Histoire naturelle ‒ requiem
J'ai rêvé que les pierres parlaient,
c'était une langue douce, mélodique.
Il n'y avait ni consonnes ni voyelles.
La lumière venait d'ailleurs, le pain
aussi, le pain personne ne le mangeait,
on traçait des chemins plus personne
ne les suivait plus personne
ne chantait.
p.64
Histoire naturelle ‒ requiem
Ce sont les lèvres tendues, le silence,
le baiser qui ne vient pas, le décor l'attente
les restes. La photographie d'une oasis.
Merci pour les fleurs, les tempêtes.
Le désert s'éternise. La soif de plus en plus
ardente, le temps lentement découpé. Le corps
dit non non oui (merci pour les fleurs).
Les mirages, les plus beaux rêves
‒ voici de purs secrets, un vrai
requiem d'enfant usé.
p.59
Histoire naturelle ‒ requiem
Je ne résiste pas, l'image est claire, l'ouvrage perdu.
Mon visage ne vaut pas la fleur inverse. La tête
première dix mille enfants sont une promesse,
un livre ouvert. L'air est une fable, les lèvres
aussi. Qui aime qui tue dix mille enfants
le ciel qui reste le ciel ne respire plus.
J'invente les rêves que je n'aurai jamais.
p.88
Je ne m’efface pas, l’image est claire : c’est la surface qui m’abandonne, l’origine qui d’un trait m’annule.
Là où le langage s’arrête.
Il faut constamment reprendre cette atteinte de l’os.
Imaginer la façon dont le langage absorbe l’événement.
C’est la raison des fleurs.