Les « micro-politiques » coupent la racine-arbre du pouvoir souverain qui, cependant, se reforme systématiquement. Le pouvoir pousse à l’extrême les technologies de l’homologation, de la consommation spectaculaire et du contrôle, qu’il exerce sur des individus de plus en plus précaires, isolés et sujets au chantage.
Subvertir les grammaires dominantes est un geste politique, une guerre déclarée à la parole univoque, despotique, à la grammaire du contrôle. C’est l’explosion d’un fou rire dans l’ordre du discours, cet ordre qui combine le sens, le ton et le commandement et qui impose un plan unitaire d’interprétation. Une langue qui lui échappe est un événement qui destitue le système de la convention. Le politique devient alors un terrain où s’expérimentent les différents moyens de « suspendre » le pouvoir et de dépasser le commandement.
Le nomadisme comme exploration, errance et transformation est fait de rites d’attente, de réflexion et de repos qui ne peuvent être atteints dans un quotidien assiégé par l’injonction à devoir-être, l’injonction au travail, à l’obéissance, à la consommation.
La sédentarisation est nécessairement coercitive et la cité normative. Cependant, l’opposition nomade-sédentaire telle qu’elle est conçue traditionnellement se trouve aujourd’hui invalidée par le constat que les formations urbaines qui s’étendent à l’échelle planétaire n’ont plus grand-chose à voir avec la ville antique ou moderne : ces formations sont les rhizomes de notre époque, des espaces où le nomadisme est une intensité, une pratique de « résistance au présent ».
La maladie se manifeste à travers une multiplicité de formes. Elle exprime un malaise devenu impossible à communiquer, un déchirement si ancien qu’il vide la mémoire et fait souffrir le corps. Cela ne conduit guère à une posture « acrobatique » mais plutôt à un processus d’adéquation continue, où le corps n’est qu’un rouage du travail infini des machines bureaucratiques. Machines de domestication, d’épuisement du sens, d’obéissance obtuse. Machines de la terreur.