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3,76

sur 1248 notes
C'est peut être le roman qui m'a vraiment le mieux parlé de Boris Vian. Je l'ai lu lorsque j'avais 18 ans et alors cela m'apparaissait comme le summum de la poésie.
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L'Herbe rouge? Une incursion dans la science fiction d'après la préface et cent pages seulement, alors c'est parti pour celui-ci!

A part le Sénateur Dupont, canin qui s'entraîne à miauler pour faire plaisir à la bonne, et dont le rêve est de posséder un ouipiti*, nous avons Saphir Lazuli amoureux de Folavril et Wolf marié à Lil.

"Les quatre autres parlaient, genre conversation-type-de-table, passe-moi le pain, j'ai pas de couteau, prête-moi ta plume, où sont les billes, j'ai une bougie qui ne donne pas, qui a gagné Waterloo, honni soit qui mal y pense et les vaches seront ourlées au mètre."

Lazuli et Wolf ont construit une machine qui emmènera Wolf dans un voyage vers ses souvenirs égarés.

"Certains [lambeaux du temps jadis] avaient la précision, la fixité des fausses images de l'enfance formées après coup par des photographies ou les conversations de ceux qui se souviennet, impossibles à ressentir à nouveau, car leur substance s'est évanouie depuis lontemps."
"Où étaient les souvenirs purs? En presque tous se fondent les impressions d'autres époques qui s'y superposent et leur donnent une réalité différente. Il n'y a pas de souvenirs, c'est une autre vie revécue par une autre personnalité qui résulte pour partie de ces souvenirs eux-mêmes. On n'inverse pas le sens du temps(...)"

Wolf au cours de ses voyages dans le temps retrouvera le souvenir de l'école, du catéchisme, de ses amours. Là enfin il pourra donner libre cours à une certaine révolte (et Vian aussi par le même occasion?).

Entre deux voyages dans les souvenirs, il retrouve la vie "réelle" dans cet univers où l'herbe est rouge, où Lazuli voit son double (?) quant il s'approche trop de Lazuli, et où finalement les femmes sont les seules à se sentir fortes...

Un roman déroutant, aux inventions verbales, à la grande poésie.
"Par la fenêtre, on voyait les longues traînées de larmes du crépuscule sur les joues noires des nuages."

Une histoire qui réclame de l'attention, une certaine adhésion du lecteur à cet univers imaginaire et imaginatif.
J'avoue n'avoir certainement pas tout compris (le rouge, le sang poisseux, sûrement une symbolique là dessous, le double de Lazuli qui l'empêche de "concrétiser " avec Folavril, etc...).

* "Un ouipiti, c'est vert, ça a des piquants ronds et ça fait glop quand on le jette à l'eau."
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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L'Herbe Rouge raconte l'histoire de Wolf, un ingénieur. Il est marié à Lil et loue des chambres à Saphir Lazuli, son assistant, et à Folavril, qui sont amoureux. Il a un chien, le Sénateur Dupont, qui parle et miaule pour faire plaisir à la bonne, Marguerite.
Wolf crée, aidé par son assistant Lazuli, une machine qui lui permet de voyager en lui-même et de se remémorer petit à petit tous les souvenirs marquants de sa vie, classés en plusieurs grandes catégories: enfance, études, travail, religion, amour et sexualité, qu'il évoque lors de ses «voyages» avec des interlocuteurs à chaque fois différents.
C'est donc l'histoire très sérieuse et un peu triste d'un homme à la recherche de ses souvenirs qu'il veut oublier. Car Wolf veut effacer de sa mémoire ce dont il ne se souvient pas: «— Qu'est-ce que tu veux oublier dit Lil, maussade? — Quand on ne se rappelle rien, répondit Wolf, ce n'est sûrement pas pareil.» (p22). Petit à petit, il prend conscience de son malaise, du dégoût de l'existence qui s'est insinué en lui. Avec les voyages dans la machine, il commence une réflexion profonde sur le monde et la vie telle qu'il a appris à l'envisager. Il en fait le reproche à ses professeurs: «J'accuse mes maîtres, dit Wolf, de m'avoir par leur ton et celui de leurs livres, fait croire à une immobilité possible du monde. [...] et de m'avoir fait penser qu'il pouvait exister un jour, quelque part, un ordre idéal.» (p133). Il se rend compte de la fixité de sa vie et le malaise qu'il ressent, l'insoumission face à l'immobilité de son existence, le poussent à aller plus loin dans sa réflexion, vers la vérité.
L'écriture de Boris Vian est pleine de jeux de mots, de jeux de langage. Il s'amuse à passer du propre au figuré et vise versa, à transformer et déformer les mots... Les concitoyens deviennent des coadjupiles, la voyante est une reniflante, les prostitués des amoureuses... Et les objets ont conscience d'eux-mêmes «La bouteille vide ayant conscience de son inutilité totale, s'étrécit et se tassa, se tsantsa et disparut.» Dans L'Herbe Rouge, les chiens parlent et mangent à table avec tout le monde, il y a des marchands de bébés et l'on peut jouer à la saignette. L'humour du langage contraste avec la profondeur des thèmes abordés dans le roman. C'est ce qui rend le texte si spécial: la légèreté du ton nous entraîne dans ce roman qui recèle de nombreuses pistes de réflexion.
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Roman facile à lire, mais difficile à comprendre. Que veux nous montrer Boris Vian en écrivant un tel roman ? Moi, je vois uniquement une imagination débordante, un talent de raconter, de placer des mots qui forment des phrases , qui feront un roman. Histoire délirante, telle que" L'écume des jours" , content de l'avoir terminé, sans plus.
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La première partie de l'ouvrage se montre assez molle. Boris Vian nous mène un peu au hasard des événements et on ne voit pas de fil d'Ariane relier les événements. Ainsi les premiers épisodes ont du mal à retenir l'attention une fois l'émerveillement de l'écriture passé, et en dépit de celle-ci (j'y reviendrai plus tard). le thème se dévoile véritablement vers la moitié de l'ouvrage. Il s'agit de l'Homme et de la Vie, sujets universels. A travers la relecture de son passé, Vian exhorte la vie et conchie les valeurs traditionnelles. Je ne connais pas en détail la vie de l'auteur, mais je pense pouvoir dire que cet ouvrage est largement d'inspiration autobiographique. Certains éléments de son passé comme le mépris envers les élites désignées (ingénieurs de grandes écoles notamment, Vian avait fait Centrale) transparaissent clairement, de même que ses doutes derrière les rituels de la religion. Au monde qui l'emprisonne lui et ses aspirations, qui le vide de sa substance et lui ôte toute capacité à fabriquer de beaux souvenirs, il opposera la Vie, la poursuite et l'acceptation de ses désirs qui doit conduire au bonheur, même végétatif, tel que l'atteindra son vieux chien gâteux si ingénument appelé Sénateur (est-ce vraiment le sommet du bonheur pour l'auteur ? Difficile à notre stade de l'imaginer autrement pourtant).
Lien : http://foudre-olympienne.blo..
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Abandonné (ça commence à me désespérer tout ça, je n'aime pas abandonner un bouquin en cours de route, mais en ce moment, je n'arrive plus à m'accrocher coûte que coûte juste pour dire "je suis allée au bout, je l'ai fait, wouaiwouaiwouai!). Est-ce l'histoire alambiquée de ce L'herbe rouge, ou les romans de Boris Vian ont-ils tous ce côté inventeur fou, l'avenir me le dira (c'était mon premier Boris Vian).
Le résumé me plaisait vraiment, et c'est pour lui que j'ai tenu plus de vingt pages. Mais au bout d'une soixantaine, le résumé n'a plus suffi.
Le côté burlesque (voir l'extrait pris au hasard qui se trouve juste en-dessous), pour reprendre le terme de la 4ème de couverture, m'a complètement empêchée de m visualiser une quelconque histoire. J'ai essayé d'abord de me figurer de quoi il était question dans les descriptions farfelues des actions des personnages, du monde qui les entoure etc... Je n'y suis pas parvenue. J'ai ensuite essayé de me laisser porter par le roman sans trop chercher à comprendre. Pas plus de succès. Bref, j'ai essayé, je me suis donnée, j'ai perdu presque tous mes cheveux (qui heureusement ont repoussé depuis cette nuit), puis j'ai abandonné (n'ayant pas encore envisagé la possibilité d'être chauve sur une longue durée).

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Si ça ne marche pas, j'apprends le "brenouillou" s'insurge l'ingénieur Wolf.
Ca marche!
Oui, la machine à faire revivre le passé va marcher.
Le mécanicien Saphir Lazuli, Folavril, l'aimée de Saphir, aux lèvres fruitées, sa femme Lil observent le savant. Leurs conversations sont sans queue ni tête et le sénateur Dupont (le chien qui parle) a appris à miauler.
Dans cet univers fantastique où le corps chaud des bébés taupes vous caresse si vous vous allongez sur le sol, où l'on paye en pélouques, où l'on tire au révolver sur les papillons, où les marchands de bébés côtoient les marchands de fromages, quoi d'étonnant à ce que le sénateur Dupont donne son avis?
Est on heureux si l'on n'obtient pas sur le champ ce qu'on désire?
Oui dit le sénateur Dupont.
Non dit Wolf, et il le prouvera, en allant chercher un "ouapiti", objet des voeux du chien qui tombe en béatitude. Wolf lui, par la même occasion deviendra mélancolique.
Vivre devrait être autre chose "qu'une oscillation de pendule entre félicité et cafard".
Wolf va utiliser la machine inventée, capable de faire revivre le passé et va aussitôt plonger dans le secret de l'herbe rouge.
Arrivent des premiers souvenirs: des marrons d'inde aux cheveux courts de la fillette de sixième en passant par le tablier bis du garçon dont Wolf était jaloux.
Puis s'ensuivent des rencontres.
Le vieux monsieur Perle lui pose des questions sur son enfance et ses parents, l'abbé Grille qui l'interroge sur son passé religieux,les vieilles mesdemoiselles Aglaé et Héloïse sur la sexualité.
Plus l'histoire avance, plus l'ironie se transforme en humour noir, le comique en tragédie et l'angoisse va crescendo, jusqu'à remettre en question les relations de Wolf avec sa femme, son passé et sa vie.
Entre fantastique, fantaisie, absurde et émotions, ce roman(accompagné d'un recueil de trois nouvelles du même genre: Les lurettes fourrées) met en scène les propres angoisses de l'auteur, jusqu'à l'ultime angoisse de mort puisqu'il y aura destruction finale des deux hommes et de la machine.
Boris Vian,écrivain du XX° siècle, est d'ailleurs mort très jeune. Son immense talent lui a permis d'être un "touche à tout" de génie:ingénieur,trompettiste de jazz,acteur,chanteur,collaborateur à des revues, à un journal(Combat), poète et chansonnier.
Ses romans axés également sur la fantaisie, le paradoxe,l'absurde et l'émotion ont eu une réputation extraordinaire en France et hors frontières. L'écume des jours, L'automne à Pékin, L'arrache coeur et J'irai cracher sur vos tombes figurent parmi les titres les plus lus.
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Boris Vian n'est pas facile. Il est brillant, mais pas facile. le premier roman que j'ai lu à l'école en français était L'Écume des Jours. A l'époque, quand j'avais peut-être 15 ans, je n'ai presque rien compris. Je devrais le relire. Plusieurs décennies plus tard, L'Herbe Rouge n'était pas facile non plus. Mais au moins, maintenant, je connais et je comprends son style. Vian nous amène sur une autre planète, sans quittant la terre.

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En butte à une profonde déception et las de tout, Wolf construit une machine capable d'effacer ses souvenirs après les avoir rappelés.
À bord, il entre dans une monde imaginaire jalonné par différents personnages qui l'interrogent. Il se rend ainsi dans quatre pièces où il sonde ses sentiments passés sur le thème des parents (hyper protecteurs), la religion (hypocrite et inutile), les études (trop longues, trompeuses), l'amour (compliqué, pas franc), le travail (usant)...
Boris Vian remet ainsi en cause le monde dans lequel il se sent à l'étroit, avec son style unique et inclassable.
Ce titre appartient à ma liste "Titres d'ordre végétal".
Plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/06/30/boris-vian-lherbe-rouge/
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