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EAN : 9782213722177
256 pages
Fayard (18/05/2022)
3.86/5   18 notes
Résumé :
Un extraordinaire paradoxe caractérise notre époque. D'une part, jamais la connaissance du passé n'a été aussi faible, aussi dévalorisée, y compris par les gouvernements : en témoignent le lieu commun selon lequel la connaissance du passé ne sert à rien dans une société moderne, le dégraissement progressif des programmes scolaires en histoire. Mais, d'autre part, jamais le passé n'a été autant investi symboliquement.
Depuis une vingtaine d'années, cet invest... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai eu beaucoup de mal à adhérer à la première partie de l'ouvrage, où l'auteur développe une vision très noire de ce qu'il appelle la "culture occidentale", centrée sur les apports du christianisme et du capitalisme. On ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agit d'un cadre trop partiel, qui oblitère tous les aspects positifs et les voix à contre courant, que nous avons tous tendance à mettre en avant plus souvent. L'auteur lui même les rappellera, plus loin, quoique très très brièvement et presque seulement pour les écarter comme des exceptions. le but, je pense, est de nous faire sortir pendant un moment de la fierté que nous pouvons ressentir vers notre tradition culturelle pour nous permettre d'apprécier de manière plus objective les arguments de la "cancel culture", trop souvent balayés avec une certaine suffisance. Cela aurait pu être fait de manière plus nuancée (ou assumée, pourquoi pas), car le résultat peut dégoûter bien de lecteurs en les empêchant d'aller plus loin, ce qui serait dommage. Premièrement parce qu'il y a beaucoup de choses à apprendre même de cette première partie, qui traite de sujets peu souvent évoqués aujourd'hui justement à cause de leur caractère "honteux". Mais surtout, dans l'ensemble, parce que l'ouvrage a le mérite de nous faire voir tout l'intérêt d'écouter et de dialoguer avec cette "cancel culture", qui d'ailleurs ne représente pas forcément quelque chose de particulierment nouveau. Et il nous rappelle l'importance de se poser des questions, garder un regard critique et évaluer chaque situation au cas par cas, ce qui est toujours précieux face à des points de vue qui ont tendance à s'extremiser. Dommage que l'auteur n'ait pas lui-même suivi son propre conseil tout au long de son développement.
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Il me semble que l'un des intérêts de cet essai décapant sur la cancel culture (essai de culture générale, qui remonte aux sources civilisationnelles d'une culture héritage pauvrement utilisée comme un signe de distinction) est de mettre au jour la façon dont les civilisations (européenne) chrétienne puis capitaliste ont fabriqué un certain ordre, souvent injuste et cruel, et son
respect, l'orthodoxie : en distinguant pour mieux les "annuler" (to cancel) un certain nombre d'ennemis intérieurs : le corps, les femmes, les esclaves, les colonisés, les travailleurs pauvres...

Pierre Vesperini explique alors les manifestations de ladite "cancel culture". Heureusement, il ne s'en tient pas là. Il démonte ses arguments, par la réflexion et le recul historique, en s'appuyant notamment sur son travail de philologue et sa connaissance de la société américaine. Au-delà de l'intelligence de la réfutation (rendons au réel sa complexité), il contre-attaque aussi, au nom des droits réels des minorités.
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Le philosophe Pierre Vesperini nous met sérieusement en garde contre la « cancel culture ». Cette dernière consiste à effacer ou détruire toutes les oeuvres (statues ou photos) qui louent les puissants personnages qui ont pratiqué le racisme. Or la « cancel culture » ne change rien à la vie de minorités, mais elle est du pain béni pour l'extrême droite. Les citoyens éclairés savent que les héros sans reproches n'existent que dans les contes. Dès lors pourquoi déboulonner la statue de Churchill héros de guerre, mais raciste, etc. Nos modes de vie mettent en péril la survie de l'espèce humaine et nous avons autant de mal à y renoncer que les propriétaires d'esclaves. Les donneurs de leçons feraient bien de se regarder…Cet ouvrage nous met face à la réalité et la réalité fait peur. MB
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J'ai trouvé cet essai proche de la perfection en la matière. On y trouve un travail de réflexion d'un scientifique de haut niveau sur un sujet qui finalement nous concerne tous. Les notes complémentaires sont aussi pertinentes que le corps de texte, la bibliographie est excellente. Et dire qu'en interview Pierre Vesperini a dit qu'il n'avait pas vraiment pris de notes pour faire cet essai! Belle érudition en civilisation américaine notamment. Les réflexions viennent démonter les idéologies racistes des antiracistes, les idéologies sexistes des féministes, et nous met face à un constat consternant: nous manquons totalement de savoir par le fait d'une société dont l'intérêt est de nous rendre moutons.
Lien : https://www.huguesfolloppe.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce n’était certes pas la première fois qu’un pouvoir gouvernait par la peur. Mais jusqu’alors la peur portait sur des menaces tangibles : la ruine, la prison, la torture, la mort. Désormais s’y ajoutait une peur de l’intangible : la damnation éternelle. Elle n’en était que plus efficace, auprès des grands seigneurs comme des plus misérables.
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L'Histoire nous fait voir qu'en nous les ombres le disputent à la lumière et que, suivant l'avertissement de Pascal, "qui veut faire l'ange fait la bête".
[...] Précisément parce que nous sommes composés de tant d'impulsions contradictoires, nous avons le devoir, en tant qu'individus, de nous "conduire", comme on conduit une voiture ou un bateau, en suivant, le plus qu'il nous est possible, à corriger nos erreurs. En tant que sociétés, par ailleurs, nous avons le devoir de réfléchir à notre passé, donc de mettre en question sa mémoire. Cette réflexion et ce questionnement, guidés par des préoccupations politiques et morales, n'oublie jamais que l'Histoire, faite par les hommes, est, comme eux, "impure". Quel Etat ne fut pas fondé sur la violence? Sur des massacres, des appropriations, des déplacements forcés de populations, l'extinction de cultures entières parfois, des mensonges, et cent autres formes d'injustices?
[...] En un mot, les tenants de la "cancel culture" posent une vraie question, une question plus que légitime et importante, une question fondamentale, et que personne, dans l'ordre social où nous vivons, n'aurait posé. De cela, je leur suis profondément reconnaissant. Mais à cette vraie question, la "cancel culture" apporte une réponse fausse. Une vision faussée par cette vision puritaine (donc rédemptrice) de l'Histoire et de la nature humaine.
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Il n’est pas de témoignage de culture qui ne soit en même temps un témoignage de barbarie. Cette barbarie inhérente aux biens culturels affecte également le processus par lequel ils ont été transmis de main en main.
...
À y regarder de près, les biens culturels ne sont pas seuls à témoigner de la barbarie d’une société donnée. Les biens matériels de la vie de tous les jours ne font pas exception.
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La culture européenne étant définie comme supérieure à toutes les autres, elle sera la culture par excellence, la culture « universelle ». La vision du monde de ces représentants autoproclamés de l’« universalisme » est donc fondée sur le contraire même de toute pensée universaliste, le particularisme, qui hiérarchise toutes choses en fonction de ce qui se fait chez soi. En un mot, ces « universalistes » sont des provinciaux qui s’ignorent.
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Videos de Pierre Vesperini (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Vesperini
Ce livre résulte d'une fascination : celle de l'auteur pour les fragments, infiniment rares, qu'ont laissés malgré eux, par une chance inespérée, les poètes aujourd'hui inconnus de la République romaine. Inconnus car oubliés, effacés ou presque par la révolution augustéenne. Pierre Vesperini a voulu simplement, pour chacun des poètes qui lui « parlaient », écrire un portrait qui, en un sens, les ramène à la vie. Mais cela sans jamais inventer, en se tenant strictement aux témoignages. de cette fascination est né ce court livre, bijou scintillant d'intelligence, d'humour et de rêverie.
En librairie le 8 septembre 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454702/poetes-et-lettres-oublies-de-la-rome-ancienne
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