AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 371 notes
Cette vive chronologie de rébellions populaires anglaises et allemandes, du XIV au XVIèmes siècles, qui prend parfois la forme d'une enquête énergique, nous parle de Dieu et de la violence de l'Histoire.
Dieu, quand "Dieu et le peuple parlent la même langue".
A tombeau ouvert, ce récit nerveux et concis, ponctué de mots crus ou poétiques, nous rend proche certains libres penseurs en avance sur leur temps ; qui veulent dépouiller le christianisme de ses oripeaux et de ses rituels, pour revenir au coeur du message biblique, contre les puissants du monde.
Vite lu, ce texte finit en apothéose ; Eric Vuillard les aime, et nous les fait aimer. On rage de voir David tomber contre Goliath, cette fois, mais certainement pas en vain.

(à cette récurrence d'un cri du peuple, assénée et matraquée dans le temps, jamais entendue, on songe à Villiers de l'Isle-Adam et sa nouvelle Vox Populi)
Commenter  J’apprécie          140
La guerre des pauvres faisait à sa parution clairement référence aux Gilets jaunes. Non comme un enrôlement de l'histoire ou une captation de l'actualité, mais pour inscrire les luttes d'aujourd'hui dans une continuité historique, par-delà les révolutions dites bourgeoises qui ont fondé nos sociétés modernes.
Les manifestations des GJ étaient qualifiées de "jacqueries". Eric Vuillard rend justice, dans son style à la fois sec et lyrique, à ces révoltes en apparence confuses, dans leurs raisons comme dans leurs buts, recouvertes dans l'histoire par l'ombre que jettent dessus leurs puissants vainqueurs.
Ce pourquoi ce tout petit livre très puissant, écrit dans un moment particulier, à une valeur universelle et fait écho à chaque combat mené par les pauvres contre les riches, les faibles contre les puissants, tous ceux à qui la défaite est promise et qui font pourtant trembler l'ordre établi.
Commenter  J’apprécie          133
Dans un court livre de 68 pages , Eric Vuillard relate un"soulèvement de "l'homme ordinaire" dans les années 1524-1525 dans le Saint Empire romain germanique.Il relit avec talent L Histoire,esquissant en quelques lignes un cadre historique, social et géographique, montrant la permanence historique et géographique des injustices.Pour le lecteur c'est un bonheur de se plonger dans ce récit à l'écriture cinématographique ,de s'intéresser soudain à des pans de l'Histoire et, guidé par la plume et le regard d'Eric Vuillard ,de constater le caractère universel de ces mouvements révolutionnaires et leur actualité.
Cette rébellion contre les Princes du début du xvie siècle est de même nature que celles qui ont secoué le Kent des siècles plus tôt quand les pauvres paysans se sont révoltés contre les taxes, le servage ,leur chef Wat Tyler est massacré en 1381.Le Roi ne tiendra pas ses promesses.Quand Jean Hus prêche en Bohême il est considéré comme hérétique et brûlé en 1415.
Le livre déroule la vie de Thomas Muntzer dont le père a été pendu.Muntzer partisan de Luther est d'abord prédicateur en Saxe.Il prêche une chrétienté pure, désintéressée qui parle aux pauvres mais déplait aux riches.et au clergé Il prône le contact direct avec Dieu, s'en prend au latin , dit la messe en allemand.La Réforme protestante ébranle l'ordre social.En 1524 la révolte gronde, les châteaux sont rasés en Saxe, en Thuringe.Les Princes mobilisent des armées...
Commenter  J’apprécie          110
Livre après livre, Eric Vuillard renouvelle la figure de l'écrivain engagé. Même s'il a entamé l'écriture de ce livre avant le début du mouvement des gilets jaunes, sa parution début janvier n'est pas fortuite et résonne avec l'actualité sociale. Que ce renouvellement se fasse en se penchant sur des évènements des XIVème et XVIème siècles me semble intéressant.
Vuillard crée un récit à partir de sources historiques. Il incorpore les faits historiques dans un récit raconté de manière très contemporaine (dans un style parfois relâché et décalé comme ceci : "on ne sait pas s'il avait pris une mornifle ou le coin d'une bûche sur la gueule"). Il rajoute ici et là de quoi faire tenir debout son histoire mais il ne prétend pas écrire une fiction. Son histoire tient en un peu plus de 60 pages seulement. Je suppose que la documentation disponible ne permettait pas d'en faire beaucoup plus. Et cela permet de s'en tenir à l'essentiel, en ne s'appesantissant guère sur les échecs des rébellions qu'il décrit et en pouvant conclure sur une note d'espoir, sur une promesse d'une victoire à venir.
Ce que Vuillard décide de faire saillir de son récit, même de manière anodine, n'est justement pas anodin. Dans le récit historique, il met en avant plusieurs fois le sujet du choix de la langue vernaculaire dans les célébrations ou les textes chrétiens par opposition à l'usage habituel du latin. le langage est présenté ici par Vuillard comme instrument de l'exercice du pouvoir ou au contraire comme moyen de libération. Et il me semble que cette problématique du langage propre au pouvoir ou à l'élite est tout à fait actuelle. Autre exemple lorsque Vuillard évoque la naissance de l'imprimerie en Allemagne. Il ne fait aucun développement didactique sur le sujet mais on comprend le rôle essentiel qu'a joué l'imprimé dans les tentatives d'émancipation. Et derrière cette évocation de l'imprimerie, je vois une réflexion de Vuillard sur sa propre figure d'écrivain et sur la capacité de la littérature à dire le monde et à penser un monde alternatif.
Commenter  J’apprécie          110
Le dernier livre d'Éric Vuillard est le bienvenu car il fait assurément écho à notre actualité. « La guerre des pauvres » semble rendre aujourd'hui justice et dignité aux perdants de tous les temps, aux victimes immémoriales de violences inouïes et toujours recommencées.


Il est question dans ces quelques dizaines de pages de l'Europe du XVIe siècle, une Europe ébranlée par le message de la Réforme protestante. le Saint Empire germanique est le théâtre d'une surrection populaire, d'un soulèvement puissant contre un impôt insupportable. Aussi, l'auteur met ses pas dans ceux de l'incandescent Thomas Müntzer prônant la révolution des humbles et l'établissant d'une religion sociale contre les princes. En racontant cette révolte de 1525 et en l'inscrivant dans un mouvement plus vaste, il a choisi de l'exposer à nos propres préoccupations, à nos propres désirs. Avec « 14 juillet », « L'ordre du jour » (prix Goncourt 2017) et aujourd'hui « La guerre des pauvres », c'est du coup toute une littérature, adossée aux mouvements émancipateurs, qui fait trace de l'histoire collective des luttes contre la domination et les inégalités.


Le texte lyrique, subversif est court et incisif. L'écriture extrêmement précise, inventive est une force agissante qui permet de revivre les évènements victorieux ou défaits qui ont accouché du progrès social. Les phrases d'une superbe brièveté ont une indéniable assurance, elles rendent ainsi inévidentes nos évidences les plus quotidiennes : la violence émancipatrice est parfois légitime ! Eric Vuillard se laisse emporter par le courant d'aujourd'hui, il se laisse embarquer par le mouvement général où s'affirme l'égalité profonde, nécessaire entre les hommes. Il est aussi un incorrigible optimiste puisqu'il clos son fort beau texte par cette phrase : « le martyre est un piège pour ceux que l'on opprime, seule est souhaitable la victoire. Je la raconterai. »
Commenter  J’apprécie          110
J'aime toujours beaucoup la précision de Vuillard cependant ce livre m'a légèrement déçu car indépendamment du style, on trouve à peine plus d'infos sur les protagonistes que dans Wikipédia.. Dommage. J'en attendais davantage et plus long, ce qui me fait dire que c'est peut-être l'éditeur qui a poussé pour qu'il sorte pendant la crise des gilets Jaunes. Et que peut-être que Vuillard aurait bien aimé le travailler davantage..
Commenter  J’apprécie          110
"Il veut en finir avec la pompe et ce luxe de chien"
Thomas Müntzer, né vers 1489 à Stolberg dans le Harz (Allemagne actuelle) était l'un de ces prédicateurs instruits, connaissant le latin. L'imprimerie permettait depuis peu de diffuser en plus grand nombre des textes que les copistes auraient du écrire pendant plusieurs années.
Zwickau est une petite ville, au coeur d'un pays de mines et tissages. Les ouvriers fabriquent des draps de qualité. Comme toutes les villes, elle est partagée entre deux populations, patriciens et plèbe, bourgeois et ouvriers...
Un autre partage de population se fait jour, un partage entre catholiques d'une part, et partisans d'Erasme et de Jean Hus d'autre part....la messe en latin et ses pompes, d'une part et la prière en allemand d'autre part..la parole divine propriété des curés et la célébration comprise de tous.
Premières guerres de religion, premiers affrontements pour des idées...un affrontement qui verra des prédicateurs comme Thomas Müntzer proposer "un monde sans privilèges, sans propriété, sans État" une parole qui séduit les plus pauvres...des plus pauvres qui s'élèveront contre les puissants, qui prendront les armes, les fourches et feront vaciller le pouvoir, galvanisés par les sermons de Thomas Müntzer.
"Si Dieu avait condamné certains hommes à vivre dans la servitude et d'autres à vivre libres, il les aurait sans douté désignés."
C'est cet affrontement, dans les années 1520, l'un des premiers, entre seigneurs détenant le pouvoir et plus pauvres, instruits par Thomas Müntzer qu'Éric Vuillard nous conte. Affrontement entre latin et allemand, affrontements entre riches et pauvres...affrontement à l'issue duquel Thomas Müntzer perdra la tête
Un texte court, un petit bijou, lu en peu de temps, qu'on prend plaisir à relire, un texte qui fait écho avec d'autres temps, d'autres émeutes populaires..et presque avec notre actualité. Ce n'est pas en coupant la tête des meneurs qu'on stoppe une révolte...l'histoire nous le rappellera plusieurs siècles plus tard.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          100
Ce court récit au style vigoureux et enthousiaste m'a beaucoup appris sur la révolte des pauvres et des laissés pour compte contre les autorités seigneuriales et ecclésiastiques du 14 au 16 ème siècle. Il offre une excellente base pour approfondir l'histoire de ces nouveaux courants spirituels et politiques d'Angleterre et d'Allemagne : ils sont nés de l'indignation devant le faste inouï de seigneurs laïques et religieux vivant de prédations et d'impôts iniques c'est-à-dire de tueries, de pillages et d'extorsions.
J'ajoute que le sens de l'honneur volontiers prêté aux seigneurs s'est démenti tout au cours de l'histoire, cette classe s'étant illustrée par une particulière brutalité envers ses vassaux, ses rivaux politiques et territoriaux, sa cruauté sur les champs de batailles, considérée à l'époque comme normale (viols, massacres, mises à sac) sa particulière cupidité et son étonnant manque de respect de la parole donnée.
Commenter  J’apprécie          100
Un ouvrage court une magnifique écriture didactique
Entre passé et présent.
Magnifique
Commenter  J’apprécie          100
Décidément, Vuillard et moi, ça ne fonctionne pas. Ce livre court décrit principalement les révoltes populaires au 16eme siècle en Allemagne. La démarche de l'auteur est sensée évoquer les gilets jaunes... Drôle d'idée et drôle de sujet.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (702) Voir plus



Quiz Voir plus

Kiffez Eric Vuillard !

La première fois que j'ai rencontré Eric, il m'a dit d'un ton péremptoire, la question n'est pas ...?...

Une sinécure
Sujet à débat
à L'ordre du jour
Digne d'intérêt

10 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : Éric VuillardCréer un quiz sur ce livre

{* *}