout à la fois éclaire et trouble le présent.

Le lecteur est entraîné dans les vestiges d'un monde aux apparences trompeuses.
Il est question de réclusion entre quatre murs d'un hôtel, sous cloche, et pour autant l'enfermement n'a jamais semblé aussi vaste, mouvementé, riche et enchanteur.

Cette fresque romanesque est perlée d'anecdotes, de témoignages d'amitié, de saveur de nostalgie, de plusieurs exercices de mémoire et des réflexions sur le temps qui passe.

On côtoie les grands noms de l'art, de la culture, de la musique, et de la littérature russe du début du siècle, ainsi que des grands moments qui ont marqué la vie socio-politique de la Russie de l'après la Première Guerre mondiale. L'âme russe de cette période est clairement omniprésente tout au long du récit.

Parfois l'ironie frise la loufoquerie car Amor Towles a une manière toute particulière de raconter la brillante épopée d'un gentleman exceptionnel qui refuse de tomber dans les affres d'une existence recluse.

Bien que souffrant de quelques longueurs, Un gentleman à Moscou et portée par une étonnante forte centrifuge et de belles envolées poétiques.


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Porté par un franc succès outre Atlantique, Un gentleman à Moscou se présente aux lecteurs francophones, derrière une très belle couverture noir et or, illustrée symboliquement par quelques thèmes du roman. Un bien beau volume de presque six cents pages, auquel on reprochera juste son poids. L'auteur, un Américain du nom d'Amor Towles, est devenu romancier sur le tard, après une carrière d'analyste financier.

J'ai toujours aimé les histoires d'aventuriers gentlemen. Leur élégance, leur sang-froid, leur humour, dissimulant des qualités intellectuelles et physiques exceptionnelles, ont nourri mes rêves d'enfant et d'adolescent : Phileas Fogg, le so british héros de Jules Verne, m'a fasciné ; j'aurais voulu être Arsène Lupin, le génial gentleman-cambrioleur ; j'ai été ébloui par James Bond, l'agent très spécial et très séducteur au service secret de Sa Majesté. Un gentleman à Moscou m'a donc ramené à ma jeunesse et m'a fait penser à un best-seller des années soixante, que je me souviens d'avoir lu et relu avec enthousiasme à l'époque : On n'a pas toujours du caviar, de Johannes Mario Simmel.

Le propre du gentleman est de s'en tenir scrupuleusement à une éthique et à des règles de comportement qui lui sont propres, sans se préoccuper de l'air du temps, sans se soucier de l'opinion du commun, sans chercher non plus à en imposer. Tel est bien le personnage imaginé par l'auteur, le comte Alexandre Ilitch Rostov, membre de l'ordre de Saint-André, membre du Jockey Club, et j'en passe. Ce comte Rostov, Sasha pour les intimes, n'est ni français, ni british, mais russe, profondément russe, russe jusqu'au bout des ongles, russe de la première à la dernière ligne du roman.

Mais en 1922, du seul fait de sa naissance, cet homme se trouve hors des normes bolcheviques, un crime qui dans le régime soviétique, mérite la peine de mort, ou à minima, la déportation au fin fond de la Sibérie. Heureusement, grâce à un poème dont on lui attribue – à tort (*) – la paternité, le comte Rostov n'est condamné qu'à une assignation à perpétuité à son domicile, le luxueux hôtel Metropol, en plein centre de Moscou, où il réside depuis la Révolution et la perte de la propriété familiale.

Pendant plus de trente ans, le comte ne franchira pas les portes de l'hôtel, où l'on lui attribue une minuscule mansarde sous les toits, un lieu qu'il saura agrémenter à sa façon, à l'insu de ses geôliers. Pendant toutes ces années, son ingéniosité, son entregent et son humour lui permettront de tirer les ficelles d'intrigues et de manipulations en tout genre, pour la plupart avec bienveillance. Il influera sur le fonctionnement de l'établissement, notamment celui des restaurants, qui conserveront grâce à lui un niveau de qualité apprécié par les nouveaux maîtres du Kremlin et leurs visiteurs étrangers.

Un gentleman à Moscou, c'est trente ans d'anecdotes romanesques plaisantes, drôles, parfois émouvantes, mêlées de commentaires philosophiques de bon aloi, émaillées de références culturelles brillantes et d'évocations de l'âme russe, le tout sur fond d'histoire de l'Union Soviétique, depuis la rédaction de sa Constitution, jusqu'à l'habile prise de pouvoir par Khrouchtchev en 1954.

Les déviations absurdes du régime sont illustrées dans leurs applications les plus ridicules. L'exemple le plus cocasse est l'arrachage systématique des étiquettes sur les bouteilles de la somptueuse cave à vins de l'hôtel, afin de mettre un terme à une inégalité contraire aux idéaux de la Révolution. Désormais, au Boyarsky, le meilleur restaurant de Moscou, ce sera rouge ou blanc, à prix unique.

Le livre est très agréable à lire, même si le texte français aurait peut-être mérité un peu plus de fignolage. Il faut saluer la cohérence globale des nombreuses péripéties. Je m'interroge juste sur une paire de chaussures disparue dans la dernière partie du livre, sans que j'aie vraiment compris l'intérêt de cette disparition. Ce n'est qu'un détail sans importance.

(*) L'histoire du poème en prologue est dévoilée dans les dernières parties du livre. Si tu veux la connaître, chère lectrice, cher lecteur, tu devras lire le roman jusqu'au bout.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le comte Alexandre Illitch Rostov revient à Moscou en 1922. Trentenaire, c'est un client habituel du Metropol, l'hôtel de luxe situé aux abords du Kremlin. A peine arrivé, il est arrêté par les Bolcheviques. mais grâce à la publication d'un de ses poèmes, quinze ans plus tôt, considéré comme pré-révolutionnaire, il évite le peloton d'exécution et est assigné à résidence dans l'hôtel, avec interdiction d'en sortir sous peine d'être abattu. le comte Alexandre prend alors possession de ses quartiers qui, malheureusement, ne sont plus la suite qu'il occupait avant la révolution, mais un garni exigu au cinquième étage, une pièce de 9 m² qu'il peut aménager avec quelques uns de ses meubles personnels. Grâce à ses bonnes manières, il se fait accepter par Vassili le concierge, Emil le chef, et tout le personnel qui le connaissait déjà en tant que client, et qui vont rapidement le prendre sous leur aile, quand le comte devient, pour gagner le gîte et le couvert, serveur dans l'hôtel.

Un récit original et quelque peu désuet avec ce comte Alexandre qui traverse les salons de l'hôtel avec toute l'élégance naturelle qu'il a dans la vie. Contraint d'habiter à demeure l'hôtel qu'il connaît si bien, il s'adapte aux évènements et aux personnes qu'il rencontre, comme la petite Nina, fille d'un responsable communiste, éveillée, curieuse qui lui fait découvrir tous les endroits mystérieux du bâtiment, ou comme Ossip, un militaire qui souhaite connaître les us et coutumes français et américains pour mieux négocier ou encore Sofia, qui deviendra pianiste. Les années passent, les événements historiques se font entendre mais restent amortis quand ils affectent les résidents de l'hôtel qui représentent un microcosme du monde extérieur.
Avec le comte Rostov, Amor Towles s'empare d'une sorte de Candide au pays des Soviets...Si l'on s'attache à la véracité des faits historiques et du climat politique de l'époque, le récit n'est pas vraiment crédible mais si l'on privilégie les sentiments du comte Alexandre Rostov et sa personnalité élégante, on peut apprécier le regard de ce personnage sur les références historiques évoquées, un regard décalé, bienveillant, où l'on peut deviner sa philosophie, masquant bien souvent de la douleur.
J'ai été séduite par le charme désuet du roman et surtout de l'hôtel Métropol, de son restaurant le Boyarski, du bar Chaliapine, et de la salle accessible facilement à tous les moscovites, la Piazza. Sous des airs un peu léger, un gentleman à Moscou, avec une galerie de personnages extrêmement bien campés, illustre la diversité des situations et des citoyens sous l'ère communiste, leurs difficultés de vivre, la liberté d'expression muselée.
Un gentleman à Moscou peut ne pas plaire aux historiens purs et durs; quant à moi, j'ai pris ce roman comme un peu de douceur dans un monde de brutes et cela fait du bien.
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Pour un poème qu'il n'aurait pas fallu publier, le comte Alexandre Rostov est assigné à résidence. A priori, il s'en tire bien, puisque la résidence en question est le luxueux hôtel Metropol: même s'il doit quitter sa suite pour les combles, on le laisse emporter quelques meubles dont un lourd bureau garni de pièces d'or dans ses tréfonds secrets. A posteriori aussi, d'ailleurs: avoir été retiré du monde dans les années 20 lui évitera de connaître une guerre mondiale et bon nombre de purges staliniennes.
Mais tout de même, que faire, même cousu d'or, si la flânerie et les théâtres vous sont désormais interdits? Et si le seul livre que vous avez pu emporter a été écrit par Montaigne?
Se souvenir de Robinson Crusoé, tout d'abord: gérer les détails pratiques. Aménager son antre, se faire livrer savons parfumés et pâtisseries fines, prendre rendez-vous chez son barbier. Mais bien entendu, pas de Robinson sans Vendredi: le conte évitera le désespoir grâce à une petite fille délurée qui lui fera connaître l'envers du décor: un hôtel ne fonctionne que grâce à ses petites mains, affairées dans les arrière-boutiques, les celliers et les bagageries. Revenu de sa naïveté d'ex-privilégié, le comte découvrira les vertus du travail sans se départir de ses vertus mondaines: art de la conversation, nez impossible à prendre en défaut, diplomatie à laquelle aucun plan de table ne résiste...
Houlà! Qu'est-ce que c'est que c'est que cette défense et illustration de l'Ancien Régime, pourraient soupirer certains? La courtoisie et la culture érigées en contre-modèles qui sauveraient le monde s'il n'avait pas eu la mauvaise idée d'évoluer... Mais ce qui rend ce roman absolument délicieux et si peu réactionnaire, c'est son humour équilibriste qui réussit à maintenir le lecteur entre sourire et cruauté, moralisme et ironie.
Amor Towles écrit finalement à la manière De Voltaire qui lutta contre les dogmes en imaginant des contes philosophiques rétifs à l'analyse univoque. Son Infâme à lui, c'est Soso, plus connu de nous sous le nom de Staline, qui, tel Dieu dans la Genèse, décide que la vie des Soviétiques va s'améliorer. Et de fait, nous dit Towles, cela va mieux : les jolies filles de Moscou peuvent désormais s'offrir un chapeau coquet qu'elles porteront sans discontinuer, faute de posséder un placard à elles dans l'appartement communautaire où elles logent.
Contrairement à Soso, l'auteur d'Un gentleman à Moscou, lui, ne fait pas surgir aux forceps la réalité dont il a besoin: il pratique la litote (« un jeune hussard rendait son dîner sur l'herbe que ce dernier avait broutée »), sème des indices (aucun détail qui ne trouve ensuite son écho et sa justification), écrit de merveilleuses notes de bas de page (capables de ruiner l'illusion romanesque tout en redoublant le plaisir de la lecture), et glorifie le doute, l'hésitation et la variabilité, ferments de la littérature. Par exemple, Les Essais ennuient le comte parce qu'il ne comprend pas où Montaigne veut en venir; ils enchantent au contraire son père et sa fille; le comte, ne sachant quoi faire de son exemplaire, utilise le volume pour caler un meuble ; il finira par y cacher un trésor: Les Essais dessinent ainsi tout au long du roman un leitmotiv qui tout à la fois exalte la littérature et s'en moque, fait du livre un objet trivial aussi bien qu'un symbole. Les films aussi (car les dignitaires du régime se repassent en boucle les chefs d'oeuvre d'Hollywood pour espérer comprendre l'Amérique), tels qu'ils sont décrits, sont, même méprisés, les vecteurs d'un plaisir immédiat, le lieu d'une identification (Casablanca et l'hôtel Metropol ne sont-ils pas les deux confins où attendent les mêmes désespérés à qui l'action est refusée?) et surtout le prétexte à d'infinis questionnements : Rick Blaine en repoussant Urgate s'est-il conduit en salaud indifférent? Ou Bogart en redressant un verre tombé pendant l'arrestation du petit délinquant n'est-il pas celui qui cherche à remettre de l'ordre en ce monde ?
L'art de raconter des histoires a donc beaucoup à voir avec Les Mille et une nuit, cette histoire qui enchante, sauve et peut-être aussi justifie le bourreau, plaisir enfantin et savoir ambigu.
Nous resterons donc enfermés 30 ans avec le conte sans voir le temps passer. Inutile de vous dire que j'ai détesté la fin, pour m'avoir donné l'impression d'être violemment congédiée (et aussi parce qu'elle transforme cette histoire étonnante en un convenu donc décevant roman d'espionnage).
Finalement, ce roman élégant qui nous dit que la nostalgie et les scrupules peuvent être les auxiliaires de l'action trouve son principe inversé dans cette définition des certitudes après lesquelles nous courons : « À présent, en accord avec les tendances du jour, la plupart des [gens] avaient tourné le dos à l'Église, mais uniquement en faveur d'autres types de consolations. Ceux qui préféraient la clarté de la science adhéraient aux idées de Darwin et voyaient partout la marque de la sélection naturelle ; d'autres optaient pour Nietzsche et sa récurrence éternelle, ou bien pour Hegel et sa dialectique – systèmes qui se défendent tous les deux, sans doute, à condition de tenir jusqu'à la page 1000. »
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Au lendemain de la révolution bolchevique, tous les aristocrates russes ne sont pas devenus des taxis parisiens…
Certains se sont retrouvés piégés dans la nouvelle URSS, et dans le pire des cas, dans les geôles de la Loubianka. Pour les plus chanceux, le changement de statut a été radical: plus de titres, plus de patrimoine, des familles disparues ou éclatées.

On peut donc affirmer que le comte Alexandre Rostov s'en tire à bon compte, astreint à résidence dans le prestigieux hôtel Métropol, avant d'en devenir, au fil des années, un membre du personnel apprécié pour son parfait savoir-vivre dans un monde de rustres.

Sur plusieurs décennies, l'insolite prisonnier va suivre en huis clos les convulsions du pays, tout en gardant intact sa capacité de maîtrise face aux événements personnels ou nationaux.
Et, comme le dit un de ses amis, devenir l'homme « le plus verni de toute la Russie ».

Voici une délicieuse lecture!
La vie de prisonnier d'Alexandre Ilitch dégage un parfum de gaité et de légèreté, d'intelligence, d'élégance de coeur et de corps.

Amor Towles maitrise parfaitement le décalage entre l'essence aristocratique traitée en auto dérision et l'ironie envers l'idéologie de la nouvelle nomenclature. Il nous immerge dans l'identité russe, l'âme slave et l'homo soviéticus avec fantaisie. Si le contexte politique n'est qu'esquissé, traité au large des portes à tambour, les rencontres au sein du bel hôtel Art nouveau sont toutes savoureuses et composent une divertissante lecture sans pour autant oublier cette période noire de l'Histoire de la Russie.
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Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que j'ai deux amours, en ce qui concerne les pays : l'Angleterre et la Russie…

Alors, quand on propose chez Net Galley un roman qui se déroule en Russie et qui commence dans les années 20, moi, je ne me sens plus et je cours partout comme un jeune chien fou.

Imaginez-vous assigné à résidence parce que vous êtes ce que l'on appelle un ci-devant, c'est-à-dire un aristo. La révolution a eu lieu et les comte et autres ducs ne sont plus les bienvenus dans ce pays qui assassina son Tsar et sa famille.

Vous me direz qu'assigné à résidence dans un hôtel de luxe, il y a pire, malgré tout, la cage n'est pas si dorée qu'on le penserait car il a dû quitter sa suite pour aller vivre dans les combles, qu'il aménage du mieux qu'il peut.

On pourrait croire qu'avec un postulat pareil, le roman va être emmerdant au possible vu que le personnage principal ne peut pas mettre un pied dehors.

Détrompez-vous bien ! Car non seulement on ne va pas s'embêter une minute, mais en plus, au milieu de son palace, le comte Alexandre Illitch Rostov, grâce à la presse ou à diverses rencontres marquantes, va voir défiler les grands changements de la Russie et grâce à sa connaissance, il nous contera une partie son Histoire et de sa jeunesse à lui, agrémentée de moult anecdotes intéressantes.

Le comte est un personnage des plus attachants, raffiné, élégant, cultivé, ayant une grande connaissance des vins, bref, un gentleman jusqu'au bout de la moustache, lui qui accepta la sentence de bonne grâce, se liant d'amitié avec le personnel et arpentant les multiples endroits cachés de ce palace qui verra se succéder trois décennies de grands changements politiques.

Fin observateur de la société, notre comte, du restaurant select qu'est le Boyarski, au bar ou dans les salons raffinés du Metropol, notre homme ne perdra pas une miette de l'évolution de son pays, et nous non plus.

Le ton légèrement décalé du narrateur ajoutera une touche d'humour lorsque c'est nécessaire et nous fera un arrêt sur image avant de rembobiner l'histoire pour nous expliquer ce que nous avons loupé, ce qui rend le récit dynamique et fait de nous des voyeurs de la petite histoire dans la grande.

Si le personnage du comte Alexandre est réussi, il en est de même pour tout ceux qui peuplent ce roman qui serait jubilatoire si l'Histoire du pays n'était pas aussi sombre. Malgré tout, l'auteur arrive à nous la restituer avec justesse mais aussi avec une pointe de désinvolture, sans pour autant tomber dans le n'importe quoi ou l'irrespect.

Ce roman, c'est une friandise qui se déguste en croquant dedans ou en la laissant fondre dans la bouche pour la savourer le plus lentement possible.

C'est un bonbon qui sait se faire doux mais possède des pointes acidulées car c'est tout de même une partie de l'Histoire de la Russie qui se déroule en coulisses, et nous savons qu'elle fut loin d'être un long fleuve tranquille.

C'est un roman qui se savoure et qui, en un peu plus de 500 pages, vous donne un bel aperçu de la Russie sans que vous mettiez un pied hors d'un hôtel de luxe.

Une petite pépite que j'ai savourée avec plaisir et pour ça, je remercie vivement l'éditeur et Net Galley de m'avoir accordé le privilège de le recevoir.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un gentleman à Moscou de Amor Towles m'a été envoyé par les éditions Fayard, via net galley et je les en remercie chaleureusement :)
Je profite de mes vacances pour lire encore plus que d'habitude (si si c'est possible ;) et j'ai apprécié de passer quelques heures en compagnie de ce gentleman à Moscou.
Au début des années 1920, le comte Alexandre Illitch Rostov, aristocrate impénitent, est condamné par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, où le comte a ses habitudes, à quelques encablures du Kremlin.
Acceptant joyeusement son sort, le comte Rostov hante les couloirs, salons feutrés, restaurants et salles de réception de l'hôtel, et noue des liens avec le personnel de sa prison dorée.
Trois décennies durant, le comte vit nombre d'aventures retranché derrière les grandes baies vitrées du Metropol, microcosme où se rejouent les bouleversements la Russie soviétique.
J'ai apprécié cette plongée dans la Russie soviétique. J'ai beaucoup aimé le personnage du comte mais aussi ceux qui le côtoient.
J'ai été charmée par ce roman, dont l'ambiance m'a énormément plu.
Encore une bonne découverte grâce aux services presse, c'est top :)
Je mets quatre étoiles, et je vous invite à lire ce roman de la rentrée littéraire 2018 qui est une réussite.
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Quel étrange roman que voici ! En tout cas pour ma part. Il commence en 1922 en Russie. le comte Alexander Rostov est condamné à une assignation à résidence à vie, dans une petite chambre du luxueux hôtel Metropol à Moscou.
De là où il est emprisonné, il va garder un oeil sur le monde, grâce aux autres qui eux, sortent et entrent. C'est une sorte de huis-clos avec une petite lucarne ouverte sur l'extérieur. le comte peut y suivre la politique et ses intrigues qui viennent dans son petit microcosme. Il s'y créé aussi sa petite vie grâce aux gens qu'il y rencontre, notamment cette petite fille Nina et plus tard Sofia, sa fille. Depuis sa prison, il se construit une vraie vie qui n'était pas imaginable. Il va transformer sa cellule et sa punition en lieu foisonnant de vie.
J'ai aimé tous ces personnages hauts en couleur, ceux qui passent, ceux qui restent. Ils évoluent en même temps que cette société soviétique qui tombe souvent dans l'absurde au nom d'une idéologie mortifère. Enlevons toutes les étiquettes des vins, comme cela, vous n'aurez plus que 2 choix : du rouge ou du blanc ! Et le comte Alexander Rostov, qui malgré tout ça, gardera classe et élégance en toutes circonstances.
Les quelques longueurs parfois rencontrées resteront un lointain souvenir après avoir refermé ce roman aux allures de conte russe.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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