AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791025205310
250 pages
LES PEREGRINES (02/09/2021)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Et si nous devenions cannibales ?

Pour les « Restaurés », habitants du duché de Michão, le cannibalisme est aussi indiscutable que la liberté ou l’air qu’on respire. Afin d’endiguer la surpopulation et d’apporter une réponse à la crise alimentaire, ils ont fait sécession du reste du genre Homo et instauré un cannibalisme moderne, hygiénique, démocratique, high-tech et familial. Un cannibalisme d’avenir, en somme.

La plume truculente de ... >Voir plus
Que lire après Ceci est ma chairVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Rentrée littéraire #26

« Fut-ce naïveté ou trop grande libéralité, toujours est-il que nos prédécesseurs donnèrent à la démocratie une telle extension qu'ils finirent par lui ôter sa plus élémentaire substance, l'assimilant à l'autorisation donnée à tout individu de faire ce que ses lubies lui enjoignaient : c'est ainsi que le quidam de base se sentait autorisé à se bâfrer d'animaux dont nous n'avons plus même idée du goût ( boeufs, cheveux, lapins, singes, kangourous, ports et cochons, bars et dorades, chiens et rats, j'en passe et des plus saignants ) et à pratiquer sans interruption ou presque un coït de tous les diables, hystérie fornicatrice qui aura fini par engendrer des générations de buses au ventre vide. Vaste mais borné, le baisodrome terrestre sombrait. »

Dès les premières pages, le ton est donné. le Duché de Michao a fait sécession du reste du genre Homo pour instaurer la Seconde Résurrection, à savoir une société fondée sur la cannibalisme, conçu comme l'apogée de la civilisation, la réponse pragmatique à la surpopulation et à l'épuisement des ressources. Tout semble dans le meilleur des mondes jusqu'à un attentat détruisant le complexe carnologique, surnommé la Vianderie, en fait la gigantesque usine agro-alimentaire qui conditionne la viande humaine.

En plein conte philosophique rabelaisien avec la truculence et la verve requises. L'auteur s'amuse et nous amuse, pour peu qu'on n'est pas trop l'estomac retourné à la lecture des menus et aux images qu'il nous colle dans la rétine à coup de pénis farcis, doigts caramélisés et autres testicules meringués dont se régalent des personnages hauts en couleurs, tous grotesques, lubriques et vulgaires.

Une fois passé un léger haut-le-coeur initial, j'ai beaucoup ri car Marc Villemain manie extrêmement bien le pastiche et la parodie. Ses phrases enluminées sont pleine de gouaille et de trouvailles : d'excellents néologismes ( par exemple, les concuphages pour désigner les épouses ), des chansons détournées ( « Je me lève / Et je me macule / de beurre aux anchois / Par gratitude / de toi je fais mon repas / Mon bon morceau de choix / Par gratitude etc ), et des didascalies réjouissantes dans les théâtraux dialogues ( Basile du Blaise «  avec le flegme d'un Anglais découvrant la France » ou Loïc d'Iphigénie « rictus d'écrivain romantique après deux strophes d'inspiration mallarméenne : je songeais à une saucisse » ).

Cela pétille de jeux de mots, d'esprit, d'énergie et de liberté provoc' repoussant très loin le tabou ultime du cannibalisme. C'est surtout très cohérent et mené de main de maitre. On est très clairement dans l'exercice de style : l'intrigue-enquête est simplissime, juste un prétexte, même si en creux, derrière la farce, Marc Villemain questionne le tragique de la condition humaine et sur ce qui fait civilisation. Exercice de style qui tourne parfois en rond et en répétition sur le fond mais brillant sur la forme. Juste un poil long.

Pour lecteurs avertis.
Commenter  J’apprécie          983
Doigts caramélisés, orteils cannellisés, testicules meringués, mousse de foetus, sans oublier la fameuse cervelle du sage... tels sont les mets préparés à base de chair humaine dont se délectent les habitants du duché de Michao, qui se rassemblent régulièrement lors de festins gargantuesques !

Leurs ancêtres, qui ont fondé 150 ans auparavant une communauté baptisée « les Restaurés », ont réalisé la « révolution cannibale », partant du principe que le cannibalisme était la solution idéale et moderne pour réguler la population humaine et préserver les ressources naturelles de la Terre.
Dans cette communauté, être mangé par ses pairs constitue un honneur : « Le cannibalisme est l'apogée de l'humanisme, le stade avancé d'une civilisation qui, pour la première fois dans L Histoire, offre à ses membres une sépulture digne de ce nom et ne les livre pas sans honte aux lombrics et à la putréfaction. »
Mais les attentats perpétrés par la mouvance anti-cannibalisme menacent l'équilibre de cette civilisation...

Dans ce livre au thème très particulier, l'auteur suscite une réflexion intéressante et manie savamment l'humour et l'absurde dans une écriture assez improbable et loufoque. Ce style « astérico-rabelaisien », pour reprendre les termes de la quatrième de couverture, permet de se détacher en partie de certaines scènes plutôt écoeurantes et dérangeantes, mais nécessite un temps d'adaptation et rend la lecture assez difficile au début.

Ce roman est très original, certainement un peu trop pour moi, et même si j'apprécie être surprise dans mes lectures et sortir parfois de ma zone de confort, je n'ai pas vraiment accroché. Sans doute car le sujet en lui-même me rebute trop, et car les personnages, grotesques voire parfois vulgaires et bestiaux (bien que l'auteur ait volontairement forcé le trait) m'ont souvent inspiré du dégoût et de l'agacement.

Lu dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2021 sur lecteurs.com
Commenter  J’apprécie          197
Dystopie, uchronie ? Non. conte épicurien, oui.

« Comment continuer à nourrir nos chers animaux tout en cohabitant avec des humains qui prolifèrent comme des lapins à la saison chaude ?… Il (le duché) prohiba la consommation de toute viande animale » La cause de la défense animale a été entendue, celle de la surpopulation endiguée à Michão!

Petit rappel historique : Les habitants se nomment les Restaurés « Ainsi baptisés à la suite de la fondation il y a cent cinquante ans du duché de Michão, conséquence de cette période que l'histoire a retenue sous le nom de Troisième Restauration. » Nous sommes dans les années 2100

Les habitants semblent vivre heureux depuis la Seconde Résurrection où ils ont fait sécession avec le reste de l'humanité. Chez eux, plus de problème de surpopulation, et de crise alimentaire le problème est réglé car ils sont cannibales. Oui, vous avez bien lu. Oh là, je vous vois venir avec vos délires de chasse à l'homme et que sais-je encore… Non, non, c'est un cannibalisme heureux. D'ailleurs, la fierté d'une famille de 3 enfants est de donner le second enfant à déguster « le deuxième enfant d'une fratrie est constitutionnellement sacrifié lorsqu'il accède à la majorité, soit le jour de ses quatorze ans, âge auquel la chair, en sus de ses qualités gustatives assez remarquables, procure les meilleurs avantages comparatifs. ». Par ailleurs, aucune violence inutile, tout est fait dans les normes sanitaires draconiennes. Il y a des abattoirs, la viande est vérifiée,les « clients » sont volontaires.

Tout va bien dans le meilleur des mondes de ce petit conté d'irréductibles gaulois sécessionnistes jusqu'au jour où un complexe carnologique explose. Dès le début de ce chapitre, je n'ai pu m'empêcher de penser au Bataclan dans la description du carnage, toute ressemblance avec des évènements récents est voulue. Pourquoi cet attentat car il s'agit bien d'un attentat ? le Conté a son lot de détracteurs au sein de ses habitants, ses ultras, prêts à tout. C'est que, la vie que mène ses habitants n'est pas du goût de tout le monde. Gustave du Gonzague, le Dépariteur (chef du dit duché de Marlevache) y va de son discours pour honorer les morts avant que d'en manger les restes. « Entrelardant son discours d'allusions à quelque groupuscule anti cannibale,… le cannibalisme est l'apogée de l'humanisme, le stade avancé d'une civilisation qui, pour la première foie dans l'Histoire, offre à ses membres une sépulture digne de ce nom et ne les livre pas sans honte aux lombrics et à la putréfaction ».

Dans une langue précieuse, mais pas châtiée, ni châtrée, Marc Villemain en usant force calembours, jeux de mots, réécriture de chansons populaires (ou pas), raconte la vie de ce petit conté qui a des airs de village gaulois par les banquets, viandes, même le barde est là (Je sais, mauvais jeu de mots). Basile du Blaise, c'est son nom est en même temps le curé, pardon le Spirite, avec un S en début de mot.

J'aime que l'on s'amuse avec la langue française, qu'on la triture, la malaxe, la détourne (en tout bien tout honneur), cela donne beaucoup de légèreté à son livre et Marc Villemain le fait si bien. Il​

n'emploie jamais le je, raconte, met les personnages en scène, en fait, de temps à autre, une pièce de théâtre. Entre truculence, gauloiserie et tragédie, il conte l'histoire de ce conté florissant, et en profite pour faire une satire à la fois politique, religieuse, sociétale de nos relations humaines.

Liliane, fais les valises, on rentre à la maison » Tout de suite M'sieur Marchais. Bien sûr cela ne dit rien au moins de quarante ans et plus si affinité,… Mais il a fait les beaux jours de l'O.R.T.F. !

Merci Marc Villemain pour ce roman qui m'a littéralement ravie. Je n'ai pas que souri, j'ai ri et, j'aime le politiquement incorrect….que cela fait du bien. Imaginez-vous, regard concupiscent devant un homme ou une femme, admirant ses courbes, sa plastique et... !! Tiens, en mignardise, je me « suçoterais » bien un petit pénis farcis !

Oui, je fais de ce livre un coup de coeur, j'aime l'impertinence et ce livre n'en manque pas

J'ai déjà lu et apprécié « Il y avait des rivières infranchissables », dans un tout autre style


Lien : https://zazymut.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          80
Suite à la croissance exponentielle de la population, le duché de Michaõ a résolu le problème alimentaire en instaurant le cannibalisme.
Le cannibalisme est non seulement la solution à la famine, mais aussi une véritable institution, l'"apogée de l'humanisme qui offre une sépulture digne".
Ainsi, dans toutes les cités du duché, il est interdit de consommer de la viande animale.
Les familles se limitent à 3 enfants, le deuxième étant considéré comme un héros car à ses 14 ans, il fait don de soi à la communauté au cours d'une grande fête où l'on célèbre sa conscience civique.
Dans la cité de Marlevache, tout est prétexte à beuveries et orgies pendant lesquels on se délecte de testicules meringués, de doigts caramélisés, d'orteils cannellisés, d'oreilles confites, de mousse de foetus, de filets d'adolescent et de bien d'autres délices. le désir de dévorer son prochain n'est jamais loin du désir sexuel.
Mais un jour cette harmonie vole en éclats avec le complexe carnologique qui est détruit dans des explosions.
Cette usine appelée "La Vianderie" fait la fierté de la cité car c'est là que l'on découpe, traite et conditionne la viande.
Les autorités pensent tout de suite à une action des groupuscules humanistes anticannibales et deux enquêteurs sont dépêchés.
De son côté, Loïc D'Iphigénie, le "dépariteur" investi des pouvoirs de police, enquête également pour découvrir le ou les coupables.
Ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains, pour 2 raisons :
- d'abord parce que l'écriture et les tournures de phrase sont complexes. Les phrases sont longues, il y a un mélange de vocabulaire soutenu, d'argot et de termes inventés. J'ai eu du mal avec les 50 premières pages qui m'ont un peu découragée.
Mais lorsque j'ai repris la lecture le lendemain, tout s'est clarifié et j'ai même beaucoup apprécié les références et les jeux de mots employés qui auraient plu à Frédéric Dard.
L'auteur s'est beaucoup amusé dans cette farce à la fois légère et bien noire.
- et ensuite parce que le sujet choisi est délicat. Les images et descriptions sont crues et peuvent sembler dégoutantes et choquantes aux lecteurs les plus sensibles.
Personnellement, passé un moment d'adaptation, je me suis régalée du décalage et du ton employé, et j'ai ri à de nombreuses fois avec les allusions et jeux de mots.
"Je me lève / Et je te macule / de beurre aux anchois / Par gratitude / de toi je fais mon repas / Mon beau morceau de choix / Par gratitude / ma main loue tes seins goûteux / Presque malgré moi / Par gratitude / Et toi tu grilles sur le dos / Ô béatitude"
Avouez que vous avez chanté !
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Issus comme tout un chacun du genre Homo, les Restaurés sont la première peuplade de l'Histoire à avoir tiré les leçons de la multiplication des pandémies et de l'épuisement des ressources (de la girafe du Kenya au cochon d'Inde, de la fourme de Montbrison au crottin de Chavignol, du goéland d'Étretat à la sole de Meunière), et à avoir su dominer l'effroyable pulsion copulatrice qui, tôt ou tard, finira par faire dégorger la Terre.
Ainsi commence l'ère dite de la Seconde Résurrection. (11)
Commenter  J’apprécie          10

Video de Marc Villemain (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marc Villemain

Marc Villemain - Ils marchent le regard fier
http://www.passion-bouquins.com Blog littéraire alternatif Bibliothèques idéales Strasbourg 2014 Entretien avec Marc Villemain à la librairie Ehrengarth à Strasbourg-Neudorf. Il nous...
autres livres classés : farceVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
966 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *}