Hugo Pratt avait ses disciples, et Vianello en faisait partie; Aux côtés du maître, il a entre autres travaillé sur
Cato Zoulou,
Jesuit Joe, et sur des travaux publicitaires. Et on sent bien dans cette bande dessinée l'influence de son mentor. La technique est proche, traits noirs nets, réhaussé de coup de pinceaux, noir aussi, des personnages avec des gueules émasciées, et des cadrages assez similaires : un profil en premier plan, personnage de face au second plan. L'ambiance est aussi dans le registre. On se retrouve du côté du Klondike, en Canada et Alaska, à l'époque de la ruée vers l'or. Cet album est constitué de deux histoires, “Le tricheur” et “Là où nos chemins se séparent”. Entre huis clos et grands espaces, ce sont des histoires de choix et de relations entre les individus. L'atmosphère est bien amenée par le graphisme, la neige, le froid, la vie en petit comité, elle pose les questions qu'il faut, mais les motivations et les objectifs des personnages sont un peu tirés par les cheveux. La vengeance alambiquée dans “Le tricheur” est bien trop tarabiscotée et ne tient pas la route, cette première aventure vaut surtout pour l'ambiance à la manière d'
Hugo Pratt. La chute finale de “Là où nos chemins se séparent” arrive bien trop vite, cette deuxième histoire aurait mérité un peu plus de longueur, d'approfondissement, elle est trop brève pour pouvoir s'imprégner. Ce sont des défauts qu'on retrouve parfois dans certaines histoires courtes d'
Hugo Pratt. Même si ce fut une lecture plaisante, ces petites faiblesses n'en feront pas une lecture inoubliable.