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sur 352 notes
Histoire brute, dense, lourde, froide et implacable d'un drame dans le Montana à la sortie de la guerre : Larry Watson nous conte un sordide fait divers faisant résonner les thèmes de la justice, de la loyauté, de la famille, du dilemme moral et du passage à l'âge adulte d'un jeune garçon.

Car c'est à travers le récit de David Hayden, adolescent et dernier né d'une lignée de notables de Bentrock dans le comté de Mercer, que ce qui n'aurait pu être qu'un banal fait divers va devenir un drame.

Marie, la jeune indienne hébergée par les Hayden tombe malade et l'oncle de David, Frank, médecin, est appelé à son chevet. À partir de là, le vrai visage de Frank va apparaître au grand jour. Et les langues se délier sur ses déviances les plus sordides. Sauf que le père de David, frère de Frank, est shérif. Comme son père avant lui. Et qu'il va lui falloir affronter sa famille tout autant que lui-même : rendre justice ou rester loyal envers sa famille ? Il faudra choisir. Et tout finira mal.

Bien que simple, la trame de Montana 1948 est incroyablement maîtrisée, avec une montée en puissance progressive d'une ambiance pesante qui devient ensuite angoissante. le cadre y est pour beaucoup : le Montana est une terre sauvage, ventée, loin de tout, comme un no man's land où la vie passe différemment, où tout se joue dans un semblant de huis clos camouflé par les montagnes.

Les tortures morales de Wes, le père, sont parfaitement restituées, comme les interrogations de David, le fils, que l'événement fera grandir et marquera.

Un livre difficile à oublier.
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Une petite ville, un shérif consciencieux, son frère, héros de guerre et médecin apprécié, qui fait soudain l'objet de rumeurs sur ses pratiques douteuses envers les femmes indiennes de la réserve d'à côté. Dilemme pour l'homme de loi: on ferme les yeux, on limite les dégâts contre un engagement de cesser, on va au bout de l'enquête et on le traduit en justice ? Alors que le père l'idolâtre, que la communauté l'apprécie et que le lien fraternel s'y oppose. Toute l'histoire est racontée par le fils de douze ans du shérif qui adorait son oncle avant d'entendre ces rumeurs à l'accent de vérité.

Le roman est court, le récit bien développé, les voix qui s'élèvent pour une option ou l'autre bien représentées, la perplexité du jeune narrateur bien exprimée. Il y est question d'abus sexuels, de racisme, de droiture, d'abus de pouvoir, de l'attraction du déni et, par-dessus tout, de justice. Malgré la lourdeur du sujet, tout y est traité avec retenue, pudeur presque. Une réussite qui incite à lire l'autre roman consacré à la famille Hayden “Justice”.
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Ce petit livre est un veritable bijou ! J'ai été captivée par cette histoire racontée à travers les souvenirs d'un jeune garçon de 12 ans . Entre un père sherif et un oncle medecin, David va quitter progressivement l'enfance et découvrir le monde quelquefois cruel des adultes . Dans une Amérique d'après guerre, -nous sommes en 1948-, mais aussi dans un état reculé et très rural, cette histoire se lit d'une traite
On se laisse transporter par cette narration et ce style tres fluide.
C'est le premier livre que je lis de Larry Watson, mais surement pas le dernier !!
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David Hayden a douze ans. Il aime son père, shérif de la petite ville de Bentrock, sa mère, dévote femme au foyer, et les larges plaines verdoyantes du Montana où il a l'habitude de se promener à cheval, carabine à la main, pour chasser les coyotes. Il aime aussi Marie Little Soldier, une douce et belle squaw qui s'est occupée de lui depuis sa toute petite enfance. David est donc un enfant heureux, jusqu'au jour où il surprend par accident un abominable secret : des jeunes indiennes, dont sa chère amie Marie, auraient porté de répugnantes accusations contre son oncle Franck Hayden, le très respecté médecin de la ville et héros de la guerre du Pacifique. Non content de se livrer à des attouchements sur la personne de ses patientes sioux, l'oncle Franck en aurait même violenté quelques-unes et tout ceci dans le plus grand secret…

Terrible révélation pour un aussi jeune garçon, mais bien plus terrible encore pour son père, Wesley, qui se retrouve confronté à un choix cornélien : refuser de prêter foi aux témoignages des plaignantes ou emprisonner son propre frère – un emprisonnement que n'acceptera jamais le grand-père de David, le vieux Julian Hayden, richissime propriétaire de la région et monarque absolu de la famille Hayden. David n'a que douze ans, mais, avant que ce dramatique été de 1948 ne prenne fin, il sera définitivement entré dans l'âge adulte et aura perdu la majorité des illusions de son enfance, emmagasinant de sombres souvenirs qui continueront à la hanter bien des décennies plus tard.

Tant de force dans un si petit livre, ça vous donnerait presque envie d'en béer d'admiration… Avec des mots simples, crus et puissants – ceux d'un petit garçon trop vite muri par la fatalité – Larry Watson nous conte un bouleversant drame familial. le témoignage du jeune David est désarmant de réalisme et seule la fraîcheur de sa narration permet de rendre supportable la dureté des thèmes évoqués : viol, meurtre, racisme extrême ou ordinaire, perversité et cruauté des hommes quand aucun frein n'est mis à leurs mauvais penchants. Les autres protagonistes sont également très bien typés, particulièrement le père de David, Wesley Hayden, un personnage d'autant plus touchant qu'il n'est pas du tout montré sous un jour idéalisé : homme sensible mais trop conciliant, facilement influencé par les préjugés de son époque (les indiens sont paresseux, ils sont sales, superstitieux, ignorants, etc…), il saura pourtant affronter avec une étonnante dignité la situation, quitte à détruire à jamais la seule existence qu'il ait connu. Je ne saurais conseiller avec trop de chaleur ce superbe et ô combien poignant petit roman !

(J'en profite pour clamer une bonne fois pour toutes mon amour pour l'excellente collection Totem dont j'apprécie autant la ligne éditoriale que les choix d'auteurs : Larry McMurtry, Glendon Swarthout, Larry Watson, David Vann, Craig Johnson, Bruce Machart… Si tous ne m'ont pas fait planer, aucun ne m'a déçue, ce dont je remercie très chaleureusement les éditions Gallmeister ! Et longue vie au western littéraire !)
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Y'en a - paraît-il - qui multiplient les pains, pour ma part j'aurai aimé que Larry Watson multiplie les pages. En effet, j'ai vraiment apprécié cette lecture à ce petit bémol près : il manquait environ 250 pages, au bas mot. Du coup, mon impression première est un peu celle d'être restée sur ma faim. Mais attention, cela n'entache en rien la qualité de ce roman où chaque chose est à sa place, chaque phrase est bien tournée, c'est simple mais juste et efficace, il n'y a pas de fioriture et on se concentre sur l'essentiel. Donc non seulement c'est court, mais c'est tellement fluide qu'on tourne la dernière page avant même d'avoir le temps d'y penser.
Comme l'indique le titre, l'histoire se déroule dans le Montana, en 1948, mais au final ce n'est pas très important et on pourrait tout aussi bien dire Alabama 1930, ou encore Oklahoma 2016 et tant d'autres hélas. Alabama années 30, c'est une référence au roman de Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, je dis ça parce que j'ai trouvé quelques similitudes entre les deux ouvrages. Oklahoma 2016, c'est une référence aux nombreuses bavures policières et autres crimes racistes qui se produisent bien trop souvent aujourd'hui encore in the United States of America…“United” huUumm ouais si on veut, ça marche pour les états peut-être mais pas vraiment pour les populations qui les occupent.
Alabama 1930, il ne faisait pas bon être noir souvenez-vous, eh bien Montana 1948, voici un temps et un lieu où il ne fait pas bon être indien. Et encore moins indienne en l'occurrence. Le livre est un peu construit comme un roman policier mais on devine dès le début le fin mot de l'histoire. Par contre, ce n'est absolument pas grave car justement il ne s'agit pas d'un roman policier. Larry Wilson nous parle plutôt des préjugés raciaux solidement ancrés dans les mentalités, de la justice à deux vitesses, et surtout, il nous parle de la perte de l'innocence. David, le narrateur, voit s'effondrer ses illusions sur le monde des adultes l'année de ses douze ans, l'année où une noirceur familiale qui jusque là était restée bien cachée remonte à la surface et s'expose au grand jour, l'année où son shérif de père doit enquêter sur son frère aux mains baladeuses, l'oncle de David. Son enfance prend fin cet été là en quelque sorte, la cellule familiale des Hayden explose, plus rien ne pourra jamais plus être comment avant, cette fois il ne sera plus possible de faire comme si de rien n'était et cette histoire poursuivra chaque membre de cette famille jusqu'à la fin de ses jours.
Pour conclure, je vais dire que j'ai trouvé là un bon roman noir, vraiment trop court mais intense, pas inoubliable mais agréable à lire. Et puis c'est encore un livre qui nous montre que rien ne change et ça, il faut continuer à le dire....
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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David, le narrateur de l'histoire, revient des événements qui se sont produits 40 ans plus tôt, lorsqu'il était âgé de 12 ans. Montana, 1948. le père de David est le shérif de Mercer County, de père en fils. Son père à lui lui a légué l'insigne, en usant de son influence sur la population. Mais ce n'est pas tant ce qu'il voulait... lui, il rêvait de défendre des causes dans les plus grands tribunaux. Rêve déchu. Un peu d'amertume. Et puis, il y a le frère. Médecin réputé. Qui soigne les malades de la communauté, mais pas que... Parce que vite, des accusations graves sont portées contre lui : il agresse sexuellement les Indiennes Sioux. Et il se trouve que justement, la famille de David en héberge une, qui est un peu leur femme de maison. Plus grave encore, elle mourra... des suites d'une pneumonie diront les autres, mais la famille de David sait que ce n'est pas le cas... Surement quelqu'un qui avait envie de la faire taire... Watson, par la bouche de son jeune personnage, nous raconte une dynamique familiale décousue, oppressante... Un éclatement aussi. Il nous raconte également les apprentissages du passage de l'enfance vers l'âge adulte, quand porter un nom de famille devient lourd et pesant. Et puis, la nature du Montana, tellement présente... Les montagnes, le vent qui souffle, toujours, la chaleur, les grands espaces, les ranchs... Un très bon moment passé avec ce bouquin noir...
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Montana, 1948.
Le jeune David Hayden est inquiet. Marie, la jolie indienne qui s'occupe de lui, est souffrante. Mais quand le père de David, Wesley Hayden, propose d'appeler son frère, l'un des deux docteurs de la ville, Marie se crispe. Elle refuse catégoriquement les soins du médecin.
Est-ce vraiment par superstition comme semble le croire les proches de David ? Son oncle est-il vraiment l'homme charmant et charismatique que David idolâtre, ou cache t'il de sombres secrets ?
En laissant traîner ses oreilles, le jeune garçon finira par apprendre la terrible vérité…

Voici un huis-clos très efficace, qui décrit avec finesse le racisme ambiant des années 50 dans les régions rurales des états-unis. Il y a les faits de maltraitance sur une population indienne jugée inférieure, glacants, mais plus que l'oncle et ses déviances, c'est finalement la figure du grand père, patriarche tout puissant, qui m'a le plus écoeuré.
Ancien shérif, riche propriétaire terrien, il apparaît puissant et autoritaire dans la petite bourgade où il règne en maître.
Dans sa famille on le découvre méprisant, bourru et intransigeant, aux côtés d'une femme très effacée, et de ses deux fils, aîné adulé et cadet méprisé.
Mais rien de tout cela n'apparaît encore aux yeux du jeune David, qui, s'il a conscience de la place particulière de son grand père dans la petite communauté, porte encore un regard naïf sur les membres de son clan. Jusqu'au drame.

Un roman percutant sur la fin de l'innocence, raconté par cet enfant pris dans la tourmente de ses sentiments, entre désir de justice, sens moral et loyauté familiale.
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L'est du Montana de Watson est une contrée bien éloignée des montagnes que l'on retrouve le plus souvent dans les récits de cet état, des plaines desséchées, sans fin, parcourues sans répit par les vents.
Montana 1948 est une histoire de famille et une histoire de justice, une histoire dans laquelle Larry Watson confronte famille et justice dans toute la complexité d'une situation aussi terrible que tragique. Un été qui voit toutes les tensions accumulées dans les générations précédentes de Hayden et dans une terre qui ne pardonne aucune vulnérabilité, atteindre leur paroxysme et défaire le tissus familial et local à travers deux frères.

La narration est fine, constituée d'épaisseurs variées et subtilement entrelacées, tissant douceur et rudesse au fil d'odeurs, de couleurs et de sons, au fil du vent du pays.
1948. Et pourtant, un film se superpose presque inconsciemment au regard que David Hayden pose sur Bentrock, Montana, lui donnant aspects et rythmes des "Frontier Towns" du siècle précédent.

Un récit extraordinaire par la contradiction irréconciliable de son contenu et des impressions qu'il génère au fur et à mesure de la lecture. Tantôt naïf et presque anodin, tantôt déchirant et complexe.
Quel meilleur point de vue que le regard d'un enfant sur le point de grandir trop vite, aiguisé de touches rétrospectives de l'adulte qu'il est devenu.
Tant de richesses dans un si petit livre !
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J'ai traversé le Montana il y a bien longtemps, de retour du parc de Yellowstone pour rejoindre Spokane, Portland et enfin San Francisco. J'ai le souvenir de vastes étendues semi désertiques, de paysages monotones qui tranchent avec les Rocheuses si proches, de quelques rares villages très éloignés les uns des autres, un pays où il ne se passe pas grand chose. Et pourtant...
C'est dans ce décor que se situe le roman de Larry Watson.
Un enfant de 12 ans se souvient du drame familial qu'il a dû vivre en cette année 1948. Dans ce village où l'on est shérif de père en fils, cet enfant va tenter de comprendre ce qui se trame entre son père, représentant de la loi, son oncle, médecin et héros de guerre, le reste de la famille et l'employée de maison, une indienne sioux. Comment faire respecter la loi lorsque les liens du sang viennent bouleverser le jeu trop bien réglé des rôles des uns et des autres ? Quel dilemme va devoir dépasser notre shérif pour rendre la justice ? Quels effets vont avoir ses décisions sur le microcosme familial et dans le village ? Comment se construire adulte lorsque l'on porte, dans son histoire familiale un si lourd secret ?
Ne comptez pas sur moi pour vous répondre, je ne peux que vous inviter à aller découvrir par vous mêmes cette pépite. Vous avez tous les éléments : le titre, l'auteur, l'éditeur, les bonnes critiques, qu'est-ce que vous attendez, bon sang !!
Challenge multi défis 2021.
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Un joli chef d'oeuvre d'une plume américaine qui m'était totalement inconnu. Un très beau récit, assez court, porté par la voix d'un ado de 12 ans, au coeur du Montana sauvage, récit de 2 frères d'une des familles dominantes d'une petite ville, l'un shérif et l'autre médecin. Récit de femmes aussi, d'une jeune indienne travaillant chez le shérif, et de la femme de celui-ci. Et avec ces personnages, une tragédie se noue devant nos yeux: je ne dirai rien de plus de l'intrigue, prenante, lourde de sens, violente. Un récit très bien écrit (bonne traduction certainement aussi). A découvrir absolument pour moi.
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