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sur 371 notes
" La guerre des pauvres" d'Eric Vuillard (68p)
Ed. Actes Sud

Bonjour les lecteurs ....

ATTENTION ... Voici le dernier bébé d'Eric Vuillard et c'est UNE PEPITE !

Ce petit opus raconte, en 68 pages, la révolte paysanne allemande de 1525, autour de Thomas Müntzer.
Révolte qui a fasciné, par la suite, Friedrich Engels et Karl Marx.

Thomas Müntzer, a 15 ans lorsqu'il assiste à la pendaison de son père.
Dans un pays ou la Réforme se met en place ainsi que l'imprimerie, il devient un prédicateur mystique,et va essayer de soulever les paysans et les masses laborieuses contre les princes et ecclésiastiques.
Il préconise l'accès aux texte saints dans une langue compréhensible de tous et un partage des richesses, ce qui fait gronder les nantis.

Vuillard ébauche également les révoltes paysannes qui ont sévi en Angleterre un peu avant cette époque.

Bienvenue dans l'histoire de la guerre des pauvres, des exaspérés, racontée sur un rythme endiablé.
Ce sont les anonymes, les "sans noms" , les soulèvement des hommes ordinaires qui font changer L Histoire...ne l'oublions jamais.

Certains y verrons un clin d'oeil au combat mené par les gilets jaunes ...le combat actuel regroupe-t-il les mêmes idéologies? Est-ce vraiment une guerre des pauvres? c'est discutable, et je ne me prononcerai pas.

Savoureux et décapant, ce mini récit se déguste, se savoure petit à petit comme une truffe au chocolat.
Une bombe!

Quelle prouesse en 68 pages et quelle fin !
tout c'est passé trop vite .. ce récit mériterait une relecture .. une re-relecture
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Éric Vuillard nous raconte la vie et la révolte de Thomas Müntzer dans ce livre très court. L'histoire de cet homme sonne comme un écho aux évènements actuels.

J'avoue que je ne m'attendais pas à lire une mini biographie sous couvert d'étude sociologique des laissés-pour-compte et des puissants. Ça manque de consistance et d'une réflexion plus poussée. Je n'ai pas été subjuguée par cette lecture qui, si elle n'en est pas moins intéressante, n'est pas passionnante.
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L'immuable brisé

Les exaspéré·es, les insurgé·es contre l'état de servitude. D'autres avant elles et eux, d'autres plus tard, contre l'esclavage et la colonisation. Espérance d'hier comme du présent pour un monde plus juste, pour l'égalité et la liberté. Thomas Müntzer, l'invention de l'imprimerie, « Et les livres s'étaient multipliés comme les vers dans le corps », le baptême volontaire et conscient, les polémiques et les argumentations, « ils veulent se tenir nus dans la vérité », les passions, le luxe des ministres de Dieu, la bible enfin accessible à la raison humaine…

Retour dans le temps, John Wyclif, la relation directe entre les hommes (qu'en était-il des femmes ?) et Dieu, la désignation du pape par tirage au sort, le refus de la « transsubstantiation », l'égalité des hommes (qu'en était-il ici aussi des femmes ?) et le refus de l'esclavage, la langue commune contre la langue des prêtres, « Nous sommes la misère, nous errons entre le désir et le dégoût », l'Eglise de Rome et la haine tenace, John Ball, la fiscalité et la révolte sociale, la revendication de l'abolition du servage, « la liberté pour les serfs, la levée des taxes, une amnistie générale pour les rebelles », la révolte matée…

« ET CE N'EST PAS la fin de l'histoire. Ça n'est jamais fini », en Bohème, le pape des catholiques et ses bulles, les mots sont dits de nouveau : « ni par l'argent ni par le pouvoir ni par les princes », l'émeute, Jean Hus brulant comme le coeur, le Manifeste de Prague, en finir avec la pompe et ce luxe de chien, la Protestation et l'adresse aux Juifs, aux païens, aux Turcs, le monde entier…

Les paroles, la langue de celleux qui ne savent pas lire, « Et ce n'est pas insulter Dieu que de lui demander gentiment de parler notre langue », le glaive de l'égalité, les princes impies et la destruction des royaumes, des injures cocasses, la réfutation du possible changement à l'amiable…

La parole et la négation, « Les exaspérés sont ainsi, ils jaillissent un beau jour de la tête des peuples comme les fantômes sortent des murs », le soulèvement des ordinaires, la respiration du monde s'est accélérée, « il faisait jour sans cesse »…

Des lettres et des lectures, Karl Kautsky, Ernst Bloch, Friedrich Engels. La guerre et les attentes, les négociations et les traîtrises. « Les querelles sur l'au-delà portent en réalité sur les choses de ce monde », les mots, les convulsions des choses, les guerriers en guenilles, un cri ou une clameur…

Personne ne sait raconter les histoires vraies, « Ces légendes scélérates ne viennent courber la tête des renégats qu'au moment où leur est retirée la parole », soudain une hache tranche un cou. Attention cependant nous dit Eric Vuillard « le martyre est un piège pour ceux que l'on opprime, seule est souhaitable la victoire »

Cette mémoire – les fantômes sortant des murs – contribue à entretenir les flammes de l'espérance. Nous n'en avons ni fini avec la servitude ni avec l'exploitation domestique des femmes ni avec l'exploitation des salarié·es… Des cris venant du passé nous ouvrent encore des fenêtres sur le soleil chaud de l'espérance… L'auteur s'est engagé à nous raconter la victoire…

« Nous ne devons pas dormir plus longtemps »

Lien : https://entreleslignesentrel..
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Un récit (pas roman, ce serait vulgaire pour un Goncourt!) sur les révoltes pauvres et protestantes qui ont secoué l'Europe.
De ce titre, je ne retiens que la jolie plume d'Eric Vuillard. Pour le fonds, il ne fait malheureusement qu'évoquer, effleurer des points déjà connus ou méconnus mais comme rien n'est approfondi, ça ne change pas grand chose! Bien sûr cela fait écho eux mouvements de protestations actuels mais peut-être que l'éditeur, au lieu de jouer sur la "coïncidence des dates" aurait pu faire bosser son auteur! Un manque de densité qui permet de lire une heure ce texte court qui vous fera pourtant briller en société.
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Il y a chez cet auteur une écriture très particulière, à la fois exigeante et drôle, et une façon de nous raconter posons forme d'anecdotes les grandes lois et répétitions de l'Histoire.
Avec La guerre des pauvres il aborde la révolte du peuple par un axe surprenant : l'insurrection paysannes en Allemagne au 16ème siècle. de la colère d'un homme (Thomas Müntzer) contre les privilégiés et son indignation face à l'inégalité et d'une étincelle (un impôt jugé injuste), Eric Vuillard met en lumière les prémices de la rébellion qui trouve ses racines dans des épisodes violents antérieurs, l'embrasement et la répression arbitraire, sans aucune remise en question d'un monde qui vacille.
La parution de cet essai pendant la crise des Gilets Jaunes a nourri les critiques d'opportunisme , ce qui m'importe peu au vu de l'intelligence du texte et de la précision de la démonstration. Son travail de recherche pour sortir de l'anonymat ces personnages historiques et rendre aux invisibles leur légitimité devrait nous inciter à regarder le monde d'aujourd'hui par un autre prisme...
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Vuillard interroge la radicalité folle de Thomas Müntzer. En re-racontant son histoire, en transformant le personnage historique en personnage de fiction dont on doit penser les actions, expliquer les choix et décrire les mouvements, peut-être obtiendra-t-on les clés pour comprendre la genèse d'un enragé révolutionnaire ? le récit relève d'un genre qu'on pourrait appeler "bio-fiction", sur le modèle par exemple des Vies imaginaires de Marcel Schwob. L'enjeu principal est de remplir les interstices du récit événementiel tiré des sources historiques, de combler, d'expliquer les causes et motivations des personnages par une certaine déduction sociale, psychologique, etc. Il y a une certaine ressemblance avec le processus de Zola, exposé dans son essai le Roman expérimental, mais inversé, car ce dernier l'applique à des personnages de fiction, donnés, en vue de déduire les événements qui vont logiquement se dérouler. Dans une démarche littéraire semblable, Jérôme Ferrari dans le Principe, cherche à comprendre la position trouble du physicien Heisenberg pendant l'Allemagne nazie, et tente de reconstituer ce qu'ont pu être ses questionnements philosophiques, ses dilemmes…

Le récit entre finalement peu dans la fiction. le narrateur s'imagine quelques micro-scènes, émet quelques hypothèses sur son personnage... L'écriture est caractérisée par un usage généralisé de la modalisation (conditionnel, précautions oratoires...). On entre pas vraiment dans le personnage. L'auteur pose seulement quelques traits, comme par pudeur. Comme s'il souhaitait juste rematérialiser brièvement cet intrigant personnage pour le reconsidérer. On entend parler de lui, on se rend en Allemagne, on entre, on approche de sa chaire, éclairée d'une lumière douce. On capte quelques bribes de discours, les mots sont lourds de sens, mais chaleureux, finalement, ça ne crie pas autant qu'on l'imaginerait. Prudence narrative, Vuillard suggère : une esthétique de l'esquisse. Cela a pour effet d'adoucir son personnage. La simplicité du trait, la légèreté du récit, accompagnée d'une touche de pitié, illustrent la naïveté qu'on prêterait volontiers au personnage, un idiot de Dostoïevski. Thomas Müntzer, reste en effet dans l'histoire comme une incarnation de l'excès menant à la folie, de la naïveté de l'idéalisme menant à l'erreur, de la radicalité menant au massacre… Mais le ton délicat de l'auteur est lourd d'ironie et cache une critique acerbe du cynisme des analystes historico-politiques, qui font le jeu des oppresseurs et de l'injustice en rangeant systématiquement les âmes révoltées dans la case des doux rêveurs. Thomas Müntzer apparaît comme un homme sensible, profondément intègre, expert dans sa connaissance des Évangiles, engagé corps et âme auprès du peuple et finalement balayé par la dureté de l'histoire des vainqueurs. Héros du peuple, abattu par les pouvoirs corrompus, comme un Che, un Lumumba… ou bien-sûr comme Jésus de Nazareth même ! Sa lecture du Nouveau Testament, choquante même pour la Réforme de Luther (qui passa un accord avec les princes pour écraser la révolte et sauver sa Réforme), rejoint l'interprétation du jongleur médiéval de Dario Fo (dans Mystère bouffe) : Jésus était moins un théologien rigoriste qu'une figure d'agitateur politique, favorable au petit peuple ; son royaume de Dieu n'était pas l'attente d'un dévoilement (apo-calypse) futur à la fin du monde, mais bien l'appel à une révolution concrète ici et maintenant contre un pouvoir oppressif (romain), des élites et des institutions religieuses complices (prêtres et pharisiens), une morale sévère pour les pauvres mais lâche pour les grands…
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Quelle cadence dans ce livre d'Eric Vuillard La guerre des pauvres ! La cadence est haletante mais le récit est court. La cadence est peut-être le miroir de l'urgence que doit poser notre société sur la situation des pauvres d'aujourd'hui. L'écrivain semble faire un parallèle avec la situation des pauvres du XVIème siècle en Allemagne et leur soulèvement qui a amené à l'insurrection dans ce pays, suivie en Suisse et en Alsace avec notre société, le soulèvement des « gilets jaunes ».
Il y a une forme de besoin express de raconter dans ce livre, vite, bien, mais sûrement, cette insurrection que l'on doit à Thomas Muntzer qui avec une fervente foi humaine et religieuse amena le peuple à le suivre contre la puissance des riches, contre les princes.
L'imprimerie permet au XVIème siècle la diffusion de la Bible et surtout son interprétation. Muntzer pousse le peuple à s'insurger contre les pouvoirs des riches donnant sa propre interprétation de la Bible qu'il « existe une relation directe entre les hommes et Dieu ». La Bible est l'objet de toutes les controverses d'interprétation.
Cette révolte connait une fin tragique sur laquelle nous met certainement en garde Eric Vuillard. La violence ne résout rien.
Quelle concision ! On le lit, on le relit.
La voix du soulèvement est présente - la voix de l'urgence - la voix de l'impératif - la lutte sociale pour mieux équilibrer les richesses. Ce livre est un livre de notre actualité.
A lire !!!
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J'ai préféré l'Ordre du jour, peut-être parce que je suis plus au fait des événements qui s'y déroulent que ceux de la guerre des pauvres. Mais j'ai apprécié la présentation de Müntzer, qui prend graduellement conscience de sa condition. Et on ne peut nier que ce récit historique est dans l'air du temps en ce printemps 2019.
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Après 14 juillet, Éric Vuillard poursuit son histoire de la révolte avec La guerre des pauvres, récit effréné et passionnant qui ne manque pas de résonances avec le monde d'aujourd'hui. C'est dans l'Angleterre obscure du XIVe siècle que tout commence. En 1374, John Wyclif, théologien précurseur de la Réforme, affirme que Dieu et le peuple parlent la même langue, et s'empresse de traduire la Bible en anglais populaire. Avec ses disciples, il remet en cause la richesse de l'Eglise et des nobles, gagnée sur l'exploitation du travail des paysans. Dans les campagnes exsangues ravagées la crise, sa doctrine met le feu aux poudres : des centaines de milliers de paysans se soulèvent, direction Londres, où ils seront violemment réprimés par le pouvoir. Allemagne, 1524, rebelote. Écrasée par les dettes et l'exploitation excessives des biens, la classe paysanne part en guerre contre l'inégalité des privilèges, embrasant le Saint-Empire romain germanique. Portés par la voix charismatique du protestant radical Thomas Müntzer, les insurgés revendiquent la fin des hiérarchies sociales et religieuses, avant de se faire massacrer en une seule et ultime bataille.
En se rangeant du côté de ceux qui réclament la justice sociale, Éric Vuillard capte le présent pour mieux regarder le passé. Ciselé, habile, puissant, La guerre des pauvres écrit l'histoire populaire d'une colère qui n'en finit pas. L'air de rien, le discret Éric Vuillard vient de sortir une petite bombe sur le ras-le-bol actuel.
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Une redoutable lecture échevelée de la révolte paysanne allemande de 1525, autour de la figure charismatique et obsessionnelle de Thomas Müntzer. Savoureux et décapant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/01/14/note-de-lecture-la-guerre-des-pauvres-eric-vuillard/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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