Son frère vient d'être abattu par la police de Boston, Laina est effondrée. de plus, on vient de lui faire parvenir la vidéo du meurtre et son visionnage la laisse complètement abasourdie. Son frère était un lycanthrope et le policier qui a tiré, a en réalité tuer un monstre. Les créatures surnaturelles existent et elles souhaitent que le monde entier le sache sauf que certains ne semblent pas y tenir. Dans ce monde où deux camps s'opposent, lequel aura le dessus sur l'autre ?
Ni Dieux Ni Monstres est un roman fantastique teinté d'horrifique. Il prend cadre dans une Américaine contemporaine où le surnaturel s'est révélé brutalement à la population provocant réactions violentes, déni ou censure. Ainsi, on rencontre entre ces lignes toutes sortes de métamorphes, des mages et des oracles. Ils forment une communauté hétéroclite et divisée. Certains choisissent de se rapprocher pendant que d'autres préfèrent rester des électrons libres.
L'univers tient la route. L'auteur a pris soin d'analyser les comportements sociaux tout au long des mois qui vont suivre ce dévoilement qu'il qualifie lui-même de fracture. Ainsi, la situation va se tendre avec un retour de la chasse aux sorcières ponctuée de massacres de personnes accusées d'être des monstres. Il y a aussi une agitation de la communauté scientifique qui cherche à expliquer le phénomène, ainsi que de la sphère complotiste qui émet, sans surprise, les plus folles théories. le monde bouillonne et approche de son point de rupture. Plusieurs camps s'y affrontent avec d'un côté, les pro-monstres qui vont jusqu'à organiser des actions de soutien comme une manifestation et de l'autre côté, les anti-monstres qui cherchent à les faire taire à tous prix. L'ambiance est féroce. La tension monte crescendo jusqu'à l'explosion d'une violence létale.
Derrière
Ni Dieux Ni Monstres,
Cadwell Turnbull cherche d'abord à interroger la figure du monstre qui se juge non pas à la forme mais plutôt aux actes. Ainsi, la noirceur se cache derrière toutes les apparences et la cruauté n'est pas le seul apanage des personnes possédant des caractéristiques non humaines. Dans le roman de
Cadwell Turnbull, nul n'est ni blanc ni noir car chacun possède sa part d'ombre poussant à commettre l'innommable. Il questionne l'humain dans ce qu'il est prêt à faire pour se faire entendre. En choisissant de mettre à l'honneur cette communauté de créatures surnaturelles, la plume de l'auteur se veut clairement engagée vis-à-vis des minorités en quête de reconnaissance et d'acceptation.
En outre, il laisse une grande place à la diversité dans son roman car on retrouve aussi bien des personnes racisées, non genrées ou des marginaux. C'est réellement très appréciable. le texte est puissant. Il explore toute la complexité de la société qui cherche à étouffer ce qui fait pourtant sa force car la richesse des civilisations repose beaucoup sur ses différences. Il pointe donc du doigt ce formatage qui a enfermé notre monde dans un carcan normatif.
Dans
Ni Dieux Ni Monstres,
Cadwell Turnbull met la tolérance à l'épreuve de l'individualisme et des préjugés. On se confronte donc à la froideur et à la violence de ce monde impitoyable.
L'auteur en profite d'ailleurs pour mettre en exergue certains maux qui rongent l'Amérique comme les violences policières ôtant bien des vies. Un sujet de société majeur qui dépasse largement les frontières outre-Atalantique car la triste réalité est que la violence ne peut appeler que la violence.
En lisant
Ni Dieux Ni Monstres, j'ai découvert une plume incisive et enflammée qui porte un univers tourmenté que j'ai hâte de retrouver. Plus sur Fantasy à la Carte
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