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Jean-Yves Tadié (Préfacier, etc.)
EAN : 9791092828245
128 pages
Le Vistemboir (18/09/2021)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Mars 2020, premier confinement. Hélène Waysbord quitte Paris et se réfugie dans sa maison de Normandie ; France culture diffuse une série d’émissions consacrées à Céleste Albaret, la fidèle gouvernante de Proust. Hélène Waysbord est bouleversée : Pourquoi l’attrait envers Proust et la Recherche ? comme s’il créait une chambre d’émotions qui coïncide avec la vie profonde, enfouie.

L’auteure découvre ses propres secrets en croyant chercher ceux de Prous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
À la lecture de « La chambre de Léonie », paru en septembre 2021 aux éditions le Vistemboir, on comprend qu'un exil contraint sur les rivages de Normandie en 2020, territoire que Marcel Proust affectionnait tant, que la rediffusion radiophonique des entretiens avec Céleste Albaret, entrée au service de Monsieur Proust en 1913, ont entraîné et immergé Hélène Waysbord dans une ronde de lectures proustiennes et d'écriture, origine de ce merveilleux livre; un parcours vital en correspondances entre lecture et écriture, tissant en chapitres brefs les secrets de la « Recherche » et ceux de sa propre existence.

"La lecture est l'histoire de nos vies, les vêtements imaginaires qu'elle nous prête un temps pour jouer en costumes des rôles où l'on s'apprend soi-même. Ainsi comme un livre, notre vie s'écrit par chapitres. Je vais tenter de relire, pas dans le bon ordre successif mais selon l'émergence des secrets qui m'ont été révélés."

Pour entrer dans cette chambre d'échos entre la cathédrale proustienne et ses propres secrets, l'auteure n'a pas choisi un personnage célèbre, mais la tante Léonie, grand-tante du narrateur de la « Recherche », malade plus ou moins imaginaire alitée en permanence, qui observe depuis son lit toutes les allées et venues dans le village de Combray et en fait le récit à Françoise, la servante fidèle.

La chambre, lieu de l'observation et du récit, est aussi pour le narrateur et pour l'auteure de « La chambre de Léonie » celle du temps de l'enfance, des premières lectures et des arrachements tragiques.

"L'éloge de la chambre, comme de la lecture est une prise de possession empreinte de la violence du désir, Fragonard ou le divin Marquis. Pour qui sait regarder, le regard est un viol des secrets cachés, ainsi celui du narrateur plus tard, caché dans les buissons de Montjouvain.
La chambre, lieu du sommeil et du rêve, d'une libération de l'imaginaire, devient le lieu de la création littéraire. S'y développe une exploration fantastique, un monde total. « Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes. »"

L'écriture agit comme un révélateur rendant visibles les images et les correspondances, une identité juive brouillée après l'arrachement aux parents arrêtés et déportés en 1942, l'éducation catholique reçue par l'enfant cachée dans un village de campagne, l'élan vers la beauté et les vibrations de la lecture.

"La guerre m'avait coupée de ma famille, j'étais devenue quelqu'un d'autre, sans archives sur mon origine, un pan de ma vie englouti dans l'oubli. Si J'essaie de démêler aujourd'hui quelle sorte d'obscurité, il m'est difficile de l'exprimer. Peut-on y voir clair dans une âme d'enfant ? Je peux dire qu'il y avait en moi un secret repoussé mais présent, ma judéité. Une menace, une différence. Proust l'était lui aussi, de façon compliquée, juif. Quand je commençai à m'initier à La Recherche, le personnage de Swann, l'intérêt passionné de l'auteur pour l'affaire Dreyfus dut m'apporter quelque chose comme une parenté avec une famille perdue que j'aurais à retrouver."

L'auteure découvre ses propres secrets en croyant chercher ceux de Proust, écrit Jean-Yves Tadié dans sa très belle préface. Valse-hésitation parfaitement maîtrisée entre dissimulation et révélation, « La chambre de Léonie » apparaît aussi comme une enquête palpitante et dense sur l'écriture proustienne, celle qui permet de «raconter sans dire tout en laissant deviner, du moins soulever un pan du mystère.»

"Les « écrans » proustiens, qui jalonnent le récit, la chambre de Léonie, celle de Vinteuil, ou la cour de l'immeuble du narrateur, sont constitués selon un dispositif identique : cadrage, espionnage, dissimulation. Mais quand on pénètre plus avant le domaine risqué de la sexualité, le rideau est tiré. Plus de vision, subsiste l'audition ; les mots et le vu se disjoignent laissant place à l'imagination, ainsi Charlus pénétrant dans la loge de Jupien au terme d'une quête sans ambigüité."

"Il est tant de façons de lire Proust."

Mais il n'est pas nécessaire d'avoir lu la « Recherche » pour entrer dans « La chambre de Léonie », récit affûté, humble et sensible d'une lectrice perpétuelle de Proust, évocation des instants décisifs d'une vie hors norme au prisme des multiples facettes du génie romancier et des complications de la vie de Marcel Proust ; un récit fascinant qui vous incitera sans doute à aller ou à retourner dans la chambre de Combray, et à commencer ou recommencer cette éternelle « Recherche ».

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de la librairie Charybde : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/28/note-de-lecture-la-chambre-de-leonie-helene-waysbord/
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Hélène Waysbord est une survivante de la Seconde Guerre mondiale qui, après ses études de lettres classiques, a longtemps enseigné à Caen. Elle a aussi travaillé avec le Président Mitterrand sur les Grands Projets de ses mandats.

Ce livre a germé lorsqu'elle s'est retrouvée confinée en Normandie, loin de son édition annotée d'À la Recherche du temps perdu, mais avec tout de même d'anciens tomes sous la main. L'autrice a alors entrepris une lecture différente de celles qu'elle avait faites jusqu'alors : elle s'est concentrée sur certains passages et les a lus en cherchant le sens profond des phrases. Elle en a tiré une analyse qui mêle les vies du narrateur, de Marcel Proust et la sienne, ce type de lecture faisant remonter son passé.

Le lecteur se retrouve ainsi dans une promenade d'esprit en esprit et de chambre en chambre. Au fur et à mesure que l'on entre dans les secrets des personnages, de Proust et d'Hélène Waysbord, les chambres se succèdent : celle de Léonie — la première —, celle de Proust à Versailles, celle de Vinteuil, celle de l'autrice après avoir été arrachée à ses parents en 1942, celles de Proust à Paris et Cabourg, et tant d'autres car dans la Recherche, "les 'écrans' proustiens, qui jalonnent le récit, la chambre de Léonie, celle de Vinteuil, ou la cour de l'immeuble du narrateur, sont constitués selon un dispositif identique : cadrage, espionnage, dissimulation."

Grâce à cette approche de l'oeuvre et aux connaissances étendues de la vie de Marcel Proust, l'autrice voit surgir des informations familiales qu'elle avait oubliées ou occultées, et qui font pourtant partie de sa construction en tant qu'être humain.

En somme, cette lecture nous plonge dans une introspection croisée, une promenade au milieu des mots, des habitudes, des symboles cachés avec beaucoup de douceur et de délicatesse.

Les amoureux de Proust y découvriront une lecture exploratoire comme s'ils regardaient des photos de l'oeuvre et de son créateur, les admirateurs de Céleste Albaret seront charmés par son dévouement illimité, les curieux pourront profiter de cette mise en abyme pour ressentir la littérature comme un exutoire.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La guerre m’avait coupée de ma famille, j’étais devenue quelqu’un d’autre, sans archives sur mon origine, un pan de ma vie englouti dans l’oubli. Si J’essaie de démêler aujourd’hui quelle sorte d’obscurité, il m’est difficile de l’exprimer. Peut-on y voir clair dans une âme d’enfant ? Je peux dire qu’il y avait en moi un secret repoussé mais présent, ma judéité. Une menace, une différence. Proust l’était lui aussi, de façon compliquée, juif. Quand je commençai à m’initier à La Recherche, le personnage de Swann, l’intérêt passionné de l’auteur pour l’affaire Dreyfus dut m’apporter quelque chose comme une parenté avec une famille perdue que j’aurais à retrouver.
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L’éloge de la chambre, comme de la lecture est une prise de possession empreinte de la violence du désir, Fragonard ou le divin Marquis. Pour qui sait regarder, le regard est un viol des secrets cachés, ainsi celui du narrateur plus tard, caché dans les buissons de Montjouvain.
La chambre, lieu du sommeil et du rêve, d’une libération de l’imaginaire, devient le lieu de la création littéraire. S’y développe une exploration fantastique, un monde total. « Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. »
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Les « écrans » proustiens, qui jalonnent le récit, la chambre de Léonie, celle de Vinteuil, ou la cour de l’immeuble du narrateur, sont constitués selon un dispositif identique : cadrage, espionnage, dissimulation. Mais quand on pénètre plus avant le domaine risqué de la sexualité, le rideau est tiré. Plus de vision, subsiste l’audition ; les mots et le vu se disjoignent laissant place à l’imagination, ainsi Charlus pénétrant dans la loge de Jupien au terme d’une quête sans ambigüité.
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La lecture est l’histoire de nos vies, les vêtements imaginaires qu’elle nous prête un temps pour jouer en costumes des rôles où l’on s’apprend soi-même. Ainsi comme un livre, notre vie s’écrit par chapitres. Je vais tenter de relire, pas dans le bon ordre successif mais selon l’émergence des secrets qui m’ont été révélés.
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La chambre, lieu du sommeil et du rêve, d'une libération de l'imaginaire, devient le lieu de la création littéraire. S'y développe une exploration fantastique, un monde total. Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes.
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Videos de Hélène Waysbord (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Waysbord
VERSION INTÉGRALE TABLE RONDE Samedi 22 janvier 2022 14h30 - 17h30 Librairie A. Pedone - 13, rue Soufflot - Paris Ve
Les chefs-d'oeuvre de la littérature sont si divers qu'il paraît impossible d'en donner une définition générale pertinente. Outre l'intérêt durable qu'ils suscitent, la plupart partagent cependant au moins deux caractéristiques : leur lecture demande un effort et ils transforment la vie du lecteur. On n'est plus le même après avoir lu Proust, Musil ou Joyce. Arrêtés par l'effort à fournir, beaucoup passent à côté du plaisir qu'apporte cette expérience. Peut-on la faciliter en contractant ou en transposant l'oeuvre ? le sujet fait débat. Chaque fois qu'un grand classique est porté sur la scène ou à l'écran, on entend des voix s'insurger contre l'inévitable simplification de l'ouvrage. Et lorsque les mêmes chefs-d'oeuvre font l'objet d'une bande dessinée ou d'une édition abrégée, d'aucuns vont jusqu'à crier au sacrilège ! À l'occasion de la parution de la substantifique moëlle de l'Homme sans qualités – une version contractée par François de Combret du chef-d'oeuvre de Musil – et de Proust pour tous – une transposition par Laurence Grenier en 500 pages des sept tomes d'À la recherche du temps perdu –, les Éditions du Palio organisent une table ronde autour de la question : « Comment faciliter l'accès aux chefs-d'oeuvre de la littérature ? » * Introduction : « Pourquoi faciliter l'accès aux chefs-d'oeuvre de la littérature ? » Luc Fraisse, professeur de littérature française à l'université de Strasbourg Première partie : « Contracter un chef-d'oeuvre littéraire : est-ce le trahir ou le soutenir ? » Autour des auteurs de la substantifique moëlle de l'Homme sans qualités et de Proust pour tous, les intervenants s'interrogeront sur les bonnes pratiques à respecter quand on entreprend de simplifier ou traduire un chef-d'oeuvre de la littérature pour, selon l'expression de François de Combret, « mettre en appétit de lecture ». François de Combret, Laurence Grenier Marine Molins, professeure agrégée de lettres modernes, co-autrice de « Translatio : traduire et adapter les Anciens » (Garnier, 2013) Didier de Calan, ancien directeur de la pédagogie aux éditions Nathan Animation : Jean-Jacques Salomon, Éditions du Palio
Seconde partie : « Transposer un chef-d'oeuvre littéraire : est-ce le réduire ou le promouvoir ? » À partir d'expériences de transposition d'oeuvres littéraires à l'écran, sur la scène, en bande dessinée, etc., on se demandera comment conserver l'esprit d'un chef d'oeuvre quand on le déplace hors du champ littéraire. Valentine Varela, actrice et réalisatrice Frédéric Richaud, romancier et scénariste de bande dessinée Anne Armagnac et Bernard Dollet, membres de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet Hélène Waysbord, autrice de « La chambre de Léonie » (Le Vistemboir, 2021) Animation : Céline Mas, co-fondatrice de Love for Livres
Conclusion Hélène Waysbord *
Table ronde organisée en partenariat avec la librairie A. Pedone, l'Association des amis d'écrivains, organisatrice du Salon international des amis d'écrivains, et Love for Livres, initiative pour la promotion de la lecture par les émotions
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