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Alain Préchac (Traducteur)Stefan Radov (Traducteur)
EAN : 9782020132589
288 pages
Seuil (17/05/1991)
4.2/5   22 notes
Résumé :
Le héros d'un roman, pour son créateur, c'est un peu comme un enfant. Il est comme il est. On ne va pas le rejeter à la rivière.
Justement, cet Ivan Tchonkine ne correspond pas, à proprement parler, à l'idée qu'on se fait d'un héros. Petit, chétif affligé de grandes oreilles rouges, il aurait, sans histoire, fini son temps dans l'armée si, en juin 1941, ses supérieurs ne l'avaient envoyé en plein champ monter la garde auprès d'un avion en panne.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ivan Vassilievitch Tchonkine. Cote maternel, fils aimant de l'Union des Republiques Socialistes Sovietiques. Cote paternel, le patronymique Vassilievitch n'est peut-etre qu'un accommodement pour sauver les apparences, de persistants susurrements le disant batard de Chveik.

Ivan Tchonkine. Un soldat court sur pattes, aux grandes oreilles toujours rouges, pas doue pour les exercices militaires et relegue toujours aux plus simples travaux d'intendance, inculte, rustre, un peu simplet, souffre-douleur de ses camarades. C'est lui que Vladimir Voinovitch a choisi comme heros de son livre, pour mieux demasquer, pour mieux attaquer et ridiculiser la perversion du systeme de gouvernement sovietique, sa depravation a tous les echelons, qui en fait un systeme d'une sottise inouie et d'une horreur effarante. le heros d'une satire insolente, desopilante par endroits.

Un avion militaire s'etant ecrase pres du kolkhoze de Krasnoie, c'est Ivan qui est choisi pour aller garder la depouille d'acier. Oublie la par ses superieurs, il s'insere malgre lui dans la vie du kolkhoze, se mettant meme en menage avec Nioura, une campagnarde esseulee, preposee a la poste du coin. L'occasion pour l'auteur de railler l'inaptitude des preposes politiques qui sont censes diriger les affaires du lieu, qui cachent leur incompetence sous des rapports et compte-rendus inventes de toutes pieces, et bien sur aussi l'imperitie de l'armee, commandee par des officiers qui n'ont du leur avancement qu'a des magouilles.

Eclate la guerre (la deuxieme guerre mondiale), un kolkhozien se fache avec Ivan et le denonce comme deserteur a la police politique. Apres maintes peripeties, et avec la psychose qu'entraine la peur d'une possible avancee et invasion allemande, on envoie tout un bataillon l'arreter: on le croit chef d'une bande factieuse. Pauvre Ivan. Pauvre Niura. Mais envers et contre tout et tous, brave Ivan, brave Niura.

J'ai bien ri tout le long de ma lecture. Je suppose que le rire de lecteurs russes est plus jaune que le mien. Cette satire doit leur reveiller de vieilles douleurs. Ce n'est surement pas pour rien que le livre a longtemps ete interdit en Russie, qu'il n'a pu etre publie que par les presses de l'YMCA a Paris, que l'auteur a ete expulse et dechu de sa nationalite. Ce n'est qu'apres de tres longues annees qu'il a pu revenir, et mourir, dans sa patrie. Qu'il a ete reconnu comme un des grands auteurs satiriques russes, comme un digne disciple de Gogol.

A lire donc. Plaisir garanti.

P. S. Voinovitch n'etait pas seulement un auteur doue. C'etait un homme courageux: c'est lui qui a reussi a exfiltrer hors de Russie le manuscrit de Vassili Grossmann, Vie et destin. Un combattant, dans ses actes comme dans ses ecrits.
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Ivan Tchonkine, c'est sûr, est apparenté au soldat Chveïk. C'est un brave troufion, pas très doué, bon pour les corvées, un peu rustre, à l'air un peu simplet et pas très futé. Ses aventures commencent juste avant la seconde guerre mondiale. On lui a confié la garde de la carcasse d'un avion militaire en panne dans un champ près d'un kolkhoze. Tchonkine, c'est le prétexte à une attaque en règle du système soviétique, avec les situations effarantes qui en découlent, avec les magouilles pour l'avancement et finalement avec la bêtise due à l'incompétence des chefs. La satire est insolente, hilarante. Les chefs noient leur ignorance sous des tonnes de paperasse. En fait, Tchonkine a été oublié dans son champ, il s'est adapté au kolkhoze, s'est mis en ménage avec Nioura la postière. Jusqu'à ce qu'un kolkhozien se fâche et dénonce Tchonkine comme un déserteur qui se cache dans le kolkhoze. Les péripéties se multiplient, l'armée envoie un bataillon complet pour arrêter Tchonkine et stopper une supposée avance allemande. Voïnovitch maîtrise à merveille l'art de transformer une banale situation un peu cocasse en quelque chose de grandiose, les gags s'enchaînent, la situation empire et devient de plus en plus grotesque. En fait Tchonkine est une âme simple, doté de bon sens et placé dans les situations les plus absurdes que puissent créer le quotidien soviétique. Un régal ! Actuellement, le livre est publié en Russie, mais reste problématique, l'humour sur l'armée pendant la dernière guerre a toujours du mal à passer.
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Une âme simple, Tchonkine, dans l'armée rouge, un candide n'ayant pas la fibre militaire ressemblant comme deux gouttes d'eau à un Pithivier/Tassin/Chaudard, mais qui sous d'autres aspects ne démérite pas, notamment en matière de lien social vu la rapidité à se trouver un petit potager et l'âme soeur qui va avec, et, si ses questionnements n'en demeure pas moins simples, ils restent fort pertinents.
Une bouffonnerie féroce à l'encontre de l'état soviétique, tout d'abord envers l'armée d'une rusticité à toute épreuve et submergée de paperasserie et d'intendance et qui visiblement est commandée par des incapables
Bouffonnerie envers ensuite les organismes d'état, syndicats, kolkhozes et leurs camarades représentants, camarades présidents, camarades commissaires du peuples, une société qui se surveille mutuellement et vire à la paranoïa.
Et enfin, surtout, envers les russes eux-même rustauds mal dégrossis, fonctionnaires dans l'âme, pleutres et serviles.
Une bonne étude des moeurs des russes entre eux, entre voisins, entre hommes et femmes, entre maris et épouses, responsables et administrés, commerçants et clients.
La guerre avec "Barberoussa" en arrière fond mais lointaine et diffuse qui de toute façon ne concerne pas Tchonkine ou si peut si ce n'était la méchanceté jalouse de ses coreligionnaires qui va changer un peu la vie pépère de Vania et Nouria sa promise devenue son épouse et faire converger vers le petit village tout un régiment et ses sous-officiers et officiers supérieur: Un final en «Fort Alamo» russe
Un livre étonnamment actuel en général de l'âme humaine et par certains coté très spécifique avec entre autres un exposé par le lettré scientifique de service, sur le cycle d'un engrais naturel que ne renierai pas un écologiste radical moderne.
Un livre très frais, très cocasse avec un comique qui n'a pas prit une ride
Vladimir Voïnovitch utilise toutes les recettes pour faire rire du comique troupier à l'humour fin et subtil en passant par le burlesque et la caricature, bref Voïnovitch fait feu de tout bois.
de petits malentendus (le téléphone a beaucoup de friture) en petits malentendus (incompréhensions de l'âme simple du moujik militaire et slave) l'armée russe s'invente un quiproquo titanesque.
Des scènes, digne de la fontaine, cauchemars de verrats qui festoient et grognent à un mariage cochon, hongre qui philosophe et prend, avant la réquisition, la poudre d'escampette, cauchemars qui prennent au dépourvu les dormeurs.
Des scènes que l'on retrouve un peu dans des films comme «la 7ème compagnie» ou/et «la grande vadrouille» du comique bon enfant mais qui passe très très bien: un régal!
Des quiproquos entre autorité et prévenus, une bagarre de villageois homérique façon Astérix, jeux de mots et utilisation à contre-sens des mots eux-même: un festival sans temps morts.
Derrière ce comique on sent la diatribe forcenée et féroce sans concession avec les plus grands noms de l'URSS et la mère patrie elle-même que Vladimir Voïnovitch tourne en dérision.
Bouffonnerie féroce qui proclame ingénument les absurdités du totalitarisme soviétique et dénonce la pusillanimité de l'être humain. Vladimir, en pratiquant l' autodérision, n'épargne personne dans cette farce haute en couleur, piquante et acerbe.
Il est curieux que la société russe puisse engendrer sans complexe d'une part des auteurs comiques et satyriques comme Voïnovitch, Gogol et Boulgakov et d'autre part des dictateurs comme Nicolas, Staline et Poutine, vraiment très curieux ces slaves!
Note: Quelques analogies de comique sur l'armée. Des scènes très visuelles de Voïnovitch qui sont quasiment universelles et que l'on retrouve dans des films français (ceux-ci sont d'ailleurs antérieurs au livre)
Version française: cela donne au téléphone de campagne «Mirabelle écoute Mirabelle» par R. Lamoureux qui sirote son café. Version slave en 1977, idem mais en plus grossier «Hirondelle, Hirondelle fille de p…. tu vas me répondre oui ou merde...»
Une scène de lit entre Gladychev et Aphrodite son épouse qui ressemble fort à la nuit passée de Stanislas Lefort (Louis de Funeste) et le Major Achbach (Benno Sterzenbach) une situation d' inconfort fort irritant **
Une scène d'interrogatoire où le(les) prévenu(s) ne se rende(nt) pas compte de leur situation et font preuve de désinvolture discutant comme au café**
Stanislas Lefort et Augustin Bouvet (Bourvil), encore, qui se contredisent devant le Major Achbach en version Vladimir Voïnovitch un juif qui s'appelle Staline (Hum! Hum!) et le capitaine Miliaga qui imite l'accent yiddish pour plaisanter: Bonjoul, bonjoul. Dans cette scène par contre le juif ne s'en laisse pas démontrer et fait suffisamment preuve de finesse pour intimider le militaire alors que Lefort et Bouvet en claquent des dents.
Une scène ou Tchonkine confie son fusil à une personne qu'il est sensé surveiller rappelle celle du soldat allemand « Groupir ! » (Michel Modo) qui fait bêtement de même avec Pithivier et celui-ci, tout aussi bêtement, tue une vache.***
Une scène ou deux russes se croyant mutuellement allemands essaient de se comprendre en parlant un sabir allemand ce qui rappelle la scène des «bains turcs» de la grande vadrouille «are you? Да, счастлив. Дерьмо! но ты русский oui heureux! Merde! Mais vous êtes russe !»
Génial !
* «Mais où est donc passée la septième compagnie»... de Robert Lamoureux (1973)
** «La grande vadrouille» Gérard Oury en 1966
** *«on a retrouvé la septième compagnie» Robert Lamoureux en 1975.
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Le brave soldat Chvejk de l'armée rouge. Une charge grotesque et une satire décapante de la société soviétique...........
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C’est une honte camarades une honte ! ...notre camarade Tadykine en personne, a fait preuve d’un manque de camaraderie à l’égard d’une femme en frappant la sienne avec un brancard alors qu’il était ivre, et cela précisément le jour de la Saint-Jean. Tadykine, cela s’est bien produit ? Tu te tais parce que tu as honte. Et nous avons tous honte pour toi. Admettons que ta femme ne l’ai pas volé, tu aurait pu au besoin lui flanquer une copieuse fessée (animation, rires) ou te servir de ta ceinture, personne n’y aurait trouvé à redire. Mais ce brancard, c’est tout de même un peu lourd, tu ne crois pas ?
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Était-ce ou n'est pas, maintenant je ne peux pas dire pour sûr, parce que l'affaire, qui a commencé avec (et s'étend presque jusqu'à nos jours), toute l'histoire a eu lieu dans le village de Rouge, aussi longtemps que le témoin a depuis presque disparu. Ceux qui sont restés, disent-ils différemment, et certains ne se souvenait pas. Oui, pour être honnête, non pas comme c'est le cas de le garder à l'esprit pendant si longtemps. Quant à moi, je rassemblé tout ce qu'il avait entendu sur la question, et a ajouté quelque chose de lui-même, at-il ajouté, peut-être même plus entendre. En fin de compte, cette histoire semblait si étrange que j'ai décidé de le mettre par écrit, et si vous le fera paraître sans intérêt, ennuyeux, voire stupide, broche, et l'impression que je n'ai pas dit.
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Dis moi un peu, quand tu as besoin d’aller quelque part, tu déboutonnes toi-même ta braguette ou tu attends les instructions ?
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Bientôt,sur la place poussiéreuse où se dressait les bâtiments de la direction, ne demeura plus que le seul Tchonkine. Le menton toujours appuyé sur le canon de son fusil, il songeait avec mélancolie aux origines de l'homme.
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