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EAN : 9782892950670
Typo (20/09/2005)
3.92/5   12 notes
Résumé :
Nègres blancs d'Amérique, écrit en prison et, un certain temps, interdit par les autorités politiques, a été salué dès sa parution, en février 1968, comme un ouvrage capital, une introduction indispensable à l'effervescence révolutionnaire des années soixante et soixante-dix.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'avais l'intention de lire Nègres Blanc d'Amérique il y a des années. Je l'ai commencé à la date propice du 24 juin 2023. J'ai bien fait d'attendre, j'étais prêt.
J'aurais aimé rencontrer Pierre Vallières, je lui aurais posé beaucoup de questions. En 2023, je pense avoir une compréhension raisonnable de cet homme compliqué.
Vallières a écrit Nègres Blanc d'Amérique d'une seule traite, alors qu'il était incarcéré dans une prison new-yorkaise pendant la seconde moitié des années 1960. La transcription a été sortie clandestinement par ses avocats. La plupart de ses codétenus étaient noirs, et il les identifiait comme des membres de la lutte des classes qui se trouvaient dans une position d'infériorité.
Nègres Blanc d'Amérique traite de la lutte des classes.
Fils d'un ouvrier d'usine mal payé et d'une mère qui n'avait aucun espoir d'un avenir meilleur, si ce n'est l'espoir désespéré que son adhésion à l'église catholique pourrait, à long terme, porter ses fruits un jour, ou peut-être après sa mort, Vallières est allé à l'encontre des souhaits de ses parents et a fait des études.
Je m'identifie fortement à cet aspect de sa vie, venant d'une famille où mon père, un fondamentaliste ultra-catholique, considérait mon désir de faire des études supérieures comme une perte de temps, alors qu'une entreprise familiale m'attendait.
Je n'ai cependant pas eu la lucidité de Vallières dès son plus jeune âge. Il comprenait la collusion entre l'Église, l'État, les entreprises, le contrôle étranger de l'économie et leurs efforts conjoints pour maintenir la classe ouvrière souple et fragile.
C'est son désir non seulement d'un Québec indépendant, mais d'un nouvel ordre social qui m'a fait faire les comparaisons inévitables avec le changement politique qui s'est produit en Afrique du Sud pendant mon séjour prolongé et continu dans ce pays.
Vallières est d'avis que les élections ne nous donnent guère plus qu'un choix entre divers degrés de banditisme qui, quel que soit le choix de l'urne, maintiendra le statu quo - les travailleurs resteront pauvres et enrichiront la classe dirigeante, avec la connivence de l'Église. À ce stade de la vie (la sagesse vient souvent tard), j'ai tendance à être d'accord avec lui. En Afrique du Sud, cependant, les élections de 1994 ont apporté un changement significatif - non pas dans le système, mais dans les couloirs du gouvernement. le Congrès national africain, contrairement à Vallières et au Front de libération du Québec dont il était membre, n'essayait pas de changer un système, mais plutôt de prendre le contrôle d'un système - les pauvres restent pauvres et les riches restent riches, et il n'y a pas grand-chose, voire rien, en place dans le nouveau régime pour remettre cela en question. En fait, les nouveaux patrons sont tellement désireux de s'enrichir rapidement qu'ils ne se soucient guère de maintenir le système qui leur permet de le faire, tant qu'il continue à céder à quelques élus.
Un Québec indépendant suivrait-il la même voie ? Je n'en sais rien. Cela n'a pas été tenté. À mon avis, un Québec indépendant continuerait d'être dominé par ceux qui contrôlent les leviers du pouvoir - non pas tant les politiciens que les multinationales qui ont fait du Québec, du reste du Canada et d'une grande partie du monde des économies qui ne sont guère plus que des succursales.
L'Afrique du Sud DEVRAIT connaître l'expérience de 1994. L'économie est peut-être en difficulté 29 ans plus tard, mais il n'y a pas de prix à payer pour la dignité que des millions de Sud-Africains ont retrouvée après que le racisme institutionnalisé a été rayé des livres de loi.
De même, le Québec devrait être autorisé à tracer sa propre voie. le statu quo risque de voir ce coin francophone de l'Amérique du Nord devenir un peu plus qu'un parc d'attractions si les tendances actuelles se poursuivent. Dans ce livre, Vallières m'a aidé à comprendre ce qui était pour moi une énigme vieille de plusieurs décennies, à savoir l'antipathie d'une grande partie de la société québécoise à l'égard de Pierre Trudeau et de son entourage. Cela fait longtemps que je me débats avec cette question. Nègres Blanc d'Amérique a contribué à dissiper une partie du brouillard (d'une manière similaire au nouveau livre de Jonny Steinberg sur Winnie et Nelson Mandela).
Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'écrit Vallières sur le chemin vers une société égalitaire. Je pense que c'est une bonne idée, mais, comme c'est peut-être toujours le cas, la nature humaine s'y oppose.
Je pensais que le communisme était une bonne idée (je le pense toujours) mais je crois aussi que la nature humaine ne le rend pas pratique.
Comme c'est souvent le cas, j'aimerais avoir tort.
J'attendrai d'autres écrits de Vallières.
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Nègres blancs d'Amérique / Pierre Vallières (1938-1998)
Ce livre de près de 500 pages est un essai publié en 1967 par Pierre Vallières membre du Front de libération du Québec. Journaliste et écrivain québécois il appela à la lutte armée ce qui lui valut la prison. Il ne sera libéré qu'en 1970 après 30 mois de détention.
Dans une première partie, l'auteur relate l'histoire des Canadiens français et leur relation avec les milieux anglo-américains qui détiennent alors l'essentiel de l'économie. La deuxième partie est autobiographique. La troisième est une sorte de projet avec des propositions politiques pour améliorer la position du prolétariat québécois.
Pierre Vallières considère alors que le Québec francophone est colonisé et prône une révolution marxiste pour le libérer.
L'expression « Nègres blancs » résulte d'une comparaison que l'auteur fait avec la situation des Noirs américains.
Ce livre a été saisi à sa sortie pour mise en avant de propos séditieux. Ce n'est qu'en 1971 que les poursuites judiciaires ont été abandonnées.
Rappelons que c'est en prison en 1966 que Pierre Vallières a écrit cet essai véhément et révolutionnaire, qui rapporte l'aliénation économique et nationale du québec francophone et exprime une soif de justice et un désir de libération. On a pu dire que ce livre a été le testament politique et spirituel d'une génération de québécois.
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D'octobre 1966 à février 1967, Pierre Vallières et Charles Gagnon se retrouvèrent dans une prison américaine pour avoir manifesté devant le siège des Nations-Unies à New York avant d'être extradés au Canada et de se voir infliger une peine de prison à perpétuité pour des écrits incitant à la violence et au terrorisme. Membres du Front de Libération du Québec, ils estimaient que les conditions de vie des Canadiens français avait tout à voir avec celle des esclaves noirs. C'est la raison pour laquelle ils se considéraient comme des « nègres blancs d'Amérique ». Leurs conditions de détention sont particulièrement sévères. Ils entament une grève de la faim qu'ils tiendront 29 jours. L'histoire réelle du Québec fut loin de suivre le cours d'un long fleuve tranquille. La France commença par y envoyer tous ses miséreux, ses traine-savates, ses filles perdues et y abandonner ses soldats démobilisés. Elle accorda des concessions sur des terres ingrates voire quasiment inexploitables. le résultat en fut une misère généralisée. Après la conquête anglaise, ce fut encore pire pour les Québécois largement exploités, déportés en Louisiane pour certains ou obligés d'émigrer aux Etats-Unis ou dans des provinces un peu moins pauvres du Canada pour ne pas mourir de faim. le capitalisme prédateur américain prit le relais dans l'exploitation de cette perpétuelle colonie (bois, charbon, minerais…) sans aucun profit pour la population…
« Nègres blancs d'Amérique » est un essai-manifeste écrit en détention qui aborde toutes sortes de sujets. Une grande partie aborde dans le détail l'histoire sociale du Québec. C'est la plus intéressante, car la plus intemporelle. Une autre consiste en un témoignage émouvant sur la vie du jeune Pierre Vallières, jeune prolétaire idéaliste, éperdu de justice qui commence sa vie dans un appartement misérable d'un quartier pauvre de Montréal avant que sa famille n'aille s'installer de l'autre côté du Saint Laurent dans une cabane digne d'un bidonville, sans eau courante, sans égoût, sans commodités, le long de rues en terre battue. Une autre assez importante est consacrée aux questions philosophiques et politiques. C'est de loin la moins intéressante, même si le lecteur partage nombre d'indignations et de révoltes de l'auteur. L'ennui, c'est que le style un peu lourd et rébarbatif n'aide pas le message à passer. Pourquoi donc lire un ouvrage militant publié en 1974 ? Ne serait-ce que pour faire le point avec un demi-siècle de recul. La cause du peuple a-t-elle progressé ? L'oligarchie a-t-elle cédé le moindre pouce de terrain ? Ne se serait-elle pas encore renforcée ? La soif de justice et de liberté des peuples a-t-elle été étanchée ?
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il ne s’agit pas de jouer aux héros (…), mais de nous mettre ensemble pour bâtir un monde neuf où les hommes ordinaires comme vous et moi auront cessé d’être les nègres des millionnaires, des fauteurs de guerre et des prédicateurs de la passivité, pour devenir enfin libres de soumettre le monde à leurs caprices : l’amour, la curiosité scientifique, la création… dans la solidarité et l’égalité, dans la modestie et la fierté.
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Le Dominium du Canada, déjà vacillant, se muait en colonie économique de l’Amérique yankee. Et, au sein de cette vaste colonie, le Québec n’était plus que l’appendice pauvre d’une économie étrangère.
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Le moi n'est pas seulement haïssable : il n'a pas de place entre nous et rien.
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