Formidable roman,
Montana 1948 se pose quelque part entre l'historique "
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'
Harper Lee et le plus récent mais néanmoins tout aussi indispensable "l'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet" de
Reif Larsen. Une raison à cela : ces trois romans rendent une vision du monde du point de vue d'un enfant, avec tout ce que cela comporte d'honnêteté et de confusion, de pertinence et de flou, de sensibilité et d'interprétation. Mais laissons là les comparaisons pour se concentrer sur ce
Montana 1948, récit à la première personne des formidables événements qui vont agiter la vie du jeune David Hayden durant l'été 1948, Bentrock, Montana. le père de David, Wesley Hayden excerce tranquillement le métier de Shérif tandis que le frère de celui-ci, le séduisant Franck, héros de guerre occupe la place de médecin de la petite ville. Tout bascule lorsque Rose, la nurse d'origine Sioux des Hayden accuse l'oncle Franck de viol sur sa personne.
La trame, classique, ne doit pourtant pas laisser entendre que le propos du roman se diluera dans la facilité ; bien au contraire,
Larry Watson va profiter de ce cadre finalement très "théâtre antique" pour glisser depuis la vision forcément tronquée et idéaliste de David, une matière complexe qui interrogera tour à tour la perception que chacun peut avoir de l'autre rêvé, de la figure patriarcale, du racisme et de la sauvagerie qui en découle, mais aussi tout en nuances, l'auteur prendra un malin plaisir à faire monter le suspense au point que les coups répétés à la porte de la cave feront trembler tout autant le lecteur que la petite communauté de Bentrock.
Ecrit d'une plume précise qui ne tergiverse pas, efficace dans sa narration et redoutable tant elle vous happe en vous interdisant de refermer le bouquin, "
Montana 1948" emporte assurément la partie dans toutes ses occurrences : dense, précis, émouvant et terriblement attachant, un roman auquel on repense longtemps, comme tous les grands romans.