AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 75 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
10 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Battling le ténébreux est le premier roman d'Alexandre Vialatte , il a été publié en 1928 .
L'auteur m'était relativement inconnu jusqu'à aujourd'hui , il est néanmoins agréable de lire son oeuvre , le style est très fluide , on sent l'érudition à chaque page , il eût été dommage de passer à côté de ce roman .
Fernand Larache , dit "Battling" en raison de son physique , est lycéen dans une sous-préfecture de province . Il partage avec ses deux amis des rêves et des amours un peu compliquées avec une artiste allemande , et pas seulement . C'est l'adolescence et les premiers émois amoureux , le roman baigne dans un parfum de mélancolie , on est là plus dans l'introspection que dans l'étalage trivial des sentiments .
Nostalgie , quand tu nous tiens ! Il est bon de se replonger dans cette période où l'usage du passé simple était tout à fait normal et où l'érudition n'était pas une maladie honteuse . Il faut quand même le dire : Alexandre Vialatte a traduit Kafka , essayez donc de trouver un écrivain contemporain qui traduit les oeuvres d'auteurs russes ou britanniques !
Merci aux 68 premières fois et aux Editions Gallimard de m'avoir fait découvrir cette belle et fine plume !
Commenter  J’apprécie          50
Les années 30, des amitiés et des amours adolescentes au coeur d'un lycée classique, dans une petite ville de province dont les spécialités semblent être les ragots et la mesquinerie... de nos jours, le cadre aurait changé, dans les rues de la ville ou dans les salles de lycée où se déroule l'action (ah ! les cartes de l'Afrique coloniale pendues au mur de la classe...), mais les personnages pourraient se trouver au centre d'un roman contemporain.
C'est particulièrement le cas pour Manuel et Battling, les adolescents décrits dans le livre, insolents, écorchés vifs, crâneurs et émotifs, navigant entre cynisme et haine de soi, jaloux en amitié comme en amour jusqu'à la tragédie.
Vialatte écrit avec une langue et un style qui coulent simplement, de belles images fortes et des notations justes et poétiques. Pour cela, j'ai pensé à Salinger et son Attrape-Coeur, à Alain Fournier et son Grand Meaulnes.
Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage (déconfiné) auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure
Commenter  J’apprécie          40
Au hasard de la lecture de l'excellent magazine XXI, j'ai eu envie de lire Vialatte. Son style est effectivement unique et difficile à décrire. Personnel, précis, très coloré et loin des poncifs sur les affres de l'enfance ou la rigolade des cours de récré. On sent une maîtrise de la langue impressionnante. ça m'a donné envie de lire ses autres livres!
Commenter  J’apprécie          40

Le surréalisme marque souvent les images et comparaisons ; et l'auteur a visiblement été marqué par l'hécatombe de 14/18 dans l'importance donnée aux disparus. Ainsi la mort de Battling est seulement suggérée comme si elle était inéluctable et que les rescapés n'avaient plus que leur mémoire.
Une belle écriture fluide.
Commenter  J’apprécie          30
Lu dans le cadre des 68 premières fois
Dans son premier roman écrit en 1928 (ca a toute son importance je trouve) Alexandre Vialatte raconte une intrigue somme toute classique : les espoirs et les déceptions amoureuses et la fatalité menaçante qui en découle, d'un adolescent Fernand Larache, dit Battling (le cogneur) en raison de sa stature, lycéen dans une petite ville de province, durant l'entre-deux-guerres.
Mais c'est le style inimitable lapidaire, habileté narrative et stylistique, tournure et complexité de sa syntaxe, richesse du lexique et donc magie des mots brillamment et harmonieusement composés qui ont attiré toute mon attention !
Alexandre Viallatte parvient à sculpter et mettre en saillie la simplicité et lui apporte de la profondeur.
Il traite ainsi dans ce roman tragico-fantaisiste surréaliste cette « mue périlleuse », ce changement douloureux, ce renoncement à l'enfance, à ses rêves, avec ironie.
Il instaure avec intelligence une ambiance singulière et très belle et raconte avec brio cette heureuse mélancolie.
Gallimard
Lien : https://blogdelecturelepetit..
Commenter  J’apprécie          30
La lecture de Battling le ténébreux laisse un souvenir poignant, une mélancolie diffuse. C'est le roman déchirant de l'adieu à l'adolescence, « l'âge des pires souffrances, celles qu'on se nie à soi-même », cet âge qui fait qu'on doit trouver « une volupté dans la douleur »...
Lien : http://www.denecessitevertu...
Commenter  J’apprécie          30
"La maladie de l'adolescence est de ne pas savoir ce qu'on veut et de le vouloir cependant à tout prix." - Philippe Sollers, "Le défi"

"Il était à un âge cruel, plein d'idées fausses et d'orgueils déplacés, l'âge des pires souffrances, celles qu'on se nie à soi-même."

D'Alexandre Vialatte (1901-1971), le pince-sans-rire de quelque 900 chroniques savoureusement impertinentes et loufoques publiées dans le journal "La Montagne", on a retenu l'homme qui écrivit un jour à Gaston Gallimard pour le convaincre qu'il fallait traduire Kafka dont il allait devenir le premier traducteur français. Kafka, donc. Mais aussi Goethe, Nietzsche, Asch…

Alexandre Vialatte est, en outre, l'auteur d'une dizaine de romans, dont seuls trois ont paru de son vivant.
"Battling le ténébreux ou la Mue périlleuse", son 1er roman lauréat du Prix Blumenthal 1928, est un récit d'adolescence où pointent déjà son humour absurde et sa tendresse pour ces jeunes gens de province qu'il connait bien, lui qui naquit dans une petite commune de Haute-Vienne. Son écriture poétique, par la grâce de la magie des mots, laisse sourdre la mélancolie éprouvante du désespoir romantique.

"Battling le ténébreux ou la Mue périlleuse" est le roman des entre-deux.
Écrit en 1928, il est évidemment celui de l'entre-deux-guerres dans une petite localité terne, pas encore urbaine, plus vraiment rurale. Quelques garçons, pas encore adultes, plus vraiment enfants, usent l'ennui de leurs 17 ans. Ils sont arrivés à cette période un peu floue de leur vie, un entre-deux-âges où les rêves se cognent à la réalité et abiment leurs "âmes encombrantes", tourmentées par de vaines illusions.

Quel que soit le roman d'Alexandre Vialatte, on retrouve en fil rouge le passage à l'âge d'homme, période nostalgique et désabusée, où un sourire gai éclaire des yeux tristes.

"C'était un garçon qui aimait à se faire mal, peut-être parce qu'il avait tant souffert sans le savoir de la misère de son enfance qu'il avait trouvé une volupté dans la douleur."

Un trio de garçons - le narrateur anonyme, Fernand Larache dit Battling et Manuel Feracci - va l'espace de quelques pages connaître ses premières amours et, partant, les premières jalousies et rancoeurs. L'amitié entre ces trois-là est difficile à cerner et, si l'on ne sait pas au juste à quoi elle tient - peut-être à une même détestation des petits bourgeois infatués de province satisfaits de leur petite vie étriquée ? - on soupçonne assez vite qu'il suffirait d'un rien pour la faire voler en éclats.
Ce rien, qui aurait pu être Maria la serveuse de l'estaminet paternel, va prendre les traits d'Erna Schnorr, une artiste allemande venue chercher un anonymat de bon aloi dans la petite ville.

"Il vit […] la forme mince et ferme d'Erna Schnorr, ses yeux gris un peu bridés, ses lèvres pâles, ce masque curieux d'étrangère qu'il s'en voulait de désirer tout en le trouvant laid."

Si Battling, écorché vif comme on l'est à cet âge, cherche à se persuader qu'il n'aime personne, c'est pour mieux oublier qu'il ne s'aime pas lui-même, enfant privé de mère, puis de père et que M. Charles Sardaigne a recueilli. le regard qu'il porte avec ses amis sur le monde des adultes est empreint d'une admiration méprisante.

"Orgueilleux et vils à la fois, c'est en les méprisant que nous les prenions pour modèles."

Quand on a l'âme pudique du fier et ombrageux Battling, il est impensable d'avouer être ferré par Erna au point de la guetter dans le jardin chaque jour :

"[…] toute expression du sentiment lui semblait une préciosité insupportable et de mauvais goût."

Aussi, quand il comprend que Manuel la voit en secret, il n'a d'autre choix que de serrer ses grandes mâchoires et lâcher avec une désinvolture de façade qui cache mal d'amères fissures :

" “C'est une belle poule bien balancée.” (Cela signifiait dans sa bouche : c'est une femme comme on n'en voit qu'en rêve, mais je crèverais plutôt que de l'avouer. Manuel aurait dit : “C'est une femme charmante.” et son expression polie n'en aurait pas moins recouvert une pensée brutale. Question d'âge. Manuel était plus vieux que nous.)"

"Brute paisible" encore sur le fil de l'adolescence, "homme à l'air sombre et mélancolique. [...] le ténébreux, [...] — l'inconsolé" tel le héros romantique nervalien, Battling est-il de taille à lutter contre un garçon plus âgé pour qui la vie ayant déjà éventé certains de ses mystères s'écoule sans heurts ? Se savoir supplanté le met au supplice. Il devient inutilement mauvais

" — Elle ? fit-il ; mais c'est une grue finie ! …
Oh ! Battling, qu'il faudrait te haïr pour ce mot ; misérable Battling qui adorais Erna Schnorr dans le secret de ton âme étrange… Il la reniait éperdument, avec une grossièreté acharnée ; son excuse était dans le mal qu'il se faisait à lui-même."

et ridiculement retors

"Je ne me charge pas de démêler exactement les nuances du sentiment qui poussait Battling à aller chercher Céline ce matin-là ; […] il devait y avoir surtout un désir d'humilier Erna Schnorr et de s'humilier soi-même en lui donnant pour rivale une femme aussi vulgaire."

À ces jeux malhabiles, presque puérils, on en viendrait à oublier qu'il est question d'une souffrance réelle, d'une faille intime qui s'ouvre, béante. L'art d'Alexandre Vialatte est de poser des indices çà et là comme autant de détonateurs dans l'espoir que le lecteur perspicace saura les repérer avant la déflagration finale. Puisque déflagration il y aura.

Avec Vialatte, nulle démonstration complaisante, seulement une langue belle, jamais pesante car économe de ses effets et riche de raccourcis qui valent tous les portraits en pied :

"Nos yeux graves démentaient notre mauvais sourire."

Sa poésie limpide serre le coeur :

"Elle ne se laissait revoir que rarement, mais nous nous obstinions tous les jours, avec la fidélité des prisonniers dans les chansons populaires, à fouiller l'horizon décevant auquel nous réclamions son image comme un signe précieux du destin, là-bas, du côté où, le matin, les brouillards de l'étang patrouillaient lentement, séparés en hautes colonnes, du côté où naissait l'arc-en-ciel quand il avait plu."

Son style est d'une simplicité gracieuse. Souvent, cela tient à un mot qui, au détour d'une phrase, crée la surprise là où on ne l'attendait pas, tels cet "horizon décevant" et ces "brouillards" qui "patrouillent lentement". Et puis comment résister au rythme suranné et languissant du point-virgule qui fait entendre la respiration calme de ces phrases amples alors que le drame se noue dans la tranquillité d'un jardin ?

"L'herbe brillait, toute fraîche de pluie, drue comme la force de nos jeunesses ; l'arc-en-ciel bâtissait un viaduc double, beau comme un démenti à l'expérience humaine ; ce miracle - un effet d'optique - nous autorisait à tout."

"Battling le ténébreux" est le roman déchirant de l'adieu à l'enfance pour la possibilité d'une vie prête à s'offrir à qui saura l'aimer "avec patience", comme le dit Erna Schnorr très justement.
Sauf qu'on n'est pas patient quand on a 17 ans.

Ce roman est le choix de Jérôme Chantreau pour la sélection anniversaire 5 ans des #68premieresfois que je remercie tant j'ai été heureuse de retrouver Vialatte, pour la langue magnifique bien sûr, mais aussi pour le regard tendre qu'il pose sur cette période périlleuse de la vie.

"C'est ainsi que s'étaient évadés, tour à tour, dans l'espace ou dans le temps, les personnages de cette histoire"
et je n'avais pas mesuré combien ils m'avaient manqué.
Lien : https://www.calliope-petrich..
Commenter  J’apprécie          20
Une belle lecture même si j'ai eu un peu de mal à y rentrer dans les premières pages, puis ce premier cap des 30 premières pages passé, on se prend facilement à ce récit d'enfance aux couleurs d'Oc. J'y ai retrouvé un peu du "Grand Meaulnes" et on peut dire qu'au niveau de la qualité de l'écriture, c'est aussi bien fourni.

Récit de la vie de 3 collégiens de 17 ans,  3 ados en recherche d'identité  et de repéres aux frontières de l'état d'adulte .... un peu coincés dans une vie de collège de province avec sa petite cour de professeurs, proviseur. Un petite vile avec ses commérages, les critiques des unes et des autres et de collégiens qui n'aspirent qu'à s'émanciper...

Le narrateur s'attache d'abord à reconstituer l'enfance de ses deux amis, plus ou moins heureuse, les histoires et origines familiales de chacun et plus particulièrement du plus écorché.... Battling.

Tout cela et particulièrement les vies quotidiennes de Fernand Lache surnommé Battling et de Manuel Feracci dont le narrateur, Vialatte ?, est un proche va se retrouver bouleversé par l'arrivée d'une artiste - peintre  d'orgine allemande.... la bien mystérieuse Erna qui, comme on peut l'imaginer ne va pas passer inaperçue et susciter les ragots les plus variés mais surtout ne pas laisser froids ces deux collégiens amis et les traiter avec des sentiments différents....

Blessures d'enfance, premiers émois amoureux et destin parfois tragique, Vialatte nous dresse une chronique talentueuse et attachante. Proche de ses personnages, de leurs personnalités, de cette Province empesée, on en apprécie le style un peu désuet....un film un peu en noir et blanc mais un récit de grandes qualité.
Lien : http://passiondelecteur.over..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (144) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3667 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}