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3,64

sur 892 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un homme politique sans morale rencontre une jolie jeune fille sans repère. Tout est dit de ce qui arrivera.
Tanguy Viel focalise le récit sur le dépôt de plainte. Il n'est pas question de violence, mais d'emprise et de consentement incertain. Dans ce commissariat, Laura apparait intimidée, hésitante dans ces propos. Les policiers sont incrédules, eux-mêmes un peu frileux face à l'enjeu de cette déposition.
Ce court roman est bien construit et agréable à lire. A mon sens, il manque d'originalité, un peu trop dans l'""air du temps"".
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J'ai retrouvé avec plaisir le style « impressionniste » de Tanguy Viel : tous est vu par la sensibilité du personnage qui observe ce qui lui arrive. Et cela donne un relief tout particulier au point de vue d'une victime d'un système oppressif, celui de la manipulation mentale. Comment ce système pernicieux entraîne des compromis tout petits en apparence ; au premier les apparences sont irréprochables, c'est au fond que rien n'est clair.
On perçoit bien ici comment le premier moment équivoque est le début d'une longue glissade irréparable.
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On ne sait pas ce que Laura a traversé mais elle doit se rendre au commissariat. L'accueil y est compliqué mais elle doit s'y rendre. Les propos sont confus mais elle souhaite témoigner. Pour quelle raison ? le lecteur ne le sait pas au début de ce roman.

Et petit à petit, au fil des retours en arrière on commence à comprendre ce qu'il lui est arrivé. Elle, la fille du boxeur connu du coin. Elle qui est rentrée de Rennes pour retrouver sa ville natale et pour habiter chez son père. Arrivée depuis peu, Laura cherche un logement. Son père sans imaginer la suite une seconde, lui propose de rencontrer le maire pour que Laura le sollicite dans ce sens. C'est là que tout commence.

Tanguy Viel restitue une emprise qui s'insinue progressivement. "La fille qu'on appelle" est très bien écrit et aborde avec beaucoup de justesse la question du consentement et l'emprise des hommes, notamment les hommes de pouvoir. L'auteur capte toutes les nuances chez la victime comme chez l'agresseur, on sent l'engrenage se mettre en place et réduire au silence les prises de décision de Laura.

extrait : "Donc vous l'avez fait de votre propre volonté ?
Non, je vous dis, c'était ce que je devais faire, ça ne veut pas dire que c'était ma volonté.
Et les deux flics commençaient à s'agacer [...]"
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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La fille qu'on appelle est dans la lignée des écrits de Tanguy Viel et respecte scrupuleusement la même mise en oeuvre que dans Article 353 du Code pénal : celle d'un face-à-face avec une autorité - policière pour La fille qu'on appelle, judiciaire pour Article 353 du Code pénal. Dans les deux cas, la fin tombe comme un couperet, implacable avec un terme plus ou moins heureux, plus ou moins terrassant.
J'ai débuté cette histoire sans conviction, sans attente non plus. J'aime bien l'univers de Tanguy Viel, je sais que certaines de ses oeuvres m'accrochent plus d'autres. Je me suis juste questionnée sur le côté vers lequel allait pencher La fille qu'on appelle. Si le début m'a paru longuet -il a fallu m'adapter au style de l'auteur (un phrasé long, à la limite de l'asphyxie verbale, aux nombreuses digressions (mais je rassure tout le monde, elles sont plus digestes et plus allégées que les jaenadiennes)) et à la présentation des protagonistes (et c'est bien normal que Tanguy Viel prenne le temps qu'il faut pour installer tout ce beau monde - enfin, façon de parler-), j'ai parcouru d'une traite la suite.

Vous dire que j'ai été super à l'aise à lire ce bouquin où on sent la tension monter de cran en cran (on ne sait pas où cela finit, mais on sait qu'on y va tout droit et que cela risque de ne pas être joli-joli), où ce qui est narré me paraît tellement proche de ce qui peut se dérouler en réalité (je n'ai pas arrêté de mettre en parallèle cette histoire avec les affaires Bill Clinton et Gérald Darmanin, complètement à tort sûrement mais mon cerveau fait des associations redoutables d'idées que je n'arrive pas toujours à contrôler).

Je vous recommande cette lecture pour plusieurs raisons : c'est super bien écrit (Tanguy Viel s'installe discrétos dans mon panthéon des auteurs à suivre de près : il a un style à lui qui ne perd jamais son horizon, même si celui-ci est assez bouché), le tout est très cohérent, la fin est logique et implacable (et totalement déprimante), c'est court (autour de 174 pages qui valent leur pesant de cacahouètes). Les thèmes abordés sont hyper actuels : l'emprise, le pouvoir des cons, la prostitution, le déclassement social.

Comment cela commence ? Une jeune femme - Laura- débarque au commissariat pour témoigner. Elle est la fille du chauffeur du maire, chauffeur qui est une ancienne gloire de boxe et poursuit sa passion à ses heures perdues. Et elle a sollicité l'appui du maire pour se loger en ville. Cela tombe bien : l'édile a une adresse toute trouvée : celle du casino, tenu par l'ancien impresario de son père et accessoirement son meilleur ennemi.

Quant au titre, rien à ajouter : il est parfait !

Well done !
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Call girl. Laura était-elle une call girl?

A son retour dans sa ville natale, après ses études, Laura, 20 ans, n'a ni logement, ni travail. Son père, ancien boxeur, est le chauffeur du maire. Il se dit que ce serait une bonne idée que le maire l'aide. Après tout, cela se fait. le maire, Quentin le Bars, accepte de rencontrer Laura et tombe sous le charme de Laura. Il l'aidera, peut être, un peu, mais elle devra l'aider aussi.

Tanguy Viel met en lumière les rapports de force, les liens entre emprise et pouvoir. Laura avait-elle envie d'avoir des relations avec le maire ? A-t-elle dit non? Était-elle consentante ? Pour quelles raisons répondait-elle a ses appels et m'appelait-elle?

Le point de vue narratif est intelligent. le lecteur est plongé dans un commissariat et suit le récit de Laura, et toutes les questions qui montrent l'influence du pouvoir sur nos consentements.

L'écriture est folle et rythmée. Je regrette uniquement ce portrait du boxeur, un peu banal et caricatural. Mais définitivement un roman de cette rentrée littéraire à lire, de la grande littérature!
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Max le Corre est un ancien boxeur, petite célébrité locale d'une ville de la côte bretonne. Depuis trois ans, Max est le chauffeur de Quentin le Bars, maire de la commune et potentiel ministrable. Quand Max demande une faveur pour sa fille Laura, cette faveur accordée fait basculer le récit.

La fille qu'on appelle, le maire, le chauffeur, le patron du casino et sa soeur, voilà le casting complet, et parfait, de ce livre magistral.

Un style littéraire impeccable, une roman d'une grande finesse et d'un intelligence rare. Compromissions, soumissions, dominations, jeux de pouvoirs et autres petits arrangements, la construction est magnifique et le récit est implacable

Le rythme servi par des phrases ciselées impose au lecteur un tempo qui va crescendo de la première à la dernière page, le
livre vous met KO en à peine 174 pages.

Fidèle à son style Tanguy Viel ne se pose pas en juge, il dresse un constat implacable des rapports dominé dominant et décortique brillamment cette histoire d'emprise sociale.

Les confrontations sont multiples dans ce roman, et je me suis demandée comment autant de sujets pouvaient être abordés dans aussi peu de pages sans que l'on ait l'impression que ce soir survolé. C'est dense et léger à la fois, et oui c'est possible. Tout est ambigu dans les relations humaines que décrit l'auteur mais il décrit les pensées de chaque protagoniste avec un étonnante limpidité et l‘intrigue tient jusqu'à la dernière page … bref, c'est mon premier coup de coeur de cette rentrée littéraire 2021 !
Lien : http://www.instantanesfutile..
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Laura a rendez-vous avec le maire pour l'aider à trouver un logement. C'est son père qui lui a organisé le rendez-vous. Il le connaît bien le maire, il en est son chauffeur.

Ce n'est pas n'importe qui le maire Le Bars; il a le bras long, on parle de lui comme futur ministre… un gars important.

Avec la jolie Laura, Le Bars n'y va pas par quatre chemins: il la sauterait bien, là, tout de suite, mais dans les locaux municipaux de cette célèbre ville côtière bretonne, ça ne se fait pas.

Il la fait donc loger au-dessus du casino de la ville chez son copain mi-truand, mi-homme d'affaires.
Là, il peut culbuter la jeune Laura, entre deux rendez-vous.

Mais un jour, ça dérape…

Tanguy Viel n'écrit pas, il Écrit. Il faut donc s'habituer à cette langue très littéraire, un brin intello, dans laquelle il semble prendre un plaisir certain a jouer avec les mots, les images et les figures de style.
Quand on est enfin dans les pas littéraires de l'auteur le livre se termine.. trop vite, on en voudrait encore.

L'histoire est complètement ancrée dans notre époque avec toute la déguelasserie et l'ambiguïté qu'elle soulève autour du consentement et de l'abus d'autorité.

À lire!
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Tanguy Viel est né à Brest, mais c'est à Saint Malo que son roman, La fille qu'on appelle , se situe. L'héroïne, Laura, 20 ans, y revient après avoir passé quelques années à Rennes. Elle cherche un emploi et un logement. Son père Max, boxeur et aussi chauffeur du Maire de la ville, Quentin le Bars, lui arrange un rendez-vous avec ce dernier, susceptible de l'aider. Seulement, rien n'est gratuit.

L'écriture de Tanguy Viel ménage un certain mystère. L'histoire n'est pas présentée de façon chronologique, mais plutôt rétrospective, après le drame, même si celui-ci n'est pas évoqué, au départ. Les descriptions sont très visuelles et précises. Laura est au coeur de la narration. C'est de son point de vue que le récit se fait, tel que Laura a pu rapporter les choses aux policiers qui la reçoivent. C'est un peu comme si l'histoire se déroulait à rebours, et que l'on devait lire entre les lignes.

Avec des phrases longues et alambiquées, toute l'attention du lecteur est requise. Les chapitres se succèdent comme une série de vagues qui affluent et refluent. Il en résulte un rythme bien particulier. La mer, très présente, constitue un élément de dramatisation du récit, qui se double de références fréquentes à la mythologie grecque.

Le roman est-il un polar ? Il serait plutôt à classer dans le genre drame social à la Chabrol. A-t-il été inspiré par un fait divers ? Il s'agit d'une fiction, mais le sujet est d'une actualité certaine : les puissants et l'abus qu'ils font de leur position et de leur pouvoir. On a là un roman noir, fataliste, qui dénonce un système social, avec ses notables, prompt à broyer l'individu ordinaire.

Tanguy Viel dissèque le phénomène de prédation sur une jeune femme d'emblée désignée coupable. Laura aurait pu fomenter sa vengeance par chantage, par exemple. Elle est toutefois encore trop naïve et s'en remet à la justice. C'est son père, Max, pathétique, qui se livre aux représailles.

Tanguy Viel fait court – moins de 200 pages – mais le texte est percutant. La dernière partie est particulièrement cynique. Il exprime avec justesse tout ce qu'il y a de révoltant dans la façon dont est reçue la parole d'une victime perçue comme consentante.
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"Selon que vous serez puissant ou misérable"... ou des petites gens qui s'embourbent dans un monde d'hypocrisie, de magouilles et de fausses promesses. "Quoi ? Vous ne connaissez pas l'histoire de le Bars et le Corre ? Asseyez-vous, je vais vous raconter". Et au vu du récit que va faire Laura au commissariat, on sait déjà que ça va mal finir. Tanguy Viel use à nouveau de la plume incisive, style direct inclus dans le style indirect, qui avait fait la particularité de Article 353 du code pénal. Un narrateur externe nous raconte donc la vie de Max le Corre, ancien boxeur sur le / et bientôt de retour et chauffeur de Quentin le Bars, maire de cette commune côtière. Laura, la fille de Max, revient au nid après avoir exposé son beau plumage pour des publicités déshabillées. Afin d'obtenir un logement, elle se rend au bureau de le Bars qui, elle l'espère, pourra lui donner un coup de pouce. La jeune fille sera abusée par le presque quinquagénaire concupiscent devenu entre temps ministre. Et sa plainte contre Le Bars, sera-t-elle entendue quand on sait qu'un homme politique a "aussi une vie de jeune homme" ?
Tanguy Viel nous conte à nouveau un récit d'injustice dans un style coup de poing (oui... je sais...). Cependant, j'ai trouvé que la thématique et ce style justement rappellent trop ceux de Article 353 du code pénal, d'où mes 4 étoiles au lieu de 5.
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J'avais beaucoup aimé "L'article 353 du code pénal" pour la tension du récit, au service d'une histoire frontale et rude, toute en opposition à la langue, en image, sinueuse, comme en promenade, prenant son temps.
J'aime être surprise par les écritures, c'était le premier roman de Tanguy Vieil que je lisais, et j'ai été emportée. Les premières pages de "La fille qu'on appelle" m'ont ramenée d'un coup à ma lecture précédente, j'avoue avoir ressenti immédiatement le sentiment d'un "déjà lu" désagréable. Il m'a fallu un effort pour entrer dans la narration tant l'écriture me semblait cette fois trop pesante parce que sans surprise. "La fille qu'on attend" répond à ce qui se cache dans le titre et dans les premières lignes, c'est l'histoire d'une emprise, celle que peuvent exercer les nantis ou les tenants d'un pouvoir quel qu'il soit. En face, il y a les innocents, ceux qui se laissent piétiner parce qu'ils ne savent pas comment faire pour y échapper, jusqu'à penser même qu'il est normal pour eux de subir, que leur destin immanquablement s'inscrit quelque part dans la soumission, l'acceptation silencieuse, qu'il s'agit là d'une règle du jeu dont ils ne détiennent pas les clés. En ce sens, dans ce roman comme dans "L'article 353 du code pénal" l'auteur excelle à entrer dans la tête de son personnage, il déplie avec précision l'éveil de sa conscience vers l'anormalité dont elle est victime. Tanguy Vieil sait dire par quels méandres l'oppression prend forme, il sait se révolter contre "un monde normal, où chacun reste à sa place". Pourtant, la magie n'opère pas si bien que dans son précédent ouvrage, peut être parce que les feux de l'actualité littéraire sur ce thème de l'emprise, nous ont habitué aux témoignages incisifs et directs ( le consentement de V Spingora). L'écriture de Vieil, manque de vivacité, elle enlève à la narration la force qu'elle aurait pu avoir. Cette impression est accentuée par le récit lui même qui s'appuie en fait sur deux personnages le père et la fille, l'un et l'autre en position de victime, au début du chapitre 2, l'auteur avoue lui même ne pas savoir lequel des deux justifie son récit. le lecteur comprend vite que l'un et l'autre sont dans le camp des perdants mais le va et vient entre l'un et l'autre, gêne la démonstration plus qu'elle ne la met en relief. le livre porte incontestablement un engagement, c'est la raison pour laquelle je garde de sa lecture le sentiment de n'être pas allée suffisamment loin dans la démonstration d'une justice à deux vitesses dans une société où les puissants trop souvent s'en tirent à bon compte.
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