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EAN : 9782916136592
96 pages
Les éditions du Sonneur (21/03/2013)
3.5/5   10 notes
Résumé :
Et si la colère venait non pas des jeunes, mais des vieux ?
Et si les vieux décidaient un beau jour d’en finir avec un monde qui les marginalise et attend qu’ils s’éteignent en ruminant le passé devant leur poste de télévision ?
Et si les vieux se levaient et entreprenaient tout à coup de chambarder l’ordre du monde ?
Marie et Donatien — lui qu’on appelle « le Débris » —, sont de ces vieux qui vont mener la charge. Deux amants sages, las, pacifi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Marc Villemain, né en 1968, est un écrivain français, également critique littéraire. Auteur de plusieurs romans, il a reçu le Grand Prix SGDL de la nouvelle en 2009 pour Et que morts s'ensuivent. Son roman, Ils marchent le regard fier, vient de paraître.
Un jour les vieux décident d'en finir avec ce diktat qui cherche à les marginaliser, les rejette sur les bas-côtés d'une société qui n'a d'yeux que pour la jeunesse. Ce monde qui voudrait, pour les plus généreux, que les vieux restent sagement cloués devant leur poste de télévision et pour les plus extrémistes, qu'ils disparaissent rapidement. A la tête de ce mouvement de protestation il y a Donatien qu'on surnomme « le Débris » et Marie, sa femme. Un couple si sage et si amoureux, personne n'aurait pu penser qu'ils seraient les fers de lance de cette révolte. Il faut dire que Julien, leur fils, un jeune donc, a choisi son camp. le narrateur n'a pas de nom, c'est un fidèle ami d'enfance de Donatien. Lui n'a pas fait d'études, il est resté célibataire et vit avec son chien Toto et sa soeur dans la ferme familiale, mais quand son ami vient le chercher pour lui expliquer son plan, créer une liste en vue des élections, lancer un mouvement révolutionnaire et monter à la capitale pour la manifestation, il n'hésite pas à le suivre. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Il y avait longtemps que je n'avais lu un tel roman ! Un sujet extrêmement original, c'est tellement rare qu'il ne faut pas hésiter à le dire, servi par une écriture tout aussi personnelle, le tout emballé dans quatre-vingt huit pages seulement ! Quand je pense qu'il y en a qui écrivent des pavés de cinq cents pages vides de sens… il ne faut pas hésiter à les casser quand on s'est laissé piéger.
Quelle place est réservée aux vieux dans nos sociétés vouées au jeunisme ? A partir de cette interrogation, Marc Villemain pousse le raisonnement à l'extrême. A une époque indéterminée mais que l'on devine pas réellement lointaine, des vieux sont attaqués par des jeunes dans les rues, des propos insoutenables les vouant à une mort rapide sont prononcés. Ces manifestations d'ostracisme à l'égard d'une frange de la population sont étrangement comparables aux actes racistes dont les journaux se font les échos de nos jours. Excédés, les « anciens » vont s'organiser pour lutter quand il sera proposé d'interdire le vote aux retraités puisqu'on ne l'autorise aux jeunes qu'à partir de dix-huit ans, « quatre millions à dire que si ça continuait, alors nous autres, les vieux, on allait la monter, notre liste aux élections ».
Pour servir son propos, l'écrivain utilise une langue déroutante car fine et rustique, excusez l'oxymoron. Rustique, car le narrateur est un paysan qui ne s'est pas trop attardé à l'école. Les tournures de phrases sentent la campagne et le passé. Mais c'est aussi très fin, le ton est posé et le vocabulaire sans être rare, fait appel parfois à des mots dont le dictionnaire précise « vieux ou archaïsme stylistique ».
Un bon sujet, une écriture qui retient l'attention, un bouquin très mince, je ne vois pas quel argument on pourrait m'opposer pour ne pas lire cet excellent roman ?

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Même quand on l'appelait «Le débris», Donatien était fier, vieux héros, grand modèle. Pas un géant physique mais on se retournait sur lui, pour approcher sa flamme. Dès sa petite enfance, il avait toujours été dans ses livres, devenu «un tribun derrière le taiseux». Avec Marie, la frêle, la conscience de Donatien, ils étaient comme un bloc, nés pour se rencontrer.

Le narrateur est un paysan, un homme simple et franc, qui connaît Donatien depuis sa petite enfance, une amitié soudée et que se rassemble toujours, après des décennies, autour de verres de prune.

Alors, quand Donatien se révolte contre un nouveau de jeu de société, poussé à son extrême - laisser crever les vieux -, il l'emmène avec lui, pour la révolution, mouvement porteur d'espoir dans un parfum de fleurs de printemps.

«Mais quand j'ai vu Donatien, planté là devant moi, dans le petit soir qui bâillait, et toute cette ondée qui faisait dégorger la terre que ça en excitait les fumets, on ne peut pas dire que j'ai pensé à ça. J'ai pensé à Marie d'abord, qu'on se demande bien comment Donatien ferait pour vivre sans elle. Ou qu'il avait de l'inondation chez lui, ou que sa voiture avait culbuté, qu'une de ses bêtes avait fait des siennes, un drame je sais pas. Mais pas ça. Pour sûr que je n'oublierai jamais ses premiers mots : mon vieux, je t'emmène faire la révolution.»

Et maintenant, plus tard, les fleurs embaument toujours, mais la révolte est morte. «Ils marchent le regard fier» est l'histoire d'une maladie moderne dans une langue du passé, légèrement accentuée en sombre dystopie : et l'équilibre fonctionne, miracle de l'écriture ; récit très ramassé dans cette langue paysanne, chemin de révolte et de chute, histoire d'une avancée qui se fige, dans une issue tragique.

«Il était comme raidi sur son banc, retiré de tout, lançant aux bestioles du canal ou de la contre-allée des bouts de miche du matin, chaque jour reprenant les mêmes clichés de ce qui pourtant jamais ne s'en irait, les campanules, les jonquilles, les hortensias, toutes ces foutues générations de pigeons, de moineaux et de passereaux, et des fois quand la chance lui souriait il tombait sur un bouvreuil, une mésange, la trogne d'un bruant ou le ventre blanc d'un pouillot. C'est ainsi que j'ai toujours connu Donatien. Sans qu'il éprouve jamais le besoin de se lever. À quoi bon.»
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_ils marchent le regard fier, remarquable roman de Marc Villemain est une histoire d'amitié entre deux petits vieux qui se sont connus sur les bancs d'une école rurale. le récit débute par la description d'un papi comme il en existe tant mais le Donatien, ou plutôt le "Débris" comme il le revendique lui-même n'est pas n'importe qui. C'est l'amoureux éternel de Marie, sa femme et mère de leur fils unique Julien. C'est surtout le meneur de la "révolte" des Anciens, le héros de cette révolution qui s'est déroulée il y a maintenant vingt ans. A cette époque le pays bascule dans la folie du jeunisme et ceci dans une sorte de nation fasciste qui rejette violemment les Anciens en les privant de tous leurs droits. Tels les juifs allemands des années 30 où les noirs d'Afrique du Sud de l'apartheid(années 50- 90), les anciens sont sous le joug des jeunes qui les considèrent comme des bouches inutiles à nourrir, leur font subir toutes les pires humiliations , allant même jusqu'à souhaiter leur mort. Mais le "Débris" organise la "Résistance", rallie à lui des milliers de petits vieux et organise la manifestation qui le mettra _ à son grand désarroi, face au "leader" des jeunes : son propre fils Julien! Les armes à la main, les papis regagnent leurs droits mais le héros y perdra son âme...

Beaucoup de SUSPENSE et surtout que d'EMOTIONS, une réelle réflexion sociologique qui interroge le Lecteur sur les rapports intergénérationnels de manière symbolique, humaniste et philosophique. Un sujet brûlant d'actualité qui nous invite à une plus grande vigilance...
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De prime abord, le titre m'a fait penser à la chanson. Mais non, il ne s'agit pas des hommes de Barbara. Loin de là.
C'est l'histoire d'un vieillard, racontée par son ami d'enfance, dans un style parlé, désuet, campagnard, contrastant avec l'histoire, imaginaire, futuriste.
Dans une société où les vieux sont malmenés, maltraités, violentés, privés de droits, Donatien décide de ne pas se laisser faire et fomente une révolte qui va mal tourner.

Un court livre, agréable à lire, mais qui fait froid dans le dos.
Parce que, si on y regarde bien, notre société est-elle vraiment tendre avec les anciens ?
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Ils marchent le regard fier est une histoire de révolution. Celles que les "vioques" décident d'entreprendre, las de subir le dictat de la jeunesse que leur impose la société.
Sous le rythme d'une narration quelque peu déstabilisante, celle d'un campagnard qui s'avoue lui-même peu doué pour manipuler les mots, on découvre petit à petit un monde profondément dystopique dans lequel on s'acharne contre les personnes âgées.
Et pourtant, que de réalisme dans ce récit ! Comme on s'approche parfois de la vérité, cette vérité crue et violente qui régit notre monde.
Marc Villemain parvient, en quelques pages seulement, à placer le lecteur derrière le couple Donatien / Marie, chefs de file de cette révolution, presque comme s'il la suivait lui aussi, pas loin derrière, en retrait, mais de très peu.

Un roman bien plus sombre qu'il n'y paraît, bien plus violent aussi, mais ô combien captivant tant l'émotion qui s'en dégage peut être intense.
Je le recommande.
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critiques presse (1)
Actualitte
11 juillet 2013
La prose limpide de Marc Villemain jette une lumière crue sur les secrets, décortique les pulsions qui minent et les remords dont on ne se sépare jamais.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je suis homme d’un monde lent, qui aime occuper son temps à le regarder passer. Et puis courir, ça n’a jamais aidé personne à voir ce qu’il y a devant. Moi, pas le genre à enjamber, faut que j’éprouve la terre sous mes souliers. Que ce soit le désert ou le bourbier, ce qu’il me faut c’est de savoir où se posent mes pieds pour aller où. Quand on a vécu soixante ans dans le même bourg (…) il faut dire qu’on ne se sent pas bien équipé pour la vie moderne. Donatien, lui, ça n’avait jamais été son problème.
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