Selon Claude Mesplède, dans le Dictionnaire des littératures policières, les héros des Quatre Justiciers brillent d'un éclat particulier, d'autant qu'ils apparaissent dès le premier roman policier de l'auteur. C'est juste, pour briller, ils brillent, ces personnages ! C'est un bouquin franchement jubilatoire.
Commenter  J’apprécie         20
Avant de s’évanouir dans le brouillard de la rue, Manfred avait prononcé certaines paroles décisives :
– Si nous avions voulu vous tuer, l’homme qui s’était présenté sous le nom de Curtis aurait pu s’en acquitter cet après-midi tandis que nous spéculions sur votre astuce ; nous pouvions vous abattre aussi facilement que nous avons mis le feu à la fabrique. Et si vous glissez jamais un mot des « Quatre Justiciers » à la police, nous vous tuerons, fussiez-vous même gardé à Pentonville par un régiment !
– Peut-on dire qu’il s’agit d’une exécution quand on utilise
une bombe ? Oh ! je sais, cela s’est déjà fait. Mais c’est si grossier,
si primitif ! C’est un peu comme si vous faisiez sauter les
murailles d’une ville à la mine, pour qu’elles tuent votre ennemi
parmi d’autres victimes.
Le prisonnier jeta alors un regard sur une jeune femme dont le visage pâle et tiré s’était tourné vers lui et il l’encouragea d’un sourire. Sans pâlir, il laissa aller ses yeux graves vers le personnage à perruque blanche qui, en robe puce, écrivait si laborieusement. Que pouvait bien écrire un juge en de telles circonstances, se demandait-il ?
– L’assassinat, mon cher Manfred, est le plus fortuit des crimes, déclara Léon Gonsalez en ôtant ses grosses lunettes d’écaille et en regardant de l’autre côté de la table du breakfast avec ce singulier air de conviction qui réjouissait toujours le noble esprit présidant aux opérations des « Quatre Justiciers ».
On connaissait Manfred à Londres sous le nom de « Señor Fuentes », éminent criminologiste, et pour jouer leurs rôles de savants espagnols, les deux hommes possédaient des lettres de créance parfaitement en règle établies par le ministre de la Justice espagnole.