Et si l'on nous servait un polar animalier ? Leurs miaulements enfin traduits, nous voici immergés dans le monde des chats, ce "peuple élu" (p. 9). Autant vous dire qu'ils n'ont pour l'espèce humaine que peu de considération, nous voyant comme des "créatures inférieures" (p. 7), des "mascottes" (p. 8), des serviteurs loyaux devant les divinités qu'ils incarnent. Il est tout naturel qu'on les bichonne et les nourrisse sans rien attendre en retour, ainsi sont les idoles. Oui, ça se la pète grave chez les félidés.
C'est à travers ce regard extérieur que
Carlos Trillo s'amuse à croquer nos drôles de manières humaines, nos parades nuptiales ankylosées de convenances et rituels, pour finalement arriver toujours au même point, ce qui mène le monde : la "saillie" (p. 11).
Mais attention, l'on parle tout de même polar, là, avec des chiens manipulateurs d'hommes, des voitures tueuses de chats, des nuits sous la lune blanche et des cannibales à tous les coins de rues. Pas avare de références, on y cite pèle-mêle
Walter Mosley ("
Le Diable en robe bleue"),
Kurt Vonnegut ("
Le berceau du chat"), l'inspecteur Montalbano d'
Andrea Camilleri, et même "Harry Potter".
L'écriture est un peu lourdingue, on a hâte d'en terminer, mais il y a souvent une petite critique bien sentie de la société pour rattraper le coup, un humour sympatoche et une vision anthropomorphique toujours efficace.