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Eugène de Saint-Denis (Traducteur)Jean-Pierre Néraudau (Éditeur scientifique)
EAN : 9782251799124
175 pages
Les Belles Lettres (15/10/2002)
3.75/5   55 notes
Résumé :
De doux paysages, des dieux et des Nymphes, des bergères coquettes, et des bergers qui chantent l'amour et la poésie, voilà l'Arcadie, pays de rêve où l'instant poétique devient éternité.
Mais, aux alentours de ce paradis imaginaire, rôdent les menaces des guerres civiles et des passions, comme le loup autour de la bergerie. Le pipeau pastoral ne dominera pas les trompettes de l'Histoire, mais il fait entendre une frêle musique qui sauvegarde les douceurs et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les Bucoliques de Virgile, ensemble de dix églogues (petites scènes en vers formant un tout) sont le plus magistral témoignage de la poésie pastorale et amoureuse de l'Antiquité. Inspirées de l'auteur grec Théocrite (IIIème siècle av. J-C), il rédige ces chants en hexamètres dactyliques (forme qu'il est le premier à utiliser) de -42 à -39.

Dans ces poèmes, il parle d'amour et de bergers, d'arbres et de passion. Mais pas seulement. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas ici d'entendre des personnages s'apitoyer sur la douleur d'une rupture. Il y a énormément de références politiques et sociales.

Par exemple, l'églogue IV fait un éloge de l'empereur Auguste (Octave), en parlant de son temps comme du nouvel âge d'or. On y découvre aussi qu'une grossesse durait dix mois lunaires. Tant de petites choses qui rendent l'exploration de la culture antique.

Les comparaisons prêtent à sourire, de même que de nombreuses traductions d'expressions:

" Prépare-toi donc plutôt à tresser quelque objet dont le besoin te presse, avec des brins d'osier ou du jonc souple"

signifie tout simplement que le travail du poète doit être considéré comme une alternative à la passion. Pas facile à comprendre, donc. Mais la collection "classiques en poche" des belles lettres se charge très bien de tout remettre en place. En tout cas, j'ai bien rigolé en lisant certains passages.

Le texte est très court et on arrive rapidement au bout. On ressort de cette lecture en ayant l'impression d'avoir appris quelque chose. Sur la civilisation antique oui, mais aussi sur la vie tout court. Ce n'est vraiment pas cher payé pour un texte de cette qualité.
Lien : http://mariae-bibliothecula...
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Après 4 années d'ennui incommensurable devant des instruments de torture appelés manuels scolaires, j'ai enfin découvert les beautés de la langue latine grâce à Virgile, j'ai adoré scander et lire à haute voix l'histoire de Tityre et Mélibée, et à partir de là le reste de la scolarité fut à peu près plaisant.

Je découvre ce jour un vieil enregistrement de jazz dont les paroles sont :
" Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi,
Silvestrem tenui musam meditaris avena ;
etc "
( lien à ouvrir pour les curieux d'objet musical insolite =
https://www.youtube.com/watch?v=nK4ss5ctjtc )
Cela me fait beaucoup rire et je voudrais partager avec les anciens latinistes de mon genre qui ignoraient que les amateurs étaient si nombreux ...
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Ses poèmes mettent en scène des personnages composant une société étrange, par certains côtés, vraisemblable, imaginable même, et par d'autres, irréelle et floue. Ils portent des noms grecs, en référence à ceux des Idylles de Théocrite. Les précisions qu'en donne Virgile ne suffisent pas à dessiner une image claire de la société des Bucoliques. Ce dernier a surtout voulu mettre en place un monde dans lequel les hommes et les dieux vivent en bonne entente.
Lien : http://promenades-culture.fo..
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Un classique incontournable. Qu'il faut avoir lu pour mieux situer ses racines.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Formosum pastor Corydon ardebat Alexim,
delicias domini : nec quid speraret habebat.
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Mélibée et Tityre


Mélibée
[1] Couché sous le vaste feuillage de ce hêtre, tu essayes, ô Tityre, un air champêtre sur tes légers pipeaux. Et nous, chassés du pays de nos pères, nous quittons les douces campagnes, nous fuyons notre patrie. Toi, Tityre, étendu sous de frais ombrages, tu apprends aux échos de ces bois à redire le nom de la belle Amaryllis.

Tityre
O Mélibée, c'est un dieu qui nous a fait ce sort tranquille. Oui, il sera toujours un dieu pour moi ; souvent un tendre agneau de nos bergeries arrosera ses autels de son sang. Tu vois, il laisse errer mes génisses en ces lieux, et il m'a permis de jouer les airs que je voudrais sur mon rustique chalumeau.

Mélibée
Je n'envie point ton bonheur : je m'en étonne plutôt, à la vue de ces champs désolés et pleins de trouble. Moi-même, tout faible que je suis, j'emmène à la hâte mes chèvres ; en voici une que j'ai peine à traîner. Là, entre d'épais coudriers, elle vient, mère plaintive, de mettre bas deux chevreaux, l'espérance de mon troupeau, hélas ! qu'elle a laissés sur une roche nue.

Je me souviens (mais mon esprit était aveuglé) que ce malheur m'a été plus d'une fois prédit : des chênes ont été frappés de la foudre devant moi ; souvent du creux d'une yeuse une corneille criant à ma gauche me l'avait annoncé : Mais dis-moi, ô Tityre, dis-moi quel est ce dieu ?

Tityre
Cette ville qu'on appelle Rome, ô Mélibée, n'étais-je pas assez simple pour me la figurer semblable à celle de nos contrées, où nos bergers ont coutume de mener leurs tendres agneaux ? Ainsi je voyais ressembler à leurs pères les chiens qui viennent de naître, les chevreaux à leurs mères ; ainsi je comparais les petits objets aux grands. Mais Rome élève autant sa tête au-dessus des autres villes, que les cyprès surpassent les vignes flexibles.

Mélibée
Et quel motif si grand t'a donné l'envie de voir Rome ?

Tityre
La liberté, qui, bien que tardive, m'a regardé dans mon oisif esclavage, quand ma barbe déjà blanchissante tombait sous les ciseaux : enfin elle m'a regardé, enfin elle est venue pour moi, depuis que Galatée m'a quitté, et qu'Amaryllis me tient sous ses lois. Car, je te l'avouerai, tant que Galatée me retenait près d'elle, je n'avais ni l'espérance d'être libre, ni le soin d'augmenter mon épargne ; et quoiqu'il sortît de mes bergeries bon nombre de victimes, quoique ma main ne cessât de presser pour l'ingrate Mantoue le lait le plus savoureux de mes chèvres, elle n'en revenait jamais chargée du plus modique métal.

Mélibée
Je m'étonnais, ô Amaryllis, de t'entendre invoquer tristement les dieux ; je me demandais pour qui tu laissais pendre à leurs arbres les fruits mûrs. Tityre était absent de ces lieux ; c'est toi, Tityre, toi que ces pins eux-mêmes, ces fontaines, ces arbrisseaux redemandaient.

Tityre
Que faire ? je ne pouvais mieux sortir d'esclavage, ni connaître ailleurs des dieux aussi propices. C'est là, Mélibée, que j'ai vu ce jeune et divin mortel, pour qui douze fois l'année nos autels fumeront. À peine le suppliai-je, qu'il me répondit : "Enfants, faites paître, comme devant, vos génisses ; rendez au joug vos taureaux."

Mélibée
Heureux vieillard, tes champs te resteront donc ! et ils sont assez étendus pour toi, quoique la pierre nue et le jonc fangeux couvrent partout tes pâturages. Des herbages inconnus ne nuiront pas à tes brebis pleines, et le mal contagieux du troupeau voisin n'infectera pas le tien. Vieillard fortuné ! là, sur les bords connus de tes fleuves, près de tes fontaines sacrées, tu respireras le frais et l'ombre. Ici l'abeille d'Hybla, butinant sur les saules en fleurs qui ceignent tes champs de leur verte clôture, t'invitera souvent, par son léger murmure, à goûter le sommeil : et tandis que du haut de la roche l'émondeur poussera son chant dans les airs, tes chers ramiers ne cesseront de roucouler, la tourterelle de gémir, sur les grands ormeaux.

Tityre
Aussi les cerfs légers paîtront dans les airs, [60] et les flots laisseront les poissons à sec sur les rivages ; le Parthe et le Germain, exilés et se cherchant l'un l'autre dans leur course errante, boiront, celui-là les eaux de l'Arare, celui-ci les eaux du Tigre, avant que l'image de ce dieu bienfaisant s'efface de mon coeur.

Mélibée
Mais nous, tristes bannis, nous irons, les uns chez les Africains brûlés par le soleil, [65] les autres chez les Scythes glacés, en Crète, sur les bords de l'impétueux Oaxis, et jusque chez les Bretons, séparés du reste du monde. Ah ! me sera-t-il donné, après un long temps, de revoir la contrée de mes pères, mon pauvre toit couvert de gazon et de chaume, et d'admirer encore mon champ, mon royaume, et ses rares épis ? Quoi ! c'est pour un soldat inhumain que j'ai tant cultivé ces guérets ! Le barbare aura ces moissons ! Voilà donc où la discorde a amené de malheureux citoyens ! Voilà pour qui nous avons ensemencé nos champs ! Ente donc, Mélibée, ente des poiriers, range tes vignes sur le coteau. Allez, mes chèvres, troupeau jadis heureux, allez :je ne vrrai plus, de loin couché dans un antre verdoyant, pendre aux flancs des roches buissonneuses. Je ne chanterai plus ; non, mes chèvres, vous n'irez plus, menées par moi, brouter le cytise en fleur et les saules amers.

Tityre
Cependant tu peux, cette nuit, reposer avec moi sur un lit de feuillage. J'ai des fruits savoureux, des châtaignes amollies par la flamme, un laitage abondant. Déjà les toits des hameaux fument au loin, et les ombres grandissantes tombent des hautes montagnes.
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Mélibée.

En reposant, Tityre, à l’ombrage couvert
De ce hêtre au feuillage épanchement ouvert,
Tu mets sur le pipeau d’une avène légère
L’air de mainte chanson doucement bocagère.
Et nous, pauvres chétifs, nous laissons loin de nous,
Les fins de notre terre et nos villages doux :
Nous fuyons notre terre, en saison si mauvaise.
Toi cependant, Tityre, en l’ombrage à ton aise,
Tu apprends aux forêts à rebruire en chansons
La belle Amaryllide au rebat de tes sons.

Tityre.

C’est un dieu, Mélibée, qui nous a fait la grâce
De vivre en repos : aussi toujours sera-ce
Mon Dieu que celui-là, et de mes parcs souvent
Maint agnelet ira ses autels abreuvant.
Il permet à mes bœufs comme tu vois de paître,
Et à moi de jouer d’un chalumeau champêtre
Tout ce que je voudrai.
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La ville que l’on nomme Rome, Mélibée, moi je me la figurais

Pareille à la nôtre, dans ma grande naïveté, où nous avons souvent pour coutume,

Nous autres les bergers, d’amener les tendres agneaux à nos brebis arrachés.

Ainsi je savais les chiots semblables aux chiennes, les chevreaux à leurs mères pareils m’apparaissaient,

Comparer les grandes choses aux petites : cette habitude était mienne.

Mais elle, entre toutes les villes, sa tête, elle l’a dressée,

A l’image des cyprès parmi les souples viornes.
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"Alexis ! Chacun suit le penchant qui l'entraîne."
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