Yennes, au-delà des Tenebres

Jean Vigne signe là un thriller fantastique efficace, parvenant à intégrer un univers irréel dans la réalité commune.
Les premiers chapitres font des allers- retours entre le passé (1992), le présent (« de nos jours ») et le futur (2038). C'est un peu confus mais en tournant les pages, le puzzle temporel se met en place et permet au lecteur de comprendre le pourquoi du comment.

Nous sommes ici aux côtés de la capitaine Agnès Philipetti. Celle- ci est appelée à l'hôpital de Grenoble, au chevet d'un homme retrouvé inconscient dans un appartement loué via Airbnb. La location est saccagée, du sang recouvre les murs et le sol et une étrange substance remplit la baignoire. Bizarrement, on va y retrouver l'ADN d'une fillette de onze ans, Yennès Jasquier, qui a mystérieusement disparu dans le petit hameau montagnard de Aime sept ans plus tôt.

Agnès n'est pas au bout de ses soucis… Les assassinats, tous plus étranges et cruels les uns que les autres, vont se multiplier et engendrer bien des interrogations qui mettront Agnès sur le chemin de la catastrophe de Tchernobyl…

Bref, un roman très intéressant, inquiétant par moment, qui pose pas mal de questions sur l'avenir de l'humanité et sur l'angoissante interrogation de la vie après la mort.

Yennès a bien failli me prendre au dépourvu. Entre ses transitions gérées par des cartons nous transportant dans des époques et lieux différents et un style distant ne facilitant pas l'attache aux personnages, je me suis retrouvé plongé dans un épais brouillard. le temps que je retrouve mes appuis (entendons “que le récit se mette en place”), j'étais face à un polar pur. Concis, aucuns détails superflus, sans que cela nous empêche de profiter de quelques belles tournures, mais toujours terriblement distants lorsqu'il s'agit de créer des relations avec les protagonistes. Ainsi, les nombreuses scènes de vie de famille de notre maman-flic, Agnès, ne m'ont malheureusement jamais paru touchantes.
Mon intérêt pour les protagonistes ne débuta réellement que dans le dernier quart du livre, alors que le rythme s'accélère, dévoilant de bien lugubres machinations. Celles-ci flirtent avec les pires expérimentations de série B, mais ont eu leur petit effet sur moi (je frissonne encore en repensant à la scène entre Julien et Polensk).
Mais, attendez un instant.
Et Tchernobyl dans tout ça ?
Étonnamment, la conclusion est à la hauteur de cet étrange mélange, bien que j'aurais apprécié que l'on y goûte plus longtemps. Yennès reste néanmoins un parti pris intéressant, mêlant policier, thriller fantastique et science-fiction post-apo.

Un début un peu confus, on ne sait pas où et avec qui on met les pieds, mais une fois accroché, on comprend mieux la corrélation avec Yennes et son histoire. L'auteur a su faire en sorte de ne pas nous en dire trop tout du long sur ce qui était arrivé à cette petite fille, de sorte qu'à la fin, on découvre enfin la clé du mystère, de ce qui la rend si vengeresse ! À ne pas manquer ;)
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