Dessins de presse publiés au préalable dans le magazine de "Libération",
Martin Veyron avait pour mission de lutter contre le Politiquement Correct (expression alors en vogue). Un comble quand on sait que cela n'empêchera pas en 1994 son licenciement du journal "InfoMatin" pour un dessin jugé trop corrosif !
Petite déception pour cet auteur que j'affectionne dans le domaine de la bande dessinée sociale, subversive, coquine et intelligente. A l'aune de cet ouvrage, je ne lui trouve pas la patte, l'originalité, la créativité des grands du dessin de presse (tels
Cabu,
Plantu,
Jacques Faizant,
Claude Serre,
Jean-Jacques Sempé,
Chas Addams,
Albert Dubout...). Ici, le dessin ne fait "que" poser une situation, la jubilation se fait uniquement par le texte ajouté, sous forme de courtes saynètes d'une page.
Or, côté prose, si quelques bonnes trouvailles sont éminemment probantes (en témoigne les citations extraites), le ton ronronne rapidement, l'angle d'attaque est souvent le même, tirant vite les mêmes ficelles, le renouveau humoristique peine à se révéler. Certes, l'exercice du dessin de presse nécessite une exigence parfois vue à la baisse pour des besoins éditoriaux fréquents (l'urgence fait accepter des choses inabouties), mais l'édition qui suit est sensée nous en livrer le suc, la sève, la substantifique moelle. Dommage. Petit goût de roussi sur mon palais princier de lecteur assidu du grand Martin. Je rechigne, je ronchonne, je me fait revêche. Que l'auteur me pardonne, je m'en vais relire avec délectation ses meilleures oeuvres...