Mai 2061, au coeur de la forêt en Dordogne, une toute jeune fille pêche au harpon dans un ruisseau sous les yeux de son frère aîné et de sa plus jeune soeur. Aucune précision sur eux si ce n'est qu'ils ont été élevés dans la nature et n'ont jamais connu " la ville ". Mais de grands dangers les guettent.
Retour vers le passé... Les voitures au gasoil ne circulent plus depuis longtemps, les villes sont devenues des prisons à ciel ouvert sous surveillance de caméras et de drônes. Les étudiants sont littéralement parqués dans des containers.
Le climat social est tendu, des manifestations sont organisées dans tous les pays européens. Des milliers de personnes pacifiques sont dans les rues. Elles ne sont pas écoutées et subissent des violences policières injustifiées (Ce qui n'est pas sans rappeler le mouvement des Gilets jaunes) mais ici l'Etat s'est clairement transformé en un Etat policier.
Thomas F., professeur va rédiger un « manifeste » qui sera l'étincelle qui va mettre le feu aux poudres. Les étudiants lisent, relisent et se partagent ce « Do Not Count on Us » qui devient LE livre de chevet de tous. Un livre qui explique pourquoi et comment rejeter cette société et ses dirigeants dont personne ne veut plus.
Alors faisant fi de l'avis des parents, des lois, de tout, les jeunes les plus rebelles et les plus " endoctrinés " par le manifeste décident de quitter le cocon familial pour aller vivre loin des règles établies depuis toujours. Loin de la surconsommation et de l'argent qui pourrit tout.
« Quant à nous, nous nous en irons, sur la Terre. Notre monde est le vôtre : nous ne pouvons nous en retrancher, mais nous choisirons des lieux, des déserts, des silences, des bibliothèques, des jardins, où nous pourrons vivre ; dans les marges ; nous laissant transformer, lentement, durablement, par cette vie commune, politique. Et notre seule communauté politique sera désormais l'amitié.(…) »
(Citation du livre)
Cette citation c'est juste beau, utopique mais beau ! Un retour aux sources, à l'essentiel. Dépouillés de tout bien matériel inutile. Pour essayer de se construire une vie meilleure, sans stress, en toute liberté. Et retrouver cette liberté perdue depuis des années, être en harmonie totale avec la nature, retrouver des valeurs oubliées ou perdues.
Nous rêvons tous plus ou moins d'une société idéale mais elle ne sera jamais parfaite à cause des gros egos humains.
Au-delà d'un écrit engagé,
Vincent Villeminot jette un regard réaliste sur un futur peu réjouissant où chacun peut se projetter... malheureusement. On pourrait débattre pendant des heures de ce qui est déjà en cours en France à l'heure actuelle.
Sous couvert de protéger des personnes, des systèmes de surveillance sont déjà en voie de généralisation. On ajoutera la reconnaissance faciale sur les téléphones portables qui a pour but de ficher le plus de monde possible et la géolocalisation qui permet de suivre tous nos déplacements.
L'auteur nous place devant ce qui pourrait arriver à grands pas si un jour nos gouvernants - sous prétexte écologique - se souciaient subitement du sort de la planète et se péoccupaient de la souffrance animale. On pourrait effectivement se voir imposer une alimentation vegan comme dans le récit. En voulant le meilleur nous pourrions aller vers le pire.
"
Nous sommes l'étincelle " est une fiction qui se dévore. Les rebondissements s'enchaînent et se suivent comme on regarde un film à grand spectacle.
Certains des protagonistes sont prêts à se sacrifier plutôt que de se soumettre à l'ennemi. Dans de nombreux romans de
Vincent Villeminot la violence est omniprésente et la mort rôde là où on ne l'attend pas forcément.
J'ai apprécié un des personnages plus que les autres, celui de la Houle, ancien hooligan. Cet individu violent ne m'inspirait pas au début. Mais au fil du récit et du temps il évolue de manière positive. C'est quelqu'un de droit, malgré son passé violent. Fidèle en amitié. le genre sur qui on peut compter pour la vie.
Encore un pari gagné pour
Vincent Villeminot avec cette nouvelle aventure humaine. Nous y retrouvons des thèmes qui lui sont chers - la désobéissance civile, la rébellion, la sécession, la solidarité, l'amitié, l'amour...
Et si la forêt paraît si belle et si hostile, les plus grands dangers viennent pourtant comme toujours des hommes tapis dans l'ombre.