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3,61

sur 371 notes
Un petit livre ( en épaisseur), mais un écrit très dense, très rapide, comme un souffle dévastateur, comme l'esprit de révolte qui est né chez Müntzer, le prédicateur idéaliste (?).
Je dirais plutôt clairvoyant ; en tout cas , c'est ce que démontre Eric Vuillard, avec cette rare éloquence qui lui est propre. L'accès à la connaissance , ici avec la diffusion de la Bible, provoque le réveil des consciences, avec les conséquences qui n'ont guère changé au cours des siècles...
Au delà de son intérêt porté à une page d'histoire à l'issue fatale, l'auteur ne veut-il pas nous inciter à "lire" notre actualité ?
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L''histoire ou une histoire de Thomas Müntzer nous est contée, il y a bien longtemps ....
Au commencement, ( voir * pour quelques précisons ), vers les années 13.. quelques choses, les personnages se suivent, John Wyclif, John Ball, Wat Tyler, John Cade, John et William Merfold, Jan Hus, avant de revenir à Thomas Müntzer.
Et quand Müntzer rencontre Melanchthon (humaniste, philosophe et réformateur protestant allemand).... on sourit pour l'homonymie du nom .... pas l'homonymie de la carte de visite !

Des précisions historiques se succèdent, un peu embrouillées, lassantes, plutôt vagues, n'apportant pas vraiment plus de précisions que Mejesaistout.

Ce livre pourrait être un cours d'histoire ennuyeux qui nous raconte comment les pauvres ont essayé de vaincre les fortunés dans les temps anciens,
Ce livre pourrait être un relevé encyclopédique reprenant ce que l'on sait, ce qu'il est resté ou ce qu'on a cru retrouvé sur les révoltes des siècles passés,
Ce livre pourrait être un plaidoyer ou une apologie de ses révoltes qui ont émaillé notre histoire.

Ce livre n'est finalement qu'un raccourci d'un peu tout cela, un article de presse élitiste pour égayer notre curiosité intellectuelle en ces temps de crise ou de mal être ....
Bien sûr, le style est là, tout est ronflant, plaisant, fort imagé, on se ballade à travers les siècles avec beaucoup d'élégance mais ne nous y trompons pas et ne cherchons pas à y retrouver une similitude avec ce que nous vivons actuellement qui n'est qu'une manifestation de mauvaise humeur comme une autre sur le mal être d'une classe moyenne inférieure cataloguée comme telle et qui en a marre de ce qualificatif.

Ce n'est pas la suite de la guerre des pauvres, aucun prédicateur n'est là pour lui donner un peu de résonance, notre Melanchthon n'est pas à la hauteur, il est pitoyable et ceux qui essaient d'émerger au travers des réseaux sociaux ne sont que des individus manipulés, inconscients et prêts à dire n'importe quoi pour espérer être reconnu comme "meneur" !
il n'y a aucune espérance au bout de tout cela juste l'expression d'un mal de vivre.

La conclusion du livre est à l'image du texte :
"le martyre est un piège pour ce que l'on opprime, seule est souhaitable la victoire. Je la raconterai."
68 pages pour nous raconter la guerre des pauvres .... quel gâchis !
Je crois qu'il est pédant de pouvoir prétendre raconter la victoire des pauvres un jour ?

*L'histoire commence avant,
On rencontre John Wyclif, 1330-1384, théologien anglais, précurseur de la réforme anglaise, appelé "l'étoile du matin de la réforme". Ses principes résumés :
La référence c'est les écritures, plus de prélats,
Les papes doivent être nommés par tirage au sort,
L'esclavage est un pêché,
Le clergé doit vivre dans la pauvreté,
La transsubstantiation est une aberration mentale,
Et le comble les hommes sont égaux.

Puis John Ball, mort en 1381, l'histoire n'a pas retenu la date de sa naissance, prêtre anglais et figure importante de la révolte des paysans. Il prêcha contre les riches et les grands. Au XIX il fut considéré comme l'un des précurseurs du socialisme britannique.

Puis Wat Tyler, mort en 1381, l'histoire n'a pas retenu la date de sa naissance, paysan anglais, qui a pris la tête d'une révolte des siens en lutte contre les impôts excessifs. Il n'est pas l'instigateur de la révolte des paysans mais il en a certainement été le fer de lance.

Puis John Cade, 1420 ou 30- 1450, révolutionnaire anglais, chef d'une révolte populaire qui fut certainement le plus grand soulèvement populaire qui eut lieu en Angleterre au XVe siècle.

Nous croiserons aussi la route de John et William Merfold dont Mejesaistout n'a même pas la trace en français de ce que fut leur vie,

Après l'Angleterre nous voici partis en Bohême avec Jan Hus, né entre 1369 et 1373, mort en 1415, théologien, universitaire et réformateur religieux. le protestantisme voit en lui un précurseur.

Et nous voici revenu enfin au sujet principal de la guerre des pauvres :
Thomas Müntzer, né en 1489 ou 90-1525, prédicateur évangélique anabaptiste, un des chefs religieux de la guerre des paysans en Allemagne au XVI e siècle, dirigeant révolutionnaire et l'un des grands protagonistes de la réforme radicale.
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Thomas MÜNTZER n'a pas laissé une trace indélébile dans l'Histoire et Éric VUILLARD le regrette. Aussi, en de brefs chapitres nerveux et en moins de 70 pages, il va nous tirer un portrait au plus juste du gus.

Mais n'allons pas trop vite : MÜNTZER va agir au XVIe siècle, or VUILLARD tient absolument à nous rappeler qu'en matière de révoltes paysannes de masse (puisque ce sera le sujet principal du récit), c'est bien l'Angleterre qui semble avoir donné le coup d'envoi dès le XIVe siècle avec un certain John WICLYF, rapidement ratatiné par le pouvoir. John BALL lui succède, occis à son tour, avant que Wat TYLER tâte de la révolte, dirigeant une véritable armée, TYLER reçu par un roi de 14 ans, avec un carnet de doléances long comme le bras. TYLER passe l'arme à gauche, en pleine émeute. Fin de la révolte. En 1450 toutefois les hostilités reprennent avec de jeunes rejetons pleins d'espoir et de hargne. Parmi eux Jack CADE. Défuncté à son tour. Il ne fait pas bon être du mauvais côté du manche chez les Britanniques. Les émeutes se déplacent, envahissent l'Europe. C'est Jan HUS qui lève le peuple contre son autorité à Prague, des révoltes s'ensuivent, Prague brûle. HUS également.

Mais c'est vers 1520 que quelque part en Bohème, du côté de Zwickau, d'où il ne va d'ailleurs pas tarder à être chassé, un exalté du nom de Thomas MÜNTZER a décidé d'en découdre avec le pouvoir. Mêmes scénarios que plus tôt en Angleterre ou vers Prague. Alors que LUTHER commence à se tailler une réputation assez solide, MÜNTZER se transforme en prédicateur, harangue les foules, appelle à l'insoumission, à la rébellion, au soulèvement. Il donne la messe en Allemand (hérésie suprême), y lit la Bible enfin en circulation – en allemand itou. Son père a été exécuté dans des circonstances obscures vers 1500. Aussi MÜNTZER semble habité d'une rage héréditaire. Il va plus loin : il en appelle aux meurtres des puissants : « Qu'ils se battent ! La victoire est merveilleuse qui entraîne la ruine des puissants tyrans impies ». Ou encore « Ce sont les seigneurs eux-mêmes qui font que le pauvre homme est leur ennemi. S'ils ne veulent pas supprimer les causes de l'émeute, cela pourrait-il s'arranger à la longue ? Ah ! Chers sires, qu'il sera beau de voir le seigneur frapper parmi les vieux pots avec une verge de fer ! Dès que je dis cela, je suis un rebelle. Allons-y ! ».

Puis vient la terrible bataille de Frankenhausen. 4000 morts. Dont MÜNTZER. Décapité à 35 ans après avoir été arrêté et sommairement jugé. On dit que vers la fin il n'a pas été correct. L'auteur, sans pourtant de preuve à fournir, réfute cette version.

En un court récit très dense, VUILLARD fait avec brio revivre, non seulement la courte épopée de Thomas MÜNTZER, mais bien les premières révoltes paysannes massives de l'Histoire. C'est instructif, passionnant, le style acéré et cynique de VUILLARD fait encore des merveilles, la thèse est documentée, nous envoie des informations en mode mitraillette sans perdre de vue de rendre l'affaire haletante comme un bon roman d'aventures. Comme toujours, c'est du grand art.

Ce bouquin a su se faire attendre : tout d'abord prévu le 3 octobre 2018, il fut ajourné sans plus de précisions, puis annoncé pour mi-janvier 2019. Quasiment au dernier moment, on apprend qu'il sort en fait le 4 janvier, le service comm' semble s'être un brin emmêlé les crayons. Quoi qu'il en soit, nous avons été récompensés pleinement d'avoir été patients, VUILLARD a encore réussi à la perfection là où tant peinent. C'est sorti chez Actes Sud dans la chouette collection Un endroit où aller. Pour moins de 10 balles, vous avez le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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N°1628 - Février 2022

La guerre des pauvresEric Vuillard – Actes sud.

Ce petit livre passionnant refermé, j'ai à nouveau l'impression que Thomas Munster a été comme de nombreux prédicateurs religieux la victime de sa foi. Devant le spectacle de la société saxonne de cette fin du Moyen-Age, il s'est insurgé contre l'Église et les puissants, come d'autres avant lui en Europe. C'est vrai qu'il y avait de quoi tant la société était inégalitaire et les prélats beaucoup plus occupés à amasser des richesses et du pouvoir qu'à diffuser la parole de Dieu et à respecter les préceptes de l'Évangile. C'est donc de bonne foi, au nom des prophètes de la Bible et logiquement qu'il a sermonné ses fidèles, les incitant à la révolte.
Il y a été aidé par l'imprimerie qui vulgarisa ses écrits, se mit à la portée du peuple, des paysans, des ouvriers, des pauvres, traduisant la bible, disant la messe en allemand et replaçant le latin par la langue vulgaire, ce qui permet la compréhension et donc la contestation. Son appel à la révolte le fait expulser des villes où il officie, fait des émules et, paradoxalement, le transforme en chef de guerre. Mais un prêtre n'est pas un stratège militaire et il est facilement défait face aux puissants sans que Dieu pour qui pourtant il se battait ne fasse rien pour lui. Il terminera sur le gibet.
Eric Vuilllard reprend sa belle plume d'historien pour un épisode peu connu mais significatif de l'espèce humaine avec son hypocrisie, sa violence, son mysticisme, son utopie, le con servatisme face au progressisme.
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De Vuillard, j'avais déjà lu et apprécié, 14 juillet et l'Ordre du Jour.
Ce court récit est plus proche dans la forme de 14 juillet.
J'y retrouve "le bruit et la fureur" de ce précédent récit. Mais avec un éclairage bien différent.
Ici, nous est raconté, avec, à nouveau, ce style si percutant, dynamique, et d'une grande puissance d'évocation, comment au Moyen Âge, d'abord en Angleterre, puis en Tchéquie et en Allemagne, la lecture directe de la Bible, grâce à sa traduction du latin, puis au début de l'imprimerie qui en permet la diffusion, servira de catalyseur à des hommes, principalement des prêtres comme Thomas Müntzer. Ceux-ci comprendront le message impérieux de partage des richesses qui est, il faut bien le dire, le message du Christ dans l'Evangile (on ne le croirait pas quand on voit l'histoire de L'Eglise Catholique et Romaine, et encore même maintenant, les fastes du Vatican).
Ceci amènera Müntzer à vouloir changer l'ordre des choses, à demander aux Princes et au Clergé, d'abord par la prédication puis par le conflit armé, un partage équitable des richesses. Cette guerre des pauvres était perdue d'avance, bien sûr.
Et malheureusement, il faut bien dire que tous les "grands soirs" révolutionnaires qui, depuis lors, ont essayé d'abolir les privilèges, les inégalités, en France ou ailleurs, n'ont abouti qu'à de terribles solutions totalitaires, elles meme broyeuses des humains.
Évidemment, dans ce récit, même s'il est plein d'érudition, le propos d'Eric Vuillard n'est pas d'historien mais de "politique".
Car tout cela résonne bien étrangement à notre époque où quelques centaines d'individus, le plus souvent indépendants des états, possèdent la moitié des richesses de la planète. Ce ne sont plus des rois, des princes ou le clergé, mais des riches multinationaux, trop éloignés, trop abstraits, je trouve, pour le combat des pauvres d'aujourd'hui, qui en sont réduits à se battre contre leurs gouvernants...qui n'ont, en réalité, ni tout le pouvoir, ni toute la richesse. N'est ce pas pire?
Seul reproche au livre, c'est d'être un peu court et de se terminer de façon abrupte, comme s'il nous annonçait une suite...qui n'est pas là.
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1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l'Allemagne. L'insurrection s'étend, gagne rapidement la Suisse et l'Alsace. Une silhouette se détache du chaos, celle d'un théologien, un jeune homme, en lutte parmi les insurgés. Il s'appelle Tomas Müntzer. Sa vie terrible est romanesque. Cela veut dire qu'elle méritait d'être vécue ; elle mérite donc d'être racontée.
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Avec 68 pages Éric Vuillard, exprime toute sa rage et son désespoir face aux révoltes qui ont traversé le XVI° siècle. On est loin de la vision de l'histoire dont j'ai gardé quelques souvenirs de mes années lycée. Les conditions d'extrême pauvreté engendrent des révoltes très violentes. Et quand en plus, les populations sont soumises à une religion qui dans les textes d'origine demande à ses disciples de reconnaître son frère dans le plus pauvre des humains on comprend que certains se demandent : « Où est le voeu de pauvreté dans l'opulence de l'église de leur époque ? ». Et puis, Gutemberg invente l'imprimerie, alors tout le monde pourra lire la Bible dans le texte et constatera que l'église les trompe lourdement. Il n'est plus besoin alors de se soumettre mais bien plutôt de se révolter et de revenir aux sources du christianisme. Livre incandescent et soutenu par un style incantatoire. Il se lit très vite, mais ne s'oublie pas de sitôt. Si l'imprimerie a permis le schisme protestant, c'est bien l'arrivée de l'internet qui soutient les révoltes actuelles. La soumission et la pauvreté engendrent toujours des mouvements violents, ils sont souvent réprimées énergiquement également mais beaucoup moins qu'au XVI° siècle.
Lien : http://luocine.fr/?p=10624
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Eric Vuillard est un écrivain érudit et passionnant.
Ses romans sont souvent courts comme L'Ordre du jour ou La guerre des pauvres
Mais il sont d'une richesse et d'une finesse d' écriture peu communes
Ici, il s' agit de Thomas Muntzer , de la révolte des paysans sur fond de Réforme Luthérienne vers 1525
Le sujet peut paraître ardu ou spécialisé.Il n'en est rien .
Eric Vuillard place son récit dans un contexte historique plus vaste, cette époque de transformation politique et religieuse qui marquera à jamais l ‘ Europe
Il a surtout un don rare: celui de nous immerger dans un contexte historique avec un minimum de mots, toujours judicieusement choisis
Son texte est très travaillé tout en restant accessible
Le contraire absolu d'un Ken Follett (que je lis en parallèle) qui a besoin de mille pages, plutôt mal écrites, pour essayer de nous faire comprendre, par exemple, le contexte de la Première Guerre Mondiale
Éric Vuillard écrit pour les lecteurs curieux et exigeants
Heureusement, son prix Goncourt l'a fait connaître du grand public
C' est tout à fait mérité
Je vous conseille vivement ce court roman facile à lire tout comme L'Ordre du jour
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« La guerre des pauvres » d'Eric Vuillard . Dans ce court récit ,tranchant comme une hache ,Eric Vuillard rappelle qu'au long de l'histoire quand l'oppression se fait trop lourde , la vie trop amère ,l'injustice trop intolérable , la colère des peuples se donne une voix , s'incarne dans un homme :en Allemagne au XVIème siècle cet avatar de l'éternelle révolte est Thomas Müntzer .Il est le confluent volcanique d'une colère personnelle et d'une rage collective . Il est incontinent en pensée et en paroles : ne veut -il pas l'espoir pour les pauvres , ne demande-t-il pas qu'on s'adresse à eux dans leur langue et non en latin , cette langue de bois de l'époque ! Ne dit-il pas aux princes que « le glaive sera donné au peuple en colère » . Il finira mal , ce mal peigné , et ses cohortes de crève-la faim le pouvoir a l'acier qui tue et la parole qui caricature et méprise . Eric Vuillard conte cela sans cacher le fanatisme et la violence (mais ce ne sont que des réponses) et sans dissimuler non plus son empathie pour cet homme finalement brisé. Un livre fort semé de fulgurances poétiques comme étincelle le mica dans une dalle de granit. Un livre à méditer
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Mini récit érudit et intéressant de Éric Vuillard. Les révoltes s'enchaînent à travers l'histoire et les pays.
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