Terre Cabade 🥀
1948. Tous les dimanches, invariablement, Raphaëlle se rend à
Terre Cabade, le cimetière de Toulouse, pour y retrouver ceux qu'elle a aimés, ceux qu'elle a perdus. Ces visites qui entretiennent son deuil sont aussi sa seule raison de vivre, son seul but dans un quotidien qui a perdu tout son sens.
A chacune de ses visites, elle se rappelle, et l'autrice nous raconte. Sa rencontre avec Serge, le grand amour de sa vie. Leur vie ensemble, leur bonheur, et puis le malheur. Et comment, depuis, elle survit plutôt qu'elle ne vit.
Ce court roman historique, que j'ai eu la chance de découvrir en service presse, m'a agréablement surprise grâce à son style travaillé et à sa construction originale. A la façon d'une spirale, alors que le temps du récit avance au présent en 1948, à chaque rencontre de Raphaëlle, à chaque avancée dans son présent, on nous dévoile le passé d'un nouveau personnage, qui par ses révélations nous ouvre les yeux sur des pans de l'histoire que nous pensions déjà connaître, mais qui prennent une toute autre dimension sous ce nouvel éclairage.
Construit d'allers-retours successifs dans le temps et les souvenirs au fil des rencontres de Raphaëlle, le roman nous dévoile peu à peu les dessous peu reluisants de cette haute société toulousaine qu'elle a intégrée par son mariage, mais qui ne l'a jamais vraiment acceptée ; les préjugés et le racisme latent, les mariages arrangés et les adultères, les collabos de la première heure... des hommes qui pensent et agissent comme si leur argent et leur pouvoir leur autorisait tous leurs caprices, tous leurs méfaits.
J'ai tellement souhaité que Raphaëlle finisse par mettre un coup de pied dans cette fourmilière pour faire enfin vaciller ces individus détestables... Certains seront finalement punis, mais d'autres s'en tireront malheureusement toujours, triste reflet de la réalité d'un monde où les relations et la fortune font d'une certaine classe sociale des personnages tout puissants.
Et à mesure que Raphaëlle s'englue dans le deuil et la culpabilité, à mesure qu'on découvre tout ce qu'elle ignore et qui ne pourrait que la blesser davantage, on comprend que tout ça ne peut que mal finir...