Souvent attirée par les couvertures des romans, je ne l'ai pas été cette fois et pour cause, les
Editions de Minuit ne pouvant faire plus neutre et passe-partout; en revanche, c'est le titre qui m'a intriguée comme si c'était le début de quelque chose qui peut être complété selon son imagination.
En fait, j'ai eu l'explication très vite, dans les toute premières pages; je ne vous en dirai pas plus pour laisser vagabonder votre curiosité.
Laura, 20 ans, nouvellement revenue de Rennes, fait une déclaration dans un commissariat d'une ville bretonne; elle raconte comment son père, Max, ancien champion de boxe, reconverti en chauffeur du maire, Quentin le Bars, 48 ans, a demandé à son patron s'il pouvait intervenir pour que Laura puisse avoir un appartement. S'enclenche alors un mécanisme qui conduit Laura à accorder ses faveurs au maire contre un hypothétique appartement et dont elle et son père seront les victimes.
Il s'agit d'un roman noir, social, ancré dans notre époque, notre société. Il est question d'emprise sexuelle mais aussi et surtout d'emprise de ceux qui ont le pouvoir politique ou de l'argent sur les "sans-dents" pour reprendre une fameuse déclaration présidentielle, sur ceux qui subissent leur vie, sur ceux qui sont en position de demandeurs, tributaires de l'arbitraire et du bon vouloir de ceux qui peuvent décider de leur vie en leur accordant, avec condescendance et peut-être parfois un certain mépris, un travail ou autre chose. Et c'est cette double emprise que j'ai trouvé intéressante.
Ce roman est porté par une écriture magnifique, avec des phrases, il est vrai parfois un peu longues mais j'ai, cependant, été conquise par leur rythme et leur musicalité, par l'art de l'auteur de transformer quelque chose de trivial, d'écoeurant en un très beau texte. J'ai aimé la présence de la mer vers laquelle se tournent Max et sa fille avant de prendre une décision importante, la mer qui leur transmet la force et le souffle. En revanche, j'ai fait une overdose de comparaisons introduites presque systématiquement par un nombre incroyable de "comme", "comme" si l'auteur voulait s'assurer que le/la lecteur/trice ait bien compris de quelle figure stylistique il s'agissait!